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4. VERS DES ENVIRONNEMENTS DE CREATION DE LOGICIELS ROBUSTES

4.4. D IFFERENTES APPROCHES DE L ’ECLR

4.4.3. L’ECLR comme un système cognitif

Notre recherche relève un peu de la psychologie cognitive car, avant de voir s'exécuter un programme aussi élémentaire soit-il, l'utilisateur tape souvent un ensemble de commandes dont il ne saisit pas la raison au premier abord [de la Passardière, 93]. L’approche cognitive signifie pour nous étudier les processus par lequel l’ECLR acquiert la conscience des événements et des objets de son environnement. En effet, du point de vue cognitif, une fonction correspond à un groupe de connaissance qui peut être confié à l’utilisateur ou à la machine. L’ECLR exécute alors cette fonction à travers ses agents afin de la transformer en une activité.

Un agent est une entité humaine ou une machine, qui est capable d’effectuer une tâche [Boy, 95]. Un agent est conçu dans un contexte définissant ses limites. Cela justifie les questions communes qui sont généralement posées par des utilisateurs de SAM comme «que puis-je

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faire ? » ou «Est-ce autorisé ?» ou «Cela a-t-il un sens ?». Ces questions sont également

posées par les agents des modules composant l’ECLR, en particulier les agents décisionnaires. Nous pouvons assimiler les activités de l’ECLR à celui d’un acteur humain comme le décrit le schéma ci-dessous : Activité sensorielle Activité mentale Activité physique Acquisition d'informations Traitement d'informations et prise de décision Réponse "physique"

Informations Effets sur le

système

Figure 4-9 : Les activités sensorielles, mentales et physiques d’un acteur humain (inspiré de Kolski, 93)

Les activités de l’opérateur humain peuvent être regroupées en quatre classes principales [Kolski, 95] :

1. Les activités de perception qui concernent la détection et l’acquisition d’informations et l’identification de situations. Par rapport à l’ECLR, cela consiste à capturer toute action de l’utilisateur.

2. Les activités mentales pour la résolution de problèmes et la prise de décision. Cette tâche correpond à l’analyse de chaque action de l’utilisateur par l’ECLR afin de vérifier la présence ou non d’erreurs éventuelles.

3. Les communications comprenant les demandes, les réponses et les échanges d’informations avec les autres. Dans l’ECLR, les différents acteurs logiciels et humains s’échangent des informations à travers des messages.

4. Les activités physiques regroupant les actions menées par l’individu. Ce sont les résultats du travail de l’ECLR.

Cette similitude entre les activités d’un ECLR et d’un être humain confirme bien le fait que l’ECLR a pour rôle d’automatiser les activités d’un expert en informatique afin de créer des logiciels robustes et conformes aux cahiers des charges.

Chapitre 4 —————————————————————————————————

4.4.3.1.ECLR et l’erreur

Dans notre recherche sur l’approche cognitive, il convient de s'interroger sur les explications pédagogiques et psychologiques relatives à une situation de doute et à une erreur. Pour ce, nous allons nous appuyer sur l’observation du comportement d’un individu à faire un choix ou prendre une initiative ou essayer de résoudre un problème technique.

Les erreurs commises pendant un apprentissage indiquent le niveau de connaissance de l’apprenti et la manière dont il apprend, sachant que les circonstances et contextes d’apprentissage dépendent de plusieurs facteurs tels que l’âge et la situation socio-linguistique [Richards, 74]. Cette théorie est également valable pour les situations de prise de décision. La première réaction d'un individu plutôt calme est de chercher à prendre connaissance de l'environnement dans lequel la situation s'est produite donc à analyser le contexte au moment de l'erreur ou du problème. Pour ce faire, plusieurs cas peuvent avoir se présenter :

Il analyse le message d'erreur signalant un problème du système. Cela correspond à la question «Qu'est ce que je constate ? »

• • • • • •

Il revoit ses dernières actions sur la machine. Cela correspond à la question «Qu'ai-je

fait?»

