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B. ANALYSE THEMATIQUE DES FOCUS GROUPS

5. LA FEMINISATION DE LA PROFESSION DE MEDECIN GENERALISTE

a. Un constat

Il est fait par la majorité des participants, même si certains admettent ne pas s’en être rendu compte (F1P2, P1P5) ou avoir plutôt l’impression que la profession est plus masculine que féminine, sauf aux urgences (P1P3).

Pour reprendre une participante (F4P3), ce phénomène semble « […] complètement

rentré dans les mœurs. » Pour elle, « […] les gens font moins la comparaison entre médecin homme et médecin femme. ».

D’autres réactions vont dans ce sens :

« […] Si il y a de plus en plus de femmes, tant mieux. » (F1P4) « C’est une profession qui va très bien aux femmes. […] » (F1P3)

Par contre un jeune homme (P2P5) s’exclame, plutôt sur le ton de la plaisanterie :

« C’est inquiétant ! » mais il ne s’est pas plus exprimé… Quelle est la part réelle de

plaisanterie dans ce propos ?

Dans les études :

Quelques personnes (F1P3) s’interrogent sur la proportion de femmes au concours de première année, rappelant que le temps où seuls « les garçons accédaient aux

études » est révolu. En effet « les filles font de plus en plus d’études et des études supérieures. » (F5P1) et d’une manière générale, elles « réussissent mieux à l’école que les garçons » (F1P2), sont « plus consciencieuses » (F1P4), et « plus attentives à leur travail. » (F3P1).

Une ancienne enseignante âgée de 75 ans (F1P4), se rappelle que beaucoup de ses anciens élèves filles ont fait médecine, mais aucun garçon.

Plusieurs ont également remarqué que les stagiaires (externes et internes), en majorité, « se trouvent être des femmes. » (F1P4).

Du côté des remplaçants :

Ils sont la plupart du temps évoqués au féminin, surtout dans le focus group 1, d’ailleurs une patiente (F1P3) a réagi à ce sujet en s’adressant à ses coparticipants :

« […] Vous parlez de « la » remplaçante. […] On dirait que la fonction de remplaçant est réservée aux femmes ». Elle donne elle-même une explication : « Peut-être parce qu’il y a plus de femmes maintenant ».

Il n’y a pour autant pas de dévalorisation de ce statut féminisé, car les patients estiment pouvoir avoir confiance en cette remplaçante que leur médecin a choisi. Du coup, elles sont plutôt bien perçues :

- Une personne (F2P2) s’était rendu compte de la féminisation : « Parce que

[son] médecin quand elle est en vacances ou comme là elle a été opérée d’un cancer, ça a toujours été des femmes qui l’ont remplacé au cabinet et on les voie, même si c’est des remplaçantes, de la même façon que notre médecin. »

- « J’ai eu plusieurs fois une remplaçante, ça ne m’a pas bloqué. J’ai senti pareil.

Elle m’a apporté les soins que j’espérais. » (F1P1)

b. Les conséquences

• Au premier abord, aucun changement ou conséquence n’était évoqué, comme l’exprime une personne (P1P4) : « J’ai l’impression que c’est pareil ». Les participants en arrivaient même à nous demander pourquoi on leur posait cette question…

Notre inconditionnelle féministe (F5P1) fait une remarque pertinente : « On dit

• Tout de même, beaucoup d’aspects positifs étaient mis en avant, en termes d’évolution de la société, de mixité (F1P3, F1P4), de complémentarité entre les hommes et femmes au sein de ce métier (F1P3), une personne (F1P1) précisant quand même qu’il ne faut pas que cela devienne un métier « unisexe ». Un équilibre semblerait bien.

• Malgré tout, quelques personnes ont soulevé l’éventuel problème de disponibilité que pourrait engendrer cette féminisation (F1P3, F4P1) par rapport aux autres rôles sociaux de la femme, en l’occurrence être mère et s’occuper de ses enfants. Mais selon une patiente (F5P1), mère de jumeaux et qui a toujours travaillé, « C’est une question

d’organisation » et en même temps elle incrimine la société qui « […] n’est pas très bien organisée quand même pour que les femmes travaillent toutes ».

De toute façon, tous sont intransigeants sur cette notion de disponibilité, insistant sur le fait qu’elle doit toujours être assurée « même si la femme prend le temps de vivre sa

vie de mère » (F4P1). Pour lui ce sera le cas « […] du moment qu’il y a le potentiel, qu’on forme encore des médecins, qu’il n’y a pas pénurie comme ça peut se faire actuellement au niveau des infirmières. ». En fait « Etre médecin c’est un sacerdoce, on lui demande aussi d’être disponible. » (F1P3).

Une jeune patiente (P2P4), assez catégorique et ferme, estime que, comme dans tout métier, vies professionnelle et personnelle ne doivent pas se mélanger et lance : « Si

elle a choisi ce métier, elle sait les horaires qu’elle doit faire donc elle les assume sinon elle choisit un autre métier. »

La solution à ce problème de disponibilité serait le regroupement des médecins en cabinets médicaux de groupe. De plus ils voient mal les femmes exercer seules :

« […] Donc, en fait, si c’est une femme, et qu’elle a besoin de disponibilité personnelle, à mon avis un tandem de deux médecins arrange tout le monde. » (F1P3)

« Alors il y a des femmes, parce qu’il y a les enfants à s’occuper, des femmes qui cherchent des jobs un peu plus tranquilles, enfin pas tranquilles mais plus organisés. » (F5P1)

Un homme (F3P2) nous explique en quoi ce mode d’exercice parait plus adapté aux femmes leur permettant de s’organiser : « Peut-être qu’elle a quand même plus

d’impératifs familiaux qu’un homme. Qu’on le veuille ou non. Je pense qu’elle pourrait mieux s’épanouir dans un cabinet de groupe. ». Il rajoute : « […] mais les hommes aussi. C’est difficile pour un homme déjà mais c’est encore plus difficile pour les femmes. ».

Finalement il soulève le fait que hommes comme femmes ont « envie d’une vie plus

normale. ».

• Une personne (F3P1) évoque à juste titre les « risques liés aux patients », faisant référence à la sécurité des médecins, et notamment des femmes. Le travail en groupe permettrait donc également de sécuriser leurs conditions de travail.

• Enfin, une participante (F2P3) plaisante en évoquant, comme conséquence de la féminisation de la profession, le fait que les médecins hommes puissent avoir envie de