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7 Analyses des résultats

7.3 L’annonce : un moment crucial de la prise en charge

La réalisation de notre travail a mis en évidence au sein de notre échantillon que :

- Un peu moins de la moitié des patientes (47.5%) ont reçu les résultats des marqueurs sériques au détour d’une consultation ;

- La totalité des patientes qui ont reçu les résultats du test de dépistage par rendez-vous ont été satisfaites par ce moyen d’annonce. Elles en ont apprécié les explications, la dimension humaine et le soutien de la part du professionnel.

Cela témoigne d’une sensibilité et d’un intérêt de la part des professionnels quant à leur annonce et quant au vécu psychologique de la femme enceinte. Une prise de conscience de la part des professionnels de santé sur les enjeux de leur annonce et de leur rôle dans le vécu des patientes semble être en évolution constante.

Cependant, au sein de notre étude :

- Plus de la moitié des patientes (52.5%) ont reçu les résultats du test de dépistage de la T21 par un appel téléphonique. Parmi elles, peu plus d’un quart des patientes (17.5%) ont reçu les résultats des marqueurs sériques par la secrétaire médicale.

- La majorité des patientes manifeste une insatisfaction par ce moyen d’annonce qu’elles expliquent en partie par le manque de temps et d’information que le professionnel leur a consacré.

- L’analyse qualitative montre également que le moyen d’annonce et l’attitude du professionnel lors de celle-ci influent le vécu des jours, voire des semaines qui suivent cette annonce. - Les patientes recherchent au cours de l’annonce, du contact humain, de l’humanité, une

disponibilité et une expertise professionnelle pour répondre à leurs questions.

Ce constat au sein de notre étude montre qu’une sensibilisation et un travail autour de l’annonce d’une mauvaise nouvelle doivent se poursuivre autour des professionnels de santé.

L’annonce est un moment important de la prise en charge car c’est sur cette base que va se fonder la relation patient-médecin.

C’est consciente de ces enjeux autour du professionnel de santé et des patients que la HAS a publié un texte qui a pour objectif « d’aider les professionnels à améliorer leurs pratiques pour mieux répondre

aux attentes des patients ». (13)

Elle caractérise l’annonce comme une transmission entre le médecin et la patiente.

Elle rappelle aussi que celle-ci met un terme à « une période d’incertitude et coupe court aux suppositions et aux interprétations erronées ». C’est pourquoi, pour le vécu des patientes, l’annonce des résultats des tests de dépistage ou des résultats définitifs des examens complémentaires est une étape clef pour la suite de son parcours. Par ses paroles et par sa disponibilité, le rôle du professionnel à ce moment est considérable pour l’avenir de la patiente.

C.A.H.I.E.R : un acronyme pour donner des clefs aux professionnels

- Au sein de notre étude, la majorité des patientes ont été satisfaites par l’attitude et le rôle du professionnel au cours de l’annonce des résultats des marqueurs sériques. Elles ont apprécié le temps pris par le professionnel pour les explications, sa disponibilité, son empathie et les paroles qu’il a transmises. Elles témoignent pour la majorité d’entre-elles du professionnalisme de celui-ci.

- En revanche, certaines patientes ont jugé le professionnel comme trop rapide dans son annonce, utilisant des termes non compris par la patiente, et manifestant une attitude non verbale interprétée par la patiente comme un manque de considération à leur égard et de prise en compte de leur sentiment.

Bien que souvent bien menée par le professionnel et bien vécue par la patiente, l’annonce reste un moment délicat et imprévisible de la prise en charge.

B.Bailleux, gynécologue-obstétricien du Nord de la France, a mis en évidence un acronyme pour donner des clefs aux professionnels de santé afin d’organiser leur annonce autour de la mauvaise nouvelle. (38)

Ces clefs peuvent être résumés par l’acronyme C.A.H.I.E.R :

- Cadre : importance liée aux participants, au lieu et au calme de celui-ci.

- Anticipation : L’annonce se prépare (importance des caractéristiques de la patiente tout en évitant les aprioris). Le professionnel peut essayer d’anticiper les questions des patientes. Il est important pour lui de reconnaître ses limites fonction de son champ de compétence.

- Harmonie : il est nécessaire pour le professionnel de santé de s’adapter aux patientes. Cette adaptation passe par l’utilisation d’un langage adapté ainsi que par une écoute attentive afin de vérifier la compréhension de la patiente.

- Invitation : inviter la patiente à poser des questions mais aussi, savoir respecter les moments de silence.

- Emotion : laisser la place à leur expression. Elles sont différentes et propres à chaque patiente. Il est important de ne pas les juger, ni les stigmatiser.

- Résumer : terminer l’entretien par une synthèse sur ce qui a été dit au cours de la rencontre. Cependant, l’annonce est un processus et non une finalité. Il est important de rester en contact avec la patiente.

Une étude qualitative, publiée en 2011 témoigne de l’importance de la formation. Elle est intitulée

« L'annonce de la mauvaise nouvelle en médecine générale Peut-on, et comment, s'y préparer ? ». (39)

Elle a été menée auprès de 15 médecins généralistes et internes. Elle montre l’importance d’une formation précoce et répétée sur l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Précoce, pour amener une réflexion chez les jeunes médecins, et répétée, pour toucher également les médecins thésés et promouvoir le compagnonnage. Pour les professionnels de santé, la formation permet également un travail sur eux-mêmes pour réfléchir à ce que l’annonce peut faire vivre, et pour ensuite, leur permettre de s’en dégager.

Une autre étude, publiée en 2013 s’intéresse « aux effets à court et long terme des dispositifs de

formation à la communication d’une mauvaise nouvelle ». (40) Elle compare deux groupes : un groupe

ayant reçu une formation sur l’annonce d’une mauvaise nouvelle, un autre n’ayant pas reçu de formation spécifique. L’étude a montré une différence sur l’amélioration des connaissances théoriques dans le groupe ayant participé à la formation. Cependant, ses conséquences sur le développement de réelle compétence dans ce domaine restent à être documentées.

Ces études montrent certes, que la pratique est essentielle pour l’annonce d’une mauvaise nouvelle mais que des formations permettent de donner des outils aux professionnels afin de mieux l’appréhender.

Il serait alors intéressant de promouvoir ces études et de sensibiliser les professionnels sur leur existence.

Néanmoins, nous pouvons dire que l’existence même de ces travaux montrent l’intérêt constant que les scientifiques accordent à cette problématique.

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