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I .Comment le personnage bovaryque conçoit-il l’amour ? C’est à partir de la citation de Jules de Gaultier qu’on va aborder dans cette partie le

II- Fantasmes et illusions :

II.4. La voix de l’intérieur :

II.4.2. L’inconscience réaliste :

L'opposition entre conscient et inconscient est déjà présente au XVIIIe siècle dans les travaux de philosophes comme Leibniz, Eduard Von Hartmann, d'où la première apparition du mot en français. Parallèlement, des psychiatres et des psychologues tels que Pierre Janet, de l'École de la Salpêtrière, explorent la nature psychologique et psychopathologique de l'inconscient, qui deviendra un concept central de la théorie psychanalytique développée par Sigmund Freud.

La plupart de nos actes sont inconscients. Il nous arrive tout le temps de faire des choses en pensant à autre chose. Et qui tient les commandes pendant ce temps ? C'est notre inconscient, ce dernier se définit selon Freud comme : « l’ensemble des représentations refoulées par le moi parce qu’elles sont incompatibles avec les valeurs "morales" du

surmoi.»177 Autrement dit, Freud présentait l’inconscient comme le lieu des émotions et pensées irrationnelles et l’élaboration de l’appareil psychique, selon lui, se fait en deux temps.

La première construction théorique reposait essentiellement sur la division du psychisme en inconscient et conscient.

Dans la deuxième présentation de l’appareil psychique (connue sous le nom de « seconde topique »), Freud distingue trois instances : le Ça, le Moi et le Surmoi.

Le Ça est constitué par l’ensemble des forces pulsionnelles les plus primitives provenant du corps et constituant l’être humain. Cela veut dire que la logique des pulsions est de rechercher une satisfaction immédiate par n’importe quel moyen.

Le Moi est en relation avec le monde extérieur. Il est l’intermédiaire entre le Ça et la réalité. Il a pour fonction l’adaptation de l’individu à son environnement. Il sélectionne les pulsions, il gère leur accomplissement en leur proposant dans le monde extérieur des objets de satisfaction, ou alors il refoule en refoulant les désirs inacceptables

Le Surmoi est l’intériorisation par l’enfant de

177 http://www.aline-louangvannasy.org/article-cours-l-inconscient-121816457.html (consulté le 24/05/2016 à 10:15).

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 l’autorité paternelle (« tu dois…). Cette instance est à la fois porteuse d’interdits, mais elle possède aussi une dimension positive et protectrice, indispensable au bon développement de l’individu.178

Le rôle de l’inconscient dans notre corpus est de pousser le personnage principal à penser logiquement pour vivre au mieux de ses capacités, c'est-à-dire en fonction de ce qu’elle a appris à travers ses expériences de vie : « En attendant, si tu veux te révéler dans toute ta splendeur, bouge-toi, mais bouge-toi ! Secoue-toi ! Agis. Tu crois que c’est en t’apitoyant sur toi-même et sur ton sort que tu pourras avancer ? »179

Dans ce passage, l’emploi de l’impératif « bouge-toi», « Secoue-toi », « Agis » consiste à

donner à Hizya une impulsion pour avancer dans sa vie.

Les intentions de son inconscient sont toujours bonnes, c'est parfois les moyens mis en œuvre pour réaliser ces intentions qui peuvent poser problème par leurs effets secondaires : « Tu te croyais, tu te voyais différente des autres filles. Tu voulais un destin fabriqué sur mesure. Des mots. La belle affaire ! Ouvre les yeux, Hizya ! Allez, pour une fois ose regarder la vie en face ! »180.

Son inconscient lui adresse la parole en l’ordonnant de posséder le courage et l’intrépidité pour pouvoir regarder la vie en face, sorte qu’elle néglige la réalité.

L'inconscient est un réservoir inépuisable de sagesse et de connaissance sur nous-mêmes :

Tu rêves, tu rêves d’une mère à qui tu pourrais te confier, avec qui tu pourrais partager tes doutes, tes questions…et qui pourrait se lâcher, une fois de temps en temps, au moins avec vous. […] Tu te vois lui raconter tes élucubrations et tes délires ? Peut être qu’elle veut simplement te protéger de toi- même en te préparant à ce qui t’attend.181

Dans cette citation, son inconscient essaye de la convaincre que les causes réelles de la conduite de sa mère ne sont qu’une inquiétude sur son avenir, voire « qu’elle veut simplement te protéger de toi-même » démontre que la mère avait peur de ce que sa fille a dans la tête.

178 Ibid.

179 M. Bey, Hizya, op. Cit. P. 73.

180 Ibid. P.181.

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Certaines personnes ont peur de leur inconscient, et elles ignorent cette partie importante d'elles-mêmes, ce qui aggrave d'autant plus leurs difficultés :

Si tu lui laissais un peu plus de place, à cette autre ? Celle qui se cache tout au fond de toi et dont la seule présence te tétanise. Celle que toi, oui, toi, tu ne veux pas écouter. Tu as peur ? Peur de quoi ? Tu sais bien de quoi il est question, ne détourne pas la tête .Peur de démolir l’image qu’on a de toi ? Peur qu’elle te pousse d’aller trop loin ?182

Il lui adresse la parole en employant le pronom personnel « toi », pour lui montrer ses peurs, voire la répétition du substantif « peur » au mode interrogatif qui montre son intention de la mettre devant ses craintes.

 Les causes de ces peurs sont variées. On peut citer notamment les peurs de l'inconnu :

C’est peut -être le seul moyen que tu as trouvé pour ne pas trop t’attarder sur toi- même, pour ne pas plonger dans des eaux assez troubles dont tu ne sais pas au juste ce qu’elles peuvent recéler. […] Une façon comme une autre de détourner l’attention.183

Son inconscient exprime à travers cette phrase, que Hizya a peur de ce que le destin lui cache, ce que la métaphore traduit : « plonger dans des eaux assez troubles » signifie l’ambigüité de la vie, « dont tu ne sais pas au juste ce qu’elles peuvent recéler » montre son incertitude de ce que la vie enferme.

 Du lendemain :

Tu peux pas comprendre que vivre use dans un pays où la vie précisément est un combat quotidien ? Un combat dont on ne sortira pas vainqueur. Surtout quand on nait femme. […] Sonia, au moins assume d’être ce qu’elle est, et elle prend en mains sa vie.184

182 Ibid. P.157.

183 Ibid. P.122.

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L’inconscient de l’héroïne la montre comme la non courageuse-ce qui est exprimé implicitement-par opposition à sa copine Sonia qui contrôle sa vie pour assurer le lendemain qu’elle a autant espéré dans un pays où la femme est toujours mise à l’écart.

 Des autres :

Il te faudra combien de temps encore pour comprendre que tu pourras te sentir libre, vraiment libre, que quand tu sauras te délivrer de la peur du jugement des autres, de la peur de ces regards ? Dit-toi bien qu’après tout, t’es pas le centre du monde ! 185

A cette fois, son inconscient lui demande de se libérer de cette frayeur des regards des autres qui la paralysent, et lui montrant que sa liberté est conditionnée par la délivrance de cette peur.