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La participation des enfants

Dans le document Je suis enfant mais j ai aussi mes droits! (Page 30-34)

4. Résultats et analyses

4.1.7 La participation des enfants

Le droit des enfants à la participation est l’un des principes directeurs de la Convention des Nations

Unies sur les Droits de l’Enfant. Il y a beaucoup d’autres raisons pour lesquelles les enfants devraient être impliqués et capables d’influencer sur les sujets qui les affectent. A travers la participation, les enfants acquièrent des compétences, gagnent de la confiance et deviennent plus tard des acteurs du changement dans le développement de leur propre communauté.

4.1.7.1 La nature et l’étendue de la participation des enfants

Bien que la participation des enfants soit devenue partie intégrante de la plupart des projets des organisations de défense de l’enfant, il n’existe toujours pas de définition de cette participation. La simple présence d’enfants aux conférences ou activités des organisations de défense des droits de l’enfant peut être taxée de participation des enfants.

La nature de la participation des enfants est souvent évaluée à l’aide d’une échelle15. En gros, le modèle de l’échelle indique cinq grands niveaux de la participation des enfants :

• La participation sous forme de répartition des tâches aux enfants par les adultes mais avec partage d’information

• La participation sous forme de consultation et d’information : les enfants participent à des projets conçus et gérés par des adultes, mais ils comprennent le processus et leurs opinions sont sérieusement traitées.

• Des projets initiés par des adultes dans lesquels les décisions sont partagées et prises avec les enfants.

• Des projets initiés et dirigés par des enfants.

• Des projets initiés par des enfants où les décisions sont partagées avec les adultes.

Ce modèle a été critiqué car il était trop statique et ne prenait pas en compte les différences entre les enfants (âge, développement social et émotionnel, etc.) et leurs capacités de développement. De plus, une activité donnée peut impliquer la participation de certains enfants sans forcément en impliquer d’autres. L’échelle est une image trop simplifiée de quelque chose qui de par sa nature est un processus mais elle est en même temps utile en tant qu’outil d’analyse et peut nous aider à analyser les différentes étapes du projet « Je suis enfant mais j’ai aussi mes droits ! ».

Dans ce projet, l’accent a été mis sur la production de programmes de qualité pour promouvoir les droits de l'enfant. Les rôles des enfants dans le projet sont prédéterminés et gérés par les adultes. Leur capacité d’influence sur le projet est assez limitée, le format et 15 Children’s participation. From Tokenism to Citizenship, Innocenti Essays No 4. Florence, UNICEF Innocenti Research Centre.

Hart, Roger (1992)

les thèmes étant déjà fixés. La participation des enfants au cours de la phase de pré-production et de production du projet de campagne radio est limitée à l’échelon de « participation sous forme de consultation et d’information ». Le stade de diffusion est plus flexible. Les enfants partagent parfois la prise de décision avec les adultes et initient leurs propres activités. Il existe également plusieurs excellents cas d’activités initiées par les enfants qui ont découlé du projet. Cet aspect sera plus développé dans le chapitre 5.

Cependant, à travers le projet de campagne radio, les enfants sont invités à participer et jouer des rôles actifs.

Cela a son importance en ce sens qu’il permet de démontrer le rôle des enfants comme acteurs de développement. Les principaux stades de mise en oeuvre sont les suivants :

La pré-production :

• Les enfants participent à l’évaluation des histoires proposées

• Les enfants sont consultés pour les adaptations locales

Tous les scénarios ont été testés sur une audience composée d’enfants. Ces tests donnent un aperçu important de la manière dont une audience de jeunes réagit et interprète les sketches. Au Bénin, les enfants ont également été consultés pour les adaptations locales.

La production :

• Les enfants jouent une grande partie des rôles lors de la production des sketches

• Les enfants influent sur les interprétations et la traduction des sketches.

