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La forêt au Cameroun: importance économique et caractéristiques

Avant de s'intéresser plus particulièrement aux différents usagers des ressources forestières de la zone d'étude retenue pour cette recherche, une présentation rapide est faite des principales caractéristiques de la forêt au Cameroun et de son importance socio-économique. Cette section permet également d'introduire les trois villages de la province de l'est-Cameroun où ont été conduites les enquêtes de terrain.

1. Une ressource essentielle dans un contexte économique en crise 1.1. Description succincte de la situation socio-économique au Cameroun

Le Cameroun est l'un des principaux pays du sous-continent de l'Afrique centrale. Il est situé entre les parallèles 1,4° et 13° de latitude nord et entre les méridiens 8,3° et 16,1° de longitude est. Sa superficie est de 475 442 km², divisée de façon assez nette entre la zone forestière au sud et la zone de savane au nord. Le Cameroun se caractérise ainsi par une grande diversité d'écosystèmes95 et de populations: plus de deux cents groupes ethniques sont présents au Cameroun. Au total, la population camerounaise s'élevait en 1995 à 13,2 millions d'habitants, soit une densité humaine d'environ 28 hab/km². Ce niveau relativement bas cache néanmoins une grande disparité entre les provinces, celles du nord étant traditionnellement plus densifiées que les zones forestières du sud.

Les trois quarts de la population active camerounaise vit en zone rurale et pratique l'agriculture; cette proportion tend même à augmenter avec le "retour au village" de nombreux individus n'ayant pas trouvé d'activité en ville (Nkoujam, 1995). Ces mouvements migratoires internes constituent un indice révélateur du contexte économique difficile qu'a connu le Cameroun jusqu'à peu. Alors qu'au début des années 1980, le Cameroun était considéré comme un pays à revenu intermédiaire, 1985-86 marquent la fin d'une croissance rapide et le début de la récession économique qui a sévi jusqu'à récemment96. C'est dans ces circonstances que le Cameroun négocia en septembre 1988 avec le FMI un premier Plan d'Ajustement Structurel (PAS). Les mesures prises dans ces conditions semblent néanmoins n'avoir eu que peu de conséquences, au moins dans un premier temps, sur la situation économique et sociale. Le PNB par habitant n'a cessé de décroître pour s'établir en 1994 à moins de 700$ par tête. D'autres indicateurs montrent également, à partir de 1985, la dégradation des conditions de

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On dit parfois que le Cameroun est à l'Afrique ce que la France est à l'Europe: une synthèse de l'ensemble des paysages présents sur le continent.

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vie au Cameroun (Banque mondiale, 1996)

Dans les faits, après une décennie de déclin, le Cameroun renoua avec la croissance à partir de 1993 et de manière plus marquée après 1994. Cette reprise est généralement imputée au dynamisme des secteurs d'exportation et au redressement de la demande interne, principalement stimulés par la dévaluation de 50% de la monnaie nationale le 12 janvier 1994. Le niveau des exportations s'est particulièrement accru depuis 1993, mais cette évolution tient vraisemblablement davantage à l'amélioration du contexte économique mondial qu'à la réussite des PAS imposés par le FMI97.

1.2. Le secteur bois porteur d'un nouveau dynamisme économique

Dans ce contexte économique fragile et qui reste dépendant de l'évolution de la conjoncture mondiale, le bois apparaît comme une ressource économique à fort potentiel puisque la demande sur le marché national comme international connaît une hausse continue depuis une quinzaine d'années: la production et l’exportation des ressources ligneuses au Cameroun n'ont cessé d’augmenter depuis 1985. Sur cette période, le taux annuel de croissance de la production s’établit à environ 3%. De manière parallèle, la part des exportations de produits forestiers par rapport à l’ensemble des exportations de biens et services camerounais a augmenté fortement.

