3. RESULTATS
4.1. La kleptoplastidie chez H. germanica du Bassin d’Arcachon
4.1.1. Arguments cytologiques
Selon la littérature, Haynesina est l’un des huit genres de foraminifères capables de séquestrer des
chloroplastes dans leur cytoplasme (Lopez, 1979 ; Knight and Mantour, 1985 ; Goldstein et al. 2004 ;
Pillet et al. 2011). Les observations au MET de coupes cytologiques d’un spécimen du Bassin
d’Arcachon confirment la présence de chloroplastes intacts. La figure 5A d’un spécimen de H.
germanica permet de distinguer l’aspect granulaire du cytoplasme des foraminifères. Comme décrit
dans Goldstein et al. (2004), ces granules correspondent aux divers organites cytoplasmiques. Parmi
ces organites observables dans H. germanica, à l’image des cellules végétales, des chloroplastes sont
présents en nombre important dans le cytoplasme (Figure 4B-D). La quantité de chloroplastes
dénombrée sur les images de MET permet d’estimer à environ 20000 chloroplastes pour un plan de la
cellule entière (diamètre de 300 µm). Si on rapporte grossièrement la surface de la cellule à une sphère
correspondant à la taille moyenne d’un foraminifère, cela représente environ 100000 chloroplastes par
cellule. En comparaison, un dinoflagellé contient entre 1 et 2 chloroplastes (Siano et al. 2010) et selon
l’espèce de diatomée, entre 1 et 10 chloroplastes sont observés (Round et al. 1990).
Le bon état de conservation des structures internes des chloroplastes permet d’avancer que les
chloroplastes ne sont pas digérés et possiblement fonctionnels (Goldstein et al. 2004).
4.1.2. Quantification métabolique
Afin d’étudier précisément l’activité photosynthétique des H. germanica prélevées dans le Bassin
d’Arcachon et en raison de la faiblesse des échanges d’oxygène pour des organismes dont le
biovolume est de l’ordre de quelques nanolitres, il s’est avéré nécessaire de mettre en œuvre une
méthodologie adaptée. La méthode proposée par Høgslund et al. (2008) et systématisée par Geslin et
al. (2011) permet de quantifier des variations de flux de l’ordre de quelques centièmes de picomoles
d’oxygène par individu et par jour. La sensibilité de la technique peut être multipliée en introduisant
plusieurs individus dans la chambre de mesure (6 individus pour cette étude). La compacité du
montage et sa simplicité permettent aussi une exposition facile à des sources de lumière, des intensités
différentes ainsi qu’à des variations de température relativement rapides et des observations directes
aisées. Ceci nous a permis d’étudier pour la première fois la dynamique de la consommation et de la
production d’oxygène par les foraminifères kleptoplastes en fonction de la luminosité. Une simple
source de lumière froide Zeiss, KL 1500 LCD et un quantum mètre Li-Cor 250 ont été ajoutés à cette
méthodologie afin de réaliser les cycles nuit/jour sans complexifier le montage. Cependant l’intensité
lumineuse décrite dans ce chapitre n’intègre pas l’épaisseur d’eau et les modifications du trajet optique
apportées par la chambre de mesure. Cela rend difficile la quantification et la caractérisation de la
lumière (spectre) qui éclaire effectivement les individus testés. Cependant, le caractère reproductible
du montage est assuré.
A l’obscurité, l’oxygène présent dans la chambre de mesure diminue progressivement malgré les
échanges avec l’atmosphère (Figures 5 et 6). Cette tendance témoigne de la consommation d’oxygène
par les H. germanica par leur métabolisme aérobie. A titre de comparaison, les taux de respiration (i.e.
consommation) et les biovolumes mesurés pour les H. germanica dans les travaux de Geslin et al.
(2011) sont inférieurs à ceux obtenus dans notre étude (d’après Geslin et al. 2011 : 411 ± 77 pmol.ind
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