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L’agriculture irriguée .1 Les potentialités

Dans le document Monographie hydrologique du fleuve Sénégal (Page 184-191)

Labé

4.2 LES PROJETS D’AMENAGEMENT

4.3.1 L’agriculture irriguée .1 Les potentialités

Le potentiel en terres irrigables dans le bassin du fleuve Sénégal, s’est nettement amélioré avec l’édification des barrages de Diama et de Manantali, qui ont engendré une meilleure maîtrise de la ressource en eau. Jusqu’au début des années 1980, le cumul des superficies projetées pour l’aménagement dans le bassin du fleuve, par les pays membres de l’OMVS, n’atteignait pas 70 000 ha, alors qu’avec les ouvrages, le potentiel irrigable est évalué à 395 000 ha.

A ce jour, la répartition des superficies irrigables entre les pays riverains est la suivante (voir cartes des cultutres irriguées en annexe 1A) :

- Guinée : 20 000 ha (selon le PARACI-II (FAO, 2009)) ; - Mali : 10 000 ha ;

- Mauritanie : 125 000 ha ; - Sénégal : 240 000 ha.

4.3.1.2Les réalisations (surfaces aménagées)

Malgré ces potentialités, le rythme des aménagements est resté faible, aussi bien avant qu’après la mise en place des barrages de Diama et de Manantali.

Selon le PARACI-II (FAO, 2009), les surfaces aménagées en 2007/2008 sont de 174 000 ha, réparties de la manière suivante :

- Environ 300 ha pour la Guinée ; - Environ 700 ha au Mali par le PDIAM ; - Environ 62 000 ha pour la Mauritanie ; - Environ 111 000 ha pour le Sénégal.

Dans la partie guinéenne du haut bassin, il s’agit principalement de petites exploitations (< 5 ha) faiblement équipées (Source : PNDA 2015, LPNDA : bilan diagnostic 1998-2005).

Dans la partie malienne du haut bassin, le Projet de Développement Rural Intégré à l’Aval du barrage de Manantali (PDIAM) constitue l’une des plus importantes réalisations. Ses objectifs sont les suivants :

- sécuriser la production agricole dans la zone par l’aménagement hydro-agricole de 1562 ha répartis entre les deux (2) grands périmètres suivants, avec maîtrise complète de l’eau :

o le Périmètre B 682 ha ; o le Périmètre G/H 880 ha ;

- améliorer le niveau de vie des populations et contribuer au maintien de l’équilibre des écosystèmes.

A ce jour, ces réalisations sont encore partielles (environ 710 ha sont aménagés).

Dans la partie mauritanienne de la basse vallée et du delta, les superficies aménagées sont estimées en 2007 à 61 950 ha (source: MDR/DAR, 2007). Elles seraient réparties entre 46 000 ha dans le Trarza (74%), 8 100 ha dans le Brakna (13%), 7 000 ha dans le Gorgol (11%) et 850 ha dans le Guidimakha (2%). Il s’agit en majorité de périmètres privés.

Dans la partie sénégalaise de la basse vallée et du delta, d’après la base de données de la SAED, les superficies aménagées en 2007-2008 s’élèvent à 111 000 ha, réparties entre les départements de Dagana (65%), Podor (24%), Matam (8%) et Bakel (3%)10. Il s’agit à 45%

de périmètres privés.

4.3.1.3Les surfaces exploitées

En 2001, le MDRE estimait à plus de 40% la part des superficies aménagées abandonnées en rive droite, et la SAED à plus de 60% les périmètres exploités en rive gauche dans des conditions précaires ou ne présentant pas les conditions minimales d’exploitation (Classification des périmètres irrigués selon leur efficience, SAED, 2000).

Le tableau suivant montre qu’en 2007/2008, environ 88 000 ha étaient exploités sur les 174 000 ha aménagés sur les deux rives, dont seulement 35 100 ha en contre-saison (hors hivernage).

Les données actualisées pour le Sénégal, transmises par la SAED en 2011, montrent qu’en 2010, la surface exploitable atteint 103 208 ha, soit une nette progression par rapport à 2007.

