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L’eau est la raison d’être de l’agriculture traditionnelle dans le Dir

Chapitre I: L’eau est la base du développement local dans le Dir

I- L’eau est la raison d’être de l’agriculture traditionnelle dans le Dir

1-1) La petite et la moyenne hydraulique pour une production vivrière

Dans le Dir de l’Atlas à Béni Mellal, les taux de production agraire varient selon le type de plantation. Certaines ont une rentabilité élevée et garantissent ainsi des revenus

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importants pour l’agriculteur. Dans ce sens, le questionnaire a révélé que l’huile d’olive est le principal produit agricole du Dir. Un grand pourcentage des agriculteurs soit 72 %, réalisent un excédent par rapport aux besoins, le surplus est ainsi dirigé vers le marché, avec des différences significatives concernant le taux de production selon l’âge de l’arbre, la qualité du sol et de l’irrigation. Certains arbres atteignent 4 quintaux chaque saison et d’autres ne dépassent pas plus de 40 kg. En deuxième lieu, on trouve les pois cassés, 54 % des paysans du Dir commercialisent ce produit. Le Dir est un domaine spécialisé dans la production de cette substance pendant le printemps. La culture des pois se base principalement sur les pluies et leur collecte commence à partir de mars jusqu'à la fin du mois d’avril. Nous ne trouvons, sur un autre plan, qu’une minorité des agriculteurs, soit 27 % réalisent un excédent en céréales, venu souvent pour couvrir les frais de récolte et les engrais, tandis que la plupart des paysans souffrent d’une faible production de légumes comme les tomates, carottes et de fruits comme les raisins et les agrumes. Donc ils recourent à l’achat pour répondre à leurs besoins en ces produits.

Globalement, la production agricole dans le Dir reste majoritairement vivrière, et cela est dû à plusieurs raisons. Tout d’abord, la plupart des cultures sont de faible valeur commerciale en particulier les céréales, qui ne dépassent pas 350 dhs pour le quintal pour le blé, et 180 dirhams pour l’orge. Même les olives connaissent l’instabilité des prix sur le marché, selon la saison et la quantité de la production : ils varient entre 450 et 600 dirhams pour le quintal destiné à l’huile d’olive, alors que les autres espèces destinées à la production d’olives de table varient entre 550 et 700 dirhams pour le quintal (enquête du terrain 2013)

Les betteraves sont également vendues à bas prix, variant entre 350 et 600 dirhams pour le quintal, en fonction de la teneur en sucre (Centre agricole Taguzirt, 2013).

Deuxièmement, la plupart de ces plantes ont besoin de beaucoup de main-d’œuvre, de la plantation à la récolte, et pour l’irrigation, ce qui accroît le coût de production, notamment dans les dernières années qui ont vu une augmentation significative du rémunération de la main-d’œuvre en raison de sa rareté. De même, la hausse des prix du carburant a entraîné une augmentation du coût des tracteurs et augmente donc le coût des travaux comme leur location : le prix est passé de 200 dh /heure dans la période 1980 à 2000 à entre 400 et 500 Dh/h pour les dernières années (témoignage verbal).

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D’un autre côté, le taux de production reste faible dans la plupart des cas. En effet, le paysan Dirien, comme nous l’avons déjà signalé, n’atteint pas un excédent de production qu’il peut commercialiser sauf dans certains aliments, comme les olives, les céréales et certains légumes. Et même le peu d’excédent qui existe souffre d’une forte concurrence sur le marché, tels que les oignons, qui rivalisent avec ceux de Mjjat et Meknès. Les tomates, les carottes et les légumes en général se trouvent en concurrence avec Souss et la plaine de Tadla.

Tous ces facteurs font vivre le paysan du Dir de l’Atlas de Béni Mellal à la limite de l’autosubsistance agricole, ce qui le pousse à l’élevage du bétail. Quelles sont les principales activités agricoles d’élevage dans le Dir ? Et quelle est leur place dans l’activité agricole ?

