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Section I : Aperçus relatifs à l’évolution du système éducatif

B. Après l’indépendance

Après la signature des Accords de Lusaka, le 07 Septembre 1974, portant sur le cessez-le-feu entre les colons portugais et le FRELIMO, ayant pour conséquence la déclaration de l’indépendance totale du pays le 25 juin 1975, marquant la naissance de l’État mozambicain101, il y a eu un changement radical du système éducatif au Mozambique102. Un changement très difficile à entamer dû à la complexité même du système éducatif et des problèmes existants dans cette période.

D’ailleurs, en général, après l’accession à l’indépendance, comme le souligne Abdou Moumouni, «les pays africains chaque jour se rendent compte de la complexité, mais aussi de l’urgence et de l’importance du système éducatif. Tous les États ont été assaillis et submergés par de nombreux problèmes auxquels ont dû faire face les cadres existants et les masses populaires, dans leurs sphères respectives d’activité selon leurs capacités concrètes dans les conditions objectives de tel ou tel pays »103.

A ce moment là, il a fallu renverser la situation laissée par le colonialisme portugais, dans le pays. Selon Lanvinia Gasperini, «au moment de l’indépendance, près de 90% de la population étaient analphabètes. C’est-à-dire que durant la période coloniale le système éducatif touchait à peine plus d’un demi million d’élèves sur une population d’environ dix millions d’habitants »104. Il convient d’ajouter qu’à cette époque le budget consacré à l’éducation était le plus bas de

101Le premier président du FRELIMO, Eduardo Mondlane, va jusqu’à considérer que le Mozambique n’existait même pas, il s’agissait d’une pure invention du Portugal dont la stratégie politique était de diviser pour mieux régner, grâce à l’existence de systèmes de double gouvernance, par exemple l’enseignement officiel destinés aux assimilés et l’autre destiné aux indigènes. Garantissant ainsi, une structure de domination à tous les niveaux.

102L’éducation et d’ailleurs tous les secteurs publics ont subi un changement radical, étant lié à l’idéologie de la formation de l’homme nouveau, la construction socioculturelle, politico idéologique et symbolique du Mozambique comme une Nation État, défendue à partir des zones libérées et plus tard, après l’indépendance repris en termes identitaires à travers la notion de « mozambicanité » ceci se résumant par la légitimation du pouvoir, à travers la rupture culturelle symbolique et politique, avec le régime portugais et avec l’hétérogénéité ethnique considéré tribaliste.

103MOUMOUNI A, L’éducation en Afrique, Paris, Éd. Présence Africaine, 1998 p .11.

104GASPERINE L. op. cit p. 191.

toute l’Afrique et était essentiellement investi dans les zones occupées par les colons, le reste du pays étant pratiquement sans écoles105.

À partir de ce moment, plusieurs mesures ont été entamées en vue de garantir l’accès pour tous à l’éducation106, notamment des mesures axées sur la laïcisation de tout l’enseignement, l’opposition à la discrimination raciale, tribale et sexuelle.

Ces mesures concernent deux périodes, notamment, la période comprise entre 1974 et 1982 et la période de 1983 jusqu’à aujourd’hui.

La première phase, axée sur l’affirmation du pouvoir et la socialisation de l’éducation107 était celle du changement du système éducatif, il fallait alors faire face au lourd héritage laissé par les colonialistes. A ce moment, on se trouve dans une situation où rien ou presque rien n’était fait au bénéfice des mozambicains, la majorité du peuple. L’Éducation est une priorité nationale.

En effet, pour assurer cette priorité nationale, axée sur le développement d’une scolarisation de masse, l’État devait assurer108:

- L’expansion et le renouvellement de l’enseignement primaire pour les enfants ;

- L’organisation d’actions d’alphabétisation pour les adultes, pour les jeunes et les enfants qui n’ont pas eu accès à l’éducation du fait du manque d’espace et

- La formation quantitative et qualitative des cadres nécessaires pour la gestion et la conduite du processus éducatif.

105Idem p. 192. Et surtout il fallait se concentrer sur les zones où il n’ y avait pas de réseau scolaire, les zones rurales.

106 Au moment de l’indépendance, la pyramide scolaire présentait une disparité fortement accentuée entre la base et le sommet ; des inégalités considérables opposant la scolarité des blancs à celle des noirs, celle des hommes à celle des femmes, les écoles et les enseignants des zones rurales à ceux des villes

107MAZULA B. Educação cultura e ideologia, op cit pp 145-152.