Au début, Plan a voulu que les enfants jouent tous les rôles dans les pièces théâtrales y compris ceux de narrateurs. Après les enregistrements pilotes au Burkina Faso, il a été décidé que les adultes devraient jouer les rôles d’adultes (les parents, les narrateurs, les sages etc.) pour des raisons de crédibilité et de compréhension. Mais les enfants ont gardé les rôles majeurs et leurs voix sont entendues à travers tous les sketches.

A ce jour, plus de 600 enfants ont participé aux différentes productions. Les enfants acteurs sont formés en moins de trois ou quatre semaines par des acteurs professionnels et préparés pour les enregistrements en studio. Certains enfants appartenaient déjà à des troupes de théâtre, d’autres n’avaient jamais eu d'expériences antérieures dans le domaine. De tous les leaders de groupe interviewés, seuls quelques-uns avaient déjà participé à des

auditions. Ils travaillaient déjà avec des enfants dans les troupes de théâtre ou avaient impliqué des enfants qu’ils connaissaient déjà – leurs propres enfants ou des enfants du quartier. « Je suis parti dans les écoles et me suis présenté en même temps que le projet. Après, j’ai choisi les enfants qui n’avaient pas peur de m’affronter, de poser des questions. Je crois à la spontanéité, c'est comme ça que je travaille. » (Acteur, Burkina Faso) La diffusion :

• Les enfants participent à des débats et interviews dans les studios

• Les enfants participent aux enregistrements en plein air organisés dans les écoles ou les villages

• Les enfants écrivent des lettres, appellent ou visitent la station radio

• Les enfants participent en tant que co-animateurs La campagne a été conçue avec différentes possibilités de participation des enfants à sa diffusion. Des dizaines de milliers d’enfants ont pris part aux jeux-concours hebdomadaires et trimestriels, en écrivant des lettres et en appelant les stations radio. On ne peut pas considérer cela comme une participation importante des enfants telle qu'elle est définie dans cette évaluation, mais c'est une méthode remarquable et extrêmement populaire d’implication et d’engagement des auditeurs dans l’émission. Prenant en compte la tradition orale en Afrique de l'Ouest, le nombre élevé de lettres reçues doit être vu comme un événement majeur.

Plan a beaucoup insisté sur le fait que les stations radio partenaires devaient faciliter la participation des enfants en les invitant aux discussions dans les studios ou en leur donnant plus de responsabilités en tant que « jeunes reporters » ou « co-animateurs ». Cet aspect s’est développé avec le temps. La participation des enfants aux diffusions a augmenté dans l’ensemble au cours de la phase II de la campagne puisque les stations radio partenaires ont gagné confiance et les enfants, plus de courage. L’étendue et la qualité de la participation des enfants dépendent de la station radio, de ses ressources

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et de la motivation de son personnel. Au Togo par exemple, toutes les stations radio partenaires ont embauché des « enfants comme co-animateurs » durant la phase II. Cela a été généralement vu comme l’une des clés du succès de tout le projet.

L’évaluation :

• Des enfants évaluateurs ont été impliqués dans les évaluations à mi-parcours en Guinée

• Des enfants ont été consultés dans les évaluations à mi-parcours et finales.

En Guinée, Plan a choisi d’impliquer les enfants dans les évaluations à mi-parcours. 20 enfants venant de N'Zérékoré ont participé à la collecte des données et aux analyses. C'était la première fois que les enfants prenaient part comme évaluateurs et l’expérience a été très positive.

Les enfants évaluateurs ont été choisis parmi un groupe d’enfants qui avaient l’habitude de participer à la diffusion de la campagne à la station radio rurale de N'Zérékoré. On pensait que leur participation aux évaluations leur permettrait de voir directement l’impact de leurs propres œuvres. Durant deux jours, avec le soutien du consultant adulte, les enfants évaluateurs ont identifié les principales questions, discuté des méthodes à utiliser et mené des enquêtes dans trois districts. Ils ont réalisé 18 interviews avec d’autres enfants et des auditeurs adultes.

