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L’ ANALOGIE ET LA CRÉATION DU LEXIQUE

L’emploi de l’analogie dans la création du lexique se manifeste dans la structure et la forme des mots. Toutes les langues ont leurs moyens différents pour créer des mots, pour n’importe quelle langue, il existe des mots dont on ne peut pas expliquer le moyen de création, quant à ceux dont on peut expliquer le moyen de création, celui-ci est souvent analogique.

Tout d’abord, on prend les caractères chinois comme exemple. Dans l’histoire de la langue chinoise, sous les dynasties des Han (25 – 220 après J.C), XU Shen a généralisé le principe de la création des caractères chinois dans « Shuo wen jie zi » (analyser les caractères), selon lui, les caractères chinois peuvent être divisés en 6 genres selon le moyen de création, qu’on appelle aussi 6 Shu (6 méthodes) : 象形 idéogrammes, (qui sont dérivés d’une image) 指 事 auto-explicatifs (qui indiquent une idée), 会 意 idéogrammes combinés (qui combinent la signification des éléments existants), 形声 pictural-phonétiques (qui sont créés d’un radical et une partie phonétique), 转 注 transferts (qui ont des significations influencées par d’autres termes), 假借 caractères de prêt (qui sont créés par l’association phonétique), on peut trouver l’influence et la fonction de l’analogie chez toutes ces six méthodes. La méthode la plus simple pour créer un caractère chinois, c’est d’ajouter une partie servant de radical à un caractère déjà existant qui sert de partie phonétique, le radical est le signe d’un genre d’objets. Avec cette méthode et l’analogie, il est possible de lire des caractères qu’on ne connaissait pas et de comprendre ce que ces caractères signifient.

Par exemple, avec le radical 鱼 (poisson) et le caractère simple 里 (intérieur) qui sert de partie phonétique (lǐ), on crée un caractère 鲤 (carpe) qui représente un poisson. En utilisant l’équation de Hermann Paul46

, on a une analogie : 里 : 鲤 :: 即 : X, et X = 鲫 (le carassin), qui est aussi un poisson

46 Hermann Otto Theodor Paul était un linguiste allemand, professeur de langue et de littérature allemande à Fribourg et

à Munich, il fut une des figures centrales du mouvement néogrammairien. Le principal ouvrage de Paul est « Principes de l'Histoire des langues » (« Prinzipien der Sprachgeschichte »).

Cette analogie peut aussi être employée dans la création du lexique des langues indo-européennes. Ensuite, on prend l’anglais comme exemple.

Quand on crée un nouveau mot par analogie, il faut d’abord se référer à un prototype linguistique qui existe depuis longtemps et qui est figé. Ici, on prend le mot « telescope » comme exemple. Le télescope n’est pas inventé en Angleterre, son invention est très probablement due à l’opticien italien Giambattista della Porta, donc ce mot « telescope » vient certainement des autres pays. La première apparition de ce mot en Angleterre a lieu en 1648, il est composé de deux radicaux grecs : « tele » (à distance) et « skopein » (regarder). Comme c’est le premier mot qui comprend ces deux radicaux, il devient le prototype linguistique de deux sortes de mots, la première sorte de mots comprend le radical « tele » comme telegraph, telephone, telepathy, telephotograph, television, etc., la deuxième sorte de mots comprend le radical « scope » comme microscope, kaleidoscope, gyroscope, periscope, etc.

À travers ces deux sortes de mots, on peut aussi comprendre l’équation analogique de Hermann Paul :

Pour créer les mots de la première sorte (avec le radical « tele ») scope : telescope :: graph : X

X = telegraphe.

Pour créer les mots de la deuxième sorte (avec le radical « scope ») tele : telescope :: micro : X

X = microscope.

On trouve une créativité dans la formation des mots à travers l’analogie, et pour créer les nouveaux mots, il faut absolument une grande créativité et aussi la méthode analogique. Tout d’abord, on prend ici les mots anglais « motel » et « illcome » comme exemple : Le mot « motel » est créé en faisant l’analogie avec le mot « hotel » qui est le prototype linguistique. Le radical « mo- » vient du mot « motorist », en faisant l’analogie, on a

l’équation ainsi : ho : hotel :: mo : X X = motel.

Le mot « illcome » est créé en faisant l’analogie avec le mot « welcome » qui est le prototype linguistique. Ici, « wel » est l’abréviation du mot « well » dont l’antonyme est « ill ». Le mot « welcome » existe depuis longtemps en anglais, et son antonyme est « unwelcome » qui est plus utilisé et plus popularisé, comme en allemand, le mot « willkommen » et son antonyme « unwillkommen ». Mais en français, l’antonyme du mot « bienvenu » est « malvenu », suivant la formation du mot en français, c’est possible de créer un nouveau mot en faisant l’analogie :

Wel : welcome :: ill : X X = illcome.

Même si le mot « illcome » n’est pas aussi popularisé que le mot « unwelcome », il est plus simple pour épeler et a un contraste frappant formel avec le mot « welcome », on trouve une créativité unique dans la création du mot « illcome ».

En français, on a aussi des nouveaux mots qui sont créés à travers l’analogie. On a le mot « bikini », c’est un petit maillot de bain féminin à deux pièces ; quand on veut présenter un petit maillot de bain féminin à une pièce, on doit créer un nouveau mot, pour cela, on peut aussi faire l’analogie avec l’équation :

bi : bikini :: mono : X X = monokini.

Enfin, en chinois, on ne crée pas de nouveaux caractères, mais avec les caractères existants, on peut composer de nouveaux termes ou de nouvelles expressions. Par exemple, avec le mot 民 (peuple), on peut créer de nouveaux termes qui apparaissent depuis une dizaine d’années :

X = 网民 (internaute).

Le nouveau mot « 网民 » n’existe en mandarin qu’après la popularisation d’Internet en Chine, mais le mot « 农民 » existe depuis longtemps, ce mot signifie les gens qui travaillent dans l’agriculture, avec la même structure et en faisant l’analogie, on a un nouveau mot « 网民 » qui signifie les gens qui surfent toujours sur l’Internet.

Avec les exemples de ces trois langues, on constate que l’analogie joue un rôle important dans le développement des langues. Comme l’analogie est une activité cérébrale qui nécessite une grande créativité, la création des mots par analogie n’est pas seulement une imitation mécanique mais un résultat créateur.

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