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Chapitre III. La quantification de l’effet LC dans un lexique de l’italien

III.3. Effets de consonnes en italien

III.3.1. L’effet Labial-Coronal en italien

La première partie de notre analyse porte sur la recherche de l’effet Labial-Coronal. Nous présentons distinctivement les résultats obtenus pour les labiales puis de manière plus détaillée les résultats concernant les bilabiales et labiodentales. Tous les ratios détaillés calculés dans ce chapitre sont présentés en annexe 1 pour le lexique Italien et en annexe 11 pour le lexique Italien_N. Nous intégrons dans la table 10, les valeurs calculés pour ces ratios.

Structure CVC CV.CV

Dissyllabique

Position Initiale Ailleurs Partout Initiale Ailleurs Partout

BiCo/CoBi 7,17 28,50 11,05 1,26 3,07 2,06 3,43

LdeCo/CoLde 6,56 58,00 11,70 1,35 3,88 2,37 4,33

LC/CL 6,96 34,40 11,25 1,29 3,33 2,17 3,70

Table 10 : Ratios calculés pour l'effet Labial-Coronal dans le lexique Italien (transcription phonologique avec

une seule représentation pour toutes les nasales devant consonne, apparaissant sous le codage coronal), pour les structures syllabiques CVC et CV.CV, pour toutes positions dans l'unité lexicale. Les labiales regroupent les bilabiales et les labiodentales. Si le ratio est supérieur à 1, la séquence Labial-Coronal est prédominante sur la séquence Coronal-Labial.

Les ratios calculés sont largement supérieurs à 1 quelle que soit la position dans l’unité lexicale ou la structure étudiée. L’effet Labial-Coronal est donc présent en italien pour des séquences impliquant seulement des bilabiales, des labiodentales ou toutes les labiales confondues. Les forts ratios obtenus pour les structures syllabiques fermées peuvent être influencés par le codage en coronal de toutes les nasales devant consonne. En effet, dans le lexique Italien, aucune distinction de lieux d’articulation entre les voyelles nasales devant consonne n’est marquée malgré un phénomène d’assimilation régressive du lieu de la consonne qui suit cette nasale.

Notons que l’effet LC paraît plus fort entre attaque et coda d’une même syllabe qu’entre attaques de deux syllabes consécutives. Dans le lexique de l’italien, les syllabes fermées à

l’initiale construites sur un patron LC sont presque 7 fois plus nombreuses que celles basées sur un patron inverse, alors qu’en début de mot, les séquences dissyllabiques LC sont seulement 1,29 fois plus utilisées que les séquences commençant par une coronale et finissant par une labiale. Cette remarque est d’autant plus vraie que la séquence observée est située ailleurs qu’à l’initiale puisque le ratio LC/CL pour les séquences syllabiques fermées est 10 fois plus important que celui des syllabes ouvertes.

La tendance est plus forte ailleurs qu’en position initiale avec des ratios très élevés dans le cas des syllabes fermées (64,40 pour ailleurs et 11,25 quelle que soit la place dans le mot) et supérieurs à 2 pour les syllabes ouvertes consécutives (2,17 pour partout et 3,33 pour les séquences placées ailleurs qu’à l’initiale du lemme).

Les résultats des études antérieures qui portent sur les lexiques de plusieurs langues montraient un effet LC plus fort en position initiale pour les segments inter-syllabiques (ratio LC/CL égale 2,41 chez Vallée et al. (2009) et 2,11 chez Carrissimo-Bertola (2010)). Dans le lexique de l’italien, la tendance à favoriser les patrons LC pour les structures CV.CV au début des unités lexicales ne se traduit que par un ratio de 1,29 alors que les autres ratios calculés pour cette langue en fonction de la position ou de la structure sont largement supérieurs aux moyennes calculées pour l’ensemble des lexiques des autres langues de la base de données ULSID (voir Vallée et al., 2009).

