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Chapitre 2 : L’essai et le récit, la narrativité et l’essai

2.6 La narrativité des essais de El insomnio de Bolívar

Le premier essai du recueil de Volpi est chapeauté de lřintitulé « Défaire lřAmérique107», lequel annonce clairement la volonté quřa lřauteur de remettre en question lřunité latino-américaine, de mettre à mal le construit politique quřest la latinité. Il ne sřouvre toutefois pas sur lřénonciation de concepts théoriques convoquant ces termes, mais plutôt sur une scène montrant Simón Bolívar au repos, désespéré de ce qui apparaît comme une série dřéchecs consécutifs rencontrés au cours de la campagne du Magdalena. La difficulté de cette campagne le taraude et lřempêche de dormir, elle le tient dans un état

insomniaque qui renvoie bien entendu au titre du recueil. On sait pourtant que,

contrairement à ce qui est avancé dans ce passage par Volpi, la campagne du Magdalena a été un succès et a ultimement conduit à la libération de certaines régions clés dans les guerres dřindépendance de lřAmérique latine. Le passage se révèle donc résolument narratif et ouvertement fabulateur. Il livre en somme ce que Volpi veut bien prétendre être les pensées intimes du Libertador:

La toux lui déchire les muscles, et son torse donne lřimpression de se fendre en deux: il est quatre heures du matin et le Libertador Ŕ cřest ainsi quřon lřappelle Ŕ nřarrive pas à trouver sommeil. Cela fait maintenant des jours quřil ne dort pas bien, au moins depuis quřil sřest engagé dans cette pénible avancée sur les rives du fleuve Magdalena. Plus fatigué que jamais, il se laisse choir sur le lit, se concentre et ferme les paupières avec force. […] Rien ne reste, en effet, de son œuvre. Si, à la rigueur, il arrivait à échapper à la mort, ce serait pour abandonner ces terres, cette fois à jamais, sans avoir donné forme à son désir : une Amérique espagnole libre, une Amérique espagnole unie, une Amérique espagnole prospère […]. Son rêve Ŕ le sien et celui de personne dřautre Ŕ est en ruines. Il est impossible de dominer des peuples aussi sauvages, aussi traîtres, aussi ingrats. Sa foi, il le sait désormais, sřest transformée en cauchemar […]. Peut-être là-bas [à la quinta de San Pedro Alejandrino], en compagnie de ses derniers fidèles, pourra-t-il enfin dormir108. (IB-29-30)

107 « Deshacer la América ».

108 « La tos le desgarra los músculos, como si el pecho se le partiese en dos : son las cuatro de la madrugada y

el Libertador Ŕ así lo llaman Ŕ no logra conciliar el sueño. Hace días que no duerme bien, al menos desde que se embarcó en este penoso descenso por el Magdalena. Más cansado que nunca, se deja caer sobre el lecho, se concentra y cierra los párpados con fuerza. No puede dormir.[…] Nada queda, en efecto, de su obra. Si acaso llegase a esquivar la muerte, sería para abandonar estas tierras, esta vez para siempre, sin haber afianzado su deseo : una América española libre, una América española unida, una América española prñspera. […] Su sueño Ŕ suyo y de nadie más Ŕ es una ruina. Imposible domeñar pueblos tan agrestes, tan traicioneros, tan ingratos. Su fe, ahora lo sabe, se decantñ en pesadilla. […] Tal vez allí [en la quinta de San Pedro Alejandrino], en compañia de sus últimos fieles, al fin podrá dormir. »

