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L’empowerment individuel et collectif

CHAPITRE 5 : LES RETOMBÉES DES ENTREPRISES D’ÉCONOMIE SOCIALE

5.2 Les retombées selon les organismes de soutien

5.2.1.1 L’empowerment individuel et collectif

Les entreprises d’économie sociale favorisent davantage la valorisation des populations en leur fournissant des outils de renforcement individuel. Cette forme d’intervention se traduit par l’empowerment individuel. « Ce terme est utilisé pour désigner, d’une part, la capacité d’agir concrètement et de façon autonome et, d’autre part, le processus pour atteindre cette capacité d’agir. L’expression « capacité d’agir » parle de compétence de choisir, de décider et d’agir. » (INSP, 2002)

[C’est] sûr qu’il y a la valorisation des personnes, la prise en charge, l’empowerment, je pense que c’est fondamental. Au lieu seulement de donner un service et d’aider dans une action charitable, tu aides autrement en donnant des outils, tu apprends à pêcher plutôt que de donner du poisson. Moi je pense que c’est ça qui est majeur au niveau social (FG 57).

Les entreprises d’économie sociale peuvent constituer un lieu de « densification du social » où les populations se cimentent en entrant en contact avec d’autres personnes vivant des situations similaires aux leurs. La réussite d’une personne a un impact important sur les autres.

Quand on se dit : je ne suis pas seul dans cette situation, il y en a d’autres qui l’ont vécu et s’en sont sortis ou ils ont pu progresser grâce à tout le support qu’il y a dans le système de l’économie sociale, ça m’encourage à aller plus loin. Donc c’est un peu l’effet multiplicateur […] » (FG 56).

Le fait de devoir payer pour les services, même s’ils sont souvent à moindre coût, contribue à préserver la dignité des bénéficiaires. Pour les répondants, la gratuité sous-entend une incapacité du bénéficiaire à payer pour ses services. « [L]’impact social entre les deux (entre la gratuité et les services payants) c’est la dignité des personnes. C’est que quand tu donnes un service gratuitement, c’est plus difficile à aller le chercher, que si tu le paies » (FG 53).

Le cas des entreprises d’insertion sociale est une bonne illustration de ce principe de dignité. Les personnes au chômage participent aux activités de l’entreprise et en contrepartie, elles reçoivent une compensation financière. Cette participation combine travail payant et bénévolat, les bénéficiaires étant en même temps employés de l’entreprise. Ainsi, non seulement leurs activités leur permettent de gagner leur vie en leur fournissant un travail et une expérience professionnelle, mais aussi elles leur offrent la possibilité de se réaliser socialement en s’investissant dans des actions citoyennes. Cet épanouissement personnel procure une satisfaction personnelle et constitue un des principaux impacts de l’action des entreprises d’économie sociale. « C’est une entreprise d’économie sociale, les bénéficiaires ressemblent plus à des bénévoles-travailleurs qu’à des bénévoles. Ils viennent faire du bénévolat-travailleur, parce qu’ils ont des horaires fixes, ils ont une tâche fixe à faire dans certains services […] » (FG 57).

Les répondants considèrent que la notion d’assistance métamorphose l’aide passive en un soutien participatif et valorisant. Les entreprises d’économie sociale, par l’insertion en emploi comme travailleur ou comme bénévole prestataire de chômage, créent, développent et maintiennent l’estime de soi des individus et les liens sociaux de la communauté. Le but ultime vise le renforcement de leur capacité à prendre leur avenir en main.

5.2.2 Les retombées économiques

Selon les répondants, ce secteur contribue à améliorer les conditions économiques des populations. Pour mieux valoriser les résultats des entreprises d’économie sociale, il convient donc de mettre l’accent aussi bien sur leurs aspects sociaux que sur leurs contributions économiques. L’impact de l’économie sociale n’est pas seulement social. « On dit qu’on veut valoriser l’économie sociale, on dit qu’on veut la faire connaître […] dans la tête des gens l’économie sociale c’est rien que le social […], mais il y a un impact économique qui est majeur, ça fait vivre beaucoup de monde » (FG 51).

Selon les participants, les retombées des entreprises d’économie sociale, prises sous l’angle économique, offrent des perspectives non négligeables. Ces organisations représentent un potentiel économique notamment dans le domaine du tourisme : « Il y a un impact économique terrible des entreprises d’économie sociale. Tu as tout un pan de l’économie au niveau touristique, si vous enlevez les entreprises d’économie sociale, il n’y a plus de tourisme ici » (FG 51). Il semblerait que l’espace touristique de la région soit fortement occupé par les entreprises d’économie sociale.

Sur le plan financier, d’autres secteurs comme la finance et l’agroalimentaire s’inscrivent aussi dans cette dynamique économique : « […] au niveau financier, tu as les caisses populaires qui sont là-dedans. Au niveau agroalimentaire, c’est encore la même affaire », selon ce répondant (FG 51). L’industrie du bois contribue également, dans une large mesure, au développement de l’économie sociale : « Le secteur du bois, si vous enlevez les entreprises, les coops du secteur du bois, il ne reste pas grand-chose, l’impact économique est majeur […] » (FG 51).

Les répondants ont ainsi énuméré des domaines dans lesquels les entreprises d’économie sociale sont présentes. Parallèlement, ils ont insisté sur l’apport économique des entreprises d’économie sociale dans la région. Cependant, cette participation demeure moins connue, car elle se situe à l’ombre de celle des entreprises privées. La raison pour laquelle la participation des entreprises d’économie sociale est méconnue est due au fait que leur contribution n’est pas suffisamment quantifiée. C’est d’ailleurs pour pallier ce manque qu’un répondant propose de faire apparaître la part de l’économie sociale dans l’économie régionale.

On travaille tellement avec des entreprises en économie sociale, dans le fond il y a l’entreprise privée qui en fait une partie, mais tu as aussi les entreprises en économie sociale qui font un autre bout et l’impact est majeur. Il serait intéressant, un moment donné, de dire l’apport de l’économie sociale dans l’économie régionale c’est tant de pour cent (FG 51).

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