Figure 6 : Les exportations de produits forestiers dans les exportations nationales

(Sources: World Bank, 1996) 97

Plusieurs motifs permettent en effet d'étayer cette hypothèse:

- depuis 1994, on assiste à un retournement à la hausse des cours des principaux produits de base exportés par le Cameroun. C'est notamment le cas pour le café, le cacao ou le coton;

- si les principales exportations de produits primaires ont bien augmenté en valeur depuis 1994, cet accroissement des chiffres d'affaires tient plus à un effet prix qu'à un effet volume: pour les cinq principales cultures d'exportation (café, cacao, banane, caoutchouc, coton), le taux de croissance des exportations pour 1993- 95 s'établit entre -3% et +20% quant elles sont exprimées en milliers de tonnes, et entre +41% et +108% quand elles sont exprimées en millions de dollars. Or l'objectif d'une dévaluation compétitive est avant tout de relancer à moyen terme le volume des exportations, profitant justement de leur faible prix sur le marché international; - enfin, alors que la production pétrolière camerounaise n’a cessé de baisser depuis 1987 (60 millions de barils) pour s’établir à 39 millions de barils en 1994-95, de nouveaux puits ont été découverts récemment.

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 1985 1987 1989 1991 1993 Années Millions de $ Exportations totales de biens et services Exportations de produits forestiers

Depuis le début de la récession économique, la part du secteur primaire dans le PIB réel du Cameroun est passé de 24% en 1987 à 35% en 1994 (World Bank, 1996), confirmant ainsi les activités d’exploitation des ressources comme un des principaux moteurs de l’économie. L’exploitation des ressources ligneuses tient une place importante dans cette évolution en contribuant en 1993 à hauteur de 3,7% au PNB camerounais (Marchés Tropicaux, 1994). La ressource ligneuse étant de moins en moins commercialisée sous forme brute, du moins sur le marché international, la croissance du chiffre d'affaires du secteur bois implique donc la mise en place progressive d'une filière de transformation du bois d'œuvre au Cameroun.

Cette finalité "productiviste" assignée aux forêts par le gouvernement camerounais se révèle néanmoins être une vision restreinte de l'usage des ressources forestières. La forêt tropicale est un écosystème complexe, multi-fonctionnel et utilisé, par conséquent, de manière différente par plusieurs types d'usagers. Cette diversité des modes d'utilisation de la forêt est illustrée par une étude de cas réalisée dans une zone rurale de l'est-Cameroun.

2. La forêt, une ressource complexe et variée

2.1. La forêt tropicale camerounaise: présentation écologique générale98

La surface forestière du Cameroun est estimée en 1995 par la FAO (1997) à 195 980 km². Elle représente environ 41% de la surface du territoire national. Sur cette superficie totale, on estime généralement à 16 millions d’hectares la superficie forestière exploitable pour ses ressources ligneuses. De ce point de vue, le Cameroun se classe au troisième rang des pays forestiers africains après la République Démocratique du Congo et le Gabon. Le taux de déforestation pour 1990-95 s’établit à 129 000 ha/an, soit -0,6%/an, ce qui situe le Cameroun dans la moyenne de déforestation pour l'Afrique centrale (FAO, 1997).

La forêt camerounaise représente une grande diversité d'écosystèmes, allant de la forêt congolaise primaire au sud aux forêts galeries de savanes du nord ou à la forêt biafréenne de l’ouest du pays. Letouzey (1968) la divise en trois unités phytogéographiques99 :

- la forêt littorale, qui se situe le long de la côte camerounaise;

- la forêt biafréenne, présente dans le sud-ouest du pays, à côté de la forêt littorale100.

- la forêt congolaise, située au sud du pays. C'est cette forêt que l'on rencontre dans la

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Cette thématique est davantage développée dans l'annexe VI.

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Un tableau et une carte présentant la diversité des écosystèmes forestiers camerounais (Gartlan, 1989) sont proposés en annexe VI. Pour un inventaire floristique poussé de l’ensemble des écosystèmes forestiers présents au Cameroun, se reporter à Letouzey (1968, 1985).

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La forêt littorale et la forêt biafréenne sont regroupées par Gartlan (1989) sous la dénomination de forêt côtière atlantique: ce massif forestier couvre approximativement 100 000 km², tout comme la forêt congolaise.

province de l'est. Elle se divise entre forêt semi-décidue au nord (environ 40 000 km²), où se situe la zone d'étude, et forêt congolaise per se au sud (60 000 km²)101.