Il est difficile de ne pas voir lřinsistance avec laquelle Volpi présente le projet dřune Amérique latine unie comme étant le fantasme Ŕ le rêve Ŕ dřun seul homme, rêve qui semble sřécrouler au contact de la réalité. Ce décalage entre le rêve et la réalité est à lřorigine de lřinsomnie évoquée par le passage, dans lequel Volpi met en scène une sorte dřexamen de conscience du Libertador. En présentant lřAmérique latine comme un colosse aux pieds dřargile, comme une utopie politique en laquelle même son fondateur ne peut véritablement croire en raison des difficultés rencontrées dans le réel, Volpi oppose déjà lřexpérience intérieure du continent et lřhéritage dřune conception prédéterminée du devenir américain. Au point de vue rhétorique, le recours à la narrativité et à la fiction sert ainsi à réduire lřadversaire Ŕ lřhéritage bolivarien Ŕ à lřidée de rêve. Mais cette opposition entre lřexpérience et lřutopie présentée par le recours au discours indirect libre du personnage bolivarien ne se replie par sur elle-même ; elle est immédiatement relayée par lřexpérience de lřessayiste lui-même. En effet, ce passage narratif ouvre la voie à la suite de lřessai, où Volpi rend compte, par lřintermédiaire dřun carnet de voyage, des multiples allers-retours quřil a lui-même effectués dans les Amériques.

Intitulé « À vol dřoiseau109 », le carnet consigne différents épisodes par lesquels se confirme le sentiment dřétrangeté du je par rapport au vaste ensemble latino-américain. Santa Cruz de la Sierra, Caracas, México, Santiago de Chile, Managua … : les villes, les pays dřAmérique latine et les identités locales quřelles renferment se succèdent dans les diverses entrées du carnet de Volpi. Les réflexions éminemment politiques qui sont ébauchées se joignent à une expérience intérieure de lřAmérique latine, qui incline lřauteur à réfléchir sur le rapport identitaire quřil entretient avec les pays quřil parcourt, et où visiblement il évolue en touriste bien plus quřen habitant. Les entrées se présentent comme une série dřinstantanés qui relèvent les différences entre lřidentité du je et celle des lieux quřil traverse. Ainsi en est-il de ce passage où il rappelle lřexpérience dřune grève générale ayant paralysé la ville bolivienne de Santa Cruz de la Sierra :

Je passe quelques jours paisibles à déambuler dans les rues et les marchés de la ville, ayant peu à faire, dans lřattente du grand jour [celui du congrès auquel il est convié]. À la différence de ce qui se passe dans mon pays, où les grèves ont disparu grâce à la corruption docile de nos leaders syndicaux, ici tout le monde prend la chose très au sérieux. Une grève générale est Ŕ difficile à imaginer au Mexique Ŕ une grève générale. En dřautres mots : personne ne travaille

et, plus surprenant encore, personne ne peut sortir en automobile, sous peine de finir avec un pare-brise éclaté110. (IB-32)

La posture adoptée par lřessayiste est celle du marcheur, de celui qui voit les événements de près et qui est autorisé au constat dřune différence significative entre la prétention à lřunité latino-américaine et certains particularismes politiques, culturels et sociaux. Lřimage de la grève qui se prépare sert ici à marquer les divisions importantes qui existent dans la façon de mener une lutte sociale en Amérique latine. Elle cristallise en un plan, en un micro-récit, lřune des différences entre le Mexique, qui sert de point de comparaison, et la Bolivie. Cette façon de faire emprunte à la narrativité en ce sens quřelle plonge le lecteur dans le rendu dřévénements vécus par lřessayiste et ce, même si elle nřévoque pas une séquence dřactions. La posture du marcheur et les images saisies coupent de la distance installée par une argumentation basée sur des idées en obligeant à la proximité de la perception. On comprend mieux la pertinence dřune approche de la narrativité reposant sur des micro-

récits sřinscrivant dans une succession Ŕ lřapproche de Roger Odin Ŕ dans lřéconomie de

cette démarche. Le je, dépeint comme un marcheur, saisit par bribes la réalité et en présente certaines images fortes, qui lui permettent dřune certaine façon dřavancer sur le terrain argumentatif, mais dřabord et avant tout de rendre compte de la distance quřil perçoit chaque fois davantage entre le discours sur lřAmérique latine comme ensemble uni et sa propre expérience de la fragmentation du continent.

