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L’élevage bovin en RCA, une vieille histoire

L’histoire de l’élevage de gros bétail en Centrafrique est très ancienne car elle remonte aux premières arrivées de quelques grandes fractions ethniques peules depuis 1920 en provenance du Nigeria via le Cameroun (Chauvin & Seignobos, 2013) même si l’installation des premiers éleveurs par l’administration coloniale au nord de Baboua (Nana-Mamberé) remonte à 1925, car il s’y trouverait avant cette date des éleveurs dans la vallée de la Mberé au Nord-Ouest du pays (Boutrais, 1988).Cette vague d’immigration va se poursuivre par la suite et les éleveurs vont continuer leur progression un peu plus à l’intérieur du territoire nécessitant désormais une attention particulière de l’administration coloniale.

La pratique de l’élevage bovin en RCA résultait de la volonté du pouvoir colonial Français de faire également de ce territoire, un pays d’élevage (ICG, 2014b). Depuis l’indépendance du pays en 1960, l’élevage a connu beaucoup de mutation tantôt par le fait des politiques publiques, tantôt due à des crises. Dans ce chapitre, nous reviendrons sur la naissance du pastoralisme et son expansion (Section 1) puis verrons comment cette activité s’est enracinée (Section 2) et enfin, parlerons des contraintes qui minent son développement.

Section 1. Les origines et vagues d’implantation des éleveurs

Poussés pour les uns par la sécheresse au sahel, et attirés pour les autres par la conquête des nouveaux espaces pastoraux encore non exploités dans le territoire de l’Oubangui-Chari (aujourd’hui République Centrafricaine), les premiers éleveurs sont arrivés sur ce territoire vers 1920. Si les peuls ont été les premiers à se lancer dans ce mouvement qui s’est fait par vague y compris du point de vue ethnique, ils ont été suivi par d’autres groupes comme nous le verrons dans la suite.

1.1. Origine historique 1.1.1. Les éleveurs peuls

Il apparait que ce qui frappe en premier lieu quand on s’intéresse au pastoralisme en RCA, c’est de comprendre pourquoi il est indissociable de l’histoire de l’arrivée des peuls dans le pays. En d’autres termes, on ne peut pas évoquer l’élevage sans faire référence à ce groupe ethnique (connu sous l’appellation de Mbororo) sauf que tous les peuls ne sont pas des éleveurs et inversement. Toutefois, il convient de noter que les peuls ont presque dans leur totalité un lien avec le bétail, soit à un moment de leur vie, soit de par leur famille (issus des familles d’éleveurs) avec lesquelles ils maintiennent encore des liens sociaux très étroits. Dans la société peule, le bétail (bovin) est principalement le support des fonctions sociales fortes telles que le prestige, l’identité et le statut social (Manoli, 2012).

Les liens entre peuls et élevage se caractérisent donc par l’attachement au bétail et cela dès la naissance d’un enfant peul grâce au mode de circulation du bétail. Ainsi par exemple, la circulation du bétail commence déjà dès le baptême de l’enfant qui reçoit un don de bétail (dokal) dont le but selon les éleveurs est de le motiver (préparer) pour l’apprentissage du métier. Ce premier don peut être suivi par une série de don par la suite (circoncision, mariage) qui sont des moments forts dans ce processus de circulation du bétail même si la tendance s’inverse aujourd’hui car la réduction sensible des effectifs conduit à privilégier un seul don (Ancey et al, 2007). Il est donc difficile de dissocier la vie d’un peul de l’intérêt qu’il porte à son troupeau.

Plutôt que de se focaliser sur la petite nuance entre le terme mbororo qui désigne à l’origine les peuls de brousse et Foulbés (pluriel de pullo) considérés comme les Peuls de villages, il est important de mettre en avant le fait que les peuls de Centrafrique, constituent un grand ensemble hétérogène ou l’on recense plusieurs fractions ethniques et sous fractions lignagères. Il existe néanmoins quatre grandes fractions ethniques qui dominent le paysage pastoral Centrafricain à partir de leur histoire migratoire et de leurs implantations. En dépit de ce qu’on attribue généralement aux peuls une origine Nigérienne et antérieurement Malienne, l’histoire des peuls de Centrafrique est le plus souvent reconstituée à partir de leur zone de départ du Nigeria via le Cameroun qui revient le plus souvent en leur mémoire (Seignobos, 2008).