La zone forestière où ont été réalisées les enquêtes se situe en forêt dense humide semi- décidue. Elle comporte également quelques rares îlots de forêt congolaise (Zapfack, 1995)102. De manière générale, la forêt dense humide semi-décidue présente plusieurs caractéristiques communes avec la forêt sempervirente mais avec des performances inférieures. C'est par exemple le cas au niveau de la production de bois exploitables: un hectare de forêt tropicale semi-décidue compte beaucoup plus d'espèces secondaires que d'espèces principales: des travaux récents réalisés dans ce type d'écosystème en Côte d'Ivoire indiquent par exemple, que "la densité de la régénération naturelle acquise est de l'ordre de 3000 à 5000 tiges/ha, les

essences commerciales représentent 12-15% des effectifs" (Dupuy et al. 1997, p. 30), le reste

étant composé d'essences secondaires. Cette proportion d'essences commerciales est plus importante en forêt congolaise, notamment pour ce que l'on nomme communément les "bois rouges".

Le peuplement forestier de la zone d'étude se compose ainsi principalement de Sterculiacées et d'Ulmacées; il est caractéristique des forêts de plateaux de moyenne altitude (600-900 mètres) que l'on trouve dans cette région pour une pluviométrie annuelle entre 1450 et 1750 mm/an103. Ce type de végétation se développe sur des sols ferralitiques rouges sur roches éruptives et cristallines acides, que l'on rencontre fréquemment en forêt tropicale d'Afrique centrale: ils présentent une couche superficielle peu épaisse à faible teneur en matière organique et une couche intermédiaire de structure massive et farineuse, au ph. acide et détenant une très faible réserve minérale (Letouzey, 1968). Ainsi, en l'absence d'un couvert forestier permanent, ces surfaces ne peuvent supporter d'autres activités productives qu'à court terme.

La présentation statique des types de forêt tropicale ne doit pas tromper sur le perpétuel renouvellement de la phytocénose de cet écosystème: l'étude écologique des écosystèmes forestiers tropicaux ne peut être réalisée que dans une perspective dynamique qui a de multiples origines naturelles (chablis, inondation,...) ou humaines (feu, défrichement, exploitation forestière,…). Mais si la dynamique forestière est relativement bien connue pour

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Si cet espace forestier tend à gagner globalement sur la savane, c'est principalement par l'extension des forêts semi-décidues, qui empiètent d'ailleurs aussi au sud sur les forêts de type congolais. Letouzey (1968) cite à cet égard la raréfaction des tiges de Moabi (Baillonella toxisperma), arbre caractéristique de la forêt congolaise, dans l'ensemble de ce massif et son remplacement par des arbres de forêt semi-décidue comme l’Ayous (Triplochyton scleroxylon).

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Ces deux types d'écosystèmes présentent des caractéristiques résumées en annexe VI.

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l'étage végétal supérieur de la forêt tropicale, cela n'est pas le cas pour les étages inférieurs: les données sont rares et controversées sur la variation de la végétation à petite échelle. Or, "la

connaissance de la nature et de la complexité de la variation aux niveaux moyen et inférieur [...] est capitale pour l'évaluation de la variation correspondante des fonctions et des possibilités des écosystèmes forestiers tropicaux" (Unesco, 1979, p. 41). De telles études sont

rendues difficiles par la très grande diversité biologique que supporte la forêt tropicale humide (Wilson, 1993; Miller & Tangley, 1991; Lugo, 1988). Cette connaissance partielle des éléments de la biocénose de la forêt tropicale renforce la difficulté à estimer les évolutions potentielles de cet écosystème.

La multiplicité et la variabilité des interactions écologiques existant en forêt tropicale expliquent en grande partie l'absence d'écosystèmes homogènes s'étendant sur de grandes surfaces. Il suffit de faire quelques kilomètres en forêt semi-décidue pour se rendre compte qu'il ne s'agit en réalité que d'une mosaïque d'écosystèmes divers. Plus spécifiquement pour la zone d'étude, l'écosystème forestier présente des espaces de forêt semi-décidue, où certaines essences typiques de la forêt congolaise sont parfois présentes, et de forêt secondaire entrecoupés par des champs de cultures sur brûlis et des zones agricoles permanentes (Zapfack, 1995).

