• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL

2.4 L’ APPROCHE DE G OFFMAN

2.4.6 La maîtrise des impressions

Lors de toute interaction, la qualité majeure que devrait posséder tout acteur est celle de ne pas se figer dans sa représentation, et ce au point de vue affectif, au point de ne plus être en mesure de s’adapter aux aléas susceptibles d’apparaître dans toute interaction.

« Bien que l’acteur soit censé être accaparé tout entier par l’activité qu’il exerce, et bien qu’il soit apparemment absorbé par ses actions de façon spontanée, sans calcul, il doit néanmoins se détacher affectivement de sa représentation de façon à rester disponible pour faire face aux aléas dramaturgiques qui peuvent se produire. » (ibid., p. 204)

De plus, le bon acteur suivant les consignes devra aussi rester maître de lui-même dans toute situation, plus particulièrement lorsque les spectateurs lui manifestent de l’estime ou du mépris, il en va de la pérennité de la relation.

« L’acteur discipliné doit aussi savoir garder son

« sang-froid » et être capable de s’abstenir de toute réaction émotionnelle en face de ses problèmes personnels, en face de ses équipiers lorsqu’ils commettent des erreurs, et en face du public quand celui-ci témoigne de l’affection ou de l’hostilité de façon intempestive. » (ibid., p.

204)

La question qui surgit est alors de savoir si sa communication verbale ainsi que la non verbale serait les atouts majeurs de sa représentation. L’acteur devra aussi tenir compte des connaissances que le public possède déjà à son égard. C’est pourquoi, il en découle que les acteurs auraient la tendance de surjouer et ainsi rester dans leur rôle lorsqu’ils sont confrontés à un public inconnu et, à contrario baisser plus facilement la garde lorsqu’ils jouent face à un public connu.

« Peut-être faut-il voir dans la façon de composer son visage et sa voix la question centrale de la discipline dramaturgique. C’est là

le critère décisif des aptitudes d’un acteur. » (ibid., p. 205)

« Outre le fait d’avoir à compter avec ce qui est perceptible à la vue, l’acteur doit aussi prendre en considération l’information que le public possède déjà à son sujet. » (ibid., p. 210)

« En résumé, on peut s’attendre à ce que les acteurs renoncent à maintenir strictement leur façade lorsqu’ils sont avec des personnes connues depuis longtemps, et à ce qu’ils renforcent leur façade quand ils se trouvent parmi des personnes qu’ils ne connaissent pas auparavant. » (ibid., p. 210)

Les techniques de protection

Les raisons qui poussent le public à faire preuve de savoir-vivre à l’égard des acteurs ne sont pas dénuées de sens. Il y a d’une part la volonté de ne pas provoquer une algarade et d’autre part le souhait d’être bien perçu par les acteurs.

« Ce qui motive le public à agir avec tact, c’est l’identification immédiate avec les acteurs, ou bien le désir d’éviter une scène, ou encore le désir de gagner les bonnes grâces des acteurs afin d’en tirer profit. » (ibid., p. 219)

Le tact concernant le tact

L’autre élément de protection que Goffman évoque est la fine perception dont l’acteur doit faire preuve afin de saisir les messages implicites que lui adresse le public pour lui signaler la piètre qualité de sa représentation et la nécessité de l’adapter à la situation s’il ne désire pas se perdre dans les méandres de celle-ci.

« l’acteur doit être sensible aux allusions et être capable de comprendre à demi-mot, car c’est par l’intermédiaire d’allusions que le public peut l’avertir que son spectacle est inacceptable et qu’il ferait mieux de le modifier rapidement s’il veut préserver la situation. » (ibid., p. 221)

2.4.7 Conclusion

Dans sa conclusion, Goffman reprendra les aspects fondamentaux de son ouvrage. Il débutera ainsi par sa conception du schéma conceptuel qu’il décrira comme l’endroit ceint de règles contradictoires où se joue des actions définies et suivies.

Le schéma conceptuel

« Une organisation sociale est un lieu entouré de barrières s’opposant en permanence à la perception, dans lequel se déroule une activité régulière d’un type déterminée. » (ibid., p. 225)

Personnalité, interaction société

Le second aspect qu’il relèvera sera propre à l’acteur. Lorsque ce dernier entre en scène, il tâchera consciemment ou non d’influencer la perception des spectateurs à l’égard de la scène qu’il jouera, ce en fonction de ses propres croyances.

Pour cette raison, l’acteur doit prendre garde à ne jamais induire une contradiction dans sa mise en scène sous condition de briser l’impression de lui-même qu’il s’était construite et qu’il souhaitait préserver.

« Quand une personne se présente aux autres, elle projette, en partie sciemment et en partie involontairement, une définition de la situation dont l’idée qu’elle se fait d’elle-même constitue

Le rôle de l’expression : communiquer des impressions du moi

Sous ce thème, l’auteur reprendra sa définition proposée dans son introduction. Il la spécifiera par la difficulté de perception qu’un acteur a d’une situation, et de ce fait l’obligera à s’en remettre aux faux-semblants. De ce fait, l’acteur aura la prédisposition de se comporter avec ses interlocuteurs en fonction de l’effet qu’ils présenteront lors de cette interaction.

« Quand un individu est placé en présence des autres, il cherche à identifier les données fondamentales de la situation. » (ibid., p. 235)

« En bref, puisque la réalité qui intéresse l’acteur n’est pas immédiatement perceptible, celui-ci en est réduit à se fier aux apparences. » (ibid., p. 236)

« On a tendance à traiter les autres d’après l’impression qu’ils donnent, dans l’instant, de leur passé et de leur avenir. » (ibid., p. 236)

La mise en scène et le moi

Pour terminer son ouvrage, Goffman abordera les deux aspects capitaux formant chaque individu qui sont d’une part l’acteur tributaire des effets qu’il produit dans ses activités

quotidiennes et le personnage qu’il interprétera afin de mettre en valeur ses qualités même s’il ne les possède pas toutes.

« On a implicitement dégagé ici deux dimensions fondamentales dans la personnalité individuelle : l’acteur, artisan infatigable des impressions d’autrui, engagé dans d’innombrables mises en scènes quotidiennes ; le personnage, silhouette habituellement avantageuse, destinée à mettre en évidence l’esprit, la force et d’autres solides qualités. » (ibid., p. 238)