Type Guinée

(ha)

Mali (ha)

Mauritanie (ha)

Sénégal (ha)

Total (ha) Total aménagé 326 710 61 986 110 875 173 897 Sup.

aménagées

plus canne à sucre 11 000 11 000

Total exploitable 229 632 41 447 88 875 131 183 Sup.

exploitables

plus canne à sucre 11 000 11 000

Total exploité/an 229 227 17 400 70 000 87 800

Dont saison sèche ? ? 3 800 31 300 35 100

Sup.

exploitées

plus canne à sucre 0 0 0 7 300 7 300

Irrigation

Intensité culturale (surface

exploitable/surface aménagée) 70 % 89 % 67 % 80 % 75 % Tableau 4.3.A : Superficies aménagées et exploitées sur l’ensemble de la vallée du fleuve [Sources : SAED

2007/2008 ; SSSI/DPCSE/MAE 2007/2008]

10 Pourcentages 2002.

En se fondant sur les consommations en eau unitaires estimées par le POGR à 15 700 m3/ha pour les cultures d’hivernage et à 20 600 m3/ha pour celles de contre-saison, et en considérant uniquement les consommations de contre-saison pour les superficies irriguées en Guinée et en Mauritanie, il est possible d’évaluer les besoins actuels en eau d’irrigation dans le bassin du fleuve Sénégal.

Pour les cultures vivrières, ils s’élèvent ainsi à environ 1 550 000 000 m3 par an :

Pays Besoins actuels en m3 (2007-2008)

Guinée 4 717 000

Mali 4 676 000

Mauritanie 291 800 000

Sénégal 1 252 370 000

Totaux ~1 553 564 000

Tableau 4.3.B : Besoins actuels en eau d’irrigation (2007-2008) dans le bassin du fleuve Sénégal (m3)

Il faut ajouter à ces besoins ceux des cultures industrielles (canne à sucre principalement), estimés à 328 500 000 m3 au Sénégal, sur la base d’une consommation unitaire de 45 000 m3/ha.

Les besoins totaux actuels s’élèvent ainsi à 1,88 milliards de m3/an.

Le tableau suivant traduit les volumes de prélèvements actuels en débits moyens mensuels prélevés :

Figure 4.3.A : Débits mensuels prélevés pour l'irrigation sur le fleuve Sénégal

4.3.1.5Cultures de décrue

Avant la réalisation des barrages de Diama et de Manantali, les paysans de la vallée et du delta du fleuve Sénégal étaient confrontés aux contraintes majeures suivantes :

- des années de bonne pluviométrie caractérisées par des débordements importants du cours d’eau favorisés par l’absence d’endiguements et de contrôle des apports venant de l’amont ;

- des années de pluviométrie médiocre ou faible caractérisées par de faibles débordements qui empêchaient les riverains de s’adonner à la culture traditionnelle de décrue.

- en période d’étiage, le niveau du fleuve Sénégal au voisinage de l’estuaire était proche de 0, entraînant la remontée de la langue salée à 200 km à l’intérieur des terres.

Avec la mise en service des barrages de Diama et de Manantali, les populations riveraines disposent en permanence de quantités suffisantes d’eau pour satisfaire leurs besoins en eau potable et en eau d’irrigation.

Cette mise en service engendre néanmoins d’autres contraintes liées à la restriction des débordements, que les paysans et les pêcheurs ont toujours attendu avec impatience et intérêt car ils leur permettaient, et leur permettent encore, de réaliser en décrue naturelle des cultures et des captures importantes.

La crue artificielle n’a pas les mêmes caractéristiques et les mêmes avantages que ceux qu’offraient les crues naturelles, dans la mesure où elles réduisent la superficie exploitable les années de bonne pluviométrie. L’objectif « raisonnable » retenu actuellement (cf. § 4.1.1) est de garantir annuellement une crue artificielle permettant de cultiver une superficie totale de 50 000 ha sur les deux rives du fleuve Sénégal.

La culture de décrue a conservé une place importante dans l’alimentation des populations riveraines. Elle offre une richesse nutritionnelle dans la diversité de l’alimentation (maïs, sorgho, niébé, patate douce, tomate, bissap, pastèque) et renforce les productions d’hivernage en sa qualité de culture de contre saison pratiquée après le retrait des eaux sur les terres inondables (Walo) du fleuve, des défluents, des mares et des bas-fonds. En décrue, la culture céréalière constitue la principale production avec des rendements excédant rarement une tonne par hectare. Sur les deux rives, l’estimation de la production pourrait être fixée au maximum à 50 000 tonnes de céréales composées principalement de sorgho et de mil. La culture maraîchère y est accessoire.

