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6.3.1 Règle du fédéralisme monétaire

Les autorités monétaires décident d’infléchir la politique monétaire en faveur du pays en diffi-culté, soit le régime fédéral.

Le taux d’inflation est défini par :

πF M= k(ˆλ+θλ3)

1 +θ + ǫ3(ˆλ+ 3θλ3)

1 +θ+α(ˆλ+θλ3) (122)

Le produit est défini par :

yF M= ǫ3(θ(2αλ3−1)−1)

1 +θ+α(ˆλ+θλ3) (123)

Les fonctions de pertes espérées nationales sont définies par :

W1F M =1 2[( k

1 +θ)21(1 +θ)2+ (ˆλ+θλ3)2) +σǫ23(1 +α2λ1)(ˆλ+ 3θλ3)2

9(1 +θ+α(ˆλ+θλ3))2 ] (124)

W2F M =1

La fonction de perte sociale est définie par :

INF M) = 1

Il s’agit ici de voir dans quelle mesure le pays 3 peut trouver des alliances sous le régime fédéral afin de répondre au problème de stabilisation du choc dont il est affecté sous le régime coopératif.

Proposition 4 :

Dans le cas d’une hétérogénéité élevée entre les insiders, il est dans l’intérêt en terme de bien-être du pays le plus conservateur de favoriser l’entrée du pays outsider dans l’Union : l’élargissement de l’Union n’est donc plus remis en question, le régime fédéral permettant alors de stabiliser le choc asymétrique du pays en difficulté.

Démonstration :

On poseΓ123)comme le différentiel entre le régime fédéral relativement au régime centralisé.

=⇒Au niveau de la zone :

Fig.16 – Différentiel de pertes pour la zone

Le régime fédéral améliore le bien-être de la zone relativement au régime centralisé lorsqueλ2 >

2.169.

=⇒Au niveau national :

•Situation du pays 1 :

Γ1 123)= 1 2[( k

1 +θ)2θ(λ3−ˆλ)((2+θ)ˆλ+θλ3)+1

ǫ23(1+α2λ1)(( λˆ+ 3θλ3

1 +θ+α(ˆλ+θλ3))2−( ˆλ 1 +αλˆ)2)]

(130)

Γ(1,λ1 2,1.5)= 0⇐⇒λ2≈2.419 (131)

Fig.17 – Différentiel de pertes pour le pays 1

Le régime fédéral améliore le bien-être du pays 1 relativement au régime centralisé lorsqueλ2 >

2.419.

•Situation du pays 2 :

Γ2 123)= 1 18[( k

1 +θ)2θη4+1

ǫ23(1 +α2λ2)(( 3(3(ˆλ+ 3λ3θ))

3(1 +αλˆ+θ(1 +αλ3)))2−( 9ˆλ

3(1 +αλ)ˆ )2)] (132)

avec :η4= (2λ3−(λ12))((2 +θ)(λ12) + 2(1 + 2θ)λ3)

Γ(1,λ2 2,1.5)= 0⇐⇒λ2≈2.936 (133)

Fig.18 – Différentiel de pertes pour le pays 2

Le régime fédéral améliore le bien-être du pays 2 relativement au régime centralisé lorsqueλ2 >

2.936.

•Situation du pays 3 :

Γ3 123)= 1 2[( k

1 +θ)2θ(λ3−ˆλ)((2+θ)ˆλ+θλ3)+1

ǫ23( η5

(1 +θ+α(ˆλ+θλ3))2−ˆλ2+ (3 + 2αλ)ˆ 2λ3

(1 +αλ)ˆ 2 )]

(134)

avec :η5= ˆλ(6λ3(θ+ 2α(1 +θ)) + ˆλ(1 + 4α2λ3)) + 9λ3(1 +θ(2 +θ(1 +λ3)))

Γ(1,λ3 2,1.5)= 0⇐⇒λ2≈0.759 (135)

Le régime fédéral améliore le bien-être du pays 3 relativement au régime centralisé lorsqueλ2 >

0.759.