D’autre part, MacNeilage et al. (1999) observaient un ratio de 2,23 dans une étude portant sur les structures uniquement dissyllabiques d’un échantillon de dix langues. Rousset (2004) puis Vallée et al. (2009) notaient que même si l’effet LC existe dans les langues quelle que soit la longueur de l’unité lexicale, il est plus fort pour les unités dissyllabiques que pour les entrées lexicales plus longues (ratio LC/CL=2,79 pour unités dissyllabiques vs ratio LC/CL=1,68 pour les unités dissyllabiques plus longues) (Vallée et al., 2009). En s’inspirant de ces remarques, la recherche de l’effet LC dans les unités lexicales dissyllabiques de l’italien livre un ratio de 3,70 contre 1,29, en position initiale si la longueur du lemme est libre. En italien, l’effet LC semble donc suivre la tendance décrite dans les autres langues, avec un effet plus fort à l’initial des lemmes.

Au vu de ces résultats, quelques précautions sont tout de même nécessaires quant aux très forts taux observés pour les structures CVC. N’oublions pas que fréquemment une structure syllabique fermée est induite par l’enchaînement d’une nasale et d’une consonne qui se répartissent respectivement en coda de la première syllabe et attaque de la syllabe suivante.

transcrites comme /N/, codée dans notre lexique comme nasale coronale. Néanmoins, en production, ce phonème assimile le lieu d’articulation de la consonne qui suit, ainsi /N/ se réalise comme une nasale bilabiale [m] devant une consonne bilabiale, labiodentale [M] devant /f/ ou /v/, coronale [n] devant les consones coronales ou vélaire [N] devant /k/ ou /g/. Cet aspect de la phonologie de l’italien amène à s’interroger sur la pertinence des ratios trouvés pour les structures CVC. La Table 11 compare les valeurs des ratios du lexique Italien (avec un seul phonème nasal devant consonne) et celles du lexique Italien_N, pour observer si les valeurs proposées en Table 10 sont réellement révélatrices de la présence de l’effet LC.

Structure CVC1 CVC2

Position Initiale Ailleurs Partout Initiale Ailleurs Partout

BiCo/CoBi 7,17 28,50 11,05 4,44 16,43 6,91

LdeCo/CoLde 6,56 58,00 11,70 6,44 56,00 11,40

LC/CL 6,96 34,40 11,25 4,94 21,38 7,93

Table 11 : Comparaison des ratios calculés pour l'effet Labial-Coronal dans les deux lexiques de l'italien (1avec archiphonème /N/: Italien, 2transcription du lieu des nasales, Italien_N), pour les structures syllabiques CVC pour toutes positions dans l'unité lexicale. Les labiales regroupent les bilabiales et les labiodentales. Si le ratio est supérieur à 1, le patron Labial-Coronal domine sur le patron inverse Coronal-Labial.

En comparant les ratios calculés dans des structures CVC pour les deux lexiques de l’italien, l’effet LC persiste même-si les variantes de /N/ sont codées selon leur lieu d’articulation. Comme attendu, les ratios trouvés dans le deuxième lexique sont inférieurs à ceux calculés dans le lexique italien. Toutefois, l’effet LC reste plus important dans ce type de structure que dans les structures CV.CV ou que dans les unités lexicales dissyllabiques. Les ratios indiquent près de 5 fois plus de patrons LC que CL à l’initiale et ces patrons sont 8 fois plus nombreux lorsque la place n’est pas un critère. La quantification de l’effet LC est plus forte en italien pour les deux lexiques que dans les travaux de Carrissimo-Bertola (2010) portant sur un panel de 19 langues où pour les séquences syllabiques fermées la valeur moyenne des ratios de toutes les langues s’élevaient à 1,29 à l’initiale et 6,59 partout dans l’unité lexicale.

Les ratios forts impliquant les labiodentales s’expliquent par le fait que dans les près de 2 000 entrées lexicales, seulement dix cas de structures CVC impliquent une coronale suivie d’une

labiodentale alors que la structure inverse est plus commune (voir annexe 11 et 14). Ce patron est rare voire inexistant dans plusieurs langues du monde (Carrissimo-Bertola, 2010).

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