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Chapitre 3 : Cadre méthodologique

3.2 L’analyse des programmes

Dans le cas des programmes, l’unité d’analyse sera l’ensemble des documents publiés dans la période : nous retrouvons ici les documents préparant la mise au point d’un programme, le programme en soi et les devis et modifications qui l’accompagnent subséquemment. En ce qui a trait à l’analyse des programmes, deux grilles seront employées pour repérer la présence de nos courants idéologiques et historiographiques.

D’une part, inspirée par le formulaire construit par Gauthier, Roy et Tardif, notre première grille vise l’analyse qualitative en se penchant sur les fondements et les objets des programmes et des publications ministérielles12. Elle se formule en quatre grands points :

1) finalités et buts de la matière (source, formulation, centration et caractère obligatoire ou facultatif des objectifs) ;

2) contenus (structure des contenus et caractères obligatoires ou facultatifs des sous- matières) ;

3) stratégies d’enseignement (stratégies privilégiées au regard de cette matière) ;

4) représentations qui façonnent l’idéologie (valeurs privilégiées, société proposée et représentations de l’élève, du professeur de l’école et de l’apprentissage) (Annexe III).

9 La catégorisation consiste à réduire et à condenser la collection des données via leurs traits communs.

10 Les relations structurales ou fonctionnelles conduisent à une construction de réseaux ou de hiérarchies entre les

rubriques, les catégories et les sous-catégories.

11 J.-M. VAN DER MAREN, op. cit., p. 434-435.

12 C. GAUTHIER, S. ROY et M. TARDIF. Évolution des programmes d’histoire de 1861 à nos jours, Québec,

D’autre part, la grille vouée à l’analyse quantitative vise la construction d’une banque de données. Notre banque de données comporte un certain nombre de variables nominales telles que la période à laquelle appartient la publication (1967-1982, 1982-2006 ou 2006-2012) ou, encore, la publication elle-même (le titre du document). À noter que de l’ensemble de ces variables nominales, la plus importante est sans aucun doute la variable période, car pour évaluer la continuité et les ruptures de nos courants idéologiques et historiographiques, nous comptons procéder à une analyse comparative entre ces dernières. Quoi qu’il en soit, le formulaire se compose de la façon suivante :

1) quelle est la période à laquelle appartient la publication ? (1967-1982, 1982-2006 ou 2006-2012) ;

2) quelle est la publication ? (trois principaux programmes) ;

3) quelle est l’origine académique des auteurs ? (corps enseignant, sciences humaines et sociales ou sciences de l’éducation) ;

4) est-il béhavioriste ? ; 5) est-il constructiviste ? ; 6) est-il socioconstructiviste ? ;

7) est-il libéral ou conservateur ? (ordinal de 1 à 5, le chiffre 5 correspond à la présence marquée du libéralisme, le chiffre 3 équivaut à l’absence de toutes manifestations, alors que le chiffre 1 reflète la présence marquée du conservatisme) ;

8) est-il multiculturaliste ou nationaliste ? (ordinal de 1 à 5, le chiffre 5 correspond à la présence marquée du nationalisme, le chiffre 3 équivaut à l’absence de toutes manifestations, alors que le chiffre 1 reflète la présence marquée du multiculturalisme) ; 9) y a-t-il des historiens de la génération garnélienne13 ? (dichotomique 0 ou 1) ;

10) y a-t-il des historiens de la génération groulxiste14 ? (dicho. 0 ou 1) ; 11) y a-t-il des historiens de l’École de Montréal15 ? (dicho. 0 ou 1) ;

13 La génération garnélienne comporte les historiens non-professionnels n’ayant pas été marqués par le groulxisme et

s’étant surtout illustrés au XIXe siècle : Michel Bibaud, Henri-Raymond Casgrain, Thomas Chapais, Laurent-Olivier David, Narcisse-Eutrope Dionne, François-Xavier Garneau, Pierre-Georges Roy, Benjamin Sulte et Louis-Philippe Turcotte.

14 Les historiens identifiés à la génération groulxiste sont les historiens préprofessionnels marqués par

l’historiographie de Lionel Groulx : Jean-Baptiste-Arthur Allaire, Richard Arès, Henri d'Arles, Élie-J. Auclair, Pierre Benoît, Antoine Bernard, Rosario Bilodeau, Marie-Claire Daveluy, Azarie Couillard-Després, Léo-Paul Desrosiers, Raymond Douville, Gérard Filteau, Lionel Groulx, Gustave Lanctôt, Arthur Maheux, Olivier Maurault, Victor Morin, Robert Rumilly, Robert-Lionel Séguin, Albert Tessier et Roger Viau.