1-3) Le Dir de l’Atlas de Béni Mellal connait une culture sèche (Bour)

En dehors de la zone irriguée du Dir, on trouve l’agriculture sèche occupant de grandes superficies, difficiles d’ailleurs à estimer. Cependant nous avons remarqué lors des entrevues avec des agriculteurs, que la propriété de l’agriculteur en zone sèche dépasse souvent sa propriété dans la zone irriguée (presque le double). Ces terres sont souvent caractérisées par l’inclinaison et concerne les basses montagnes et les collines. Elles sont réservées principalement à la production de céréales et à certaines plantations de grande valeur comme les oliviers et les caroubiers (autour de 15000 ha). Le caroubier est d’ailleurs un arbre typique du Dir, rarement trouvé dans les régions montagneuses ou dans les plaines. C’est une source de rémunération pour l’agriculteur du Dir. Ces terres sont investies aussi dans la production de pois, l’une des cultures les plus répandues durant le printemps.

Dans l’ensemble, l’agriculture dans le Dir de l’Atlas de Béni Mellal est de nature vivrière et de faible production, par rapport à la zone irriguée. Les céréales sont le produit le plus répandu sinon le seul au niveau du Dir avec des taux de production variant entre 14 et 18 quintaux par hectare. Ensuite, on trouve la production de pois dans certaines zones avec un taux variant entre 24 et 28 q/hectare. Aussi, on trouve les olives très répandus dans les zones humides du Dir comme essentiellement le Dir de El Ksiba où d’importantes précipitations permettent à l’agriculteur de produire des olives de haute qualité, destinées en particulier à la production d’huile d’olive.

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Le Dir connait aussi une production de caroube dont la culture dépend toujours des précipitations. Mais avec le changement climatique, le retard des pluies et la succession des années de sécheresse, l’agriculture dans le Dir devient une activité secondaire avec une valeur de productivité faible, comme la saison de 2015 et 2016 qui a vu des précipitations importantes, mais sporadiques. Cela a eu un impact négatif sur la production des pois avec une diminution de 80 %. La production du blé et d’orge a diminué aussi, ce qui a perturbé l’activité agricole dans sa totalité.

1-4) L’élevage intensif du bétail empiète sur les ressources hydriques dans le Dir

L’activité pastorale est la plus importante des activités agricoles dans le Dir et est pratiquée depuis longtemps. Depuis toujours, les tribus déplaçaient leurs troupeaux entre la plaine (Azaghar) et la montagne (Adrar). Plusieurs familles vivent encore en semi nomadisme ; elles s’installent dans le Dir tout au long de l’année, mais en été, le père, ses fils et le berger mènent le troupeau vers des pâturages collectifs.

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On retrouve ce phénomène dans la région de Foum Elanasar, Taguzirt, Imhiwach et Elksiba. Le troupeau se compose de nombreuses espèces animales: vaches, moutons et chèvres en plus des chevaux, des mulets et des ânes.

Le bétail participe lui même à la pression sur la quantité de l’eau sur le Dir, par sa grande demande en abreuvoirs, en particulier dans les zones sèches, comme Bzou et Rfala ou l’économie locale est basée sur l’élevage intensif des chèvres et des mottons.

1-6) Les ressources en eau sont en général associées à plusieurs types des terroirs agricoles

La région du Dir de l’Atlas de Béni Mellal est caractérisée par de nombreux champs qui se combinent pour former le terroir, donnant lieu ainsi à une variété des aires agricoles, où nous trouvons beaucoup de champs ouverts dédiés à la production de céréales, oliviers… et d’autres clos dédiés à la production de fruits, de légumes et de plantations. Ces terres varient en superficie ; on trouve des champs avec des petites surfaces, même microscopiques consacrées à la culture des légumes et des céréales. Les produits sont destinés en général à la consommation et n’atteignent que rarement l’autosuffisance.

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Ces champs sont souvent aménagés de manière harmonieuse et témoignent ainsi d’un cumul d’expérience et d’expertise des agriculteurs du Dir, comme ils révèlent un mode de pensée et d’organisation sociale conformément aux conditions naturelles et à la structure économique de la société dans son ensemble (M, Belfkih 1988).