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Chapitre 2 – Aspects théoriques et méthodologiques

2.1.3. L’inégalité des peuples

Tel qu’exposé au moyen des divers systèmes et classements des langues, l’inégalité des langues s’inscrit avant tout dans leurs aspects sociaux, y compris économiques, politiques et culturels, et n’est pas liée à des caractéristiques intrinsèques aux langues ni fondamentalement linguistiques. L’inégalité linguistique découle essentiellement de l’inégalité entre les individus et les groupes, inégalité qui s’inscrit dans une dynamique de classes sociales, de groupes favorisés ou marginalisés, que ce soit au niveau micro (d’un quartier, d’une ville, d’une région) ou macro (d’un pays, d’un continent ou du monde entier). Le vaste courant des études postcoloniales aborde la question de l’inégalité sous divers angles; nous abordons ici le concept de postcolonialisme du point de vue général, mais aussi de ceux du colonialisme interne et des études subalternes, puis nous mettons ces points de vue en relation avec les rapports qu’entretiennent l’Espagne et la Catalogne.

Selon Shamma (2009 : 187) toutefois, l’inclusion d’entités ou de collectifs comme la Catalogne et le Québec dans une étude faisant appel aux relations coloniales et postcoloniales ne va pas de soi; en effet, ces sociétés ne cadrent pas avec l’interprétation classique ou habituelle de ce qui relève du postcolonialisme, c’est-à-dire ce qui concerne d’anciennes colonies ayant obtenu leur indépendance face aux puissances coloniales européennes au cours des derniers siècles. Cette interprétation du postcolonialisme concernerait plutôt l’Amérique latine, qui s’est libéré des puissances espagnole et portugaise, l’Afrique des puissances française et britannique, l’Inde de l’Empire britannique, etc.

La définition du postcolonialisme a néanmoins largement évolué depuis l’apparition du concept à la fin des années 1970 et ce courant constitue aujourd’hui « moins une théorie unifiée qu’une perspective plus globale regroupant un ensemble éclectique d’auteurs issus d’affiliations théoriques diverses » (Benessaieh 2010 : 370). Dans son historique du concept, Benessaieh (2010 : 366-367) fait état de trois phases distinctes : d’abord la dénonciation de l’eurocentrisme avec Orientalism (1978) d’Edward Saïd comme ouvrage phare, sans oublier l’important apport d’Antonio Gramsci en ce qui a trait à l’analyse de l’hégémonie, notamment dans la série Quaderni del carcere (1948-1951) et de Michel Foucault pour ce qui est des liens

Can the Subaltern Speak? de Gayatri Spivak (1988) sur l’Inde –, lesquelles donnent une voix aux ‘dominés’ pour faire contrepoids à la partialité des récits dominants mis de l’avant par les élites; enfin la vague influencée par le poststructuralisme et la parution, en 1989, de l’ouvrage The Empire Writes Back (Ashcroft, Griffiths et Tiffin 1989), qui s’intéresse aux mouvances, à l’identité et au cosmopolitisme, et qui ne se délimite pas géographiquement aux relations Nord- Sud en rejetant la thèse de l’‘eau salée’ selon laquelle les colonies n’existent qu’au-delà des mers et océans (Sornarajah 1981 : 52). Ainsi, pour Ashcroft, Griffiths et Tiffin (1989/2012 : 14), le postcolonial s’étend en effet à « toute culture affectée par le processus impérial depuis le moment de la colonisation jusqu’à nos jours »44. Ces derniers précisent d’ailleurs que le

concept de postcolonialisme est utilisé de diverses façons et inclut notamment l’étude et l’analyse des conquêtes européennes, les institutions coloniales, le discours impérial et la résistance, de même que les legs pré- et post-indépendance :

[...] ‘Postcolonialism’ is now used in wide and diverse ways to include the study and analysis of European territorial conquests, the various institutions of European colonialisms, the discursive operations of empire, the subtleties of subject construction in colonial discourse and the resistance of those subjects, and, most importantly perhaps, the differing responses to such incursions and their contemporary colonial legacies in both pre-and post-independence nations and communities. (Ashcroft, Griffiths et Tiffin 2007 : 168-169)

Cette acception large du concept de postcolonialisme ne se limite pas aux travaux critiques et de recherche; des ouvrages généralistes proposent également une acception étendue du terme. L’Encyclopædia Britannica, par exemple, indique que le terme ‘postcolonialism’

[…] can also be used to describe the concurrent project to reclaim and rethink the history and agency of people subordinated under various forms of imperialism. (Ivison 2016).

