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DEFINITIONS CONCEPTUELLES

2- L’ESPACE PUBLIC :

Le mot public apparaît au XIV ème siècle, il renvoie à « rendre public », à publier, du latin publicare. Cela suppose un élargissement de l’espace commun et l’attribution d’une valeur normative à ce qui est accessible à tous.

Les espaces publics (rues, places, parcs,…) sont des objets de la plus haute importance pour les collectivités urbaines, en plus qu’ils soient le domaine d’ingénieurs, d’architectes et d’urbanistes, les sciences sociales (géographie, science politique, sociologie…) contribuent aussi à la compréhension et à l’explication de cet aspect de la réalité urbaine.

La forme urbanistique de l’espace public peut être définie comme étant un réseau des rues, ruelles, boulevards, places, autoroutes…etc. ces réseaux irriguent le quartier des zones et des équipements dont l’architecture s’impose avec force à l’espace public. Les réseaux d’espace public comprend encore les espaces verts qui selon leur grandeur, sont eux aussi traversés par des rues et autre voies.

31 Grégoire Chelkoff et Jean-Paul Thibaud « l’espace public, modes sensibles : le regard sur la ville », Les Annales de la recherche urbaine. n° 57-58, Espaces publics, Décembre 1992- mars 1993, pp.7-16

32 G. Perec, « Espèces d'espaces », Paris, Ed. Galilée, 1985.

33J.F. Augoyard, « Du lien social à entendre », Actes du XIIIe colloque de l'AISLF : Le lien social, Genève, Université de Genève, 1989.

34M. Dufrenne , « L'oeil et l'oreille », Paris, Ed. Jean-Michel Place, 1991.

35 G. Chelkoff . et al., « Entendre les espaces publics », Grenoble, Cresson, 1998.

Route, rue, avenue, allée, boulevard, place, square, sont des mots clairs qui désignent au départ un espace physique et des formes urbaines. La conception des formes urbaines pose généralement comme principe qu’un espace est public quand il est ouvert à tous, c'est-à-dire on peut y être physiquement présent et y circuler librement et il serait privé quand son accès est contrôlé et réservé à certaines populations.

Selon Grégoire CHELKOFF et Jean-Paul THIBAUD 31 Cette partition de l'espace urbain est loin d'être aussi évidente qu'elle en a l'air au premier abord. Appliqué à l'espace, le critère d'accessibilité repose sur l'idée implicite que le seul moyen d'accéder à un lieu est d'y être physiquement présent, que c'est la libre circulation du corps dans l'espace qui rend ce dernier

"public". Or il ne s'agit là que d'un mode d'accès parmi d'autres puisque l'espace urbain n'est pas une entité en soi mais qu'il existe au contraire des "espèces d'espaces" Pérec 32. En effet, notre corps habite l'espace au moyen de chacun de ses sens, espace visuel bien sûr, mais aussi sonore, tactile ou olfactif. Plutôt que de parler d'espace public au sens abstrait et totalisant du terme il semble plus pertinent d'interroger la diversité des espaces sensoriels Augoyard 33.

Les caractéristiques de l'environnement construit n'ont pas une efficace identique d'un sens à un autre, elles délimitent et configurent l'espace public de façon différente selon la modalité sensorielle que l'on considère. Un lieu peut m'être partiellement accessible sans que mon corps y soit nécessairement présent car "les sens mêmes qui mesurent la proximité, qui éprouvent la présence, sont des sens `à distance" Dufrenne 34. Voir à travers une paroi transparente ce qui se passe dans la rue, entendre de l'intérieur du logement une conversation qui se tient dehors sont autant de modes d'accès potentiels à l'espace public. Si j'ai accès à un espace par plusieurs modalités, rappelons à ce propos que l'accessibilité sonore Chelkoff et al. 35, renverse parfois les perspectives et les limites strictes du privé et du public. L'accès physique, corporel et direct, se double d'un accès à distance et indirect.

Les espaces sensoriels se caractérisent plutôt selon leur "degré de porosité" c'est-à-dire selon les possibilités qu'ils offrent de percevoir des objets à distance. Ainsi, l'approche de l'espace public à partir de ses composantes sensibles permet d'interroger les présupposés d'unicité du mode d'accès à

36 Jean-Paul Thibaud, « Le baladeur dans l'espace public urbain, essai sur l'instrumentation sensorielle de l'interaction sociale ». Thèse de doctorat, Grenoble, I.U.G., 1992.

37 « Vivre et créer l'espace public » Par Michel Bassand, Anne Compagnon, Peter Güller, Dominique Joye, Véronique Stei. Presses polytechniques et universitaire romandes, CH- 1015 lausanne.

un lieu, d'imperméabilité des barrières physiques et d'homogénéité de l'espace urbain. Plutôt que d'assimiler trop rapidement la "publicité" d'un espace à son ouverture formelle, il convient alors de questionner les modalités sensorielles et les potentialités perceptives qui instrumentent notre inscription dans l'espace Thibaud 36.

D’après le livre Vivre et créer l'espace public 37, en plus du sensoriels notamment le visuel, le sonore, le tactile et l’olfactif ; les heures diurnes et nocturnes, les fins de semaines et les différents saisons, qui définissent les temporalités, viennent se combiner au sensoriels pour qualifier les ambiances des espaces publics.

L’ambiance de l’espace public est saisie par la temporalité urbaine. Cette temporalité génère des animations fort diverses, qui sont encore conditionnées par les caractéristiques sociales, religieuses, ethniques des populations des quartiers, et par les types d’activités des zones que les espaces publics irriguent. Toutes les caractéristiques de l’agglomération et/ou de la métropole.

