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Partie 2 : Le « French Paradox » et les bienfaits du vin rouge sur la santé : état actuel

2.1. L’alcool, bon pour la santé ?

2.1.1. La boisson alcoolisée et le verre standard

En France, une boisson est dite alcoolisée quand elle contient plus de 1,2% d’alcool, avec des variantes selon les pays.

Comment définit-on un verre standard ? Un verre standard contient 10 g d’alcool quel que soit le type d’alcool consommé : bière, vin, pastis … (Figure 31) [41]

62 Comment se comporte l’alcool dans l’organisme ?

Absorption et Diffusion

L’éthanol est une petite molécule hydrosoluble et liposoluble absorbée par simple diffusion à 70-80% au niveau de l’intestin grêle. Elle est diffusée dans tous les organes mais en priorité au cerveau, foie, poumons, cœur qui sont très vascularisés.

Il n’y a pas de liaison aux protéines plasmatiques.

Le taux d’alcoolémie maximal est atteint au bout de 30 minutes s’il y a consommation { jeun et de 90 minutes avec un repas (les aliments augmentent le temps de présence de l’alcool dans l’estomac donc le taux d’alcoolémie sera moins élevé et plus tardif).

Métabolisation et Elimination

Alcool

Acétaldéhyde

Acide acétique

Alcool déshydrogénase Aldéhyde déshydrogénase

Figure 32 : Métabolisation hépatique de l’éthanol

80% de l’élimination se fait par métabolisation hépatique, les 20% restants se font par élimination sous forme inchangée par voie rénale, par les poumons et par la sueur. Mais il faudra faire attention aux interactions médicamenteuses car l’alcool en consommation chronique est inducteur enzymatique.

Modes d’action de l’alcool

L’alcool va en premier lieu activer les neurones dopaminergiques (la dopamine est le neuromédiateur du plaisir, de la récompense) il y aura donc une sensation de plaisir lors de la prise d’alcool et activation du circuit de la récompense.

Puis l’alcool va activer d’’autres structures : l’amygdale impliquée dans les émotions, l’hippocampe impliqué dans la mémorisation et le cortex préfrontal impliqué dans la planification, les fonctions exécutives et le contrôle du comportement.

- L’alcool potentialise l’effet GABAergique avec une entrée des ions Cl- dans la cellule, ce qui va provoquer une diminution de l’activité neuronale donc amnésie, ataxie, sédation lors d’une intoxication aigue. Lors d’une intoxication chronique, l’organisme s’adapte avec diminution du nombre des récepteurs GABAergiques. - L’alcool bloque le récepteur NMDA (le glutamate est son ligand, c’est un

63 cellule) donc rôle amnésiant lors d’une alcoolisation aigue. Au cours d’une alcoolisation chronique, il y a un phénomène d’adaptation avec augmentation du nombre et de l’activité des récepteurs NMDA et de l’activité glutamatergique, donc neurotoxicité, agitation et crises d’épilepsie.

L’alcool augmente l’activité des neurones sérotoninergiques [2].

2.1.2. « La courbe en J » et les bénéfices sur la mortalité toute cause et la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires de l’alcool

Il y a une forte évidence épidémiologique pour la relation en forme de J entre la consommation d’alcool et la mortalité totale.

Des niveaux bas de consommation d’alcool (1 { 2 verres/jour pour les femmes et 2 { 4 verres/jour pour les hommes) sont inversement associées au taux de mortalité toute

cause. De plus hautes doses d’alcool sont associées { une mortalité plus élevée [42].

Figure 33 : Courbe en J : « Relation non linéaire entre la consommation d’alcool et le risque de mortalité totale » [42] [43]

Cette relation « courbe de mortalité en forme de J » a été établie dans une série d’études en commençant par l’étude de Framingham [44] puis suivie par de nombreuses autres. Environ 100.000 décès ont été analysés pour montrer une nette relation en forme de J avec une mortalité totale diminuée associée à deux à quatre verres journaliers pour les hommes et un à deux verres journaliers pour les femmes versus une abstinence ou des taux de boisson élevés [45].

Cette relation peut être en grande partie attribuable aux maladies cardiovasculaires (courbe du risque relatif de maladies cardiovasculaires en fonction du nombre de verres/jour en forme de J également) (Figure 34). Cela peut être expliqué par un nombre inférieur d’infarctus du myocarde et d’arrêts cardiaques, mais pas de celui de l’hypertension artérielle.

64 En principe, les effets dangereux des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires sont linéaires. Cependant, pour l’alcool, la situation est différente : on retrouve des bénéfices cardiovasculaires pour des doses modérées et des dangers pour des hautes doses [45].

Figure 34 : Courbes en forme de J pour la mortalité toutes causes et la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires [38]

Attention aux facteurs de confusion possibles entre les facteurs sociaux et les marqueurs alimentaires qui pourraient expliquer la forme de la courbe : une consommation modérée d’alcool est souvent associée { une meilleure hygiène de vie, ce qui peut expliquer un taux plus bas de maladies cardiovasculaires.

65 Les bienfaits de l’alcool peuvent s’expliquer par :

- Une augmentation des niveaux du cholestérol HDL (la synthèse hépatique est augmentée). Une variation génétique de l’alcool déshydrogénase hépatique, qui diminue le taux de métabolisme de l’éthanol, est associée { de plus hauts taux de HDL plasmatiques et de plus bas taux d’infarctus du myocarde.

- Et par d’autres mécanismes protecteurs tels que : un effet anticoagulant, un effet antiplaquettaire, un contrôle du glucose amélioré et un effet anti- inflammatoire [46].

Cependant à des doses élevées (de 0,6 à 0,9 g/kg de poids corporel), l’alcool a un effet pro oxydant et entraine des dommages hépatiques (c’est la partie droite de la courbe en forme de J). On verra de manière plus approfondie les dangers de l’alcool dans la partie 2.3.)

D’après la courbe, est-ce que la non consommation d’alcool est réellement dangereuse ? Une étude montre que la non prise d’alcool est un facteur de risque d’infarctus de myocarde surtout chez la femme. Les mécanismes sont les suivants : on ne retrouve pas les bénéfices de l’alcool sur le cholestérol HDL et des composés non alcoolisés du vin rouge.

L’abstinence est aussi un facteur de risque de diabète de type 2 par absence d’effets bénéfiques sur les niveaux d’insuline et de triglycérides [47].

Attention on retrouve encore des facteurs de confusion possibles : les américains ne buvant pas d’alcool ont en général un style de vie différent et moins cardio protecteur que les buveurs modérés.

2.1.3. Autres bénéfices de l’alcool sur la santé : alcool ou vin ?

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