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L'IMAGE : RÉVÉLATION DE L'ÊTRE PAR L'ANALOGIE

Dans le document Rouge ; : suivi de L'aurore de la parole (Page 65-95)

Réfléchir l'hermétisme à titre de notion impose de retourner à l'origine première du mot en lui-même : « 1. Hermétique [Ermetik], adj. Se dit d'une fermeture aussi parfaite que possible. [...] 2. Hermétique, adj. Impénétrable, difficile ou impossible à comprendre. Obscur, fermé, impénétrable, sans expression. 2. Littér. Caractère de ce qui est incompréhensible, obscur. 2. Didact. Doctrines secrètes, hermétisme des alchimistes11 ». On le constate d'emblée grâce au dictionnaire, le sens

du mot relève de l'évidence, ce qui demeure en soit une antithèse puisque l'hermétisme appelle tout le contraire de l'impression de clarté que génère en l'esprit l'instant de la compréhension. Grâce à l'étymologie, l'origine grecque du mot permet de tracer un point de départ mythologique des plus intéressants sur le plan de l'interprétation en raison de la dualité complémentaire qu'il soulève. Le terme hermétisme fait écho au dieu grec Hermès Trismégiste, qui reçoit son nom d'un simple amas de pierres à la signification inconnue et situé en bordure des chemins sur lesquels il règne, tout comme il décide du hasard des rencontres, bénéfiques ou non, au grés des jours et des nuits issus de la marche du temps. Il importe de ne pas le confondre avec Thot, messager des dieux égyptiens, porteur de leur parole et grand gardien de l'interprétation dont s'inspire toute l'herméneutique ; ce dernier se trouve incarné dans les chemins mêmes, devenus le symbole de l'écriture de la parole des hommes qui tentent de marcher sur le bon chemin, celui qui fait sens, saluant ce fait par l'ajout d'une piene sur l'amoncellement laissé en bordure pour ce rival qu'est Hermès Trimégiste, répétant ainsi le monde dans l'acte de l'écriture au service des êtres12.

Pourquoi donc employer le terme parole plutôt que langage? Il en va de la signification première des mots. L'utilisation du terme langage commande d'être

" Alain RAY. Le Robert Micro, Paris, Dictionnaires Le Robert. 1998, p. 648.

circonscrite puisque ce mot appelle à lui bon nombre de systèmes de communications verbales, qu'ils soient propres aux humains comme aux bêtes ; le terme parole est ce qui permet au poète de se rapporter le mieux, aujourd'hui et en français, au terme

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logos : à savoir l'être qui se dit .

Or, qu'en est-il de l'hermétisme, d'où surgit-il à titre de notion? Epicure, philosophe et poète de la Grèce Antique, permet de déployer une première justification de l'hermétisme en poésie14. Prescription morale, celle-ci s'attarde à la

nécessité de dire l'être. Or, cette parole se détourne de son objectif parce qu'elle tend à suggérer des mouvances de l'être, soit les émotions. Elle s'attarde ainsi à des échos existentiels de l'être, ce qui mène cette parole, parfois, à un détournement du sens. La recherche d'un effet devient centrale en la démarche d'écriture, dénaturant ainsi la parole qui se voit placée au service d'un esthétisme. Bien des siècles plus tard, c'est en Italie, autour de 1920, que pour désigner l'obscurité poétique, l'apparition du terme hermétisme se produit pour la première fois ; le terme devient un caractère premier de la poésie pure italienne qui, ainsi désignée, se veut la réponse la plus vive à la littérature déclamatoire d'Annunzio et possède pour fer de lance l'œuvre d'Ungaretti ; motivée, cette poésie pure présente presque immanquablement un contenu insondable et sans origine, légitimé par des formules poétiques sonores cherchant à provoquer un envoûtement15.

Si cette première approche de l'hermétisme en poésie repose sur le devoir de révéler la mouvance et les effets des émotions, elle rejoint et justifie le lyrisme de certains poètes du XXe siècle, réputés pour être eux-mêmes, à des degrés différents,

l'Marc FROMENT-MEURICE, Op. Cit.