La variété de perspectives sur le postcolonialisme peut être mise en relation avec le concept de ‘colonialisme’, qui est également pluriel :

44 Traduction de Jean-Yves Serra et Martine Mathieu-Job. Texte original anglais :« […] all the culture affected

Colonialism, obviously is an enormously problematic category: it is by definition transhistorical and unspecific, and it is used in relation to very different kinds of historical oppression and economic control. [T]he concept of colonialism […] remains crucial to a critique of past and present power relations in world affairs, and thus to a specifically postcolonial critical practice which attempts to understand the relation of literary writing to power and its contestations. (Slemon 1990 : 32)

Le colonialisme et le postcolonialisme sont intimement liés aux questions de pouvoir et peuvent ainsi être dissociés des liens coloniaux ‘classiques’ sans se limiter aux relations Nord/Sud ou centre/périphérie. En ce sens, le concept de colonialisme interne a grandement été utilisé pour dépeindre des relations de force au sein même d’États souverains. Selon Hicks (2004), les deux principales conceptions du colonialisme interne relèvent a) d’une analogie visant à appliquer la notion classique de colonialisme à l’échelle locale pour faire état des relations de dominant/dominé sur les plans économique et social, et b) de l’exploitation intranationale de groupes culturels distincts.

Ce concept a notamment été utilisé pour faire état de la situation des Noirs américains par Martin Luther King (1966) et Robert Blauner (1969), et des peuples autochtones, par exemple aux États-Unis par Robert K. Thomas (1966 : 39), et ailleurs, notamment en Afrique du Sud, en Argentine, au Brésil et au Canada (Hicks 2004). En ce qui concerne le colonialisme interne en Europe, l’écrivain et historien italien Sergio Salvi a dressé en 1973 un état de la question dans Le nazioni proibite: Guida a dieci colonie « interne » dell’Europa occidentale. Dans cet ouvrage, l’auteur estime que les colonies internes sont des ‘nations interdites’, « ces communautés qui ne possèdent leur propre État national sur aucune partie de leur territoire (ou qui l’ont perdu) »45 (Salvi 1973 : XVII). Michael Hechter (1975), quant à lui, s’est penché sur

la colonisation interne menée par la Grande-Bretagne sur les peuples celtes des îles britanniques. Selon ce chercheur, il y a colonisation interne lorsqu’une région centrale domine une ou des régions périphériques et y impose ses pratiques (Hechter 1975). Pour l’hispaniste Stewart King, ces régions centrales – qui peuvent se situer au Nord, au Sud, etc. – « comme le

sud-est de l’Angleterre, l’Île-de-France et la Castille – imposent des pratiques à la périphérie comme s’il s’agissait d’une colonie étrangère »46 (King 2005 : 5).

Le colonialisme interne se rapproche de l’objet des études subalternes, un sous- domaine ou une sous-catégorie des études postcoloniales (Benessaieh 2010) qui se penche sur les relations de pouvoir entre les classes au sein des États. Les études subalternes découlent de la pensée de Gramsci (1948-1951) qui critique l’hégémonie des classes dirigeantes face aux ouvriers et de Guha (1982), puis de Spivak (1988) et de l’ensemble du collectif indien Subaltern Studies, qui rejettent l’historiographie britannique et élitiste de l’Inde, laquelle donne à leurs yeux peu de place, voire aucune, au peuple et aux paysans. Les études subalternes veulent ainsi valoriser et donner priorité à la voix des dominés afin de faire contrepoids au récit des dominants. Selon Pouchepadass (2000 : 162-165) il s’agit de « faire l’histoire par le bas », c’est-à-dire de « rétablir le peuple comme sujet de sa propre histoire ». Les acteurs non centraux nous permettent ainsi de voir le monde à partir de perspectives traditionnellement peu entendues (Benessaieh 2010 : 365).