L’arrivée de ces différentes fractions ethniques sur le territoire de l’Oubangui Chari devenue aujourd’hui RCA vers 1920 est le résultat d’une série de migrations peules (peerol) depuis le Nigeria comme point de départ puis un passage par le nord-Cameroun pour la grande majorité des premiers arrivants et le Tchad pour certaines arrivées parmi les vagues les plus récentes qui se sont poursuivis jusque dans les années 1970 (Chauvin et Seignobos, 2013). Les quatre grandes fractions ethniques les plus importantes qui ont marqué l’histoire du pastoralisme en RCA sont : les Wodaabé, les Djaafoun, les Aku (encore appelés danedji) et les Oudah.

Après avoir quitté l’état du Bornou (Nigeria) qui a servi de point de départ pour eux, les Wodaabé se sont scindé en deux groupes. Le premier groupe va descendre les plaines du Nord-Cameroun juste avant la période coloniale pour se concentrer près du Mayo-Kébbi dans la région de Figuil au Cameroun dans les années 1950 sur les berges du Logone ou ils côtoient les peuls Baguirmi. L’autre groupe a poursuivi sa route sur le territoire Camerounais en franchissant l’Adamaoua et feront route commune avec les Djaafoun vers l’est c’est-à-dire la région de Meiganga. Quelques années plu-tard (1973), la sècheresse au sahel pousse d’autre Wodaabé à passer les monts Mandara, traverser le Diamaré et entrer au Tchad par Lamé, puis Pala, Mbaîboukoum, avant d’atteindre le nord-ouest de la RCA.

Les djaafoun ont de leur côté pris le départ à partir du pays hausa (Sokkoto) via Gombe, Yola, Gurin, la Bénoué. Si certains ont préféré franchir la frontière plus au sud, par le pays Mambila, à Tignère et Banyo en 1890, d’autres ont jugé nécessaire de s’installer sur les pâturages d’altitude de la région de Tignère-Tibati. Une partie de ce groupe va continuer la marche en contournant l’Adamaoua pour atteindre l’est, ce qui est devenu par la suite la Centrafrique qu’ils décrivent comme un pays où « l’herbe ne finit pas. L’entrée effective en Oubangui s’est faite par Ngawi.

Les Aku ou encore appelés Danedji du fait de la couleur de leur animaux (robe blanche) arrivent en Centrafrique en provenance de la région de Jos, le plateau Bauchi au Nigeria via le Cameroun dans les années 1930 en suivant les couloirs migratoires des Djaafoun de Yola, ils remontent le Faro, le Mayo Déo pour Tignère, et Lompta où ils réclament leur part de pâturage. Les Aku ont représenté une grande vague perturbatrice en raison de leurs troupeaux composés de zébus blancs, très différents des bœufs rouges des Wodaabé et des Djaafoun (Seignobos, 2008 ; Chauvin & Seignobos, 2013).

La dernière grande fraction ethnique dont l’arrivée est la plus récente est constituée des Oudah qui contrairement à la majorité des grandes fractions présentes est arrivée en provenance du Tchad dans les années 1970 pour la grande partie et du Soudan pour les arrivées les plus récentes. Les éleveurs Oudah sont arrivée dans les années 1970 (suite à la grande sécheresse au sahel) et plus exactement après l’assassinat du président Tchadien Tombalbaye. Après un premier passage par les zones de Batangafo, Kaga-Bandoro, Bouca, Mbrès et Zemio, leur grand leader Ardo Dandoullo à accepter la proposition de Yerima-Mandjo lui demandant de s’installer soit à Bria ou Mbrès. Ce dernier a finalement choisi Bria ou il s’est établi depuis 1988. L’histoire des Oudah en Centrafrique est étroitement liée à celle du Grand Ardo Dandoullo qui a été le premier à franchir la frontière Centrafricaine par le Centre-Nord en compagnie de plusieurs éleveurs de la même fraction pour s’installer définitivement à Bria ou il fait office aujourd’hui de plus haut représentant de tous les éleveurs dans la Haute-Kotto (Tidjani, 2015a).