108GOLIAS M., op. cit p. 64.

Cependant, pour mettre en place ces mesures l’État décide

d’engendrer une politique de nationalisation. Ainsi, l’enseignement a été nationalisé109. Désormais tous les établissements scolaires appartiennent à l’État et le gouvernement assume entièrement la responsabilité de l’éducation et de l’instruction des citoyens.

A partir de ce moment là, des établissement scolaires ont été retirés à l’Église et autres entités privées, l’État déclare tous ces biens retirés comme étant des biens publics, donc qui lui appartiennent. La nationalisation a été faite non seulement dans le domaine de l’éducation mais aussi dans tous les champs:

social, culturel économique et sportif. Ainsi, la terre, les hôpitaux et centres de santé, les établissements culturels et sportifs, les entreprises, entre autres ont été nationalisés110.

Il était nécessaire de faire une planification à court terme de façon à répondre aux besoins immédiats et plus importants pour le peuple, par exemple, reformuler les curricula, considérant que beaucoup de contenus sur l’historie et la géographie étaient liés au Portugal, faire face au problème de manque d’enseignants dont la plupart étaient portugais et ont abandonné le pays après l’indépendance, on a aussi assisté au phénomène de départ des enseignants mozambicains vers l’administration et les postes politiques, entre autres.

L’objectif était de parvenir le plus tôt possible à une scolarisation de masse.

Cette massification nécessitait à son tour le développement de la formation de maîtres devant non seulement remplacer les colons, mais aussi être les porteurs de l’inculcation des nouvelles valeurs définies par le FRELIMO. Ce qui conduisait à

109Sur les nationalisations voir le Décret-loi n° 5/76 du 05 de Février. A partir du 24 juillet 1976, les écoles, les habitations, hôpitaux, la justice, les agences funéraires entre autres ont été nationalisés. Incluant les églises qui cependant à partir de 1980 ont été rouvertes.

110Cependant, à partir des années 90, dû à la transformation du régime politique, nous assistons à un changement de position par rapport à la question de la propriété privé. La plus grande partie du patrimoine nationalisé est dévolue, les particuliers peuvent acquérir à titre privé des immeubles d’habitation.

une réorganisation complète des structures de formations. L’enjeu était

donc la restructuration des systèmes éducatifs légués par la colonisation qui devaient s’adapter aux besoins de l’État Mozambicain indépendant. Cependant, c’est à partir de 1983 que des mesures plus profondes, à long terme, plus effectives et efficaces sont prises pour le système éducatif.

La seconde phase marque donc la création du système éducatif mozambicain proprement dit, le premier système éducatif du pays indépendant, approuvé par l’Assemblée Populaire, au travers de la Loi n° 4/83 du 23 mars111. La création de ce nouveau système, le SNE (Système National d’Éducation) s’avère très importante au service des masses puisqu’il permet aux travailleurs et à leurs fils d’accéder à tous les niveaux de l’éducation112.

Ce SNE a été introduit de manière progressive, renforçant la priorité pour l’enseignement de base, son objectif, selon le gouvernement, était de garantir la formation de « l’homme nouveau »113 socialiste, de renforcer le rôle dirigeant des ouvriers et des paysans et d’accélérer le développement économique, social et culturel du pays114.

Par conséquent, ont eu lieu de grandes modifications de la structure et du contenu de l’enseignement, suivies de la formation des enseignants pour les niveaux primaire et secondaire. Selon des statistiques réalisées en 1990 par le Ministère de l’Éducation, entre 1975 et 1979, le nombre d’effectifs scolaires a augmenté de 200%115. On assiste donc à une grande explosion scolaire qui malheureusement ne sera pas poursuivie. Plusieurs facteurs négatifs sont

111Nous reviendrons sur l’analyse de cette loi dans la section II, sur le cadre légal de l’éducation au Mozambique.

112FRELIMO, Directivas económicas e sociais, documentos do III congresso, Departamento do trabalho idéologico, Maputo, 1977, P.97), cité par GASPERINI L. p. 199.

113113 Cette affirmation de « l’homme nouveau » vient de la période de la lutte armée, où le FRELIMO est vu comme étant une « école » qui vise à éduquer l’homme pour gagner la guerre, créer une nouvelle société et développer le pays. Ainsi, l’homme nouveau c’est un homme émancipé de la tradition, du tribalisme, du féodalisme et du passé colonial. Le défi était donc, selon les paroles de Samora Machel de « tuer la tribu et construire la nation » (Matar a tribo e construir a nação).

