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expérience de l’espace « La phénoménologie ouvre un horizon de

Carte 2. Itinéraires observés à Barcelone.

4.1. La grille d’observation

Une grille d’observation a été créée comme support sur le terrain (voir Figure 8). Avant la transcription de nos observations sur le journal de terrain, nous identifions chaque observation en remplissant un tableau comme celui de la partie supérieure de la Figure 8. Nous avons attribué premièrement un code à chaque visite. Ensuite, au moment de chaque arrêt lors de la visite, un croquis et une image illustrent le point où le groupe s’est arrêté. Le croquis (voir Figure 9) favorise la retranscription de la session d’observation. Il stimule les souvenirs en les situant, facilitant la rédaction du journal d’observation et localisant les éléments observés (les questions, la prise de photos et des notes, etc.).

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Figure 8. En haut : métadonnées de la visite. En bas : exemple de la grille d'observation pendant un arrêt du parcours Secrets de Ciutat Vella.

Code Visite : RBP02

Nom Secrets de Ciutat Vella

Date 22 février 2014

Heure 11 h

Point de rencontre Pl. dels Àngels

Organisateur 2

Guide M.

Hommes 9

Femmes 10

Groupes Deux couples (20-30) Un couple (30-40) Trois couples (50-60) Une femme (60)

Autre

Code arrêt : 16 Lieu : Pl. Cathédrale (2) Questions ? OUI

Photos ? NON Notes ? NON

Transformations de la façade de la cathédrale

(Objet des photos Appareil/Téléphone Combien ?)

(À quel moment ?)

Source : auteure, 2018. La carte a été réalisée sur QGis, utilisant les bases cartographiques téléchargées de CartoBCN (Mairie de Barcelone 2017). La photographie et le croquis appartiennent à l’auteure et datent du 22 février 2014.

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Figure 9. Croquis de l'arrêt « Pla de Palau » de l'itinéraire « La Barcelone des francs-maçons ».

Source : auteure, 2018 (réalisation manuelle et numérisée de RBP04, fait le 19/04/2014).

Le journal de terrain est le document résultant de l’observation qui fournira les données pour l’analyse. D’après Juan, il s’agit d’un « support d’enregistrement intime et empirique », un journal de terrain, mais également un « outil fondamental » (1999, 25) :

« L’observation devient beaucoup plus "participante" dès le moment où l’anthropologue opère un retour sur ce qu’il a perçu et fait remonter à la surface les éléments enfouis qui témoignent de la dimension participative de son observation » (Winkin 1997, 4).

Revenons au croquis. Ce croquis favorise la compréhension des annotations enregistrées. Assistant pratique de la prise d’informations, il permet de situer le guide et le groupe par rapport aux points d’intérêt et au contenu du discours, ce qui peut modifier l’interprétation d’une situation. Par exemple, dans les deux visites observées sur La Barcelone des francs-maçons, nous nous sommes arrêtés devant la Casa de Xifré, édifiée en 1840 et décorée, d’après le guide, avec des symboles de la mythologie franc-maçonnique. Voici un passage du journal de terrain de l’une de ces visites :

« Le guide fait un premier arrêt au Passeig Isabel II, proche du coin avec la place du Pla de Palau (voir croquis) [Figure 9] pour demander au groupe d’observer ce bâtiment, situé juste en face de nous, et de faire particulièrement attention aux éléments décorant la façade et le fronton. Tous les participants ont déduit que l’élément installé sur le fronton de ce bâtiment est une horloge. Le guide nous demande d’avancer un peu sur ce même trottoir jusqu’à arriver au milieu du bloc de maisons. Là, on découvre que ce qui ressemblait aux deux aiguilles de l’horloge est tout simplement un compas que la grande statue tient dans sa main. Comme le compas est situé devant un cercle, il donne l’impression d’être une horloge.

(La position précise du groupe par rapport à l’élément d’intérêt détermine l’expérience du discours, car, si le groupe s’était arrêté plus tôt ou plus tard, l’effet n’aurait pas été aussi impressionnant) » (RBP04 – 19/04/2014).

