Partie 2 : mise en pratique du projet Lalilo
3/ L’enrôlement des élèves
3/ L’enrôlement des élèves.
Une fois le cadre défini par l'enseignant, la mise en place du projet doit se faire avec les apprenants. Le dispositif concerne six élèves, dont une élève à besoins particuliers. Nous avons expliqué le déroulement du dispositif en 2.I.b. Ainsi, deux groupes (A et B) de travail existent. L'enrôlement s’est donc fait en deux étapes. Le groupe A est celui de l’élève non-lectrice.
Une fois le dispositif Lalilo mis en place, nous avons fait le choix de travailler sous forme d’atelier décroché pour cette élève : 30 minutes par jour durant les heures de classe. En APC, nous lui avons expliqué le projet : tenter une nouvelle méthode pour elle, car elle-même avait manifesté son envie de parvenir à lire cette année. Nous avons redéfini ensemble les raisons et les motivations. Elle a ainsi commencé le projet en toute connaissance. Cela a participé à son enrôlement. Nous avons ensuite parlé du cadre de son travail. Quand ? Où ? Comment ? Le suivi? (cf partie 2 I/2.)
Les deux premières séances furent mouvementées. La prise en main, bien que faite en APC, n’était pas tout de suite acquise. Le dédoublement de l’enseignante n’a pas n’ont plus été chose aisée. Puis, dès la deuxième semaine, l’élève a identifié les moments de son activité décrochée. Elle se lève ainsi toute seule pour se rendre à son coin lecture. Elle sollicite aussi l’enseignante pour faire le bilan de fin de séance.
Le deuxième groupe est celui des cinq élèves déjà lecteurs (groupe B). Une première séance fut menée pour leur expliquer le projet et le cadre. Après les premières 30 minutes d’activité, nous avons fait un bilan collectif oral avec trois questions fermées (réponse par oui ou non). Les élèves répondent en levant la main aux questions. Les réponses indiquées sont les “oui”.
À l’issue de la première séance, tous les
élèves ont aimé l’activité. 80% voudraient recommencer plusieurs fois par semaine, et 60% pensent avoir appris quelque chose. Un bilan est fait après ce questionnaire. Nous avons échangé sur les activités, les compétences acquises et les modalités de travail. Nous avons reposé les mêmes questions après la séance 2.
À la fin de cette deuxième séance, et à la suite du bilan complet : 100% des élèves ont aimé l’activité, voudraient recommencer, et pensent avoir appris quelque chose. Un bilan sera toujours fait en fin de séance.
Pour rendre compte de l’enrôlement de nos élèves, nous avons aussi pris appui sur les données fournies par Lalilo en nous appuyant sur deux variables. La première est le temps réel
passé sur l’application, soit le nombre de minutes de travail effectif par rapport au temps de la séance de 30 minutes. Le temps de consigne, de connexions et de problèmes éventuels peuvent ainsi ne pas être pris en compte. La deuxième variable est celle du nombre d’exercices faits durant le temps de connexion réel. Ces deux variables seront traitées en parallèle.
Les données présentées ici sont celles relevées sur Lalilo pour chaque élèves.
Nous observons que lors de la séance 1, même si les élèves se sont dits motivés et impliqués lors du bilan personnel (ci-dessus), le temps de travail réel est faible pour quatre d’entre eux : 10 à 13 minutes. à ce stade, les causes ne sont pas forcément à imputer à un manque d’implication ou de motivation. Nous mettons en avant l’aspect découverte de cette séance. Ainsi, les élèves ont rencontré des difficultés, ont voulu naviguer sur les pages d’accueil et découvrir le monde ludique. Cela réduit d’autant le temps réel de travail. Une élève semble avoir eu une prise en main plus rapide : E25 avec 25 minutes de travail réel.