Dans ce premier essai, Volpi présente dřabord Simón Bolívar non comme un personnage historique intouchable mais comme un homme, qui plus est comme un homme habité par la crainte que le projet dřune Amérique latine unie soit intenable. Les différences multiples que celui-ci constate entre les peuples habitant le continent depuis ses origines rendent impossible la réalisation de lřutopie pensée par les Européens. Cřest, du moins, ce que la mise en scène du personnage et de ses pensées intimes révèle. Prenant le relais de cette image fabulée du Libertador, Volpi présente ses carnets de voyage et, se saisissant dřimages fortes et contrastées du continent, il fait voir la grande diversité qui le traverse et

110 « Paso unos días apacibles deambulado por las calles y mercados de la ciudad, sin mucho que hacer, en

espera del gran día. A diferencia de mi país, donde las huelgas se han extinguido gracias a la dócil corrupción de nuestros líderes sindicales, aquí todo el mundo se toma la cosa muy en serio. Una huelga general es Ŕ nadie lo creería en México Ŕ una huelga general. En otras palabras : nadie trabaja y, lo más sorprendente, nadie puede salir a la calle en automóvil bajo la amenaza de terminar con el parabrisas apedreado. »

empêche de le considérer comme unitaire. Bien que les réflexions que lřessai de Volpi renferme se déclinent sur un mode ironique étranger à la gravité et au sérieux dřIntérieurs

du Nouveau Monde, on sent dans El insomnio de Bolívar une attention semblable portée à

la question de la subjectivité dans lřexpérience américaine. Lřexpérience permet, comme chez Nepveu, de sřaffranchir dřune vision du monde héritée du rêve européen. Le propos de lřessai sřarrime à ces expériences du continent et, plutôt que dřavancer directement par la prose idéelle ou argumentative, il sřinsinue par ces micro-récits et ces images fortes. Ce nřest dřailleurs quřà la suite de ce carnet de voyage que Volpi pose de but en blanc la question qui lřoccupera par la suite tout au long du recueil : « Et si lřAmérique latine nřexistait plus ? Si elle était un mirage, lřobsession de quelques politiciens, une illusion, la trace dřun idéal éteint, un piège, un espace vacant, un fantôme ou un zombi, un pieux mensonge, un simple rêve111 ? » (IB-55). Cette question, sans cesse ralliée à la figure de Bolívar, servira, comme je le montrerai au chapitre 3, de ligne directrice au recueil.

Le second essai du recueil est plus près de lřessai polémique et il puise moins, dans son développement, dans les ressources du narratif. Le propos, qui consiste à montrer que la démocratie nřa jamais véritablement gagné lřAmérique latine, reste ancré dans le politique et lřargumentatif. Mais il demeure que lřessai sřamorce par une formule qui fait appel à la fiction et à la narrativité. Une fois de plus, cřest la posture du voyageur et du marcheur qui est mise de lřavant et qui devient gage dřune perception plus arrimée à la réalité et à lřexpérience du continent :

Si un voyageur venu de loin Ŕ de préférence un aristocrate français du XIXe siècle ou un étranger du XXIe siècle Ŕ sřaventurait aujourdřhui en Amérique latine avec lřintention dřétudier

son organisation politique, que verrait-il ? […] Dřemblée, notre hypothétique voyageur ne tarderait sans doute pas à se rendre compte du fait que, à la différence de ce qui se passe ailleurs, en Amérique latine la démocratie nřa été quřune épine au pied et un projet toujours remis à plus tard, une promesse et une source dřangoisse, une calamité et un rêve112 […]. (IB-

89-90)

111 « Y si América Latina ya no existe ? Si fuera un espejismo, la obsesión de unos cuantos políticos, una

ilusión, la huella de un ideal extinto, una trampa, un hueco, un fantasma o un zombi, una mentira piadosa, un simple sueño ? »