12) y a-t-il des historiens de l’École de Laval16 ? (dicho. 0 ou 1) ;

13) y a-t-il des historiens de la génération révisionniste17 ? (dicho. 0 ou 1) ; 14) y a-t-il des historiens de la génération postrévisionniste18 ? (dicho. 0 ou 1).

Enfin, à titre confirmatoire, nous avons ajouté quelques questions portant sur la distribution de l’espace. Le premier groupe de questions concerne la couverture des grandes époques (la variable est en pourcentage) : l’époque précoloniale (l’avant 1608), la Nouvelle-France (1608- 1760), le Régime anglais (1760-1867), le Canada français (1867-1960) et la Révolution tranquille à 2012 (1960 à 2012). L’autre groupe procède à une analyse lexicométrique de nos cinq principaux programmes, soit La civilisation française et catholique au Canada (1967), Histoire

41 : Plan d’études (1970), Histoire du Québec et du Canada : 4e secondaire (1982), Guide pédagogique : Histoire du Québec et du Canada : 4e secondaire (1984) et Programme de formation de l’école québécoise. Enseignement secondaire – 2e cycle (2007). Or, ce test

lexicométrique a dégagé quatre grandes catégories de mots servant à confirmer nos observations qualitatives :

1) la catégorie spatiale (Canada, Québec, Angleterre, France, Ontario, Amérique et Monde) ; 2) la catégorie des acteurs historiques (Nation, Province, Colonie, Monarchie, Église,

Américain, Amérindien et Femme) ;

3) la catégorie scolaire (Professeur, Élève, Débat, Texte, Recherche, Participation, Connaissance, Citoyen et Compétence) ;

15 L’École de Montréal regroupe les premiers historiens professionnels marqués par le séguinisme : Michel Allard,

Michel Brunet, Robert Comeau, Guy Frégault, Réginald Hamel, Denis Héroux, Robert Lahaise, André Lefebvre, Maurice Séguin, Jean-Paul Bernard, Pierre Tousignant, Noël Vallerand et Denis Vaugeois.

16 L’École de Laval comporte également la première vague d’historiens professionnels souvent reconnus comme

hostiles au nationalisme : Serge Gagnon, Jean Hamelin, Marcel Hamelin, Richard Jones, Maurice Lemire, Fernand Ouellet, Yves Roby, Marcel Trudel et Nine Voisine.

17 La génération révisionniste regroupe les premiers historiens professionnels issus des universités québécoises et

marqués par l’histoire sociale : Bernard Assiniwi, Denyse Baillargeon, Léandre Bergeron, Hélène-Andrée Bizier, André Bolduc, Gérard Bouchard, Serge Courville, Jacques Paul Couturier, Micheline D’Allaire, Jean De Bonville, Louise Dechêne, Denys Delage, Sylvie Despatie, Richard Desrosiers, Christian Dessurault, John Alexander Dickinson, Micheline Dumont, René Durocher, William Johns Eccles, Jean-Marie Fecteau, Lucia Ferretti, Jean-Yves Gravel, Fernand Harvey, Jean-Pierre Kesteman, Jacques Lacoursière, Normand Lafleur, Mario Lalancette, Jean Lamarre, Yvan Lamonde, Yves Landry, Paul-André Linteau, Bryan Young, Jacques Mathieu, Jean Provencher, Jean- Claude Robert, Jacques Rouillard, Yves Saint-Germain et Jean-Pierre Wallot.

18 Les historiens post-révisionnistes sont ceux remettant en question l’héritage révisionniste et cherchant de nouvelles

avenues historiographiques : Pierre Anctil, Éric Bédard, Damien-Claude Bélanger, Frédéric Boily, Charles-Philippe Courtois, Mathieu d’Avignon, Xavier Gélinas, Stéphane Kelly, Gilles Laporte, Jacques Langlais, Jocelyn Létourneau, Martin Petitclerc, Ronald Rudin, Marc Simard, Michel Sarra-Bournet, Georges E. Sioui et Pierre Trépanier.

4) la catégorie discursive (Politique, Changement, Guerre, Évènement, Récit, Conséquence, Développement, Croissance, Environnement, Économie, Diversité et Pouvoir).

Ainsi, c’est par cette analyse que nous souhaitons confirmer si les observations récoltées via notre analyse qualitative se reflètent également par l’occurrence des mots.

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