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4. LA DIMENSION DE L ’ EMPLOYABILITÉ

4.9 L’emploi et la communauté

En plus d’avoir ses propres employés, la coopérative fournit également de l’emploi à des entreprises du milieu. En effet, la coopérative doit faire appel à des entrepreneurs pour le projet d’hébergement à court terme, lequel constitue un projet d’envergure assez importante. Au total, environ huit organismes seront impliqués pour ce projet et les soumissions effectuées tiennent compte, pour la plupart, de la réalité non lucrative de la coopérative, c’est-à-dire que les prix sont

un peu moins chers. Cependant, ce ne sont pas toutes les entreprises qui offrent un rabais ou un escompte lorsque leurs services sont sollicités par une coopérative. De plus, certains fournisseurs accordent des réductions à l’entreprise puisqu’elle dessert des personnes dans le besoin. Trois fournisseurs en particulier lui allouent des escomptes ; le premier parce que c’est une coopérative, le second parce que l’entreprise effectue ses achats dans le milieu et le troisième parce qu’elle est membre de la Fédération des coopératives de services à domicile du Québec.

La coopérative fait de son mieux pour répondre aux besoins non comblés manifestés par les utilisateurs. Le projet d’hébergement, entre autres, permettra de pallier à un manque de ressources disponibles pour les personnes en convalescence. Cependant, l’entreprise a reçu à quelques reprises une demande qui ne peut être répondue. En effet, certains utilisateurs ont manifesté le besoin pour de la surveillance de nuit (souvent appelé « gardiennage »), mais ce projet n’est pas accessible, du moins pour le moment. Les coûts seraient inimaginables. La coopérative pourrait répondre à ce besoin, mais il faudrait payer très cher les employés et ce serait un service difficile à rentabiliser.

Tel que mentionné précédemment, la coopérative a permis la création de 99 emplois. Parmi ceux- ci, il n’y a que cinq hommes. Cette proportion est plus faible que la normale puisque les personnes de sexe masculin représentent 10 % de la main-d’œuvre dans les EESAD (Comité sectoriel de la main d’œuvre ESAC, 2001). Selon les dernières données disponibles, la population active de la MRC du Domaine-du-Roy est de 15 720 personnes et celle de la Communauté-Urbaine- de-Montréal9 est de 937 225 personnes (Institut de la statistique du Québec, 2003a et c). Le nombre d’emplois créés par la coopérative dans son milieu équivaudrait donc à près de 6 000 emplois créés dans la région de Montréal. Cette statistique permet de constater le très grand impact de l’entreprise au niveau de la création d’emplois dans la MRC. La création d’autant d’emplois provient de la croissance fulgurante de la coopérative, laquelle peut être constatée par l’augmentation marquée du nombre d’heures de services rendues à chaque année. Le Graphique 1, présenté à la page suivante, permet de visualiser cette évolution.

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Les dernières données officielles disponibles sont celles du recensement de 2001. L’Institut de la statistique du Québec utilise le territoire de la Communauté-Urbaine-de-Montréal pour présenter les données datant de 2001 relatives à cette région métropolitaine de recensement. La Communauté-Urbaine-de-Montréal a le statut juridique de TE, soit un territoire équivalent à une MRC. Cependant, il est à noter que le 1er janvier 2001, la Communauté-Urbaine-de-Montréal est devenue la Communauté métropolitaine de Montréal, laquelle est également un TE. Par conséquent, lors du prochain recensement, les données seront présentées en fonction de la Communauté métropolitaine de Montréal plutôt que la Commaunauté- Urbaine-de-Montréal.

GRAPHIQUE 1

Croissance annuelle des heures de services rendues

Croissance annuelle des heures de services rendues

0,00 10 000,00 20 000,00 30 000,00 40 000,00 50 000,00 60 000,00 70 000,00 80 000,00 90 000,00 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 Année Nombre d 'heu res de services

Un dernier point important à mentionner en lien avec l’employabilité est le rôle joué par les préposés à l’aide à domicile auprès des personnes âgées sur le plan relationnel. En effet, en plus de leur procurer des services de nature diverse, dits facturables, les préposés assument souvent des fonctions d’écoute et de soutien. Tel que mentionné par Vaillancourt, Aubry et Jetté (2003 : 152-153) :

Mais pour les personnes âgées en perte d’autonomie ou les personnes ayant des incapacités, nous faisons l’hypothèse que les services d’aide domestique peuvent être considérés comme faisant partie d’une aide relationnelle. D’une part, les personnes ainsi aidées sont présentes et souvent participantes à la production du service, d’autre part, elles sont parfois si isolées que les préposées à l’aide à domicile sont les seules personnes qu’elles rencontrent quotidiennement. Dans ce contexte, les préposées reçoivent des demandes d’attention, de communication, d’information et parfois même de référence, qui relèvent autant, sinon plus, des services relationnels que des services matériels. Il est plus probable que cette dimension ne soit pas reconnue institutionnellement dans les rapports de travail.

Et encore :

Les commentaires recueillis auprès de certains usagers démontrent que les personnes se réjouissent non seulement du travail d’entretien ménager accompli par la préposée, mais aussi de la visite et de l’échange qu’il peut susciter. La relation qui se construit alors semble avoir des répercussions sur le bien-être des personnes âgées, du moins dans sa dimension sociale et affective. […] En termes économiques, cette dimension relationnelle constitue ce qu’on pourrait qualifier « d’externalité positive » puisque ce « supplément d’âme » n’est pas intégré dans le coût de revient ni dans le prix fixé pour le service. Cette facette du travail, souvent méconnue, fait donc appel au don de soi et semble porteuse de sens pour les préposées.

Vaillancourt, Aubry et Jetté, 2003 : 178-179

Force est donc de souligner le rôle notable exercé par les préposés auprès des personnes âgées et des personnes ayant des incapacités sévères. Le développement d’une relation d’amitié entre le travailleur et l’usager peut expliquer en bonne partie pourquoi ce dernier désire que ce soit la même personne qui lui procure les services dont il a besoin à chaque fois qu’il fait appel à l’entreprise. Il importe donc de sélectionner les employés des entreprises œuvrant dans les services d’aide à domicile non seulement en fonction de leurs compétences en matière de production de services, mais également en fonction de leurs capacités sociales et relationnelles.

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