Le nombre d’exercices oscillent entre 5 et 15 pour les quatre élèves ayant le moins de minutes d’activité. E7 et E11 font 15 exercices quand, dans un temps similaire, E2 et E23 en font 5. Un tel écart s’explique par plusieurs facteurs. E2 et E23 étaient plus en difficulté face à la résolution technique des exercices : savoir comment valider sa réponse (faire glisser, cocher …), et savoir comment passer à l’exercice suivant (appuyer sur la flèche). Ils ont ainsi sollicité l’aide de l’enseignante plus souvent. De ce fait, le temps restant pour réaliser les exercices est plus court que pour un élève autonome. De plus, l’entrée dans les exercices fut plus compliquée. E2 et E23 ont nécessité des rappels au travail plus fréquents que les autres (pas d’action face à l’écran, le regard ailleurs). La motivation de ces deux élèves est donc remise en question à ce stade. E25 confirme ici son aisance en ayant fait 25 exercices.
La comparaison avec la séance 2 nous permettra de valider ou non nos hypothèses, et le questionnement sur l’enrôlement de E2 et E23.
Ainsi lors de cette séance, E7, E11 et E23 ont tous augmenté leur temps réel de travail sur Lalilo pour rejoindre E25 : entre 18 et 25 minutes. La prise en main et l’entrée dans l’application sont acquises, ce qui augmente le temps disponible pour travailler. Au regard de ces résultats, nous pourrions valider l’enrôlement de ces élèves. Entre la sortie du matériel, son rangement et la prise
en main, 25 minutes de travail réel semble être le maximum possible. La différence de quelques minutes s’explique par le temps différé d’aide individuelle pour entrer les mots de passe.
E2 a réalisé 32 minutes de travail réel. Nous expliquons cette différence pour la gestion de l’activité. E2 fut la première à avoir son matériel, puis la dernière à arrêter. En effet, elle a demandé des explications sur un exercice pendant que les autres rangent. Cela se confirme avec le deuxième graphique. Cette élève fait le même nombre d’exercices (25), que E25 dans un temps plus long. E2 a su entrer dans l’activité, après des débuts difficiles.
Si tous ont fait plus d’exercices, par rapport au nombre supplémentaire de minutes travaillées, E23 semble une fois de plus en retrait : 10 exercices faits. E11 l’est aussi : 15 exercices faits. Les autres oscillent entre 20 et 25. E11 fait un exercice toutes les 1,8 minutes. E23 en fait un toutes les 1,5 minutes. Tandis que E25 en fait un par minute. Le temps de réalisation est donc largement plus long pour E11 et E23. E23 est en retrait pour la deuxième fois, sa motivation ne semble pas acquises. De plus, celle de E11 paraît fragile.
Les données de la séance 3 confirment l’enrôlement de E2, E7 et E25. Nous signifions que la baisse du nombre d’exercices faits par E2 est proportionnelle à la baisse du temps de travail réel, elle-même justifiée par une organisation plus optimale de l’enseignante. E11 et E23 semblent être entrés dans l’activité. Leur temps d’activité (23 min) rejoint le temps moyen de la classe (24,6 min). Il en est de même pour leurs nombres d’exercices faits : 20 exercices contre 23 en moyenne. Nous pouvons confirmer les bilans personnels des élèves à l’issue de ces trois séances : tous sont motivés et impliqués.
Les conditions fixées pour la mise en application du projet sont : l'adaptation nécessaire au particularité de la classe, l’aspect pluriel des supports (numérique et non numérique) et l’explicitation de la démarche aux élèves.
IV/ Analyse des résultats après un mois d’utilisation de Lalilo
Nous évaluerons les progrès selon trois axes : le décodage, la fluence et la compréhension. Nous faisons le choix d’analyser les données des deux groupes différemment. Le groupe A est constitué d’une élève non-lectrice. Sa progression ne peut donc pas être comparée à celle des autres élèves de la classe. Une analyse individuelle est proposée. Nous présenterons ensuite l’évolution des compétences du groupe B, puis la comparerons à celle des autres élèves du panel n’ayant pas travaillé sur Lalilo (groupe C).