2.2. Une multiplicité d'usages potentiels

Le massif forestier où les villageois pratiquent leurs activités "coutumières" se révèle être un ensemble disparate d'écosystèmes hétérogènes. Si l'espace qui entoure les villages d'enquête reste essentiellement forestier, l'écosystème dominant est celui de la forêt semi-décidue "secondarisée" à la suite de plusieurs pressions humaines sur le milieu, notamment l'agriculture sur défriche-brûlis et l'exploitation forestière. Les ouvertures du massif forestier ont engendré l'installation d'une végétation de forêt secondaire, qui présente plusieurs caractéristiques intéressantes pour les acteurs locaux, notamment en termes de production104.

principales essences commerciales par Durrieu de Madron & Forni (1997).

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On trouvera une bonne description de ces forêts tropicales secondaires dans Unesco (1979) ou Brown & Lugo (1990). Les essences ligneuses qui y sont présentes ont notamment les caractéristiques suivantes:

- ce sont des essences typiquement héliophiles qui exigent au moins 75% de la lumière du jour; - elles développent une bonne fructification et un fort pouvoir de dissémination;

- elles ont une croissance rapide (de 1-4 mètres de hauteur par an et 2-4 centimètres de diamètre par an) mais une faible longévité: ces essences meurent souvent au bout de 15 ans;

- il s'agit souvent d'espèces grégaires, dont le bois est léger et ne présente pas d'intérêt pour l'exploitation forestière;

- enfin, ces espèces secondaires recyclent davantage les éléments nutritifs que les espèces primaires.

Un arbre caractéristique de cette configuration forestière est le Parasolier (Musanga cecropioïdes) qui est très fréquent dans la zone: il couvre l'ensemble des zones défrichées qui se régénèrent naturellement comme, par exemple, les anciennes pistes forestières.

Le stade de la forêt secondaire est en effet celui où la biomasse et la production sont maximales (Unesco, 1979). Ces écosystèmes forestiers secondaires présentent donc plusieurs avantages. D'une part ces formations sont transitoires et, en l'absence de nouvelles perturbations humaines, l'écosystème originel se reconstitue après plusieurs dizaines d'années: au terme de 60-80 ans, il est difficile de distinguer, sur la base de critères écologiques, une ancienne forêt secondaire d'une forêt primaire conservée (Whitmore, 1990). D'autre part, parce que leur niveau de production primaire est le double de celui obtenu en forêt non perturbée, ces écosystèmes secondaires sont en mesure de supporter un grand nombre d'usages humains (Brown & Lugo, 1990). Enfin, ces formations forestières spécifiques proposent aux acteurs locaux des biens et services qui ne sont pas présents en forêt primaire: la diversité des écosystèmes qui composent la forêt de la zone d'étude permet la multiplication des bénéfices que vont en tirer les populations locales. De manière générale, les acteurs tirent d'autant plus de bénéfices de leur environnement que celui-ci est diversifié. Il est possible de mettre en lumière les fonctions majeures qu’assure la forêt tropicale au Cameroun.

La forêt tropicale constitue tout d’abord pour les populations locales le support matériel de leur mode de vie: cet écosystème est à la fois l’habitat de nombreux individus, une source de matières premières et de produits alimentaires, et une réserve foncière pour l'extension des activités agricoles. La majorité de la population camerounaise couvre ses besoins principaux par une exploitation directe de son milieu de vie105. Or, en l’état actuel des tendances démographiques, cette pression sur l’environnement est appelée à s’accroître très fortement106. Une conséquence directe de cette croissance démographique est une pression accrue sur les ressources naturelles, notamment par une extension importante de l’agriculture: "it is clear that in order to meet the needs of an increasing population, it is necessary to

organize and manage land which implies protection of the environment and the rational and economic use of natural resources (MINEF, 1992, p. 10).

Au niveau national, la forêt tropicale est considérée comme un support de développement économique: la forêt camerounaise contient un volume de bois d’œuvre commercialisable estimé à plusieurs centaines de millions de mètres cube, dont l’exploitation est censée engendrer dynamisme économique, emploi et rentrée de devises (Carret & Clément, 1993).