Nous entendons donc le postcolonialisme comme un contrepoids face aux rapports de force représentés par le colonialisme à tous les niveaux (Castro Gómez 2000), qu’il s’agisse de rapports entre les États ou les peuples (postcolonialisme ‘classique’), au sein des États (colonialisme interne) ou entre des groupes (études subalternes).

Il existe donc différentes façons de concevoir le postcolonialisme, et différentes façons de tirer profit des travaux sur ce courant théorique. Divers traductologues ont tiré profit de l’acception étendue du concept afin de l’appliquer à des relations de pouvoir Nord/Nord, notamment entre le Québec et le Canada (Simon 1999b) et entre l’Angleterre et l’Irlande (Tymoczko 1999) dans la foulée du virage culturel en traductologie. Pour Simon,

[p]olitically, Quebec became post-colonial, along with the rest of Canada, in 1867 at the time of Confederation. In cultural terms, however, Quebec long considered itself to be a territory colonized by the power of English. [...] As a French-speaking political community, implicated in the cultural dynamics of North America and receiving

46 Notre traduction. Texte original espagnol : « […] tales como el sureste de Inglaterra, la Isla de Francia, y

immigrants from across the globe, Quebec can be said to participate fully in the contradictions and tensions of contemporary post-coloniality. (Simon 1999b : 59)

Tymoczko, pour sa part, explique dans son ouvrage emblématique des études postcoloniales en traductologie – Translation in a Postcolonial Context: Early Irish Literature in English Translation (Tymoczko 1999) – que les relations historiques entre l’Angleterre et l’Irlande diffèrent à bien des égards des relations historiques entre l’Angleterre et ses colonies et territoires d’outre-mer (le Commonwealth). Cela s’explique notamment par le fait qu’au moment de la conquête et de la colonisation de l’Irlande, « la domination se matérialisait par l’annexion et l’incorporation »47. Cela étant dit, « [l]es différences dans les formes

d’oppression [...] n’effacent pas les similitudes de l’expérience du colonialisme en Irlande et de celle des colonies plus récentes »48 (Tymoczko 1999 : 18).

Ces deux exemples de traductologues ayant adopté une approche postcoloniale s’inscrivent dans une lignée de travaux d’orientation postcolonialiste ayant laissé leur marque en traductologie depuis les années 1980. En effet, dans la foulée du virage culturel, les traductologues se sont intéressés de façon marquée aux liens entre les cultures et à la traduction comme un produit de ces liens, de ces transferts interculturels qui se produisent rarement dans des relations d’égal à égal (Hui 2009 : 200). L’approche postcoloniale en traductologie s’est d’abord penchée sur la façon dont la traduction a servi les pouvoirs coloniaux et impériaux, mais aussi l’Occident en général. Dans son travail sur la traduction de Les Mille et Une Nuits, par exemple, Jacquemont (1992) en vient à la conclusion que les traductions françaises de ce classique ont contribué à façonner l’image stéréotypée de l’Orient, c’est-à-dire du colonisé. Rafael (1988), Cheyfitz (1991) et Niranjana (1992) constatent le même type de phénomène aux Philippines, en Amérique et en Inde, respectivement, pour n’en nommer que quelques-uns. Hermans résume ainsi ce type de traduction vers la langue coloniale dominante et mise à profit par les pouvoirs coloniaux :

For the colonizer, translation into the hegemonic language amounts to bringing home an anthropological exhibit which adds to the centre’s knowledge of the colonies, and knowledge is power. (Hermans 2009 : 101)

Venuti (1995, 2008), pour sa part, a critiqué les traductions occidentales naturalisantes ou domesticantes49 qui contribuent à l’aplanissement des différences entre les cultures au profit

d’une vision du monde à l’occidental. Ce type de traduction crée l’illusion de représentations transparentes de l’Autre, du colonisé, alors que les traductions étrangéisantes peuvent constituer « une forme de résistance face à l’ethnocentrisme et au racisme, au narcissisme et à l’impérialisme culturels, dans l’intérêt de relations géopolitiques démocratiques »50 (Venuti

2008 : 16).

