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-FORDISTE

Si le mouvement actuel de mondialisation est la continuation d’un passage des économies-mondes – notamment du temps des empires coloniaux créant un fonctionnement en vase clos entre une métropole et ses lointaines colonies – à une économie-monde (Mongin, 2005 : 137), celle-ci a elle-même subi des évolutions. On peut déceler ainsi une première configuration inter-nationale où les États-nations priment notamment en assurant l’échange de biens et services. Puis a émergé une seconde configuration multi-nationale caractérisée par la mobilité des facteurs de production dont disposent les firmes multinationales. Enfin, une configuration globale où les flux financiers s’avèrent être l’élément déterminant a désormais pris place (Michalet, 2004). Dans cette évolution, on assiste à un retrait certain de l’État en tant qu’acteur-référent de la mondialisation et régulateur des flux et à un accroissement concomitant de l’influence des acteurs privés. La situation des villes s’est elle aussi modifiée dans ce processus. Si leur rôle était véritablement secondaire dans la phase internationale, il s’est accru avec l’augmentation de la mobilité de la production et la financiarisation de l’économie. Plus que lieu-relais de la mondialisation, les métropoles sont aujourd’hui dans une situation où elles cherchent à capter les flux et donc indirectement à les augmenter. Dans la dialectique urbaine classique des lieux et des flux, l’importance prise par ces derniers est désormais incontournable (Mongin, 2005). La métropole doit alors se penser dans une position cardinale, reliant les territoires tant dans un sens vertical que dans un sens horizontal. On peut considérer avec certains auteurs, que « la métropole fait office d’hypertexte entre les différentes échelles » (Halbert, 2010).

a) Du fordisme au post-fordisme ou le retour d’une économie territorialisée

De la situation économique mondiale issue de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux débuts du XXIe siècle, les structurations ont fortement évolué, avec l’émergence de nouveaux acteurs et une évolution profonde des structures de l’économie vers la constitution d’une économie de services. Cette orientation n’est pas sans conséquence sur la localisation des activités économiques, prenant alors de plus en plus place dans de grands ensembles urbains connectés où l’on trouve de la main-d’œuvre qualifiée et un environnement urbain attractif pour attirer les nouveaux talents devant permettre l’accroissement des activités économiques susceptibles de procurer des retombées pour tous. Alors que les études d’aménagement et de planification ont longtemps pu marginaliser la culture (Kunzmann, 2004a) et qu’il en était de même dans l’analyse du développement économique (Kahn, 2010), elle devient un facteur d’analyse essentiel dans cette nouvelle dynamique.

Les stratégies d’internationalisation des villes pour s’intégrer à l’économie mondiale et en être progressivement des acteurs autonomes

Dans la mutation vers une économie tertiarisée, les métropoles deviennent le réceptacle de nombreuses activités de direction et de commandement suivant le modèle des « global cities » (Sassen, 2006 (1994), 2005). Elles sont alors dans la nécessité de disposer à la fois des infrastructures de réseaux et de communication, des aménités urbaines en mesure de séduire de nouvelles populations, des lieux de formation de haut niveau, des outils de relations internationales forts. Cela pourrait constituer un catalogue de critères d’internationalité auxquels les villes devraient répondre, quels que soient le lieu et le contexte historique et qui serait facilement quantifiable. Mais on est surtout en présence de grandes variations locales, d’initiatives des pouvoirs locaux, relevant d’une dialectique entre local et global. De la sorte, on constate la constitution progressive de réseaux de villes en Europe, réseaux qui font figure de forums d’échanges et de coopération, de lieux de « montée en professionnalité » indispensables au développement des villes (Pinson et Vion : 2000 : 89).

