• Aucun résultat trouvé

3L7202MT – 3N7202MT : METHODE EN HISTOIRE ANCIENNE

Durée de l'épreuve : 1h30 EXAMEN TERMINAL

Le candidat doit vérifier qu'il est en possession de l'intégralité du sujet qui comporte 2 pages. En cas de problème, le signaler aux surveillants. Documents / matériels autorisés : néant

Sujet de M. Blaineau, Mme. Landrea, M. Magne et Mme. Villacèque

Tibérius Sempronius Gracchus, homme noble et ambitieux, d'une grande éloquence, et pour cela connu de tous, élu tribun de la plèbe, se mit à tenir des discours sur la race italienne, faisant remarquer qu'elle était très valeureuse à la guerre et unie par le sang aux Romains, mais que, peu à peu, elle s'appauvrissait et s'épuisait, sans aucun espoir de redressement. Au contraire, il s'élevait contre les esclaves, inutiles pour la guerre, toujours infidèles à leurs maîtres, et rappelait ce qui était arrivé récemment aux propriétaires de Sicile, du fait de leurs esclaves, dont le nombre avait été augmenté pour l'agriculture ; il rappelait aussi la guerre, ni facile ni brève, mais longue et pleine de traverses et de périls, que les Romains avaient menée contre eux... À l'opposé, les pauvres se lamentaient d'en être réduits de l'aisance à l'extrême pauvreté, et de cette dernière à l'absence de progéniture, qu'ils ne pouvaient entretenir. Ils énuméraient les campagnes militaires qu'ils avaient faites pour gagner leurs terres, et se lamentaient avec indignation de devoir être privés des biens communs. En même temps, ils reprochaient aux riches de préférer les esclaves, race infidèle, toujours ennemie, et pour cela exclue des devoirs militaires, aux hommes libres, citoyens et soldats... Dans l'esprit de Tibérius, le projet était destiné non pas tant au bien-être des individus qu'à l'augmentation de la population, et lui, pénétré surtout de l'utilité de son action, persuadé que rien de meilleur ne pouvait alors exister pour l'Italie, ne s'attachait pas à ces difficultés. Au moment du vote, après avoir présenté beaucoup d'autres arguments persuasifs, il demanda à la foule s'il n'était pas juste que les biens communs fussent divisés entre tous, et si un citoyen n'était pas plus valable qu'un esclave, un soldat plus utile qu'un non-combattant, et si celui qui avait part aux richesses communes n'était pas plus zélé envers l'État. Sans insister plus longtemps sur cette comparaison injurieuse, il en vint à exprimer les espérances, et les craintes de la patrie : les Romains, qui avaient conquis par la force des armes la plus grande partie de la terre et qui espéraient occuper ce qui en restait, se trouvaient alors dans une situation vraiment dangereuse : ou bien ils s'emparaient du reste de la terre s'ils avaient une population

Page 2

suffisante, ou bien ils perdaient ce qu'ils possédaient du fait de leur propre faiblesse et par la haine de leurs ennemis.

Insistant moins sur l'aspect glorieux et avantageux de ce dilemme que sur son côté inquiétant, il invitait les riches à réfléchir à cette situation et à offrir spontanément, dans l'espérance des avantages futurs, cette terre à ceux qui avaient des enfants, et à ne pas perdre de vue, en combattant pour des avantages minimes, des intérêts beaucoup plus importants.

D'autant plus que comme contrepartie suffisante pour les travaux entrepris sur ces terres, chaque "possesseur" devait recevoir la propriété exclusive, sans aucun loyer, et à jamais irrévocable, de 500 jugères, et, pour ses fils s'il en avait, de 250 jugères pour chacun.

APPIEN, Guerre civile, I, 9, 35-I, 11, 43.

1. Définir les termes suivants : Tibérius Sempronius Gracchus ; tribun de la plèbe (2 pts).

2. Expliquer chacun des deux passages soulignés dans le texte (6 pts).

3. Rédiger l’introduction complète (6 pts) et un plan détaillé (parties, sous-parties, et contenu des sous-parties sous forme de notes) du commentaire de ce document (6 pts).

Page 1

UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE UFR LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département d'Histoire Session de rattrapage de Juin 2017

3L7203CF – 3N7203CF : HISTOIRE MEDIEVALE

Durée de l'épreuve : 3h EXAMEN TERMINAL

Le candidat doit vérifier qu'il est en possession de l'intégralité du sujet qui comporte 2 pages.