Les approches postcoloniales en traductologie ont également soulevé le fait que la traduction peut servir d’outil de résistance et de décolonisation. Les travaux de Tymoczko (1999, 2000, 2010), par exemple, ont démontré que la traduction d’ouvrages irlandais en anglais a contribué à sensibiliser le peuple irlandais face à son riche patrimoine littéraire et culturel, relégué aux oubliettes pendant des siècles en grande partie en raison de l’anglicisation (linguistique, culturelle, politique, etc.) de l’Irlande (voir section 1.6.1.1).

En résumé, les approches postcoloniales en traductologie appellent à la prise en compte des relations de pouvoir qui se manifestent par la traduction entre différentes langues-cultures, que ces relations s’inscrivent dans un contexte colonial ou postcolonial ‘classique’ (voir ci- dessus) ou non, comme dans les cas de l’Irlande, du Québec ou de la Catalogne.

Dans le cas de la Catalogne, le colonialisme est à voir comme une relation de pouvoir, comme une relation dominant/dominé entre l’Espagne et la Catalogne, de même qu’entre les langues espagnole et catalane : il n’est pas question de colonisation ‘internationale’ ou ‘externe’ parce que la Catalogne n’a tout simplement jamais été une colonie au sens habituel du terme51. Il est toutefois pertinent d’analyser la relation Espagne/Catalogne d’un point de

49 Le Handbook of Translation Studies Online (Paloposki 2014) propose ‘domestication’ et ‘étrangéisation’

pour rendre les notions vénutiennes de ‘domestication’ et ‘foreignization’.

50 Notre traduction. Texte original anglais : « […] a form of resistance against ethnocentrism and racism,

cultural narcissism and imperialism, in the interests of democratic geopolitical relations. »

51 Certains nationalistes catalans n’hésitent toutefois pas à utiliser des mots comme « colonie » et

« colonialisme » lorsqu’ils font référence aux relations entre l’Espagne et la Catalogne (p. ex. Dorca 2011; Sastres 2013).

vue postcolonial, ce qu’ont fait, entre autres, Boada (1998), King (2006) et Faura Sabé (2013), parce que, tel que nous venons de le voir, le postcolonialisme ne se limite pas qu’aux relations Nord/Sud, mais traite des relations de pouvoir entre des acteurs puissants (dans le cas présent l’Espagne) et des acteurs subalternes (ici la Catalogne).

La relation entre l’Espagne et la Catalogne cadre par ailleurs dans la définition de colonialisme interne de Hechter (1975) et de King (2005 : 5) parce que nous sommes en présence d’une région centrale qui domine une région périphérique et y « impose ses pratiques » (King 2005 : 5). Selon King (2004 : 40), voilà exactement ce qui s’est produit lorsque la Castille a imposé à la Catalogne, via les décrets de Nueva Planta (1707-1716), ses institutions, son système juridique et sa langue. La Catalogne a ensuite été conquise puis incorporée au royaume d’Espagne (1714), ce qui a engendré une dynamique de dominant/dominé qui est toujours d’actualité et qui a encore des effets à ce jour. Toujours selon King (2004 : 39), « l’État espagnol a cherché à coloniser la Catalogne en tentant de supprimer sa culture et son identité par l’imposition d’une “espagnolité” homogène »52. Cette imposition

s’est d’ailleurs manifestée par la récente déclaration du ministre espagnol de l’Éducation et de la Culture, José Ignacio Wert, qui a affirmé au Congrès des députés que son ministère avait intérêt à « espagnoliser les enfants catalans »53 (Sanz 2012).

Pour Boada (1998), la Catalogne évolue dans l’ombre d’un géant culturel et politique, et se trouve dans une position subordonnée dans les domaines de la politique et de la littérature, entre autres. D’un point de vue historique, « l’histoire et l’expérience du monde sont souvent posées depuis la perspective particulière des grandes puissances » (Benessaieh 2010 : 371). Dans la foulée de ce que disent Ashcroft, Griffiths etTiffin (2007 : 170), la Catalogne produit et traduit des documents ‘réactionnaires’ qui travestissent le discours de l’État espagnol afin que la voix hégémonique de l’État espagnol cède le pas à l’acteur subalterne que constitue la Catalogne. Il y a donc inversion de perspective qui fait contrepoids aux récits conventionnels (Ashcroft, Griffiths et Tiffin 2007 : 170) : il s’agit, précise Adriaensen (1999 : 57), de faire valoir l’altérité et le point de vue de l’Autre par un contre-discours. Pour Cronin, ce contre- discours se manifeste aussi par la traduction : « La traduction nous fait réaliser qu’il y a eu et

qu’il y a d’autres façons de voir et d’interpréter le monde et d’y réagir »54 (Cronin 2003 : 70).