Dans ce contexte, visions et stratégies métropolitaines pullulent à l’initiative des entreprises et des pouvoirs publics dans une double logique de participation démocratique et

de réponse à l’impératif d’action publique économique. Autour de ces plans, il est toujours question de l’insertion dans l’espace international participant de cette mise en scène de la ville internationale, en s’appuyant notamment sur des évènements sportifs et culturels, sur des foires et des expositions de grande envergure. Par la mise en place de ces stratégies, les villes sont passées d’une situation où pouvait exister une expertise internationale sur les villes à un contexte où l’internationalisation est devenue objet d’expertise (Pinson et Vion, 2000). Des modèles se diffusent par la création de cette expertise sur l’internationalisation. Mais il faut surtout considérer les réappropriations locales s’appuyant sur des dynamiques propres à chaque territoire. Ainsi, les impératifs communs et la nécessité des villes d’être visibles et attractives ne se traduisent pas par des formes d’homogénéisation internationale. C’est donc paradoxalement de la confrontation à l’international que les villes tirent des possibilités de s’autonomiser. Comme le soulignent ainsi Gilles Pinson et Antoine Vion, cette situation est « potentiellement porteuse d’un double mouvement d’autonomisation des territoires : autonomisation parce que le territoire est davantage défini par sa capacité à développer ses propres potentialités […] autonomisation parce que le travail de construction des projets, de définition du rapport spécifique du territoire au global est de plus en plus un exercice collectif, densifiant les réseaux sociaux territorialisés, dans le cadre de processus interactifs, itératifs où les frontières public-privé ont tendance à se brouiller » (2000 : 98).

L’enjeu d’internationalisation des villes – et cette forme d’idiosyncrasie territoriale – est particulièrement prégnant dans le cadre des grands évènements culturels. En effet, si leur développement a pu se multiplier, notamment depuis le début des années 1990, et que cela peut sembler constituer une sorte de surenchère évènementielle sans originalité, la constitution de coalitions d’acteurs permet de valoriser les ressources de chaque territoire. Les évènements culturels, souvent des « branded-events » (Richards et Wilson, 2004 : 1932), construisent des consensus locaux visant au développement local du territoire grâce à des facteurs discriminants par lesquels les villes s’internationalisent (García, 2004 ; Knieling, 2004 ; Mooney, 2004 ; Richards, 2000). Progressivement, une expertise internationale s’est installée autour des grands évènements. D’un côté, on peut noter l’émergence de personnalités emblématiques qui assurent des formes de médiations entre certains de ces évènements14 et de

14 On peut penser à Sir Bob Scott, directeur des deux candidatures de Manchester pour les Jeux Olympiques de 1996 et 2000, directeur de la candidature couronnée de succès pour les jeux du Commonwealth de 2002 à Manchester, directeur de la candidature réussie de Liverpool pour être capitale européenne de la culture en 2008, tandis qu’il a fait partie de jurys de sélection de capitales européennes de la culture.

l’autre on constate la naissance d’une évaluation de ces évènements débouchant sur des formes de savoirs formalisés. Cette expertise prenant parfois la forme de « bonnes recettes » pour permettre le succès de futurs projets (Eurocult 21, 2005 ; Robinson, 2005 ; Silvanto, 2005), un certain nombre d’éléments apparaissent dorénavant comme des « passages obligés » des évènements inscrits dans la sphère internationale.

Dans leur recherche d’autonomie, les villes cherchent donc à disposer d’avantages comparatifs par rapport aux autres territoires et se trouver, à l’image des théories économiques de Schumpeter, en situation de concurrence monopolistique grâce au développement de niches d’innovation les mettant temporairement à l’abri de la concurrence internationale.

Développement d’une économie de clusters

Dans leur recherche de distinction, les métropoles visent au développement de clusters. Au-delà de la question de la proximité et de la récurrence des liens tissés au sein du cluster, ce qui importe est la démarche collaborative et l’échange de connaissances, profitant à ce titre des externalités des dynamiques d’apprentissage. De ce fait, certains considèrent que ces conditions proviennent en premier lieu de la métropole elle-même. Il semblerait notamment que les clusters apparaissent plus aisément du fait d’un contexte métropolitain particulier, d’économies d’urbanisation qui reposent sur la diversité sectorielle, les infrastructures métropolitaines, la possibilité de disposer d’une main-d’œuvre bien formée.

