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La fluoration de l’eau en Amérique du Nord

Chapitre 2 – La fluoration de l’eau : une mise en contexte

2.1 Géographie de la fluoration : un état des lieux

2.1.2 La fluoration de l’eau en Amérique du Nord

Aux États-Unis, les concentrations optimales de fluorure dans l’eau potable recommandées par les experts de la santé publique varient entre 0.7 et 1.2 mg/L (figure 7). La détermination de la concentration optimale dépend en partie des moyennes annuelles de température ainsi que de la population ciblée. Les populations ciblées par un programme de fluoration de l’eau sont principalement les populations jeunes âgées de moins de 12 ans, plus précisément les populations dont les années de vie correspondent à la période de développement de la dentition permanente (Murray et al., 1991). Par ailleurs, les populations ciblées par un programme de fluoration sont généralement les populations urbaines à faible revenu, mais il arrive parfois qu’il y ait des exceptions et que les populations ciblées ne soient pas nécessairement considérées comme étant les plus défavorisées d’un point de vue socioéconomique. Nous pouvons également ajouter que le coût de la fluoration contrôlée de l’eau diminue avec la taille de la population, ainsi le coût par habitant est plus élevé lorsque la population ciblée est de petite taille (Buzalaf, 2011).

Figure 7. Concentrations optimales de fluorures dans l’eau potable selon la température moyenne (Adapté de : CDC, 1993)

La figure 7 montre les concentrations optimales de fluorure dans l’eau potable recommandée pour une fluoration contrôlée de l’eau selon des zones climatiques définies à l’aide des températures annuelles moyennes. La façon de déterminer la concentration optimale de fluorure dans l’eau potable se base notamment sur le postulat que la consommation d’eau est moindre dans les milieux tempérés du nord que dans les milieux chauds du sud (CDC, 1993). La quantité d’eau consommée entre donc en ligne de compte dans la détermination de la concentration optimale de fluorure dans l’eau potable. L’ingestion d’une quantité excessive de fluorure liée aux habitudes quotidiennes de consommation d’eau peut accroître les risques de fluorose dentaire ou squelettique. Tous les états américains sans exception ont un programme de fluoration contrôlée de l’eau potable (figure 8).

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Figure 8. Pourcentage de la population consommant de l’eau fluorée aux États-Unis, par État, 2012 (Données : CDC, 2013a)

Au Canada en 2007, approximativement la moitié (45.1%) de la population totale du pays est localisée dans une municipalité dont l’eau potable est volontairement fluorée par des acteurs locaux (figure 9). La concentration maximale acceptable (CMA) ayant été établie pour le fluorure dans l’eau potable au Canada est de 1.5 mg/L (Santé Canada, 2010).

Figure 9. Pourcentage de la population consommant de l’eau fluorée au Canada, par province, 2007 (Données : Rabb-Waytowich, 2009)

La figure 9 montre l’étendue géographique de la pratique de la fluoration au Canada par province en 2007. Les plus hauts pourcentages de population vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration de l’eau en 2007 sont en Ontario (75.9%), en Alberta (74.7%) et au Manitoba (69.9%). Inversement, les plus bas pourcentages de population vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration sont au Québec (6.4%), en Colombie-Britannique (3.7%) et à Terre-Neuve-et-Labrador (1.5%). Les territoires du

Pas de fluoration Moins de 20.0% 20.0% à 39.9% 40.0% à 59.9% 60% et plus Population consommant de l’eau fluorée Échelle 1 : 33,000,000 N

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Yukon et du Nunavut n’ont pas de programme de fluoration en 2007. Les provinces maritimes, à l’exception de la Nouvelle-Écosse, se trouvent au milieu de la donne, avec des pourcentages moyens de populations vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration, soit respectivement 23.7% et 25.9% pour l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick (Rabb-Waytowich, 2009). La province de la Saskatchewan se trouve elle aussi au milieu de la donne avec 36.8% de sa population vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration. Les chiffres absolus des populations vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration en 2007 sont présentés par province et territoire au tableau II.

Province Population

totale

Population vivant dans une municipalité ayant

un programme de fluoration

Population vivant dans une municipalité ayant

un programme de fluoration (%) Colombie-Britannique 4 113 000 152 241 3.7% Alberta 3 290 350 2 457 406 74.7% Saskatchewan 968 157 356 096 36.8% Manitoba 1 148 401 803 116 69.9% Ontario 12 160 282 9 229 015 75.9% Québec 7 546 131 489 420 6.5% Nouveau-Brunswick 729 498 188 607 25.9% Nouvelle-Écosse 913 462 519 031 56.8% Île-du-Prince-Édouard 135 851 32 174 23.7% Terre-Neuve-et-Labrador 505 469 7 572 1.5% Nunavut 29 474 0 0.0% Territoires du Nord-Ouest 41 464 23 400 56.4% Yukon 30 372 0 0.0% Canada 31 611 911 14 258 078 45.1%

Tableau II. Effectifs des populations vivant dans une municipalité ayant un programme de fluoration au Canada, par province, 2007 (Données : Rabb-Waytowich, 2009)

En examinant les chiffres absolus pour le Canada en 2007, on s’aperçoit que la majeure partie de la population canadienne affectée par un programme de fluoration vit soit en Ontario ou en Alberta. Effectivement, en 2007, 64.7% de la population canadienne affectée par un programme de fluoration se trouve en Ontario et 17.2% en Alberta. Ainsi, parmi les 14.2 millions de personnes affectées par un programme de fluoration au Canada, 81.9% parmi elles vivent soit en Ontario ou en Alberta, ce qui indique une forte disparité entre les provinces canadiennes en ce qui concerne l’étendue spatiale de la pratique de la fluoration dans le pays. Que ce soit n’importe où dans le monde, le principal obstacle à l’implantation d’un programme de fluoration dans une communauté est principalement lié à la présence et aux activités de groupes d’oppositions locaux ou régionaux.

Au Canada comme aux États-Unis, la prise de décision concernant la fluoration est un processus essentiellement local qui implique une multitude d’acteurs dont les comportements sont imprévisibles et subjectifs. Cependant, nous pouvons dire que la décision de fluorer l’eau est avant tout un processus hydrosocial qui requiert des interventions directes ou indirectes sur l’eau. Les acteurs locaux ont ainsi la responsabilité de redéfinir l’eau potable en fonction des relations hydrosociales qu’entretiennent les communautés avec leurs eaux respectives.