114GASPERINI L. op. cit p. 204.

115GOLLIAS, M. op cit. p 65.

intervenus dans l’application du nouveau système éducatif en particulier le problème de la guerre civile qui a empêché l’évolution de l’enseignement.

Entre 1985 et 1992 à cause de la guerre civile, les conditions matérielles ont changé drastiquement et cela a affecté la qualité de l’enseignement. Par conséquent, les engagements pris par le gouvernement ne pouvaient pas aboutir.

Il en est ainsi notamment de celui pris par le gouvernement en 1990 en Thaïlande, la Déclaration Mondiale sur l’Éducation pour tous, prévoyant que l’année 2000 serait la limite pour atteindre un taux de scolarisation de 86% au niveau primaire. Cela n’a pas été possible puisque le secteur de l’éducation, comme d’ailleurs les autres secteurs sociaux et de l’économie du pays ont été profondément affectés116.

Les infrastructures, les équipements et les autres matériaux éducationnels et socio-éducatifs, plus particulièrement dans les zones rurales, ont été sévèrement détruits ou endommagés117. Cela a empêché les enfants et les jeunes d’avoir accès à la scolarisation. Ainsi, l’absence de conditions matérielles dans les salles de cours, telles que des moyens pédagogiques et des moyens de formation est considérée comme étant la principale entrave à l’action éducative.

A ce moment, l’éducation de base au Mozambique se caractérise par l’existence d’un réseau et d’une couverture scolaire insuffisants, dégradés, sans moyens pédagogiques et de formation, de telle sorte que dans les villes et centres urbains a été introduit le système de trois sessions d’enseignement, dont l’une était délivrée le soir. Le nombre d’écoles commence à baisser, passant de 5730 écoles primaires en 1980, à seulement 3384118 en 1992, c’est-à-dire que près de 40% d’écoles ont été détruites, et pour cette raison la recherche sociale de l’enseignement était plus élevée que la possibilité d’offre.

116Idem, p. 67.

117 Ibidem p.75.

118Ibidem p. 68.

Selon Manuel Golias, les contraintes de l’enseignement primaire,

ou enseignement de base au Mozambique, durant la période de la guerre civile peuvent être regroupées de la manière suivante 119 :

- Infrastructures inappropriées, insuffisantes et inefficientes ; - Curricula orientés vers la discipline, dont les contenus dans

plusieurs sans aucune relation avec la vie quotidienne des élèves et la communauté en général;

- Pénurie qualitative et quantitative d’enseignants, et ;

- L’inefficient système d’inspection et de supervision pédagogique.

La situation était tellement grave qu’il était nécessaire de trouver des solutions. L’une des solutions consistait à libéraliser l’enseignement. Les premières écoles privées commencent à surgir vers la fin des années 1980, les écoles privées au sens propre du terme et les dites « écoles communautaires»120. Cependant, José Castiano121 considère que dans la pratique il ne s’agissait pas de résoudre la crise dans le système éducatif mais simplement de permettre aux élites de garantir un certain niveau d’éducation à leurs enfants.

La formalisation de la libéralisation de l’enseignement a été faite par le Conseil des Ministres, au travers du Décret n° 11/90 du 1er juin, donc, ce décret autorise des activités d’enseignement privé et des cours d’appui moyennant l’autorisation du Ministre de l’éducation pour l’ouverture d’une école ou d’un établissement d’enseignement, ou du Ministre de la Santé s’agissant de l’ouverture de crèches, jardins d’enfants et écoles spéciales. Et le Conseil des Ministres autorise la création d’universités.

119Ibidem 78.

120Écoles privées à caractère non onéreux, dirigés par des congrégations religieuses et quelques ONG à caractère humanitaire.

121CASTIANO J. Histoire de l’éducation au Mozambique, de la période colonial à nous jours, L’Harmattan 2009, p. 86, 133-144.

En 1992, le Système National d’Éducation a été revu au travers la

Loi n° 6/92 du 06 mai. Cependant, il n’y a pas eu de modifications profondes, les objectifs définis par la Loi n° 4/83 sont restés inaltérés. Cette nouvelle loi vise à réajuster le cadre général du système éducatif et à mettre en conformité les dispositions de la loi antérieure aux actuelles conditions sociales et économiques du pays du point de vue pédagogique et organisationnel. Ces nouvelles conditions incluent la fin de la guerre civile en 1992.

