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L ES STRUCTURES

Dans le document LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES (Page 99-102)

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE LA PRATIQUE EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

5.1 L ES STRUCTURES

L’année 2014-2015 fut assez sombre pour le monde du développement régional.

D’une part, les réductions budgétaires du gouvernement ont entrainé la disparition d’organismes locaux et de structures régionales, ce qui eut comme conséquence de profonds changements (nous tentons d’exposer en Annexe C un portrait de la situation de façon schématique). Il importe donc de noter la disparition des CLD qui œuvrent à stimuler le développement social, culturel et économique des collectivités de leur territoire en favorisant la réalisation de projets d’entreprise et la création d’emplois sans oublier la mobilisation des acteurs locaux. Les CRÉ, comme instance régionale de concertation et de planification étaient les interlocutrices privilégiées pour toute question touchant le développement. Elles voyaient à promouvoir et supporter le développement régional dans tous les secteurs d’activité ainsi que de favoriser la concertation entre les intervenants socioéconomiques du milieu. SRQ, dont la création remonte aux États généraux du monde rural en 1991, a été reconnue comme instance-conseil du gouvernement du Québec en matière de ruralité et accomplit plusieurs mandats touchant ce domaine. Également, les FJ travaillent à favoriser la représentation des jeunes en région en plus d’exercer un rôle-conseil en matière de jeunesse. Finalement, la fermeture de plusieurs bureaux régionaux de ministères (ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, ministère de l’Éducation) figure aussi sur la liste des victimes. D’autre part, la baisse substantielle du financement d’un nombre important d’organismes locaux de développement eut pour conséquence de perturber les services et le support à la communauté. Enfin, dans d’autres cas, ce fut la réorientation de mission. Dans ce dernier cas de figure, nous pouvons mentionner le cas des CJE qui virent leur clientèle changer en raison des modifications de leur financement via Emploi-Québec. Des transformations que Simard et Leclerc (2015) qualifient de « grand bond en arrière ». Ces bouleversements ont entraîné une grande mobilisation qui donna naissance au mouvement « Touche pas à ma région » un peu partout au Québec.

L’apport le plus significatif de la présence de ces organismes sur le terrain est sans contredit la construction d’une expertise et d’un savoir-faire local permettant un travail correspondant aux besoins du milieu parce que ces organismes ont développé, en plus des savoirs théoriques et techniques, une connaissance fine du milieu et de sa réalité.

Juan Louis Klein (2015) résume très bien ce propos dans une allocution du forum Développer ensemble nos territoires. « Ces organismes, dit-il, ne sont pas seulement des instances administratives, ils avaient une présence réelle dans le développement territorial en s’assurant de la participation de la société civile et de tout un chacun au développement économique (cela en jumelant développement économique et société territoriale). » Donc, un modèle qui s’appuie sur la participation de la communauté au développement économique comme acteur à part entière et non sur une base uniquement consultative. Un développement local ascendant où le territoire est devenu un référent pour les intervenants et la concertation un élément constitutif de ce que l’on appelle le modèle québécois de développement. Une concertation au service et au bénéfice de la communauté au lieu des organismes. Cette démarche a permis jusqu’à maintenant d’assurer un leadership local fort, de développer la capacité réflexive des milieux de même qu’une capacité d’action collective. Nous pouvons alors nous questionner à savoir si les récentes initiatives du gouvernement sonnent le glas du modèle québécois de développement régional puisque l’État semble moins jouer son rôle « d’accompagnateur ». Il est cependant trop tôt pour l’affirmer.

La disparition de ces acteurs dans l’arène du développement régional handicapera peut-être la capacité d’autodéveloppement des communautés à moins que les milieux

continuent d’avoir, entre leurs mains, les ressources nécessaires à la réalisation de leurs stratégies de développement. Certes, l’absence de structures et d’organismes en support au local réduit la capacité d’action, sans levier sur lequel prennent appui plusieurs initiatives et projets. Toutefois, si les apprentissages acquis au fil du temps continuent de guider les réalisations futures et que les connaissances des professionnels du développement régional permettre poursuivre le travail à venir, le futur paraît moins sombre (Klein, 2015). Il devient donc stratégique de pouvoir conserver et faire perdurer cette intelligence territoriale développée au fil du temps. Il s’agit de l’une des plus grandes richesses du milieu.

Autrement dit, les changements récents peuvent-ils apporter des effets bénéfiques à la dynamique de développement local? Prenons l’exemple des CRÉ. La disparition de ce résultat de la réforme de 2003 (qui a créé les CRÉ et les CLD) peut-elle présenter une opportunité? Leur création avait amené une plus grande concentration de pouvoirs entre les mains d’élus sans nécessairement y joindre une plus grande imputabilité puisque les préfets ne sont pas élus au suffrage universel. D’une manière, l’arrivé des CRÉ fit décroitre la représentation et le pourvoir citoyen. Cependant, plusieurs comités et commissions paritaires sont apparus dans les CRÉ par la suite.

Dans plusieurs cas, on réserva des sièges pour des groupes spécifiques : jeunes, femmes, autochtones, professionnels, etc. Peut-on parler alors d’amélioration de la participation même si dans ces cas elle se présente souvent de façon normée et définie. Sans être positive, la disparition des CRÉ nous apparait comme une chance à saisir pour repenser la place des citoyens et des individus dans des espaces de concertation et les chantiers du développement local.

Enfin, nous pouvons nous questionner à savoir si la fin des CRÉ laisse présager le retour des Conseils régionaux de développement (CRD). Sans être perçu comme un recul, les intervenants de l’Abitibi-Témiscamingue ont fait le choix de se doter d’un espace d’échange régional en faisant revivre le CRD-AT au dénouement d’une consultation régionale qui s’est tenu le 19 septembre 2015 dernier.

Dans le document LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES (Page 99-102)