Les arrivées les plus récentes (à partir des années 1990) sont le fait des installations progressives à partir des mouvements de transhumance transfrontaliers des éleveurs venus du Tchad et dans une moindre mesure du Soudan. Il s’agit au départ des pasteurs qui passent la frontière à la recherche du pâturage et point d’eau moins accessible en période sèche dans leur pays et qui repartent en période humide. Attirés d’avantage par la disponibilité des ressources en Centrafrique et fatigués de répéter les mêmes actions qui demandent des efforts et des prises de risque, ils finissent par s’installer progressivement dans la partie Nord du pays puis faire des descentes au fur et à mesure vers le sud. Cette dernière vague concerne les éleveurs issus des fractions moins nombreuses telles que: les Hanagamba, Woyla, Fallata-Baguirmi, Hontorbé, Ngadjawa et des fractions issus du groupe arabe (Salamat, Missirié, Hawazmé, Toundjour, Ouled-rachid, …).

L’histoire des Foulbés de Centrafrique est toujours associée à ceux des lamidats du Nord Cameroun (Ngaounderé) qui constitue le point de départ en direction de ce qui est aujourd’hui la République Centrafricaine. Avec la complicité de l’administration coloniale de l’époque, les Foulbés ont pu non seulement favoriser le refoulement des Mbororo contraint de quitter le Cameroun pour la RCA mais asseoir à un moment leurs dominations sur ces derniers. Les Foulbés ont finalement pénétré en Centrafrique après les Mbororo qu’ils ont réussi à «chasser» du Cameroun prétextant la protection de leurs précieux cheptels de Goudaali (Seignobos, 2008).

Les mbororo sont arrivés sur un territoire presque vide (4hab/Km2) et plein de pâturage (Seignobos, 2010). Leur progression a été dans un premier temps stoppée, histoire d’éviter la propagation des pathologies animales et de bien les organiser pour leur permettre de faire une descente un peu plus à l’intérieur vers le pâturage les plus riches. Déjà à l’époque, le service vétérinaire s’est évertué à proposer un encadrement zootechnique et une meilleure gestion de cet afflux par l’organisation des espaces à travers la création des communes d’élevages à partir de 1963. Toutefois, ces mesures assimilées par certains analystes à une forme de « mise en quarantaine » sont mis en avant pour expliquer en partie la faiblesse des liens sociaux entre éleveurs et agriculteurs aujourd’hui. Il convient de reconnaitre aussi que l’un des objectifs de la mise en place des communes d’élevage est certes de leur donner une assise territoriale et identitaire mais surtout de réduire les pratiques hyper-mobiles des premiers éleveurs afin d’avoir un meilleur contrôle sur eux.

Malgré tout cela, les peuls sont parvenus après des tentatives ratées à étendre leur parcours jusqu’aux zones du centre et du sud-est du pays du fait de leur pratique de mobilité. Cependant, cette mobilité a connu des changements depuis plus d’une décennie car l’insécurité depuis le début des années 80 avec le phénomène Zargina et les Kidnapping des familles avec demande de rançon indexées sur la taille de troupeaux de la famille, vont conduire, sur presque deux décennies à une décapitalisation et une destruction d’élevage Mbororo. Cela aura pour conséquence une fuite vers l’est pour certains éleveurs et une grande vague d’émigration vers les pays voisins et en particulier le Cameroun (Seignobos, 2010). En plus, cette insécurité qui engendre une décapitalisation accrue implique pour certains éleveurs des réponses qui passent par des engagements agricoles pour compenser la perte d’une grande partie du troupeau et des stratégies de rapprochement des villages ou des bourgades pour minimiser le risque d’exposition à l’insécurité.

Les transhumants étrangers issus des peuls (Sankara, Bibé-woyla, Hanagamba, Hontorbé, Ngadjawa…) qui passent la frontière Tchado-centrafricaine du fait de la disponibilité des pâturages ont un profil évolutif (ICG, 2014a). Cette évolution se traduit par le fait qu’ils sont seulement propriétaires d’un bétail important du point de vue du nombre et qu’en plus ils sont peu coopératifs et violent se déplaçant avec des moyens de communication les plus modernes (téléphone satellitaire), des armes de guerre, imposant leurs lois au passage sur les pâturages et n’hésitant pas à s’en prendre aux éleveurs locaux (sédentaires) en cas de différent. On y retrouve pratiquement les mêmes types

d’éleveurs s’agissant de ceux qui viennent du Soudan mais surtout du côté des régions du Nord-est et Sud-est (Haute-Kotto, Ouaka, Basse Kotto, Mbomou et Haut Mbomou).