Cet exemple illustre l’importance de la position du guide, des participants et des éléments autour, aussi bien de ceux faisant partie de la visite comme de l’environnement. Les annotations entre

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parenthèses nous aident à interpréter l’information décrite dans les lignes ci-dessus. Elles montrent les observations et remarques de la chercheuse pendant l’observation, ce qui correspond à une première analyse sur le terrain.

Une ou plusieurs images illustrent également chaque point d’arrêt du parcours (voir Figure 8). Outre la représentation graphique de l’observation, nous avons prêté une attention particulière aux questions posées par les participants et aux échanges avec le guide et avec d’autres participants. La prise de photographies et de notes a également été prise en compte.

Cette expérience vécue est accessible par « l’observation attentive des situations et des actions des visiteurs » (Bossé 2010, 11), à travers les éléments témoignant de l’(in)attention des participants et de leur contribution à la visite en termes de coproduction plus ou moins active (un participant pose des questions, un autre répond au téléphone, etc.), par les moyens mis en œuvre pour capter cette expérience (photographier, prendre des notes, etc.) et par les interactions des personnes du groupe entre elles, avec le guide (Larsen et Widtfeldt Meged 2013), avec le chercheur ou avec d’autres acteurs présents dans cet espace à ce moment-là. Tous ces éléments s’inscrivent dans un contexte plus large, l’ambiance (Pradel, Simon, et Lefrançois 2015), qui conditionne fortement l’expérience vécue et qui constitue l’un de nos axes d’analyse.

L’observation participante est une technique prévue pour s’étendre sur la durée (Taylor et Bogdan 1987). Ainsi, le chercheur crée avec le temps un lien avec les sujets observés favorisant une attitude plus naturelle de la part de ces derniers dans leurs actions durant le temps de l’observation. Les caractéristiques de notre recherche ne permettent pas l’observation de longue durée, car les activités observées sont uniques, les individus et les espaces étant différents à chaque fois (Graburn 2002). Le fait que les individus observés soient a priori dans une situation de détente et focalisent leur attention sur l’activité de découverte a contribué, dans notre cas, à l’élaboration d’une attitude bienveillante et d’une mise à l’aise à l’égard de la chercheuse.

Il est recommandé par certains auteurs que les sessions d’observation n’aient pas une durée supérieure à une heure (Taylor et Bogdan 1987), car les niveaux d’attention et de concentration peuvent diminuer au-delà de ce délai. Cela est logique dans le cas d’études auprès d’organisations (Bogdan 1972) ou sur des thématiques dont les conditions ne changent pas énormément d’un jour à l’autre. Les activités qui font l’objet de nos observations durent entre une heure et demie et quatre heures et il est important de les réaliser dans leur totalité pour favoriser la relation construite entre

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les participants et la chercheuse, garantissant ainsi que la majorité des participants acceptent d’échanger après la visite.

Le fait de participer activement aux visites s’est montré très positif pour recueillir de l’information en fin d’activité. Cela a permis aux participants d’entamer la conversation avec la chercheuse entre deux arrêts, lui poser des questions ou discuter tout simplement de ce dont ils avaient envie. Ils ont été plus disposés à remplir les questionnaires qui étaient prévus initialement40. Cette prédisposition à participer à la recherche a été favorisée par le fait que les guides, avant le début de l’activité, ont très rapidement présenté la chercheuse et sa recherche, en termes très généraux (« une thèse sur le tourisme à Barcelone »). D’après les résultats de l’observation, cela n’a pas nécessairement conditionné la spontanéité du groupe, car les participants semblaient oublier rapidement la présence de la chercheuse lorsqu’ils se focalisaient sur la visite.

La démarche de l’observation participante a permis à cette recherche le recueil de données écrites (le journal de terrain) et visuelles (photographies et croquis). À partir de ces données, deux traitements analytiques ont été mis à l’œuvre. Nous avons réalisé une analyse thématique du contenu du journal de terrain, contextualisé par les croquis et les photographies. Ensuite, nous avons réalisé une analyse cartographique autour de deux axes : l’ambiance autour de l’expérience de la visite et les lieux d’intérêt pour le public local. Ce deuxième axe nous a permis de proposer une carte d’attraits de proximité41.