• Aucun résultat trouvé

3.1 Position systématique

La coquille Saint-Jacques, Pecten maximus (Linné, 1758) fait partie des 17 espèces appartenant au genre Pecten (Muller, 1776) selon le WoRMS (World Register of Marine Species, www.marinespecies.org), dont la position systématique est détaillée ci-après.

Embranchement Mollusca

Classe Bivalvia

Ordre Pectinoida

Super Famille Pectinoidea

Famille Pectinidae

Genre Pecten

3.2 Répartition des populations

3.2.1 Aire de répartition géographique

La coquille Saint-Jacques est présente sur toute la côte est de l’Atlantique Nord, du nord de la Norvège à la côte ouest de l’Afrique, et également aux Açores, aux Maldives et à Madère (Brand, 2006). A l’est de sa répartition elle s’étend au sud-est de l’Espagne et dans la Méditerranée jusqu’à Malaga, puis sud-est remplacée par une autre espèce de pétoncle, P. jacobaeus (Brand, 2006). Reconnue pour ses qualités gustatives comme un produit de choix, P. maximus a une longue histoire d’exploitation commerciale. Les principales pêcheries par drague se localisent sur les côtes ouest des îles britanniques et de la France, ainsi qu’au nord-est de l’Ecosse (Brand & Shumway, 1991).

3.2.2 Génétique

D’un point de vue génétique, P. maximus et P. jacobaeus sont très proches. Des études se basant sur l’électrophorèse d’allozymes (Huelvan, 1985), d’ADN mitochondrial (Wilding et al., 1999) et des séquences partielless du gène codant pour l’ ARN ribosomique 16S et 12S (Canapa et al., 2000; Barucca et al., 2004) ont suggérés que la distance génétique entre P. maximus et P. jacobaeus n’était pas suffisante pour les considérer comme des espèces formellement distinctes. Cependant d’autres études sur les fréquences d'allozymes (Rı́os et al., 2002) ont trouvé une différenciation significative correspondant aux différences de morphologie observées, ce qui confirmerait l’existence de deux espèces à part entière.

Concernant la structuration génétique des populations de P.maximus, les résultats sont variables selon les méthodes et les populations étudiées. Ainsi, deux études ont été réalisées sur les populations du Royaume-Uni et de France en utilisant des loci allozymiques polymorphes (8 loci sur 13 populations, Beaumont et al., 1993; 7 loci sur 9 populations, Wilding et al., 1998). Aucune de ces études n’a mis en évidence l’existence d’une sous-population. D’autres études ont révélé une séparation génétique de la population de P. maximus de la baie de Mulroy en Irlande, par utilisation de RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism) et de RAPDs (Random Amplified Polymorphic DNA) sur des marqueurs d’ADN mitochondriaux

haplotypiques montrerait une différenciation des populations de Norvège du reste de l’Europe (Beaumont, 2006).

Figure 6: Aire de répartition de la Coquille Saint-Jacques Pecten maximus. (Carte Romain Lavaud, d’après données FAO, www.fao.org)

3.3 Biologie et écologie

P. maximus atteint dans de nombreux endroits une taille maximale de 150 mm (hauteur de coquille), même si certains individus de tailles plus importantes ont pu être signalées (210 mm, Minchin, 1978; 230 mm, Jolivet, comm. pers.). C’est une espèce aux valves asymétriques, avec une valve supérieure plate (valve gauche morphologique) et une valve inférieure (droite) incurvée, qui dépasse légérement la gauche en son bord. Les deux valves portent de larges nervures rayonnantes (env. 15 à 17) et de nombreuses ondulations concentriques ainsi que de fines stries. La valve gauche est habituellement d’un marron rougeâtre mais cette coloration peut varier du rose pâle à quasiment noir. La valve droite est généralement blanc cassé, jaunâtre ou marron claire. Les anneaux de croissance « dits hivernaux » sont normalement bien marqués sur les deux valves, particulièrement sur la valve gauche (Brand, 2006).