Les éleveurs transhumants soudanais sont beaucoup plus présents dans L’est et Sud-est (Haute Kotto et Haut Mbomou). Certains transhumants tchadiens sont arrivés dans la zone de l’est d’Amdafock via le Soudan pour contourner la fermeture de la frontière Tchado-centrafricaine.

1.1.2. Les éleveurs arabophones

L’histoire de la migration des éleveurs arabes de Centrafrique reste encore très peu détaillés faute des études antérieures sur la question mais aussi du fait que leurs importance numérique très faible par rapport aux éleveurs peuls et leurs confinement aux zones du Nord (Ouham, Ouham-pende, Bangui-Bangoran et Vakaga), régions frontalières du Tchad, n’a pas favoriser des recherches appropriées sur la question. L’arrivée de ces éleveurs s’est effectuée pour ce qui est des localités du Nord-ouest à partir du Sud-est Tchadien. Cette migration est partie dans un premier des mouvements saisonniers traditionnels de transhumance entre les points d’attache de ces éleveurs dans le Sud du Tchad (Salamat, Moyen-Chari) et les pâturages disponibles du Nord de la RCA (Ouham, Ouham-Pende, Bamingui-Bangoran et Vakaga). Les éleveurs dits « Mbarara » sont constitués des Salamat, Hawazmé, Matanine, Toundjour, Banissayid et Ouled-rachid.

Les arabes Salamat sont arrivés les premiers en provenance des localités d’Amtimane et de Haraze- Mangagne dans le Salamat. Le premier groupe s’est introduit sur le territoire Centrafricain directement via le Bamingui Bangoran (Bamingui, Ndélé) qui est une région géographiquement plus proche de leurs points de départ initiaux. L’autre groupe a rejoint la RCA en passant par le Moyen Chari empruntant les itinéraires suivants : Kiabé -Sarh-Danamadji-Maro-Sido avant d’atteindre la zone de Kabo dans les années 1940. Ils ont été suivi une décennie plu-tard dans la foulée de leurs mouvements par les Hawazmé, les Matanine et les Toundjour. Ces trois ethnies sont considérées aujourd’hui comme des éleveurs sédentaires du fait de leurs présences historiques plus anciennes et de leurs pratiques d’élevage limitées en termes de mouvement. Les Ouled-Rachid qui ne venaient qu’en transhumance par le passé se sont progressivement implantés (plus d’une décennie de présence aujourd’hui) avec leurs bétail dans la zone. Il en est de même pour certaines fractions peules (Oudah, Woyla, Sankara, Abchyer ou Hanagamba…) qui voient leurs statuts de simple transhumant se transformer en une présence durable sous les effets de la récente crise sécuritaire (Tidjani, 2015 ; Archambaud et Tidjani, 2016a).

1.2. Implantations des eleveurs

Circonscrites aux trois régions presque dépourvues de glossine (ou mouche tsé-tsé), les zones de l’élevage traditionnel en RCA étaient conditionnée par les pathologies notamment la trypanosomiase, vecteur de la maladie du sommeil, sur une partie importante du territoire (Suchel, 1967). Elle concernait toute la zone forestière et les galeries forestières de la zone de savane, jusqu'à des points très avancés au Nord, tels que la région de Fort Crampel, des M'brès et Ndélé. Au nord-ouest c'est- à-dire tout le long du massif du Yadé et sa bordure immédiate, on y trouvait le troupeau le plus abondant. Ce sont des pasteurs peuls mbororo qui dominaient le paysage pastoral, conservant le genre de vie nomade et une structure sociale patriarcale ou la famille est placée sous l’autorité d’un chef possédant en moyenne une centaine de tête de bétail. La concentration des éleveurs autour de cette zone a favorisé la naissance d’une ferme d’élevage (ferme de Sarki). La transhumance s’effectuait dans la zone et en cas de prolongement de la saison sèche, des mouvements vers Bozoum, Bossangoa et même en direction de la zone forestière du sud-ouest (Carnot et Boda) sont entrepris. Des peuls foulbés disposant d’un zébu adapté à une mobilité réduite se sont fixés à l’ouest de Bouar, non loin de la frontière camerounaise. Dans la zone de l’Est (Bambari, Alindao) par contre, les glossines isolées de part et d’autres conduisent les éleveurs à limiter leur déplacement avec l’observation d’un début de sédentarisation. Au nord du pays, en l’occurrence dans la région de Birao même si quelques troupeaux restent en permanence sur le territoire Centrafricain en période humide, les pâturages sont généralement exploités par les zébus « arabes » arrivant en transhumance dans les zones du Fertit en provenance du Soudan voisin. Les zones d’implantations de ces éleveurs reflètent en grande partie l’histoire de leurs migrations.

