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L ES SAVOIRS MOBILISÉS

CHAPITRE 4 : ANALYSE DE LA PRATIQUE EN DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

4.3 L ES SAVOIRS MOBILISÉS

Le rapide tour d’horizon du portrait des métiers en développement régional nous permet de constater que l’un des principaux défis, si ce n’est pas le plus grand défi à notre sens, se trouve dans le fait que l’on attend de ces professionnels qu’ils aient une base de connaissances dans plusieurs champs de compétences et qu’ils excellent dans des domaines de savoir variés. D’ordinaire, on trouvera des profils de gens avec une solide maîtrise de l’administration, de la comptabilité, du marketing et des communications, en aménagement territorial, en intervention communautaire, etc.

Mais, plus rarement, on constatera une variété aussi grande de ces compétences chez une même personne. En parlant des professionnels, à travers des échanges sur les défis de l’occupation du territoire, des intervenants de divers horizons mentionnent que les talents recherchés sont le leadership local, la communication, la vulgarisation des enjeux, la capacité de s’entourer d’un réseau de collaborateurs forts dans tous les domaines, la recherche et l’intelligence territoriale (Place aux jeunes en région, 2012). Cela appuie ce qui vient d’être mentionné.

Dans la plupart des cas, les professionnels en développement régional sont des généralistes. Ils possèdent une formation qui touche à plusieurs secteurs qui correspondent aux dynamiques propres des milieux, mais de manière peu approfondie. Ce qui est totalement compréhensible puisqu’il est impossible d’être formé dans tout, sur tout. Pourtant, c’est ce que les employeurs souhaiteraient.

L’expérience nous apprend, elle aussi, que la réalité fait en sorte que les professionnels sont sollicités de façon variable dans des sphères de compétences différentes. Les compétences requises dans les métiers du développement régional tel qu’identifié par Martin Robitaille sont pour nous une représentation fidèle de ce que

l’on a observé et vécu. Ces compétences sont d’ailleurs souvent toutes mobilisées par un intervenant et dans des champs d’application variés.

Prenons l’exemple de notre expérience professionnelle. Dans la description de l’emploi à PAJR en 2015 (voir Annexe B), le service à l’usager représentait 50% des tâches. Il comprenait le fait d’informer les jeunes diplômés intéressés à s’établir en région du soutien offert par le réseau PAJR, d’accompagner dans leur projet de migration (préparation/maturation) les différents types d’usagés intéressés et de référer les usagés dont le projet de migration est mature aux ressources des MRC appropriées. Les activités de développement sur son territoire représentaient 25% des tâches. Il s’agissait de développer un réseau de relayeurs stratégiques en alimentant ce réseau et s’assurant qu’il contribue à la mission de PAJR, de développer et coordonner des projets particuliers et autres activités de réseautages et d’informations sur son territoire (notamment en collaboration avec les agents de migration du réseau et les différentes stratégies régionales). Cela incluait également le fait de participer au processus de développement de nouvelles activités de représentation auprès d’usagés en dehors du réseau scolaire en coordonnant des évènements de représentation et enfin, d’accompagner le directeur général dans le développement de nouveau partenariat stratégique. Aussi, 10% de la tâche consistait à développer et approfondir l’intelligence territoriale. Cela incluait le fait d’approfondir et maintenir un bon niveau de connaissance des enjeux des régions attitrées, d’effectuer une veille stratégique sur les informations socioéconomiques de ces régions et de développer et mettre à jour des outils de travail. La collaboration avec l’équipe de PAJR représentait aussi 10% de la tâche et cela se définissait comme le fait de participer aux rencontres d’équipe de PAJR, contribuer à l’organisation des Congrès et autres évènements du réseau Place aux jeunes ainsi que participer aux comités consultatifs.

Pour terminer, le soutien aux agents du réseau dans une proportion de 5%. Il

s’agissait de soutenir le coordonnateur des services aux membres dans la formation des nouveaux agents du réseau, collaborer à la rédaction du bulletin d’informations mensuel destiné aux membres et développer et mettre à jour des outils d’information et de formation. Il ne faut qu’un rapide coup d’œil pour constater que les quatre compétences génériques de Robitaille s’y trouvent.

Dans les tâches, offrir un accompagnement à des jeunes avec différents projets de vie (recherche d’emploi, établissement dans un nouveau territoire, information sur ce que représente la vie dans tel environnement, démarrage d’un projet d’entreprise, recherche de stage, etc.) demande la maîtrise de connaissances de base dans plusieurs domaines. Des connaissances que peu de gens vont posséder dès le départ. Celles-ci s’acquièrent « sur le tas » au fur et à mesure que de nouvelles situations se présentent.

Toujours en lien avec le soutien que j’apportais aux individus dans cet emploi, un des défis se situait dans l’acquisition d’un grand nombre de connaissances spécifiques sur l’ensemble des régions du Québec où intervient PAJR. En effet, le territoire de desservie par l’organisme est très vaste et cela demande de connaitre les particularités de chacune d’elles, leurs différentes potentialités, les opportunités pour tous les profils de candidats possibles de rencontrer. Au départ, cela apparait un peu frustrant de ne pas posséder tous les outils nécessaires à la réalisation de ses tâches. Il faut cependant être patient, car il s’agit bien souvent d’un processus continu d’apprentissage.

Donc, à l’expertise technique normalement liée à la fonction, la pratique de métiers en développement régional sollicite aussi une expertise dans des domaines variés.

Participer au développement des communautés en milieu rural nous demande maintenant de travailler avec des concepts aussi varié que l’employabilité et la

formation, l’immigration et l’insertion des personnes dans la communauté, le marketing territorial11, l’entrepreneuriat, l’organisation évènementielle, une maîtrise des réalités socioéconomiques pour l’ensemble des régions du Québec pour nommer les principales de notre expérience professionnelle. Évidemment, toutes les interventions dans ces domaines ne demandent pas des connaissances très approfondies en la matière, mais du moins un minimum de familiarité avec leurs concepts. C’est justement cette maîtrise plurielle des sujets qui est difficile à atteindre puisqu’on demande souvent aux intervenants de maîtriser un peu de tout idéalement.