La métropole se caractérise par l’existence de ressources nombreuses, diverses et disponibles pour les acteurs. Il faut d’ailleurs en conserver une approche dynamique en considérant la présence d’effet d’apprentissage. Dans la grande quantité et la spécificité, la clé réside dans la capacité à créer des liens entre les ressources. La métropolisation réside dans cette capacité à rendre les ressources mobilisables. À cet égard, ce qui devient important pour les clusters est de réussir à mobiliser les ressources, à travailler à leur mutualisation plutôt que d’aider là où elles sont déjà sollicitées et mises en synergie. Les clusters doivent donc être considérés dans cette capacité d’ouvrir de nouvelles opportunités, de permettre des effets de débordement (spill-over effects). Une des attentions des collectivités publiques est alors celle

de développer soit elle-même soit par le biais d’autres acteurs un rôle d’intermédiation, nécessaire aux synergies (Scott, 2008). La mise en œuvre des filières issues des clusters peut permettre par la suite la mise en place de labels ou de réseaux internationaux thématiques qui viennent consacrer à l’échelle mondiale la compétitivité du secteur développé localement.

Nouvelle économie et effets d’agglomération

Si les clusters prennent leur essor au niveau métropolitain, cela peut d’abord s’appuyer sur une forme de logique assurantielle propre aux métropoles comme systèmes urbains complexes et offrant une pluralité d’opportunités. On peut à ce titre parler d’effets d’agglomération sur lesquels s’appuyer. On constate donc des formes de spécialisation autour de clusters sur des secteurs innovants ou distinctifs. Mais le développement des clusters ne peut pas être déconnecté de toute l’armature métropolitaine (Scott, 2008).

On peut, au titre de ces effets d’agglomération, parler d’effets d’externalités positives dans un contexte urbain où la création de certaines activités va permettre, par ricochet, le développement d’autres, du fait de leur complémentarité. Des effets de proximité existent également, en lien avec les questions de transports. Si les flux sont devenus primordiaux, des activités nécessitent encore des relations directes de proximité, notamment pour celles se construisant à partir d’un important capital humain. On pourrait également mentionner des économies d’échelles permises au niveau métropolitain, du fait de la présence de consommateurs potentiels et d’une main-d’œuvre qualifiée importante. À ce titre, nous pouvons souligner l’intérêt mutuel des entreprises et des salariés qui disposent d’opportunités accrues de se rencontrer. Enfin, dans le cadre actuel du développement de la « cognitive-cultural economy » (Scott, 2008 : 64) où les produits tiennent notamment compte d’éléments relevant du sensible et du symbolique, les grandes villes peuvent s’appuyer sur l’existence d’une tradition culturelle importante. Que ce soit pour de nouveaux créateurs ou pour s’appuyer sur des traditions de production ancienne, cela est un atout indéniable pour le développement des métropoles. Là où la production fordiste n’avait fait des choix de localisation qu’en fonction des coûts de production, l’économie cognitive a fait des ressources culturelles locales sa principale matière première (Scott, 2008). Elle rejoint ainsi l’idée de la

gravitation artistique qu’évoque Pierre-Michel Menger encourageant à la mobilité de certaines personnes du secteur culturel en fonction des opportunités offertes dans les métropoles (Menger, 1993). Ainsi, les villes cherchent de plus en plus à développer des synergies entre les aménités culturelles traditionnelles, les connexions sociales et les infrastructures industrielles, trois éléments centraux dans le développement de nouveaux produits et de nouvelles formes de production.

Dans la nécessité actuelle de lier apprentissage, créativité et innovation, les métropoles présentent l’avantage de la proximité quant à la mise en place de ces activités. Dans le même temps, en raison du développement aujourd’hui de micro-activités de niche – nécessitant souvent le travail dé-standardisé de plusieurs secteurs d’activité qui peuvent être réunis sur ces espaces urbains – la possibilité d’être connecté aux marchés internationaux est tout aussi importante. Du fait de la forte différenciation des productions issues de ces secteurs à fort potentiel créatif et intellectuel, les spécificités locales rendent possibles ces productions de niche. Par ailleurs, les effets de réseaux et d’interdépendance propres à ces secteurs de faible taille, mais très complexes rendent le processus de concentration métropolitaine encore plus important, quelle que soit la donne en matière de coûts de transports. La territorialisation à connotation métropolitaine liée à la mondialisation et cette nouvelle économie soulignent l’importance du contexte à la fois micro-social (inter-connaissance entre les individus et les entreprises) et macro-social (ensemble des structurations du champ de l’économie de la culture et des politiques culturelles) (Pratt, 2004 ; Scott, 2010a).