Epicure soutient dans ses travaux que la sensation est à l'origine de toute connaissance. L'être qui se dit en poésie ne peut donc se reconnaître que dans ce qu'il ressent. Les émotions étant immatérielles, on ne peut les décrire pour ce qu'elles sont. Cependant, il est possible pour l'être de dire et de décrire leurs effets (les larmes sont l'effet de la tristesse), et ce, par l'entremise de la parole, soit le logos. Si cette parole apparaît obscure, c'est que les émotions se créent à l'intérieur de l'être, emmurées dans la pénombre du corps, on ne les reconnaît que par les sensations qu'elles génèrent, devenant de facto connaissance par l'expérience, mais on ne peut pas voir leur visage (la tristesse a tous les visages qu'elle affecte mais personne ne peut la voir sans les êtres qui la ressentent). La parole doit donc se dénaturer en suggérant une description de ces émotions invisibles pour le regard, et ce, en se référant à la sensation de leurs effets. En conséquence, la parole cherche à produire des effets plutôt que de soulever du sens, devenant du coup hermétique.

obscurs. Rimbaud, Mallarmé, Valéry et Claudel semblent s'arrimer, de manière sporadique, à cette attraction de l'hermétisme tout comme le font, au Québec, les Lapointe, Lalonde, Vanier et Daoust. Que penser sinon que tous les poètes, même les plus illustres, semblent parfois glisser sur le terrain mouvant de l'émotivité? Rien de plus normal, écrire étant un saisissement de l'être, mais l'être peut se voir smsi en se dirigeant à haute voix, en l'instant créateur de l'écriture, dans la clarté d'une parole originaire.

Il revient au poète d'assumer ses choix. En ce sens, lorsque Georges Mounin défend René Char en justifiant son hermétisme comme étant au service de l'émotion tel un sacrifice, il irrite. Il est saisissant de lire de sa part que « l'émotion est l'infrarouge de la connaissance16 », la formule est séduisante, directement reliée à la

présente élaboration d'une conception hermétique de la poésie fondée sur Epicure, mais l'idée de chercher à légitimer l'hermétisme de Char comme si ce dernier était une exception infime visant à confirmer une règle reste harassante et se ramène aisément à une simple tactique admirative. Bien que sa poésie demeure d'une immense limpidité, Char devient hermétique en certains lieux de son œuvre parce qu'il épouse la mouvance de ses émotions et non ce qu'elles incarnent ; qu'il cherche à les décrire ou à les renier, peu importe, sa poésie n'est pas en cela différente des autres qui font de même pour autant. Au contraire, elle devient leur sœur parce que simplement accaparée par une sensation fascinant Char au point de le distraire, perdant au passage une possible rencontre entre l'être et le monde à travers le mot étant donné que celui-ci ne signifie plus de sens mais bien des effets de sens.

Char reste magistral, puissant poète de son époque, mais il a parfois embrassé l'hermétisme comme on avale un instant la sensible passion qui nous lie à ce monde. L'œuvre de Char n'est pas entièrement hermétique, loin de là, mais des parties le sont parce que Char en a décidé ainsi, il a assumé ses choix au-delà du risque, à savoir : la rupture entre le poète et le monde par la denaturation de la parole au nom d'une sensation que l'on ne peut figurer clairement en l'esprit faute d'être écrite comme on donne à voir.

International et manifeste en toutes les époques, ce type d'hermétisme carbure aux possibilités rythmiques et sonores liées au langage, elles deviennent la matière première du poème qui doit expressément advenir. Ce contexte d'écriture engendre une désincarnation notable. Elle relève de l'ordre des tentatives, souvent effrénées, de conférer au texte que l'on veut poème l'obligation d'un résultat esthétique : pour justifier cet hermétisme, il faut recenser en ce dernier des corrélations se voulant

semblables entre les effets de la langue et les effets des émotions.