112 « Si un viajero distante Ŕ de preferencia un aristócrata francés del siglo XIX o un alienígena del siglo XXI

se aventurase hoy en América Latina con la intención de estudiar su organización política, ¿ qué vería ? […] De entrada, nuestro hipotético viajero quizá no tardaría en darse cuenta de que, a diferencia de lo que ocurre en otras partes, en América Latina la democracia ha sido incómodo aguijón y un anhelo siempre pospuesto, una promesa y una fuente de angustia, una calamidad y un sueðo […]. »

Sans quřil soit possible dřaccorder à lřessai un élan résolument narratif, on sent une fois de plus la nécessité dřincarner le propos idéel pour mettre en marche la mécanique argumentative. Le troisième essai du recueil reprend également ce procédé dřamorce narrative par le recours à une histoire drôle. Déposée au seuil du texte, sans préambule ni justification, cette histoire qui tombe à plat et crée un effet dřétrangeté, voire de malaise, laisse a priori le lecteur sceptique. Lřessayiste ne lřignore pas, qui affirme que « chaque fois quř[il] a conté cette blague, [il a] fait face aux mêmes démonstrations dřindifférence, de stupéfaction ou de moquerie : cette blague nřest pas mauvaise, elle est extrêmement mauvaise, voire lamentable113. » (IB-151). Volpi explique rapidement que la blague ne se trouve pas là pour elle-même, mais plutôt pour la situation à laquelle elle renvoie, une rencontre dřauteurs ayant lieu à Séville, dont le but est de réfléchir aux caractéristiques propres à la littérature latino-américaine contemporaine. Cřest Roberto Bolaðo, déjà à cette époque figure clé de la « nouvelle génération dřécrivains latino-américains », qui se trouve à être narrateur de la blague, ce qui en fait de facto une histoire appréciée par tous. Cet épisode, nouvelle mise en scène à laquelle recourt lřauteur, sert à montrer que la fraternité des auteurs latino-américains est une apparence plus quřun fait avéré. Postulant que cřest le congrès organisé en 1999 par la Casa América de Madrid qui a à lui seul créé lřunité supposée de la nouvelle génération dřécrivains latino-américains, Volpi montre que la réunion de Séville ne fait que pousser à son extrême limite lřabsurdité en tentant de mettre le doigt sur lřessence de la littérature latino-américaine actuelle. Le collectif dřessais et de textes critiques qui résulte de la rencontre est pour Volpi une somme dřexpédients et de réflexions forcées :

Ce travail exige de notre part un exercice dřautoanalyse qui contraste avec notre désinvolture : nous nous sentons contraints de nous trouver des points de contact pour la seule raison que, après une bonne dose de vin, nous feignons dřêtre amis, potes, camarades, collègues ou compères. Nous parlons tous la même langue, aspirons tous au succès Ŕ un succès qui, pour tout écrivain latino-américain, ne peut se mesurer quřavec celui du Boom Ŕ nous admirons tous Bolaño et nous ignorons tous, en réalité, ce que signifie être un écrivain latino-américain114.

(IB-153)

113 « Cada vez que he vuelto a conter este chiste he recibido las mismas muestras de indiferencia, pasmo o

burla : no un chiste malo, sino un chiste malísimo, un chiste pésimo. »

114 « Se nos exige un ejercicio de autoanalisis que contrasta con nuestra desfachatez : nos sentimos obligados

a encontrar puntos de contacto entre nosotros sólo porque, después de ingentes dosis de rioja y de jabugo, fingimos ser amigos, cuates, patas, coleguis o compadres. Todos hablamos la misma lengua, todos aspiramos al éxito Ŕ un éxito que, para cualquier escritor latino-americano, sólo puede medirse con el Boom- todos, admiramos a Bolaño y todos desconocemos, en realidad, lo que significa ser un escritor latinoamericano […] ».