Bref,

le postcolonialisme suggère de voir le monde différemment, depuis une pluralité de perspectives incluant les acteurs à la marge du système international, et dont la voix, comme les priorités, sont traditionnellement rendues invisibles ou sont peu entendues. (Benessaieh 2010 : 365)

Ainsi, les indépendantistes catalans présentent et suggèrent au monde une autre vision de la relation entre l’Espagne et la Catalogne. Celle-ci, nous le verrons (sections 3.3 et 4.2) fait contrepoids à la vision proposée par l’Espagne.

Méthodologie

Afin d’obtenir les résultats qui nous permettront de répondre à notre question de recherche et d’atteindre nos objectifs, nous utilisons deux approches, l’une descriptive et l’autre analytique. Ces deux approches seront mises à profit aux chapitres 3 et 4. Ces deux chapitres sont complémentaires et nous permettent de dégager des conclusions.

Le chapitre 3 consiste en la description détaillée et l’analyse générale des 21 documents du corpus élargi (section 3.1). Cette partie permet d’apporter des éléments de réponses aux questions exposées à la section 1.3, soit « de quoi s’agit-il? », « qui parle? », « à qui et dans quelles langues parle-t-on? », « de quoi et de qui parle-t-on? » et « comment en parle-t-on? ». Dans le chapitre 3, les documents sont regroupés en fonction de leurs types (site Web, tract, supplément de journal ou livre), ce qui permet de mettre en relation des caractéristiques propres à chaque type de documents, par exemple l’organisation des sites Web ou le mode de distribution des tracts. La description et l’analyse générale sont faites à l’aide du contenu même des documents, ce qui nous renseigne entre autres sur le format, les thématiques et les langues cibles, et du paratexte, qui permet de compléter les données relatives aux agents, au choix des

54 Notre traduction. Texte original anglais : « Translation makes us realize that there have been and are other

langues et publics cibles, au financement de la traduction des documents, etc. Un bilan est fourni pour chacun des quatre types de documents.

Un bilan général, qui tient compte de l’ensemble du corpus, complète le chapitre 3. Ce bilan général, qui tient compte du contenu, du paratexte et des bilans, expose comment s’articule l’ensemble de la campagne de traduction pro-indépendance menée par la société civile catalane de 2010 à 2014 (section 3.3). Il répond à la question « de quoi s’agit-il? », en plus de nous fournir des pistes de réponses aux questions « à qui et dans quelles langues parle- t-on? » et « de quoi et de qui parle-t-on? ». Enfin, ce bilan est complété par une section sur les agents de cette campagne de traduction, tels qu’ils auront été exposés par la description et l’analyse du corpus élargi. Cette section (3.2) répond à la question « qui parle? ».

Le chapitre 4 nous permet de compléter les éléments de réponses obtenus au chapitre 3 en lien avec les questions « à qui et dans quelles langues parle-t-on? » et « de quoi et de qui parle-t-on? », ainsi que de répondre à la question « comment en parle-t-on? ». Alors que la section 4.1 touche la question « à qui et dans quelles langues parle-t-on? » par l’analyse des langues et publics cibles à la lumière de ce qui a été exposé sur les systèmes et classements des langues du monde (section 2.1.2), le contenu des sections 4.2.1 et 4.2.2 présente les données quantitatives nécessaires pour compléter les réponses partielles obtenues précédemment en lien avec les questions « à qui et dans quelles langues parle-t-on? » et « de quoi et de qui parle-t- on? ». Enfin, les données qualitatives de la section 4.2.2 nous permettent de répondre à la question « comment en parle-t-on? ».

Avant d’exposer en détail nos méthodes de description et d’analyse du corpus, nous présentons ce dernier sous ses diverses facettes : critères de sélection des documents; repérage des documents; présentation des documents constitutifs du corpus en vertu des critères de sélection et du repérage; terminologie utilisée pour nous référer au corpus et aux documents et problématiques liées aux questions de l’original (qui est parfois absent) et de la pérennité de certains documents.