Seulement voilà, la poésie peut être musicale, mais elle n'est pas musique, et ce qui est poétique n'est pas poésie17. La poésie nécessite en la parole l'apport de

l'analogie afin de devenir un dire poétique, le poétique seul - tel un caractère - n'est pas suffisant, « on ne peut définir ce «poétique» que négativement par rapport à l'analogique. Car de même qu'on peut définir la vie comme l'ensemble des forces qui résistent à la mort, de même on est tenté de définir le «poétique» comme l'ensemble des forces qui s'organisent pour échapper à l'analogie ». Et bien que la légitimité d'une œuvre réside en sa nécessité cette dite nécessité n'est pas garante de poésie à elle seule19.

À titre d'exemple, l'extrait qui suit demeure des plus éloquents : « En coup de foudre la lourdeur d'hier/va défoncer le midi de grenat/des cosaques de pièges secs/vomissent du carnage/dans les hippodromes désertés20 ». Le vierge incendié de

Paul-Marie Lapointe demeure une icône de la poésie québécoise. Salué, ce recueil traduit, aux dires des adeptes de ce type d'hermétisme, un formidable lyrisme propre à l'impétuosité d'une jeunesse désireuse de renier les vieux apprentissages au profit de la liberté . On dit y ressentir la rage, la colère et la révolte du poète. Est-ce bien le cas? Il apparaît, avec le recul, que pour celui qui ignore le contexte sociohistorique

17 Octavio PAZ, Œuvres, Paris, Gallimard, 2008.

18 François RIGOLOT, « Le poétique et l'analogique », paru dans Sémantique de la poésie, (dir.

Gérard GENETTE et Tzvetan TODOROV). Paris, Éditions du Seuil, 1979, p. 171.

1 Rainer Maria RILKE, Lettres à un jeune poète, Paris. Gallimard, 2003. 20 Paul-Marie LAPOINTE, Le vierge incendié, Montréal, Typo, 1985. p. 14.

21 Peut-on en vouloir à Lapointe d'avoir été jeune et soutenu par des poètes plus hautement

hermétiques encore qu'il ne l'était à ses 19 ans? Claude Gauvreau. sorte de parrain de Lapointe, marque dans la poésie québécoise la désintégration totale du sens avec son langage exploratoire. C'est par lui que Lapointe publiera cette œuvre.

propre à ce lyrisme, on n'accède pas à pareilles émotions puisque l'œuvre reste occultée par le désir de créer un effet. L'incohérence sémantique flagrante appelle plutôt la folie à l'esprit du lecteur. Ces vers ne cherchent qu'un impact en la conscience, ne parvenant pas à se maintenir avec ce qu'il faut de durabilité spirituelle pour que l'on puisse recréer le poème et l'expérience même de l'écriture en tant qu'être extérieur à la création première du poème. Il y a rupture entre le poète et le monde, l'œuvre dépend d'une mission singulière, précise et voulue : créer un choc au cœur du monde littéraire québécois afin de briser des carcans, de brûler les tables des vieilles habitudes, elle veut et doit exprimer une colère sensible. En cela, l'écriture s'emporte de cette mouvance émotionnelle qui habite le poète, et devient, à titre d'exemple dans le présent mémoire, une croisée des chemins où se rencontrent tant la psychanalyse que deux conceptions personnelles de la poésie : une conception métaphysique, plaidant pour un saisissement de l'être par la parole, conduisant ce dernier à se fusionner en une seule immanence avec l'universel, et une conception hermétique, dite réaliste, se réclamant d'une matérialité issue d'un esthétisme linguistique mettant à distance l'être et l'universel afin de provoquer un saisissement de l'être par la concentration intellectuelle exigée pour vivre le poème. Qu'en est-il du reste de la psychanalyse?