Au-delà du sentiment dřimposture quřil décrit, ce que dénonce Volpi, cřest la construction dřune tradition littéraire « latino-américaine » qui repose sur des exercices factices, sur des rapprochements obligés. Il nřest dřailleurs pas accidentel que les deux rencontres évoquées aient lieu en Espagne, à Séville et à Madrid ; il sřagit dřune autre façon de montrer que lřensemble latino-américain nřexiste que par la valorisation quřen fait lřEspagne, par la mise en place dřune certaine spécularité entre le succès des auteurs actuels mexicains, chiliens, péruviens et leurs « homologues » des années 1970. La narrativité repose ici davantage sur lřanecdote que sur le principe du micro-récit. Il demeure que lřexpérience apparaît de nouveau indissociable du propos tenu sur la latinité, que la plongée dans le vécu du je permet au propos idéel dřémerger.

Le quatrième et dernier essai du recueil confronte le lecteur à un discours éloigné de celui de la prose essayistique, qui se rapproche du roman dřanticipation. Intitulé « Des extrêmes qui se touchent », lřessai dresse dans un premier temps le portrait politique du sous-continent américain à lřépoque de la parution du recueil, soit en 2009. Il enchaîne, dans un second temps, sur une série de prédictions de ce que le futur réserve à lřAmérique latine. Projetant le devenir du sous-continent en 2010, puis en 2050 et ainsi de suite jusquřen 2110, lřauteur ébauche à grands traits et à grands coups dřironie la dystopie politique que deviendrait une Amérique latine unie, formant une alliance stratégique avec le Brésil pour faire face à la domination états-unienne. Plongé dans lřunivers de la (science)- fiction, lřessai utilise dřune certaine façon les ressources du récit Ŕ chronologie, succession, transformation des actants Ŕ mais cřest en toute dernière instance quřil ravive plus spécifiquement un sentiment de narrativité chez le lecteur, en réintroduisant le personnage de Bolívar.

Le Libertador sřagite dans son lit de la maison de campagne de San Pedro Alejandrino : une nouvelle quinte de toux secoue son corps faible, malade. […] Le Libertador fait un effort pour lever la main, balbutier un mot de remerciement ou prononcer une phrase pour la postérité, mais à peine lui reste-t-il des forces. Les mots se noient dans sa gorge : trop dřannées de luttes, de déboires, dřéchecs. Une Amérique unie, quelle idée ! Il sait sa fin proche et se sent soudainement serein, en paix. Un sourire sřesquisse sur son visage, qui sřillumine. Enfin il pourra dormir115. (IB-258-259)

115 « El Libertador se remueve en su lecho en la quinta de San Pedro Alejandrino : un nuevo ataque de tos

estremece su cuerpo débil, enfermo. […]El Libertador hace un esfuerzo para levantar la mano, balbucir una palabra de agradecimiento o dictar una sentencia para el futuro, pero apenas le quedan fuerzas. Las palabras se ahogan en su garganta : demasiados años de luchas, sinsabores, fracasos. Una América unida, menudo

Mort du Libertador, fin de El insomnio de Bolívar : cette double fin marque en quelque sorte la transformation opérée chez un personnage dont le rêve, converti dans le cadre de lřessai en « insomnie », sřéteint, ouvrant la voie à un autre rapport à lřAmérique. Le micro-

récit final permet dřenvisager la virtualité dřune suite, dřun relais quřappelle Volpi par son

essai, mais il sřarticule également aux images du personnage de Bolívar qui ont précédé celle-ci. Lřapport de la narrativité est, entre autres choses, de faire en sorte que le discours sur la latinité tenu dans lřessai ne puisse être départagé des deux expériences qui la portent, celle du je et celle du personnage fabulé de Bolívar.

***

Dans les trois extraits dřIntérieurs du Nouveau Monde que nous avons vus, comme dans les essais dřIntérieurs du Nouveau monde, le genre essayistique carbure à cette intrication entre des micro-récits Ŕ des plans Ŕ liés à une expérience humaine, et à ce que lřon identifie comme étant de la prose idéelle, comme une réflexion de nature enthymématique. Pour arriver aux conclusions de ce chapitre en terrain sûr, jřen rappellerai le point de départ, qui était de vérifier lřhypothèse dřune analogie structurelle entre lřessai et le récit proposée par André Belleau. La liberté formelle de laquelle se réclame lřessai, et

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