Après la signature des Accords de Rome, le 04 octobre 1992, portant sur le cessez-le-feu entre le gouvernement du FRELIMO et la RENANO122, il fallait reconstruire le pays, monter des infrastructures dans les lieux affectés par la guerre, reconstruire les écoles pour inciter les personnes réfugiées de la guerre à retourner dans leurs lieux d’origine.

Un défi très lourd pour le gouvernement, qui avec une économie déstabilisée ne pouvait compter que sur les aides externes, notamment les ONG, ou les gouvernements d’autres pays. Par ailleurs nous retrouvons ce cadre dans presque tous les pays de l’Afrique Noire, même ceux qui n’ont pas subi une guerre civile123.

Avec ces aides, plusieurs infrastructures ont été construites, néanmoins, il n’en demeure pas moins que parmi les conditions citées par GOLIAS en 1992, quelques unes restent encore à être appliquées, on peut notamment, signaler deux aspects fondamentaux, le manque d’écoles, et même dans celles qui existent il

122Résistance nationale mozambicaine (RENAMO) Parti politique créé après la déclaration de l’indépendance, résultant d’une scission du FRELIMO, contre le régime politique adopté par FRELIMO lors de la libération du pays. Ce parti défendait l’introduction d’un système démocratique dans le pays. Les premières opérations de guérilla de ce mouvement armé sur le territoire mozambicain ont été entamées en 1977. Au long des années il s’est solidifié comptant sur le soutien matériel de la part des régimes rhodésien et sud-africain. Une autre position assumée sur ce sujet est celle de Christian Geffray, La cause des armes au Mozambique, anthropologie d’une guerre civile, ed. Credu Karthala pp. 36- 76) explique que le mouvement est né aussi de la rupture existant lors de la construction de l’État National qui s’est effectuée en rupture et conflit ouverts avec les figures politiques et sociales respectées localement par les populations et investies par elles d’une autorité reconnue.

123MOUMOUNI A. dans son ouvrage, L’éducation en Afrique, p. 217-219, décrit les problèmes des États africains nouvellement indépendants dans le domaine éducatif, notamment le pourcentage élevé d’analphabètes, le niveau très bas de scolarisation des enfants, le manque d’enseignants, etc.

manque du matériel pédagogique et administratif,124 dans plusieurs

écoles, même dans les centres urbains dans les zones dites nobles, d’après l’étude réalisée par Hildizina Dias125, il manque presque tout, à commencer par une chaise et un bureau pour permettre au professeur de travailler. La guerre est terminée, la paix est définitivement conquise mais les enjeux fondamentaux du problème du système éducatif n’ont pas substantiellement varié au Mozambique.

L’éducation étant un service public, c’est à l’État, en premier ressort, de garantir son financement dans la mesure du budget disponible. En effet, une grande partie des recettes de l’État sert à financer les dépenses l’éducation surtout celles de fonctionnement126. Pourtant, cette participation ne suffit pas pour faire face aux problèmes qui existent dans le secteur de l’Éducation aujourd’hui. Est-ce que cela a un rapport avec les choix politiques de l’organisation de l’éducation ?

§ 2 Les assises politiques de l’éducation au Mozambique

Pour la libération du pays, le FRELIMO a mis l’accent sur la « mobilisation de l’éducation de la population, qui était la condition politico idéologique de base pour le succès de la lutte armée »127. Cette organisation voyait aussi dans l’éducation une source très importante pour la révolution. Ainsi, à chaque avancement sur l’occupation du territoire, dans les zones libérées128 la préoccupation n’était pas seulement d’apprendre comment s’organiser pour mieux

124Sans oublier le fait que les taux de scolarisation, d’alphabétisation et d’accès des jeunes filles à l’éducation demeurent réduits.

125DIAS H. Pobreza e educação, provas para obtenção do grau de professora catedrática, Universidade Pedagógica, Maputo, 2011.

126Avec le secteur de la santé, l’éducation occupe la première position des dépenses du budget de l’État.

Cependant cela s’explique par le fait que la plupart des fonctionnaires de l’État appartiennent à l’Éducation, environ cent mil d’après les statistiques faites par le Ministère de la fonction Publique en 2009. Néanmoins, plusieurs voix se lèvent contre la façon dont l’État mozambicain distribue son budget, pour les secteurs sociaux dont l’Éducation, elles défendent qu’il y a des secteurs comme la défense qui n’ont pas besoin de beaucoup d’argent et cet argent devrait être utile pour la construction d’écoles, hôpitaux entre autres.