Notons que siλ2>2.936, relativement au régime centralisé le régime fédéral améliore le bien-être de la zone ainsi que celui de chaque pays.

Or, en définitive, lorsque2.169< λ2<2.936, le régime fédéral améliore le bien-être de la zone ainsi que celui du pays 1 et 3 relativement au régime centralisé, contrairement au pays 2. Sous cette

Fig.19 – Différentiel de pertes pour le pays 3

Fig.20 – Différentiel de pertes

condition, il est donc dans l’intérêt du pays 1 d’accepter l’entrée du pays 3 dans l’Union, malgré la volonté du pays 2 de l’en exclure. Le pays 1 préfère s’allier avec le pays 3 sous le régime fédéral relativement au régime centralisé malgré le coût supplémentaire en terme de bien-être induit par le choc asymétrique du pays 3 ; plutôt qu’avec le pays 2 avec lequel il ne partage plus les mêmes préférences en matière de stabilisation du produit relativement à celle de l’inflation : l’écart des préférences entreλ2 et λ1, c’est-à-dire l’hétérogénéité entre ces deux pays est alors trop élevée.

En d’autres termes, si l’hétérogénéité des préférences entre les pays fondateurs est importante, c’est-à-dire si l’un est tourné vers l’objectif explicite de l’inflation et l’autre vers celui, implicite, de la croissance, l’effet négatif du choc asymétrique du pays outsider devient un problème de second plan puisqu’il peut former une alliance avec l’un des pays fondateurs, et notamment ici le pays 1, relativement plus conservateur que les autres. Si ce dernier est influent en matière de décision de politique monétaire, par exemple au sein du Directoire, l’entrée du pays 3 ne sera alors plus compromise dans l’Union. Cette influence est donc perçue ici comme bénéfique puisqu’elle tente de répondre aux attentes d’un pays en difficulté. En d’autres termes, le fédéralisme monétaire a orienté les pressions possibles de façon positive.

Le fait que les pays fondateurs ne soient plus axés sur les mêmes objectifs explique pourquoi l’en-trée du pays 3 n’est plus compromise : le pays 1 est d’accord pour intégrer le pays 3 en dépit du coût en terme de bien-être associé au choc asymétrique car les préférences du pays 2, privilégiant dès lors l’objectif de soutien à la croissance et non plus celui de la stabilité des prix fait peser le risque d’un biais inflationniste important pour l’Union en raison de chocs de spécialisation dont pourraient être affectés le pays 2.

En outre, il y aura tout simplement un conflit d’intérêt en matière de décision monétaire puis-qu’un pays tourné vers l’inflation souhaitera une politique monétaire restrictive tandis que l’autre une politique monétaire expansionniste afin de soutenir la croissance. La persistance de l’hété-rogénéité en zone euro, soutenue ou non par son élargissement progressif laisse craindre ainsi de nombreux désaccords en terme de décision monétaire avec des pays outsiders dont les structures, les spécialisations et donc les préférences implicites sont différentes.

7 Conclusion

D’un point de vue théorique, dans la lignée des travaux précédents, en démontrant le coût d’un régime centralisé par rapport à un régime coopératif, nous confortons dans un premier temps l’idée que le régime coopératif est le régime optimal en terme de bien-être à l’échelle de la zone. Or, nous démontrons qu’il existe sous ce régime un conflit d’intérêt entre les pays membres eux-mêmes entre le maintien d’un degré de conservatisme et la stabilisation d’un choc d’offre asymétrique.

L’entrée dans l’Union d’un membre aux caractéristiques différentes peut ainsi être compromise.