Il faut aborder cette science pour ce qu'elle entretient de rapports similaires mais profondément différents avec la poésie, et ce, par l'entremise de la parole. Avec le recueil Le vierge incendié, le poète Paul-Marie Lapointe quitte les terres de la poésie pour celles de la psychanalyse dans cet abordage du symbole non pas comme signifiant poétique mais bien comme l'ouverture de l'inconscient en tant que refuge, afin de déconstruire, peut-être, une réalité trop douloureuse, trop vive et blessante dans laquelle le poète ne parvient pas à exulter en tant qu'être. En cela, il importe de concevoir de quelle manière le statut de la parole bascule dès lors de l'analogique propre à la poésie au symbolique de la psychanalyse dans la création d'une réalité psychique, transformant le recueil en un symbole matériel délimitant les frontières de cette dimension intime de l'être : « Symbole, voilà qui ne désigne pas la ressemblance de deux objets, mais, dans le symbole, deux objets se voient conjoints, ils sont la même chose. Parce que nous pensons et sentons symboliquement ; bref,

que nous sommes, à tous égards, liés au symbole comme à quelque chose d'inhérent à l'être humain, il est possible de regarder symboliquement la vie humaine, quelle qu'elle soit ». La parole, dans Le vierge incendié, œuvre à la création d'un nouveau territoire pour l'existence de l'être qu'est Paul-Marie Lapointe. Elle se profile tel un surgissement émergeant de l'inconscient et composée non pas d'images cherchant à modifier l'être de manière analogique, mais bien d'une multitude de symboles libérés « des restrictions du refoulement et [ejnrichit de contenus dont elle [la parole] ne peut se passer pour ses opérations ». Ce que Freud nomme l'épreuve de la réalité fait que cette parole composée de symboles passe du « jugement d'attribution (ceci est mauvais, donc hors de moi, ceci est bon, donc en moi, donc moi) au jugement d'existence (ceci, quelle qu'en soit la valence bonne ou mauvaise, existe ou n'existe pas dans le monde extérieur)24 ». Ainsi, l'hermétisme demeure mais reste inhérent à

un champ extérieur à la poésie puisque ce recueil nous incite à conclure que Paul- Marie Lapointe cherche à se convaincre qu'il existe encore dans l'innocence connue avant les premières pulsions brûlant la virginité, qu'elle soit physique ou spirituelle. L'hermétisme relève donc ici de l'obscurité de l'inconscient et reste lié au souci d'un esthétisme singulier parce que rédigé de manière inédite et se voulant poétique.

Qu'est-ce donc alors que la poésie? Question périlleuse, voire vertigineuse devant laquelle se présente, pour l'heur, que le reflet d'une réponse factuelle. Cette prudente réponse se compose à partir d'une expérience d'écriture de la poésie qui résonne maintenant en de brefs passages des travaux de littérateurs qui nous précèdent et qui épousent la conception métaphysique de celle-ci : « Si la poéticité [...] apparaît dans une œuvre littéraire, nous parlerons de poésie. Mais comment la poéticité se manifeste-t-elle? En ceci, que le mot est ressenti comme mot et non comme simple substitut de l'objet nommé ni comme explosion d'émotion. En ceci, que les mots et leur syntaxe, leur signification, leur forme externe et interne ne sont pas des indices indifférents de la réalité, mais possèdent leur propre poids et leur

22 Georg GRODDECK, L'être humain comme symbole : sentiments sans prétentions sur la langue et

l'art, Paris. Éditions Gérad Lebovici, 1991.

2' Sigmund FREUD, « La négation », paru dans Œuvres complètes, XVII, PUF, 1992, p. 167-168. 24 François GANTHERET, Moi, Monde. Mots, Paris. Gallimard, 1996, p. 72.

propre valeur25 ». En poésie, le mot doit être, sans altération provenant de la

spiritualité du poète, afin de pouvoir éventuellement devenir un lieu de rencontre, entre l'être et le monde, susceptible de générer une nouvelle immanence.