P. maximus peut vivre juste en dessous de la zone tidale jusqu’au bord du plateau continental, à une profondeur de plus de 210 m (Forbes & Hanley, 1853; Tebble, 1966; Nerot et al., 2012). Cette espèce est cependant essentiellement côtière et est plus communément trouvée entre 20 et 45 m de profondeur, sur des fonds sableux, de fins graviers, de maërl, avec parfois un mélange de boue (Brand, 2006).

P. maximus s’enfouit généralement sur le fond de façon à ce que la valve supérieure soit au niveau, ou juste en deçà, de la surface du sédiment (Baird, 1958). Le comportement d’enfouissement est un processus relativement complexe qui implique l’expulsion d’eau via la cavité palléale et permet le recouvrement de la valve supérieur par le sédiment préalablement suspendus (Brand, 2006). Les coquilles enfouies sont plus difficilement détectées par les prédateurs visuels et ce comportement de protection est ainsi adopté dès qu’elles atteignent une taille de 6-10 mm (Minchin, 1992; Minchin et al., 2000). Les jeunes coquilles (< 15 mm) sécrètent du byssus et sont attachés sur le fond. Toutefois, attachées ou non, les coquilles Saint-Jacques, comme la plupart des pectinidés, sont capables de nager en réponse à des stimuli variés (présence de prédateurs, vibrations, etc. ; Brand, 2006). Le mouvement de nage (aussi qualifié de réponse de fuite) est dû à l’expulsion de puissants jets d’eau de la cavité palléale, générés par l’adduction des valves. Ce mouvement repose principalement sur le métabolisme anaérobie de l’arginine phosphate du muscle adducteur (Ansell, 1977; Grieshaber & Gäde, 1977). En conséquence, il sert à se

(Grieshaber & Gäde, 1977).

La croissance de P. maximus en terme de taille de coquille et de poids est considérée comme conforme à la loi de von Bertalanffy (Broom, 1976; Murphy, 1986; Allison, 1993). Chauvaud et al. (1998) ont avancé que la croissance de P. maximus s’expliquerait essentiellement par la température de l’eau de fond, la salinité, et dans une moindre mesure des flux fluviaux. La nourriture aurait un rôle mineur, exception faite des efflorescences d’algues toxiques qui provoquent une diminution drastique du taux de croissance journalier (Lorrain et al., 2000).

Il existe de larges différences de croissance entre les populations, à la fois entre des populations éloignées géographiquement (e.g., Norvège et Rade de Brest) et entre des populations plus proche (e.g., Rade de Brest et Baie de St Brieuc). D’un point de vue général, une différence de taille asymptotique est observé le long du gradient latitudinal, caractérisé par un gradient de température avec des coquilles plus petites pour les populations du Nord (Chauvaud et al., 2012). Les faibles taux de croissance annuels observés pour les populations du Nord résulteraient non pas d’un taux de croissance journalier plus faible mais d’une période de croissance plus courte (328 jours de croissance/ an à Vigo contre 130 jours de croissance en moyenne en Norvège). Cependant les performances de croissance annuelle des populations nordiques persistent alors qu’elles diminuent dès la seconde année de croissance dans les populations du sud (Chauvaud et al., 2012).

En dehors de la croissance, les cycles de stockage d’énergie et de reproduction varient aussi largement selon la position géographique (Brand, 2006). Le stockage de l’énergie paraît fortement lié aux paramètres environnementaux (Saout et al., 1999; Brand, 2006), ainsi que certains facteurs du cycle de reproduction comme le déclenchement et la durée de la ponte (Mackie & Ansell, 1993). Des études ont cependant mis en évidence une composante génétique marquée dans le contrôle du cycle de reproduction (Paulet et al., 1988; Mackie & Ansell, 1993). L’influence relative des facteurs génétiques et de l’environnement diffère dans les cycles de reproduction et de stockage de l’énergie, ce qui peut potentiellement être un problème pour les populations transplantées pour le repeuplement des pêcheries (Brand, 2006).