Selon des degrés divers, participent à créer l’animation sociale d’une fraction d’un espace public.

L’ambiance de l’espace public doit encore être saisie par le sensoriel. Evidemment, le visuel qui implique les formes architecturales et urbanistiques, les matériaux de construction, le mobilier urbain, les perspectives, la vue plus au moins panoramique, la lumière. Le sonore n’est pas moins important, lui aussi est conditionné par la forme, les matériaux, le mobilier urbain, mais surtout par l’animation découlant des activités et des flux. Le tactile est lui aussi très significatif : les microclimats journaliers et saisonniers qui se constituent en fonction des formes, impliquent de l’humidité, de la chaleur, du vent…etc. le tactile est conditionné également par le revêtement du sol.

Enfin, n’oubliant pas l’olfactif qui dépendra de l’animation, des activités, de l’existence du végétale, de plans d’eau, de l’écoulement des égouts…etc.

Ainsi une rue dans une zone industrielle, ou d’affaire, de même qu’une rue dans un quartier populaire ou commercial aura une ambiance profondément différente. Les espaces publics innervent la totalité de l’agglomération urbaine et selon les quartiers, les zones ou les équipements qu’ils desservent ils sont différents. Le site, l’urbanisme et l’architecture, la culture et l’histoire, tous ces éléments donnent une identité et une ambiance différente à chaque espace public.

38 Jean-Paul Thibaud, tiré de l’article « Une approche pragmatique des ambiances urbaines» Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. Laboratoire Cresson UMR 1563 Ambiances architecturales et urbaines

3- LE LIEU:

Nombre de travaux contemporains, issus de la philosophie, de l’architecture ou de la géographie humaine, revisitent la notion de lieu et cherchent à fonder ce que pourrait être une

«topique». En soulignant le caractère concret et situé de l’expérience sensible, cette pensée du lieu se construit sur la base d’une critique de l’espace abstrait et objectif.

Le lieu se dit d’un espace qu’un corps occupe contrairement à l’espace conçu comme une étude homogène. Continu et divisible, le lieu procède d’un investissement corporel indissociable de son pouvoir d’orientation et d’expression.

Selon Jean-Paul THIBAUD 38 étant donné que le lieu est composé de forces autant que de formes, il possède une capacité à impulser des mouvements, moduler des allures et configurer des gestes, il ne se réduit en aucun cas à une enveloppe neutre et désaffectée, il habite le corps au même temps qu’il se laisse habiter par lui. Il en va de la manière dont le lieu se constitue comme unité indivise ayant un caractère qui lui est propre. Autrement dit, si le lieu convoque une architecture et ressortit à un agencement du cadre bâti, c’est par son ambiance qu’il trouve sa cohérence interne et son expression première. L’ambiance pourrait être définie comme l’incarnation sensible du (génie du lieu).

III. LE PAYSAGE:

Dans son sens étymologique, le paysage est l'ensemble des traits, des caractères, des formes d'un territoire, d'un « pays », d'une portion de l'espace terrestre, perçu par un observateur depuis un point de vue : il est donc une création, une interprétation de l'espace.

Dict. Robert : «partie d'un pays que la nature présente à un observateur »

Dict. Larousse: « vue d'ensemble d'une région » ou un « tableau représentant un site généralement champêtre»

Dict. Le petit Larousse: « étendue d'un pays qui s'étend à la vue »

Deux idées principales se dégagent donc de ces définitions : "partie d'un territoire" et

"vue" ou "observateur". Qu'il soit rural ou urbain, le paysage est une portion de l'espace qui se dessine sous nos yeux.

La notion de paysage se balance entre deux pôles :

Le paysage considéré comme la résultante de l'action conjointe de l'Homme et du monde vivant (animal, végétal, fongique, etc.).

Le paysage considéré comme la perception visuelle qu'on a de son environnement à perte de vue.

Pour chaque observateur, un paysage est la représentation mentale et individuelle d'une réalité, et chacun le regarde avec sa sensibilité propre à travers le filtre de son histoire personnelle, de sa culture et de ses centres d'intérêts. Il existe une multitude d'observateurs, porteurs de multiples regards sur l'espace qui les entoure. Un paysage ne sera pas perçu de la même façon par un urbain ou un rural, par l'habitant ou un touriste, par un agriculteur ou un architecte, car chacun d'eux entretient une relation particulière avec le monde. Par exemple un géographe y voit l'objet de ses études scientifiques, un artiste la toile de fond de son prochain tableau, un agriculteur n'appréhendent pas le paysage de la même façon pour lui le paysage est avant tout le cadre dans lequel s’inscrit son activité.

Le paysage est le résultat de la rencontre entre un regard et un espace. Pour chaque observateur, un paysage est la représentation mentale et individuelle d'une réalité, et chacun le regarde avec sa sensibilité propre à travers le filtre de son histoire personnelle, de sa culture et de ses centres d'intérêts.

Un paysage est une perception : c'est l'observateur qui, par son interprétation, donne une signification à ce qu'il voit.

Un paysage est subjectif : il est relatif à la position culturelle, affective, socio-économique, et même géographique de l'observateur ; pour une même région de l'espace, des points de vue différents (personnes, angles, distance) offriront des paysages différents.

Pour faciliter la lecture et la compréhension du paysage qui nous entoure, on peut le décomposer en deux composantes principales :

39 Christian Norberg-Schulz. « Genius loci : Paysage, ambiance, architecture ». Collection : Architecture, urbanisme.

Ed : Mardaga. P.35.