Or, « ce qui [est] avant tout est l'Être. La pensée accomplit la relation de l'Être à l'essence de l'hoinme. Elle ne constitue ni ne produit elle-même cette relation. La pensée la présente seulement à l'Être, comme ce qui lui est remis à elle-

A A même par l'Etre. Cette offrande consiste en ceci, que dans la pensée l'Etre vient au

langage. Le langage est la maison de l'Être. Dans son abri habite l'homme26 ». Pour

Heidegger, une veille de cet abri se fait, tant par les penseurs que les poètes. Cette veille incarne « l'accomplissement de la révélabilité de l'Être, en tant que par leur dire ils [les penseurs et les poètes] portent au langage cette révélabilité et la conservent dans le langage ». La poésie révèle donc, par la conscience au sein du langage, l'instant où le mot, l'être et l'universel se transcendent à nouveau de manière analogique, tel le premier saisissement de l'être par le langage, celui de l'enfant quittant le souvenir du néant pour l'aurore de la parole en l'existence :

Entrer en poésie, c'est entrer dans un processus d'accomplissement de l'être et de mise au monde de la personne ; passer de l'individuel au personnel. [...] Une telle démarche rend le langage original et originaire parce que sourd alors de l'origine. L'esprit est à l'origine du monde, de l'être, de l'homme et du langage. [...] Revenir à la parole première, à la connaissance originelle exige donc que soit vécue et acceptée une radicalisation des rapports que nous entretenons avec nous-mêmes, les autres et le monde. Un tel processus peut être vécu par et dans la pratique de l'écriture28

Cependant, pour d'autres poètes et littérateurs, adeptes de la conception hermétique de la poésie, tout provient d'un appel de l'être en la matérialité visant à révéler la réalité par ce qui peut être analysé et ressenti, associant sens et sensible dans la constitution de l'expérience poétique à titre d'acte de langage. Au fondement de celle-ci, nous trouvons la philosophie de Marx, composée « des lois de fer de la nécessité matérielle29 ». autour de laquelle gravitent les réflexions et sciences

entourant la condition existentielle de l'homme, telle que la psychanalyse qui propose

25 Roman JAKOBSON, Huit questions de poétique, Paris, Éditions du Seuil, 1977, p. 46. 26 Martin HEIDEGGER, Question 111, Paris. Gallimard, 1966, p. 74.

27 Martin HEIDEGGER, Op. Cit., p. 74.

28 Jean-Noël PONTBRIAND, Les mots à découvert, Québec, Éditions de la Huit, 2009, p. 153-155. 29 Yves BONNEFOY, Breton à l'avant de soi, Tours, Éditions Léo Scheer, 2001, p. 23.

que « [lj'image du corps joue ainsi comme un foyer de sens dans l'histoire du sujet, comme dans celle de son œuvre [...] . En ce lieu de l'œuvre, la parole du poète « est don du langage et le langage n'est pas immatériel. Il est corps subtil mais il est corps31 », dans la contemplation de l'écriture et de la lecture.

Ainsi la poésie, en tant que mode énonciatif de l'être, peut se fonder sur le sensible et ses effets afin que l'être puisse ressentir l'existence à nouveau ou maintenir en lui le saisissement inhérent à l'existence. Émergeant du corps humain, donc biologiquement issue de la matérialité, la parole se présente à l'être tel un objet réel (le poème), hermétique mais signifiant, qui « se laisse dépasser dans une perspective imaginaire32 ». Elle émane du poète qui présente ce dépassement au

monde tel un appel de la raison par la concentration linguistique, et ce, afin de le dégager de l'angoisse du néant et de la mort. Dès lors, l'existence serait remise à nu dans l'instant présent où l'être redécouvre les composantes matérielles et sensitives de la réalité, appelant en lui le déploiement de la connaissance par laquelle il se reconnaît.

En cette conception de la poésie, le langage devient une matière à l'état brut, car celui qui écrit peut ignorer le sens premier des mots au nom des effets harmoniques et r>thmiques que peuvent produire ces derniers, les amenant en cela à l'état de signes dénaturés. S'ensuit divers assemblages de mots faits au nom des motivations théoriques citées ci-haut, voulant que cela puisse engendrer une hypothétique poéticité en l'écriture. Ce type d'écriture exploratoire risque de

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