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C’est, par exemple, le cas de la demande d’énergie: au Cameroun, en 1996, sur une production de bois rond de plus de 16 millions de mètres cube, 11,8 millions de mètres cube sont utilisés pour le chauffage, sous forme de bois de chauffe ou de charbon. Ainsi, les trois quarts de la production de bois au Cameroun ne font pas l'objet d'une transformation industrielle et sont cantonnés à un usage domestique.

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Même si le Cameroun entre lentement dans une phase de transition démographique, les projections moyennes estiment cette population à plus de 43 millions d’individus en 2050, soit un triplement en 50 ans (Gendreau, 1996).

De ce fait, les autorités publiques, qui sont les propriétaires et les garants de la pérennité de ces ressources, ont pour objectif de parvenir à une gestion rentable et durable de la forêt : aussi bien au niveau régional que national, la forêt tropicale est un enjeu économique et politique majeur pour le Cameroun. Enfin, considérée sous la forme d'un "capital naturel", la forêt tropicale fournit un ensemble de bénéfices non-marchands (fonctions environnementales et bénéfices de non-usage) au niveau local, national et international107.

Dans ces circonstances, une gestion forestière paraît délicate à mettre en place puisqu'elle implique plusieurs acteurs aux intérêts divers et complexes. Plutôt que de se focaliser sur des principes théoriques de gestion forestière, l'intérêt est de restreindre le champ d'analyse à une zone géographique précise où les acteurs et leurs usages peuvent être identifiés.

3. Caractéristiques de la zone d'étude

Ce travail repose sur des enquêtes de terrain réalisés dans une zone forestière située dans la partie orientale du Cameroun. Les caractéristiques de cette région sont rapidement présentées et, plus précisément, celles de la zone d'étude.

3.1. La province de l'est

Le Cameroun est divisé en dix provinces, dont la province de l’Est est à la fois la plus grande et la plus boisée: elle couvre une superficie de 108 940 km², soit 23% du territoire national, et réunit plusieurs types d'écosystème : d’une forêt sempervirente au sud, on passe progressivement à une forêt semi-décidue pour aboutir à une forêt de transition avec la savane au nord. Le climat est de type guinéen, se caractérisant surtout par une longue saison pluvieuse (septembre-novembre), puis une longue saison sèche (décembre-mars). Une petite saison des pluies a lieu de début avril à mi-juin; elle est suivie par une petite saison sèche jusqu'à septembre. Les températures moyennes ont cependant une faible variation saisonnière pendant l'année, oscillant presque toujours entre 23 et 25°C.

Bertoua est la capitale provinciale. La province de l’Est est composée de quatre départements (le Lom et Djérem, la Kadéi, le Haut-Nyong, et le Boumba-Ngoko), qui sont eux-mêmes divisés en arrondissements et en communes. Enfin, chaque commune regroupe plusieurs cantons, qui comprend plusieurs villages.

L'activité industrielle principale de cette région du Cameroun est l'exploitation forestière. Elle engendre à peu près tous les emplois du secteur privé dans la région. La forêt dense de cette province, qui représente environ 77 390 km² (soit 39% de la superficie de la forêt nationale),

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Au niveau international, par exemple, le Cameroun a déjà engagé sa responsabilité en ratifiant les conventions sur le changement climatique et la biodiversité, qui l'enjoignent à gérer et à utiliser durablement les ressources

constitue le massif le plus grand du pays et recèle plus de la moitié du potentiel forestier exploitable à long terme (Laurent, 1994)108. Selon les zones, entre 2 et 25m3 de bois par hectare peuvent être exploités à des conditions économiques rentables. La gestion de la forêt de l'est constitue donc un enjeu majeur au plan régional et national, d'autant que la province de l'Est est économiquement en retard par rapport au reste du territoire.

En dépit de ce fort potentiel, l'est du Cameroun est la région la plus enclavée du pays. Si elle bénéficie de chemin de fer, qui passe à Bélabo, elle est encore dépourvue d’axe goudronnée la reliant au reste du pays. La seule route existante est celle qui joint depuis 1981 Bertoua à Bélabo : elle fait 82 km, pour plus de 4000 km de pistes qui sillonnent la province. L'axe de communication le plus important est la route nationale N°10 qui relie Yaoundé-Doumé-