Jusqu’en 2013, les régions de l’Est et de l’Ouest étaient les plus représentées par les activités d’élevages et dominé par les peuls qui pratiquait cette activité sur la quasi-totalité du pays avec une inégale répartition des effectifs entre les zones de production. Les préfectures de l’Ouham-Pendé la Nana-Mamberé, l’Ombella-M’poko, la Ouaka, l’Ouham et la Basse Kotto constituaient, les grands bassins de production. La création des communes d’élevages dans les préfectures citées précédemment répondait en grande partie à cette réalité. Du point de vue de leur positionnement, les peuls djaafoun sont présents à la fois dans la Nana-Mamberé, l’Ombella-M’poko, la Ouaka et la Basse-Kotto. Les Wodaabé se positionnaient dans le Mbomou et une partie de la Basse-Kotto alors que les Danedji se dispersaient un peu partout. On retrouvait aussi les Oudah sur l’ensemble du pays

mais beaucoup plus dans la Haute-Kotto et les arabes étaient présents dans le centre nord (Nana- Gribizi, Ouham, Ouham-pendé, Bamingui-Bangoran) et nord (Vakaga).

Section 2. L’enracinement de l’élevage en Centrafrique

Lorsqu’on aborde la question de l’enracinement de l’élevage en RCA, on n’est pas que censé évoquer les différents processus de son introduction et de l’expansion des éleveurs sur l’ensemble du pays, il est surtout important de revisiter les politiques publiques en matière d’élevage qui ont marquées l’histoire de cette activité et qui ont contribué à un moment donné à lui donner une certaine reconnaissance et à faire de lui l’un des piliers du secteur agricole Centrafricain.

2.1. Les politiques de soutien à l’élevage 2.1.1. Aperçu de la situation de l’élevage

Le secteur de l’élevage en Centrafrique concerne principalement les bovins, et dans une moindre mesure aussi les ovins, les caprins, les porcins et les volailles (Kadekoy-Tigague, 2003). Prolongement naturel du plateau de l’Adamaoua, le nord ouest de la RCA n’était qu’une zone de transhumance pour le bétail des eleveurs mbororo camerounais avant l’indépendance de la RCA (Ankogui-Mpoko et Vircoulon, 2014).

Estimé à 350.000 tête en 1950 et à 400.000 à partir des premières années 60 le cheptel de zébus mbororo a augmenté et aurait atteint 700.000 tête dès 1970 au moment de la reforme agraire (Boutrais, 1988). Au cours des années 50 et 60, cette activité restait localisée en deux secteurs distants de 500 kilomètres mais comprenant les mêmes groupes d’éleveurs, des familles étant parfois reparties entre l’un et l’autre. Le secteur oriental, près de Bambari, plafonnait à 100.000 bovins. Le secteur occidental, adossé aux plateaux du nord-ouest qui prolongent 1’Adamaoua camerounais, portait un cheptel qui excédait les 200.000 têtes ou ne les atteignait pas, selon les passages de la frontière dans un sens ou dans l’autre. En 1983, ces deux secteurs “anciens” de l’élevage centrafricain ont progressé de manière très inégale. Le secteur oriental est passé de 100 à 300.000 têtes, tandis que les plateaux de l’ouest, avec leur périphérie, accumulent 800.000 bovins (dans I’Ouham-Pende et la Nana-Mambéré). Pourtant, de nombreux éleveurs ont émigré des plateaux les plus élevés, dégradés par une longue surcharge pastorale et soumis à une infestation de glossines au nord (De Gaulle). Mais leur périphérie, autrefois zone de transhumance, est maintenant occupée en

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