Au cours d’une session finale, le groupe a discuté et interprété les résultats de façon collective, présentés comme une étude parallèle à l’évaluation faite par le consultant. Les deux rapports étaient complémentaires et ont été pris en compte dans les chapitres finaux avec les recommandations et les leçons apprises. Les enfants évaluateurs étaient très enthousiastes au sujet de leur implication. L’une des recommandations de Plan était d’impliquer plus souvent les enfants dans ce genre d’activité.

Les enfants peuvent aussi contribuer aux évaluations sans avoir des rôles actifs. Dans toutes les évaluations, les enfants participent comme personnes interrogées.

Prendre en compte leurs points de vue dans ce genre d’exercice contribue grandement à la participation des enfants.

Les activités parallèles :

• Les enfants participent aux activités théâtrales

• Les enfants participent aux clubs d’écoute

• Les enfants participent aux projets scolaires La participation des enfants aux activités parallèles est

traitée plus en détail à la section 4.4.4.9. Ces activités sont souvent des modèles de participation des enfants, comme les reporters en herbe du Togo, ou les nombreux exemples d’initiatives menées par les enfants pour propager les messages de la campagne.

4.1.7.2 Les principes de la participation des enfants Même si Plan n’avait pas encore développé des standards de qualité pour la participation des enfants, un rapport récent commandé par Plan Royaume-Uni propose six principes de programmation de la participation des enfants :

• absence de discrimination et implication des enfants

• démocratie et égalité des chances

• sécurité physique, émotionnelle et psychologique des participants

• responsabilité des adultes

• volontarisme, consentement et transparence

• la participation doit être une expérience stimulante et agréable

Ces principes sont largement appliqués dans le projet « Je suis enfant mais j’ai aussi mes droits ! ». Les enfants sont engagés dans une cause qui les concerne réellement : la promotion de leurs droits16. Bien que n’ayant pas été conçu prioritairement comme « un projet de participation des enfants », Plan s’est efforcé d’impliquer les enfants de toutes les façons possibles dans la mise en oeuvre du projet. C'est probablement de cette manière que toute activité d’une quelconque organisation centrée sur l’enfant devrait être conçue : avec une participation significative des enfants au projet, que cela soit explicitement précisé ou pas dans les objectifs.

En participant à la production, à la diffusion et aux activités parallèles de la campagne, les enfants se sont beaucoup amusés tout en développant par la même occasion un certain nombre de capacités et une certaine habileté. Ils ont participé avec enthousiasme et avec une bonne compréhension du projet et de ses objectifs. Les enfants peuvent choisir leur niveau de participation. Ils peuvent choisir d’écouter « seulement » l’émission, de mener des actions en impliquant leurs parents, enseignants et amis dans les discussions sur les droits de l'enfant ou de participer activement à la campagne en écrivant des lettres ou même en prenant part à la diffusion. Rien dans cette évaluation ou dans les études antérieures n’indique la présence d’un risque quelconque pour la sécurité ou le bien-être des enfants participants.

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16 Une étude a été faite en 2001 sur la participation des enfants au projet de campagne radio et cette section fait en partie référence à ce document : Ericsson, Rosita (2001) Communicating Rights for Children, Malmö University, Suède

L’impact positif de la participation sur les enfants et leur environnement sera détaillé au chapitre 5.

Le projet présente toutefois des faiblesses, principalement en ce qui concerne les principes d’implication des enfants et la responsabilité des adultes. Il y a aussi un besoin d’un meilleur suivi et un meilleur feedback vis-à-vis des participants.

L’implication : Plan a laissé la responsabilité de la sélection des enfants participants aux partenaires de production - qui sont souvent des acteurs ou directeurs artistiques. Ce processus de sélection n’était souvent pas très ouvert et des améliorations devraient être apportées en vue de faciliter la participation des enfants handicapés et marginalisés.

Les enfants étaient pour la plupart recrutés dans les capitales et choisis parmi les meilleurs élèves ou enfants déjà membres de troupes de théâtre. Ceci est le moyen de préparations des enregistrements le plus efficace, bien qu’il aurait été mieux, du point de vue de la participation, de délocaliser la production en impliquant d’autres groupes d’enfants.

