• Aucun résultat trouvé

II. Les paramètres linguistiques, historiques et culturels

II.4 L’histoire récente

La France s’intéresse aux Comores dès 1810, en compensation de la perte de l’île Maurice au profit de la Grande Bretagne. Elle achète Mayotte en 1848 à un prince malgache pour 1000 piastres. A partir de cette date, des colons Réunionnais et Nantais s’y installent pour cultiver la canne à sucre. Les autres îles sont ensuite occupées et acquièrent le statut de protectorat français en 1886, de colonie française en 1912 puis de TOM en 1946. Le référendum de 1975 verra les trois îles devenir, en 1978, République Islamique des Comores et Mayotte demeurée collectivité territoriale française.

La migration vers la France.

La migration comorienne vers la France est récente et s’enracine dans une tradition migratoire plus ancienne orientée vers les pays voisins de l’archipel : l’Océan Indien, l’Afrique de l’Est, Zanzibar, le Kenya, la Tanzanie, Madagascar et la Réunion. Certaines caractéristiques demeurent inchangées et, en particulier, on observe que la Grande Comore reste l’île d’origine d’une grande majorité de migrants. Ainsi, la migration Comores-France se révèle plutôt une migration Grande Comore-France qui prend source dans une organisation sociale originale fondée sur l’accomplissement de la coutume du “Grand Mariage”. Néanmoins, des navigateurs (employés sur les navires à partir de la seconde moitié du XIXe siècle) aux migrants actuels, le nouveau profil de cette population en France est façonné par le passage d’une migration temporaire, concernant des hommes seuls, à une migration plus durable, avec l’arrivée croissante des femmes et la constitution de familles. En effet, la colonisation Française associée au développement de la marine marchande a fait de la France, et surtout de ses villes portuaires, l’un des principaux lieux de passage puis de destination de cette communauté. La migration Comorienne est entretenue par le fait que l’économie comorienne reste sous perfusion de la rente migratoire. En effet, l’émigré comorien devient un acteur économique essentiel à la survie de son pays.

Pauvre à l’origine, il devient avec l’aventure migratoire quelqu’un de respecté et d’accompli notamment par la possibilité de réaliser son Grand Mariage au pays (Direche-Slimani K, 2002).

La migration vers Marseille.

Depuis toujours Marseille a conservé sa capacité d’intégration et d’absorption de nombreuses populations immigrantes. Marseille, par sa situation géographique, s’est construite au rythme des vagues migratoires et de l’histoire coloniale africaine qui a déplacé des individus qui vont lier leur destin à celui de la cité phocéenne et contribuer à l’écriture de son histoire. Les Comoriens arrivent à Marseille dès 1940. Il s’agit de navigateurs recrutés par les compagnies de messageries maritimes ou la compagnie des Indes. Ces marins débarquèrent en migrants temporaires et pour des séjours brefs. Ils représentent, en 1950, une faible proportion de la population Africaine. Par la suite, le remplacement du charbon par le mazout a pour conséquence la diminution de leur embauche car les Comoriens occupaient les métiers à faible niveau de qualification (soutiers). Ils deviennent alors dockers par défaut. Ces navigateurs sont les individus fondateurs de l’immigration Comorienne à Marseille. Originaire dans leur majorité de la Grande Comore, ils ont quitté cette île alors qu’elle était toujours Française. Dès 1970, on assiste aux premiers regroupements familiaux qui initient une migration massive durant toutes les années 80. Ainsi, parmi les nombreuses populations présentes à Marseille, la communauté Comorienne est en train de devenir l’une des plus importantes. Dans le département des Bouches-du-Rhône, la population Comorienne est actuellement évaluée à près de 70 000 individus organisés selon une structure sociale calquée sur leur système originel de regroupement en “villages”. Si les échanges au sein de cette population sont courants, il n’en est pas de même, pour le moment, en ce qui concerne les échanges avec les autres populations présentes à Marseille (Direche- Slimani K, 2002).

32

Les patronymes.

Le nom se prête particulièrement à une approche pluridisciplinaire. Il s’agit d’un élément universel, tout individu est porteur d’un nom qui le désigne au sein de la communauté. Mais, il est aussi le reflet de pratiques culturelles, le nom ne sera pas le même, il ne sera pas transmis selon le même mode et selon les différents groupes humains. Le passage du nom individuel au nom de famille ne s’est pas réalisé de la même manière selon les sociétés. En Europe, dans de nombreux pays , le nom de famille est ou a été un « patronyme », mais parfois un « matronyme », et parfois aussi un composé du nom du père et de celui de la mère. Le nom, présent dans toute population historique, depuis des siècle, sous toutes les latitudes, peut être sujet d’étude pour le sociologue, l’historien, le démographe, le généticien, l’anthropologue. Il se prête à des études qui prennent en considération la dimension spatiale, la profondeur chronologique, la dimension sociale ou culturelle, ou peut être considéré comme un marqueur biologique (Brunet G, 2001). Les Comores ont une particularité intéressante : les noms patronymiques ne sont composés que d'un prénom.

La notion de nom ou de prénom n'existe pas pour les comoriens. Elle leur a été imposée. Pour compliquer la chose, le prénom du fils aîné est très souvent celui du père, celui du cadet de l'oncle paternel, celui du benjamin du grand père ou d'un oncle maternel. Dès 1820, pendant la colonisation des Comores, des fonctionnaires français débarqués dans les 4 îles ont bien tenté d'y imposer un état civil. Sans trop de succès, étant donné la complexité des filiations. La transmission des patronymes comoriens n’étant pas rigoureuse, nous n’avons pas pu les utilisés comme marqueur biologique.