En cas de problème, le signaler aux surveillants. Documents / matériels autorisés : néant

SUJET DE Mme JOYE Rédigez un commentaire composé du texte suivant :

Un roi sous influences. Brunehaut et Colomban

(Année 609)

La quatorzième année du règne de Thierry, la réputation du bienheureux Colomban avait déjà grandi partout dans toutes les Gaules ainsi que dans les provinces de Germanie ; il méritait la réputation que tous lui faisaient, les honneurs que tous lui rendaient, tant et si bien que le roi Thierry venait souvent le trouver, à Luxeuil1, et demandait en toute humilité le suffrage de ses prières. Comme il venait très souvent le trouver, l’homme de Dieu se mit à le gronder, parce qu’il se complaisait dans des relations adultères, avec des concubines, plutôt que de profiter des bienfaits d’une union légitime ; il fallait que la descendance royale soit issue d’une reine honorable plutôt que de sembler naître de prostituées. Déjà, en paroles, le roi obtempérait à l’ordre de l’homme de Dieu2 et il répondait qu’il allait mettre un terme à toutes ses liaisons illégitimes, lorsque le vieux serpent3 s’insinua dans l’esprit de sa grand-mère Brunehaut, de cette seconde Jézabel4 qu’elle était. Il la dresse contre l’homme de Dieu en la piquant de l’aiguillon de l’orgueil. Comme elle voyait Thierry obéir à l’homme de Dieu, elle redoutait en effet, elle redoutait en effet que s’il chassait les concubines et donnait une reine à la cour, il ne la prive bientôt de ses propres privilèges et honneurs.

Il se fait donc qu’un jour le bienheureux Colomban vint trouver Brunehaut. Elle était en effet alors dans le domaine de Bruyères. Lorsqu’elle le voit venir dans la demeure, elle conduit

1 Monastère fondé par Colomban.

2 Le saint.

3 Le diable.

4 Reine de l’Ancien Testament, présentée comme une étrangère, pratiquant une autre religion que celle du peuple juif, ayant séduit le roi Achab, et persécutant le prophète Élie.

Page 2

auprès de l’homme de Dieu les fils que Thierry avait de ses relations adultères. Lorsqu’il les a vus, il demande ce qu’ils veulent. Brunehaut lui dit :

« Ce sont les fils du roi : que ta bénédiction les rende forts ».

Mais l’autre :

« En aucun cas, dit-il, ceux-là ne recueilleront le sceptre royal, sache-le bien : ils sont nés de prostituées ».

Elle, furieuse, dit aux jeunes garçons de se retirer. Lorsque l’homme de dieu sortit de la demeure royale, tandis qu’il en franchissait le seuil, un fracas terrifiant se fit entendre, mais pourtant il n’apaisa pas la fureur de la misérable femme. Elle s’atèle ensuite à causer sa perte : elle envoie des messages pour ordonner aux voisins du monastère qu’on ne permette à aucun des moines de circuler en dehors de l’enceinte du monastère et que nul refuge ni aide ne soit donné à ses moines. […]

Le roi était à ce moment-là dans le domaine royal d’Époisses. […] Le bienheureux Colomban menace de l’excommunier s’il refuse de se corriger. […] Brunehaut est de nouveau déchaînée ; elle dresse le roi contre Colomban et tente de toutes les façons de lui monter la tête ; elle prie aussi les nobles, les courtisans, tous les grands de monter la tête au roi contre l’homme de Dieu. Elle entreprend aussi d’entraîner les évêques, à la fois en dénigrant son ordre (monastique) et en agissant de manière à jeter le discrédit sur la règle qu’il avait donnée à observer à ses moines. […] C’est ainsi que, poussé par d’autres, le roi vint trouver l’homme de Dieu à Luxeuil ; il se plaignit auprès de lui de ce qu’il se désolidarisait des habitudes en usage dans sa province et ne permettait pas à tous les chrétiens d’avoir accès à des lieux gardés secrets du monastère. […]

L’homme de Dieu répondit :

« Si tu essaies de porter atteinte à ce qui, jusqu’à aujourd’hui, a été bridé par la discipline de notre règle, je ne recevrai pas de soutien de toi, ni par tes dons, ni par des aides d’aucune sorte. Et si c’est pour cela que tu es venu ici, pour détruire la communauté des serviteurs de Dieu et jeter le discrédit sur la discipline de notre règle, bientôt ton royaume s’effondrera totalement et sombrera avec toute la descendance royale », ce que confirma par après la suite des événements.

FREDEGAIRE,Chronique des temps mérovingiens, trad. O. Devillers et J. Meyers, Turnhout, 2001, p. 104-107.

Frédégaire a rédigé sa chronique universelle vers 660. Il est favorable aux Pippinides, étant sans doute originaire du royaume de Bourgogne.

Page 1

UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE UFR LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

Département d'Histoire Session de rattrapage de Juin 2017

Documents relatifs