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Chapitre premier : Les emojis, un phénomène évidemment social

PARTIE 2 L’usage des emojis sur les réseaux sociaux par les politiques.

L’incontestable omniprésence des réseaux sociaux dans nos sociétés contemporaines a légitimé leur infiltration jusque dans la sphère politique. Dans cette deuxième partie, il s’agit d’engager une véritable réflexion sur la rencontre entre le numérique et la sphère politique. Autour des cadres imposés par les réseaux sur l’expression politique, nous considérerons l’emojisation du discours politique et son impact sur la communication politique en tant que telle. D’une utilisation d’emojis loin d’être anodine, nous découvrirons ce nouvel espace de visibilité de la sphère politique, et des sujets qui la compose.

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Chapitre 4 : Le branding politique sur Twitter : historicité de la

rencontre entre deux sphères.

« La présence de la sphère politique sur le web est devenue non plus utile mais essentielle, car depuis le début des années 90 s’opère un progressif déplacement : de la place publique à l’agora électronique, de l’expression publique à l’interactivité »

Isabelle PAILLIART

La communication écrite médiatisée par ordinateur est depuis quelques années un moyen de communication très courant. Les emojis commencent à investir les sphères plus ou moins intimes, devenus bel et bien ubiques. Les politiques n’y échappent pas, et commencent à leur tour à utiliser les réseaux sociaux, profiter des dispositifs communicationnels qu’ils offrent, et spécialement à parsemer leurs communication d’emojis visant alors divers enjeux et objectifs.

Paragraphe A : Les réseaux sociaux, le nouvel espace de visibilité politique.

L’embrassant engouement des politiques pour les réseaux sociaux, Twitter notamment, traduit la place prise par ces technologies dans nos relations quotidiennes, qui n’a cessé de croitre au cours des dernières décennies. Au niveau des usages du web, la croissance constante de l’utilisation d’Internet inscrit les navigations en ligne dans les pratiques ordinaires104. Si la

classe politique a investi les réseaux sociaux, c’est principalement parce que leur popularité ne peut désormais plus être ignorée. Selon Fabien Granjon et Julie Denouël : « Les usages des dispositifs numérique sont devenus des activités parmi les plus ordinaire dans la mesure où elles s’intègrent toujours davantage au quotidien des individus et se présentant parfois même comme

104 LE CAROFF, Coralie. Les usages sociopolitiques de l’actualité en ligne. S’informer, partager et commenter sur Facebook. Thèse (En ligne). Thèse de doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication. Paris, Université Panthéon-Assas, 2015, p23.

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des impératifs pratiques »105, et bien entendu cela n’a pas échappé aux politiques. Les médias

électroniques sont devenus des espaces de quotidienneté collective, notamment espace d’opinion et de contestation. L’ensemble de nos micro-connexions à eux, illustre le bruit de fond que sont devenus les réseaux sociaux.

Avec autant d’utilisateurs à travers le monde, les réseaux sociaux sont devenus des lieux d’expression plébiscités par les acteurs politiques. L’utilisation de Twitter par le corps politique s’inscrit dans une historicité de la rencontre entre ces deux sphères, et trouve tout son sens dès lors que l’on revient sur la stratégie d’B. Obama, ou encore celle de D. Trump. La stratégie communicationnelle de l’ancien président américain nous renvoi aux prémices de l’utilisation des réseaux sociaux par les politiques. En témoigne d’ailleurs, la capture d’écran d’un tweet de la maison blanche, alors en gouvernement Obama, où la communication politique s’approprie les codes des réseaux-sociaux pour promouvoir son plan d’aide à la génération des « millenials ». Il est a noté que l’on prend comme premier usage des emojis par la sphère politique ce tweet là-même. A présent, c’est le président américain actuel qui rejoue la stratégie de Twitter, en se dressant sans conteste comme le premier « tweet-président ».

Illustration 5 : Cas des pionnières utilisations des emojis dans la sphère politique américaine.

Source : Capture d’écran du compte Twitter de White House Archived conduite par l’auteure.

L’entichement des politiques pour les réseaux sociaux, est aussi dû au fait que les outils médiateurs, les technologies de l’information-communication supportent de plus en plus de

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technologies tout en étant aussi, presque paradoxalement, de plus en plus simples à utiliser (Liénard 2014). Bien maîtriser Twitter pour les hommes politiques, c’est se rapprocher de son électorat, partager ses idées, proposer des contenus pour créer une communauté, ce qui est l’un des points clés du web 2.0. Aujourd’hui la présence numérique des sujets politiques semble s’être dressée comme une norme, une injonction. Pour ce qui a été des Twitter, et de notre corpus d’études, nous noterons que l’ensemble des membres de l’exécutifs, et des chefs de partis concurrents, sont présents sur Twitter. La précurseuse se trouve être Marlène Schiappa, inscrite en mars 2008, quand la dernière inscription date d’octobre 2018 pour Emmanuelle Wargon. A la vue de notre analyse, il semble la période clé d’inscription pour ces sujets politiques a été entre 2009 et 2011. Loin d’être une nouveauté, la présence sur Twitter, média de la rapidité et de la concision, de certains politiques français semble encore se faire en tâtonnant. Par leur présence, voire omniprésence, sur le web, les sujet politiques construisent une « nouvelle scène politique grâce aux plateformes numériques »106. Ainsi l’irruption du politique, dans son acceptation extensive dans des espaces qui ne lui sont pas dédié fait naître nombre de débat autour de la forme digitale du politique. C’est un fait, aujourd’hui Twitter est devenu incontournable pour les politiques. Historien des médias, Christian Delporte déclare « Ils n’ont pas le choix, c’est obligatoire dans la mesure où les autres y sont »107.

Graphique 1 : Répartition des inscriptions sur Twitter des sujets de notre corpus politique.

Comme l’individu lambda, on retrouve maintenant les sujets politiques continuellement leur téléphone à la main. « Ils parlent, ils écrivent, ils filment et (se) photographient pour mettre en

106 DALSUET, Anne. T’es sur Facebook ? Qu’est-ce que les réseaux sociaux changent à l’amitié. Paris, Edition Flammarion, 2013, 128p.

107 DELPORTE, Christian. Une histoire de la langue de bois. Paris, Editions Flammarion, 2011, 382p.

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Répartition des dates d'inscirption sur Twitter dans