127MAZULA B, Educação, cultura e ideologia, op. cit p. 108.

128Puisque les assises politiques sur l’éducation dans la période coloniale ont été expliquées antérieurement (voir §1 a. supra), ici il est question d’analyser la vision politique sur l’éducation dans la période post coloniale.

affronter le colonialisme, mais il s’agissait aussi de faire comprendre la

nécessité de rompre totalement avec le système colonial de l’éducation qui ne répondait pas aux besoins de la majorité du peuple mozambicain. « Plus que tout, l’état d’ignorance dans lequel se trouvait presque toute la population empêchait le développement de la conscience politique et le développement du pays après l’indépendance »129.

D’ailleurs même au moment de la création du FRELIMO en juin 1962, et plus précisément au moment de la réalisation du 1er Congrès en septembre 1962, il était question de « penser au futur du pays quand la guerre sera terminée »130, et cela implique de prendre des décisions sur la vision politique du Mozambique indépendant, incluant bien sûr le secteur de l’Éducation. Cependant, à ce moment il n’y avait pas d’idées précises sur le sujet. La conception du FRELIMO sur l’éducation ainsi que la conception du type de société devant être construite n’était pas claire depuis le début131. C’était durant la lutte armée que le FRELIMO a formulé et modelé son projet éducationnel.

Cette reconstruction était mise en place premièrement dans les zones libérées. Selon Brazão Mazula, les zones libérées étaient sans aucun doute l’espace de construction et de définition de la politique du FRELIMO, et dans cet espace se construisait un mode de vie dynamique et de contradictions et se forgeait un nouveau type d’éducation132.

La manifestation de cette volonté de penser à l’avenir se trouve dans le fait que, parallèlement à la création des centres éducatifs, dont le premier a été créé en Tanzanie, le FRELIMO décide de créer un département, le Département Educationnel du FRELIMO chargé de « préparer un système d’éducation dans

129MONDLANE E (175 :137), cité par MAZULA B. Educação, cultura e ideologia em Moçambique, op.

cit p. 108.

130VIEIRA S., discours prononcé lors de la réalisation du 1er Congrès du FRELIMO.

131GOMEZ M, Educação moçambicana, história de um processo, op. cit. p 130

132Idem p. 108.

l’intérieur du Mozambique ainsi que le programme militaire allant suffisamment loin pour donner l’assurance nécessaire »133.

Ayant décidé de suivre l’idéologie révolutionnaire, le FRELIMO était convaincu que seule cette pensée pourrait contribuer à l’élimination de l’exploitation de l’homme par l’homme, « elle crée des nouvelles relations humaines et assurait une éducation pour tous, en cherchant à favoriser des opportunités d’accès à l’enseignement. Il fallait, selon Samora Machel134une rupture totale avec le système d’éducation colonial et les aspects négatifs de

« l’éducation traditionnelle » et créer une « nouvelle mentalité ».

Le but était de créer la conscience que l’éducation réalise ses objectifs dans la mesure de sa liaison avec le peuple, avec le travail et dans l’esprit de solidarité internationaliste. Ainsi, le développement d’une scolarisation de masse pour la reconstruction du pays basée sur des nouvelles valeurs, à savoir l’unité du pays, la construction nationale et l’éducation aux valeurs de la citoyenneté.

Selon Brazão Mazula, le projet révolutionnaire est lié à l’utopie de la modernisation de la société, la prise du pouvoir signifiait pour le peuple, plus que tout, assumer la direction et le contrôle du champ de l’historicité, la valorisation de sa culture et la construction d’un nouveau mode de vie. Pour cet auteur, ici la

« révolution perd son sens de soulèvement populaire violent, d’une révolte contre l’envahisseur étranger, pour signifier davantage un changement structurel à long terme, qui vient du passé et va atteindre le futur»135. Cet auteur ajoute qu’il s’agit d’une révolution plus dans le sens de processus de changement social, où tout le peuple est invité à participer et contribuer à construction de l’ État Nation.

133Selon MONDLANE E., (1975 :138), cité par MAZULA B., Educação, cultura e ideologia em Moçambique, op. cit p. 109.

134MACHEL S. (1970 :3), cité par MAZULA B. Educação cultura e ideologia em Moçambique, op. cit p 115.

135Citant MARTINS, 1992 :8.