Les incitations au renforcement des métropoles et l’agglomération croissante d’activités doivent toutefois reposer sur l’existence d’une intervention publique. Comme le souligne Allen Scott, « la ville est susceptible d’être affectée d’une inefficacité persistante et de manques en l’absence d’internalisation [des externalités] par la collectivité. En conséquence, les biens communs de la ville émergent intrinsèquement comme un attribut permanent et puissant de l’espace intra-urbain » (2008 : 27). Cette légitimité de l’intervention des pouvoirs publics se traduit notamment par une action de mise en réseau. On peut alors constater la place dévolue à la culture qui entre directement dans le cadre de projets métropolitains et au service du développement territorial par l’intermédiaire du prisme économique.

b) La culture inscrite dans un projet de régénération de la ville

L’orientation nouvelle prise en direction d’une économie de service avec comme fer de lance l’économie culturelle et cognitive rejoint l’émergence de nouvelles modalités d’action dans le secteur culturel et surtout de nouvelles finalités. L’évolution progressive d’un secteur aux frontières délimitées et qui furent revendiquées par ses professionnels vers un outil de développement local a permis cette inscription dans le nouveau cadre économique que nous venons d’esquisser. Dans ce contexte, pour reprendre la terminologie de la loi Voynet de 1999, « le projet [de développement local] prime sur la sectorisation des compétences » (Béhar et Estèbe, 2001 : 16) et rejoint l’approche des politiques culturelles par les missions par opposition à une approche en matière de politiques sectorielles ou par référentiels (Graziani, 2004). Dans cette optique, les finalités de l’action culturelle sont d’ordre hétérogène et servent le projet d’un territoire.

Économicisation et évaluation de la culture

Comme nous l’avons évoqué plus haut, le développement de l’action culturelle locale s’est progressivement réorienté d’une dimension sectorielle pour prendre une orientation territoriale. Si cela a pu conduire le développement culturel vers une plus grande attention à la pluralité des territoires et la diversité de leurs besoins, cela s’est aussi inscrit dans un contexte de crise économique qui exigeait de la part des collectivités locales de nouveaux instruments de développement local. La culture s’est intégrée à ce contexte, d’autant plus aisément que ses structures se sont modifiées vers plus de professionnalisation (Dubois, 2001 ; Saez, 1990). Ainsi, l’impératif économique s’est imposé comme le fruit complexe de la désectorisation de l’action publique, de l’immixtion de la donne économique dans les problématiques culturelles locales via les questions de revitalisation industrielle et urbaine (Bianchini et Parkinson, 1993), du tournant gestionnaire de l’action culturelle imposée par la professionnalisation et la complexification des attentes des élus locaux (Matz, 2012). Cette nouvelle finalité s’impose par ailleurs dans le contexte de la fin des années 1980 de la prise de conscience des limites de la démocratisation culturelle et d’une crise économique durable faisant de la justification économique un élément essentiel de légitimation.

L’acception économique de la culture est par ailleurs progressivement soutenue par l’émergence d’une expertise en la matière. Au-delà de la simple question de l’évaluation politique (Urfalino et Friedberg, 1984b), c’est tout un discours intellectuel qui émerge sur les conditions économiques de développement de la culture (Pommerhene et Frey, 1990) et sur les conséquences de celle-ci sur l’économie. Négligés par l’économie classique (Benhamou, 2008), la culture et ses différents segments sont considérés au fil du XXe siècle comme objets d’étude des sciences économiques (Pommerehne et Frey, 1980 ; Frey, 1986) comme secteur contraint aux forces économiques et comme atout dans le développement économique (Dubois, 2001). Dans le même temps, de nombreuses études visant à établir les retombées économiques potentielles ou effectives des activités culturelles ont vu le jour. Ce pan de la recherche a pu prendre un essor très important autour des évènements (García, 2004 ; Herrero

et alii, 2006). Mais plus globalement, il s’agit d’établir des éléments quantitatifs relatifs à la rentabilité économique de l’action culturelle, notamment arguant de l’existence d’un effet multiplicateur faisant de la culture un pourvoyeur d’activités pour de nombreux autres secteurs (Benhamou, 2008 : 88).