C'est ce qui a été fait en Guinée, où l’un des groupes était venu de Sabou Guinée, une ONG locale qui travaille avec les enfants de la rue et les enfants ayant des problèmes avec la justice. La plupart n’avaient jamais joué de rôle théâtral auparavant et les jeunes interviewés au cours de l’évaluation à mi-parcours ont révélé que la campagne a eu un impact énorme sur eux et leur avenir.

Au Sénégal aussi, dans les productions, un effort a été fait pour impliquer les enfants de différents milieux venant de différentes régions du pays.

En Guinée-Bissau, la participation exclusive des enfants de Bissau dans la production a été compensée par un effort d’implication des enfants venant d'autres régions dans les troupes de théâtre (voir la section 4.8).

La responsabilité des adultes : avec l’implication de plusieurs partenaires dans la mise en oeuvre du projet, il était parfois difficile d’identifier la personne responsable des enfants. Si un problème survenait au cours des enregistrements, sur qui l’enfant devait-il compter ? – le coordinateur de Plan (qui n’était pas toujours là) ou le leader du groupe de théâtre ? Acteurs, animateurs radio ou autres adultes en contact étroit avec les enfants participants ont-ils assez d’expérience et de connaissance des considérations éthiques relatives aux enfants ? Plan, en tant qu’initiateur et organe dirigeant, a la responsabilité de suivre et de prêter une attention particulière à la manière dont la participation des enfants est appliquée par les différents partenaires.

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Le respect des promesses faites aux enfants relève également de la responsabilité des adultes. En Guinée-Bissau, il avait été promis aux enfants ayant participé à la production des attestations et des cassettes audio comme récompense, mais ils n’ont jamais rien reçu.

Plan a pour politique de ne jamais donner de l’argent aux enfants pour s’assurer que leur participation est volontaire et désintéressée. Cependant de l’argent a été promis par une station radio à des enfants venant de la troupe théâtrale de Thiès, au Sénégal. Pour ces enfants, il importe peu de chercher à savoir à quel niveau dans la structure de Plan ou à travers quelle organisation partenaire, l’erreur a été commise.

Le suivi : des études menées au début de la campagne ont mis l’accent sur l’une des faiblesses du projet : le manque de feedback vis-à-vis des enfants participants. Les enfants ayant participé aux enregistrements ont parfois reçu peu ou pas d’information sur ce qu’a donné leur contribution. En Guinée par exemple, la première phase de la campagne a été diffusée seulement dans les zones rurales et, par conséquent, jamais suivie dans la capitale Conakry. Plusieurs des enfants ayant participé aux enregistrements n’ont donc jamais suivi le résultat de leur travail et n'ont pas su si la diffusion avait commencé et quand. Des problèmes similaires ont été révélés au Sénégal avec les enfants venus de Kaolack qui ont participé à la production. En Guinée-Bissau, les enfants venus du groupe de théâtre régional de Gabu ont attendu que Plan entre en contact avec eux sans savoir que le projet est arrivé à terme.

4.1.7.3 Les difficultés et les contraintes

Les stations radio partenaires sont convaincues de l’importance de la participation des jeunes aux émissions, mais pour la plupart d’entre elles, cela a été une tâche assez difficile avec des résultats variés. Les enfants sont souvent timides, ont peur de parler dans le micro ou ont du mal à s’exprimer. Une participation significative des enfants nécessite du temps et peut-être qu’un module sur les méthodes de facilitation de la participation des enfants devrait être inclus dans la formation de l’animateur radio. Personne n’attendrait d’un adulte n’ayant jamais travaillé avec une radio, qu’il puisse animer une émission sans avoir suivi une formation appropriée. De la même manière, pour les invités, une présentation et un certain nombre de préparations font partie des procédures habituelles.

L’une des contraintes à la participation des enfants est leur transport aller-retour à la station radio. En Guinée par exemple, les enfants ont dû parfois passer la nuit chez l’un des animateurs : faute de transport, ils ne pouvaient pas, une fois les émissions terminées, retourner à leur village.

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