Il attend que le système résoud le problème ou envoie un message qui lui indique les causes de ces erreurs. Cela correspond à la question «Le système est-il capable de

résoudre l'erreur ? »

Il cherche dans un menu d'aide ou dans le manuel d'utilisation la solution. Cela correspond à la question «Quelle solution le SAM me propose dans ce cas précis ? »

Il revoit la structure appliquée à son application. Cela correspond à la question «qu’ai-je

voulu faire ? »

Il quitte et relance le système plus ou moins brutalement. Cela correspond au caractère d'un individu lassé par le SAM.

Cette analyse sur l ‘erreur nous permet d’étudier le comportement d’un agent de l’ECLR et de bien définir les périmètres d’action de cet agent. Les questions cognitives qui correspondent à un agent de l’ECLR sont celles qui portent sur son action c’est-à-dire :

• «Qu'ai-je fait ? » : l’agent peut faire un rapport de son action à son supérieur hiérarchique et mettre à jour l’historique de ses actions.

—————————— Vers des environnements de création de logiciels robustes ou ECLR • « Qu'ai-je voulu faire ? » : si l’action d’un agent ne convient pas, son supérieur

hiérarchique peut lui retourner une requête pour revoir ou re-analyser le problème.

• «Qu'est ce que je constate ? » : cette question correspond à l’analyse effectuée par l’agent. De ces questions découlent plusieurs interrogations relatives à la satisfaction des agents décideurs et de l’auteur de niveau 1.

4.4.3.2.ECLR et le SAM

Un système auteur, dans le cadre spécifique de l'EIAO, utilisant un système expert doit satisfaire les points suivants [Laurière, 84] :

Etre le plus intelligent possible, ce qui signifie dans notre cas, être capable de comprendre et réparer les erreurs de l'utilisateur du SAM.

• • •

Etre facilement modifiable, ce qui signifie ici, ne pas limiter l'utilisateur dans ses démarches (retour en arrière, suppression, etc.).

Etre capable à tout moment de fournir des explications sur le bon raisonnement ou sur les erreurs commises.

Ces critères offrent plutôt une vue globale de comportement. Cela nous suggère de construire une architecture permettant aux agents de l’ECLR de répondre à ces critères. Nous développerons cette architecture dans le chapitre 5.

4.4.3.3.ECLR et auteur de niveau 1

Du point de vue cognitif, l’utilisateur d’un SAM comme tout individu est limité plus ou moins par les deux classes de mémoire dont il dispose [Feneuille, 92] :

• La mémoire à court terme appelée également mémoire de travail contient un nombre limité d’informations (visuelles, auditives, etc.). Cette mémoire fonctionne comme une file d’attente et l’accès y est plus rapide que celui de la mémoire à long terme. Elle sert à regrouper des informations utiles temporairement pour la réalisation d’une tâche.

• La mémoire à long terme appelée également mémoire permanente a une capacité beaucoup plus grande que la mémoire de travail. C’est elle qui est chargée d’organiser les informations, de vérifier la conformité des actions de l’utilisateur face au SAM.

Chapitre 4 ————————————————————————————————— Les aspects métacognitifs sont aussi à prendre en compte. Ceci implique pour le SAM de laisser le contrôle à l’utilisateur en le guidant de temps à autre par exemple en lui donnant la possibilité de s’informer sur ce qu’il a fait et sur ce qui lui reste à faire dans une partie du module. Cela améliore la motivation de l’utilisateur du SAM et le met en confiance surtout si le cadre de travail est agréable et facile à maîtriser. Pour illustrer cette idée, nous pouvons penser à la mise en place d’un document hypermédia, après avoir précisé les liens, il est souhaitable que le SAM préviennent l’utilisateur des éventuelles absences de fichiers relatifs à ces liens.

Il est important d’adapter les aides ou les messages auxquels un utilisateur peu expérimenté aura droit. En effet, si l’utilisateur commence à faire une erreur évidente dès la première manipulation, il est inutile de lui envoyer des messages techniques compréhensibles uniquement par les experts en développement de logiciels sur SAM !