Ainsi, le secteur culturel s’est progressivement ouvert aux impératifs gestionnaires et de rentabilité économique, allant au-delà d’une finalité soit de création soit de développement de la personne pour faire partie des facteurs de l’équation du développement local. Michel Collin résume cette idée en évoquant l’évolution du terme de créatif, passant d’une idée de « vecteur d’épanouissement personnel » à celle de « moyen de fertilisation de l’économie locale », traçant un processus de réappropriation collective de la créativité qui passe au service d’un territoire et principalement de son développement local (Collin, 1994 : 124).

Culture et régénération urbaine

Avec l’ancrage dans un référentiel de développement local, la culture trouve à s’ouvrir à des finalités plurielles. Si elles n’ont jamais été forcément éloignées des politiques culturelles, elles sont dans ce contexte plus affirmées. Parallèlement, de plus en plus de travaux d’analyse du développement économique prennent appui sur une signification plus complexe du territoire, qui n’est plus un réceptacle passif des stratégies d’acteurs économiques extérieurs.

On assiste alors à une appréhension plus culturelle du territoire et de son développement, reposant sur des facteurs autres que les seules variables économiques (Kahn, 2010 : 639).

Un des éléments essentiels a, à ce titre, pu être la mise au service de la culture pour la régénération urbaine (Hélie, 2009) et se doublant souvent d’une volonté d’assurer une transition dans le système de production urbaine. La réutilisation de bâtiments en déshérences pour en faire des lieux culturels peut alors s’envisager comme ce fut le cas du mouvement en France des « nouveaux territoires de l’art » (Lextrait, 2001). Des quartiers en déliquescence peuvent aussi être concernés et faire l’objet d’implantations culturelles permettant de redorer l’image et ayant une répercussion sur toute la ville (Chadoin et alii, 2000 ; Gonzalez, 1993 ; Saint-Pierre, 2002). Les projets urbains ont pu se trouver liés à des évènements culturels de grande ampleur, à la fois afin de donner une visibilité supplémentaire aux transformations réalisées, de jouer de la logique d’internationalisation et de contribuer à une fierté et une participation citoyenne autour du changement intervenant dans la ville.

Dans le même temps, comme nous avons pu évoquer précédemment le développement d’une économie de clusters, ces derniers s’appuient tout particulièrement sur des activités culturelles qui rejoignent alors une finalité nouvelle, inscrite dans la logique globale des villes d’utiliser des atouts de soft power propres à attirer les activités liées à cette nouvelle économie. L’économie fordiste incitait les pouvoirs publics à jouer d’une logique de hard power pour offrir des infrastructures lourdes nécessaires à une économie basée sur l’industrie. Le fonctionnement des villes épouse aujourd’hui une économie dont la détermination des lieux de productions est dépendante de facteurs plus complexes. Dans le cadre de processus de régénération de villes, le développement de clusters vise à instaurer de nouveaux lieux de production culturelle, qui, dans une relation nouvelle au marché, permettent de répondre aux difficultés budgétaires des pouvoirs publics pour soutenir plus fortement la culture (Mommaas, 2004).

La mise en place de clusters culturels révèle une double logique. Elle reflète d’abord le transfert vers le privé d’une partie du soutien à la culture via l’inscription de la culture dans un cadre d’économie de marché, même s’il s’agit surtout d’une économie intermédiaire entre subventions et sources privées. La seconde logique correspond à l’attention portée à une

structuration culturelle plus souple, ne reposant pas exclusivement sur de grands équipements.

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