PARTIE 2 ETUDE DE TERRAIN : UN BESOIN D’AUTONOMIE DE L’ENSEIGNANT 28
1. L’enquête et sa méthodologie 29
En terme d’analyse de terrain le choix a été fait de mettre en place une enquête basée sur des entretiens semi-‐directifs. L’objectif étant de mieux comprendre les pratiques des enseignants et les raisons de celles-‐ci en allant puiser l’information au plus près, car « l’enquête par entretien est ainsi particulièrement pertinente lorsque l’on veut analyser le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques » (Blanchet, Gotman, & Singly, 2007, p. 24). Cette enquête m’a permis de mieux délimiter le sujet et de comprendre les réels enjeux qui se placent derrière une intégration d’Internet dans le métier de professeur des écoles.
Pour ce qui est de la méthodologie de l’enquête et de la justification de mes choix je me suis principalement basée sur deux manuels : L’entretien de Alain Blanchet et Anne Gotman (2007) et Les méthodes de l’entretien en Sciences Sociales de Romy Sauvayre (2013), ainsi que sur les cours de méthode de recherche auxquels j’ai pu assister au long de mon cursus (Bourgin, 2014-‐2015). Le croisement de ces différentes sources m’a permis d’avoir un point de vue à la fois analytique et pratique sur l’entretien et sa mise en place.
Cette enquête se place dans un usage principal en se référant à la typologie des usages de l’enquête par entretien proposée par Blanchet et Gotman qui se définira comme une enquête où « le plan d’entretien, lui-‐même structuré, sera élaboré pour que les données produites puissent être confrontées aux hypothèses » (Blanchet et al., 2007, p. 42).
1.1. Echantillonnage
La population dans lequel le corpus a été réalisé concernait les enseignants en élémentaire de la circonscription Fontaine-‐Vercors. Le choix des enseignants s’est
principalement fait par la méthode de « proche en proche » (Blanchet et al., 2007, p. 53), en tentant de respecter une certaine diversité dans l’ancienneté (figure 3) et une
représentativité dans la répartition des genres9 (figure 2). Ce sont donc des personnes dans un cercle certes restreint qui ont été interrogées, mais qui permet de montrer des tendances et aussi de comprendre leurs interactions.
Le corpus était donc composé de huit personnes, trois hommes et cinq femmes, chacun disposant d’une ancienneté différente dans la profession. Au niveau des fonctions, les huit sujets sont instituteurs, dont deux directeurs. Selon leurs disponibilités, certains ont été interrogés à leur domicile, d’autres dans leur bureau ou encore leur salle de classe. Ceci peut avoir une influence sur les réponses qu’il faudra prendre en compte, car : « dans son bureau, l’interviewé s’inscrit davantage dans un rôle professionnel qui facilite la production d’un discours soutenu et maîtrisé sur des thèmes opératoires » (Blanchet et al., 2007, p. 68). Ce qui est à modérer avec le fait que les enseignants exercent la moitié de leur temps de travail au domicile.
Dans un souci de confidentialité, les personnes ayant participé ne seront citées que par le numéro de leur entretien (‘E…’). Pour plus de détails sur chacun des sujets interviewés, un fichier est disponible en annexe10.
Figure 3 : Sexe des enseignants interrogés
Homme 37% Femme
63%
Genre des sujets
15 32 8 16 24 2 20 21
E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7 E8
Temps de carrière des sujets
(en années)
1.1.1 Connaissances préalables
Mes connaissances préalables restaient limitées à mes connaissances personnelles et mes imaginaires, mes recherches sur l’éducation et au peu d’enquêtes que j’avais pu lire au préalable. Je restais donc ouverte, prête à apprendre tout au long de l’entretien face à un « informateur privilégié » (Sauvayre, 2013, p.5). Mais ma relative connaissance du terrain, due à des connaissances de cercle privé, m’a tout de même permis de ne pas manquer de sérieux face à l’enquêté.
Une difficulté a été de s’approprier le vocabulaire enseignant pour aboutir à un entretien pertinent. Par exemple, le terme « manuel » n’a pas forcément la même acception pour un universitaire et un enseignant. Une phase de recherche et de discussion au préalable a donc été importante pour avoir une crédibilité relative et de se faire comprendre auprès des interviewés.
1.2. L’entretien
1.2.1 La grille d’entretien
Une grille d’entretien semi-‐directif a été mise en place afin d’encadrer et diriger la discussion. Après une première réalisation, elle a été testée sur des proches enseignants, non présents dans l’analyse, puis modifiée en conséquence avec la prise en compte de leurs préconisations. Ceci a permis l’aboutissement d’une grille d’entretien finale11. Comme le dit Romy Sauvayre « le guide d’entretien peut ainsi subir diverses évolutions et changements au cours de l’enquête » (2013, p. 18) ; il est en effet arrivé que certaines questions évoluent au fur et à mesure des entretiens, afin d’approfondir certaines questions omises au préalable ou au contraire de supprimer des sujets non pertinents. Cette grille présente l’évolution de l’entretien en trois parties. La première traitant de questions relatives à l’exercice du métier en général, afin de mettre le sujet en confiance et de rentrer dans le processus de réflexion. Une deuxième partie centrée sur les outils permettant l’accès à l’information, et une dernière traitant de l’échange de pratiques et de la collaboration entre enseignants pour la préparation des cours.
1.2.2 Transcription
Les entretiens ont été enregistrés à l’aide d’un dictaphone et la transcription a été faite à la suite des entretiens en partie avec l’aide du logiciel Dragon dictate. L’ensemble des transcriptions se trouve en annexe 312.
Il faudra bien rappeler qu’un entretien n’est pas une observation et donc que les résultats obtenus ne reposent que sur les dires des sujets interrogés et ne sont donc pas scientifiquement représentatifs de leurs pratiques réelles, seulement de la façon dont ils les perçoivent.