En effet, s’il est moins conservateur que les autres membres, l’entrée d’un pays en difficulté sous une politique monétaire coopérative sera contestée par les membres fondateurs, en raison du coût supplémentaire du choc asymétrique en terme de bien-être qui affecte la zone. En outre, notons que plus la variance du choc est élevée, et plus son entrée sera compromise : les autorités monétaires sont donc confrontées à un blocage du processus d’élargissement de l’Union, une Union monétaire à trois membres n’étant pas stable sous une politique monétaire coopérative lorsque le pays en difficulté est moins conservateur que les pays fondateurs. Sachant qu’une politique monétaire cen-tralisée est néfaste en terme de bien-être pour l’Union dans son ensemble, aucun des deux régimes traditionnels n’est alors satisfaisant en terme de bien-être.

Il s’agit ensuite d’analyser les implications en terme de bien-être d’une règle monétaire fédérale.

Si le pays en difficulté est plus conservateur que les autres membres, le régime fédéral corrige les inefficacités du régime centralisé tant à l’échelle de la zone qu’au niveau national, ce qui ne remet pas en cause l’entrée de ce dernier dans l’Union. Or, dans le cas contraire, aucune solution n’est satisfaisante en terme de bien-être. Nous approfondissons donc ici l’analyse en introduisant une hétérogénéité des préférences entre tous les pays membres, et non plus seulement pour le pays en difficulté. En particulier, nous démontrons alors dans un contexte d’hétérogénéité élevée dans l’Union qu’il est dans l’intérêt en terme de bien-être du pays fondateur le plus conservateur des pays membres de favoriser l’entrée du pays outsider dans l’Union sous le régime fédéral afin de répondre au problème de stabilisation du choc dont il est affecté : la zone dans son ensemble y gagne alors en bien-être relativement au régime centralisé. Le régime fédéral représente ainsi une réponse possible aux dilemmes de politique monétaire posés sous les régimes monétaires tradition-nels.

En définitive, le fédéralisme monétaire répond en ce sens au problème de biais national évoqué par Meade et Sheets (2002) : les autorités monétaires, vues non pas comme une entité à part entière mais bien comme des individus rattachés au pays auquel ils appartiennent, ne seront plus menacées

par le risque d’être guidées par des considérations d’ordre national par un groupe de pays. En effet, la condition du fédéralisme monétaire, s’il est appliqué, est d’être décidé d’un commun accord par l’ensemble des gouverneurs et sur la base d’informations crédibles pour être efficace. Vu comme un complément, et non un substitut à la coordination des politiques économiques, le fédéralisme monétaire devient une solution alternative dans le cas d’une stabilisation inefficace des chocs : en d’autres termes, il dote la politique monétaire d’un recours supplémentaire en cas de crise pour une région de l’Union qui serait affectée plus durablement par des chocs asymétriques. Ce modèle démontre en effet que les pays fondateurs de l’Union n’ont plus à craindre l’entrée de pays dans l’Union ayant des caractéristiques structurelles et institutionnelles différentes : en particulier ici, dans le cas d’une zone composée de membres ayant des préférences en matière de stabilisation de l’inflation et du produit fortement divergentes, un des deux insiders, le pays 1, a un intérêt en terme de bien-être à favoriser l’entrée du pays 3 dans l’Union, l’outsider, en dépit du choc dont il est affecté. On peut dès lors penser que le pays 2, qui ne peut envisager de sortir de l’Union, pourrait accepter cette situation si celle-ci n’est que provisoire puisque le régime fédéral répond dans ce cas à la stabilisation du choc du pays en difficulté, contrairement aux régimes traditionnels, qui empêchait l’élargissement de l’Union. La poursuite des recherches s’orienterait ainsi dans une analyse dynamique prenant en compte l’introduction du temps vers le fait que le fédéralisme monétaire soit envisagé comme une solution de court terme : s’il ne menace pas l’intérêt des insiders sur le long terme, il peut être de ce fait un compromis acceptable pour les pays membres, dans le but de stabiliser une Union monétaire hétérogène élargie.

8 Références

Grégoriadis, N. (2007), "Un modèle simple de fédéralisme monétaire", LEO, Document de re-cherche N˚ 2007-03.

Wyplosz, C. (1999), "Towards a more perfect EMU", CEPR Discussion Paper N˚ 2252.

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