4.3.1.6Projections de mise en valeur

Elles s’insèrent dans le cadre des programmes nationaux de développement et de promotion de l’agriculture irriguée :

En Mauritanie

Le Programme de Développement Intégré de l’Agriculture Irriguée en Mauritanie (PDIAIM) vise à « la réhabilitation des périmètres dégradés mais encore en activité, et l'extension des périmètres collectifs dont la taille des parcelles familiales est trop petite pour permettre une activité économiquement viable ou même pour satisfaire les besoins d’autoconsommation de la famille ». Ce programme vise, dans un deuxième temps, la diversification à laquelle sont associées des productions à plus haute valeur ajoutée que le riz.

Le Plan Directeur de Développement de la Rive gauche (PDRG) constitue depuis 1994 un cadre de référence unique pour les interventions dans la Vallée.

Aujourd’hui, la tendance est à la réhabilitation des aménagements dans le but d’intensifier les productions céréalières, notamment rizicoles et à la diversification des produits à laquelle sont associées des productions à plus haute valeur ajoutée que le riz.

Au Mali

Le Projet de Développement Rural Intégré à l’Aval du barrage de Manantali (PDIAM) constitue le cadre de l’aménagement hydroagricole de la vallée. L’objectif national serait d’atteindre 5 000 ha à moyen terme et 12 000 ha à long terme.

En Guinée

Les objectifs de mise en valeur définis dans le Plan D'action Pour l'Amélioration des Cultures Irriguées (PARACI) sont ambitieux et prévoient d’ici 2025 la mise en valeur de près de 20 000 ha en Guinée.

A l’horizon 2025 et grâce à ces efforts de développement, le PARACI II (FAO, 2009) considère une situation où les surfaces aménagées et exploitables passeraient à environ 255 000 ha sur l’ensemble du bassin :

Superficies Guinée (ha) Mali (ha) Mauritanie (ha) Sénégal (ha) Total (ha)

Existant 326 710 61 986 110 875 173 897

Prévisions 19 600 11 800 4 600 45 430 81 430

Total 19 926 12 510 66 586 156 305 255 327

Tableau 4.3.C : Répartition des superficies à irriguer à l’horizon 2025 (FAO, 2009)

Les objectifs de mise en valeur présentés dans le PARACI II portent sur la totalité des surfaces aménagées et misent sur 60 % d’une seconde culture (riz ou maraîchage), c’est-à-dire sur une intensité culturale de 1,6.

Sous ces hypothèses maximalistes, les besoins en eau pour l’irrigation passeraient à environ 6,7 milliards de m3/an en 2025.

4.3.2 AEP

4.3.2.1Etat des lieux

Le bassin du fleuve Sénégal compte une population estimée environ à 5,6 millions d’habitants en 2008 répartie dans les quatre pays de l’OMVS. Elle est estimée à 6,8 millions en 2015 et devrait atteindre 9,8 millions en 2025.

Le tableau ci-dessous montre l’état des besoins en eau dans la zone du bassin du fleuve Sénégal, sur la base de l’accès « raisonnable » défini par Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Année 2008 Année 2015 Année 2025

Guinée 7 543 747 9 277 855 18 310 656

Mali 20 215 737 24 526 825 32 327 532

Mauritanie 5 841 876 6 949 439 9 159 697

Sénégal 7 522 562 8 878 194 11 701 878

Bassin du fleuve 41 123 922 49 632 313 71 499 762

Tableau 4.3.D : Besoins en eau en m3/an sur la base des OMD)11

Le tableau ci-après présente une estimation des quantités d’eau prélevées en 2008 sur le bassin du fleuve, calculées sur la base des taux d’accès moyen à l’eau potable des différents pays en 2008.

taux d'accès (en %) Prélèvement d’eau 2008 en m3

Guinée 50,36 3 799 031

Mali 68,95 13 938 750

Mauritanie 50,50 2 950 147

Sénégal 78,17 5 880 387

Bassin du Fleuve 62,00 26 568 316

Tableau 4.3.E : Quantité d’eau prélevée en 2008

On constate un volume d’eau global prélevé sur le bassin de l’ordre de 26,5 millions de m3. Plus de 2 millions de personnes n’ont pas encore accès à l’eau potable toujours suivant la base OMD.

Le tableau ci-dessous montre les quantités d’eau prélevées par les sociétés de distribution d’eau12 qui opèrent surtout en milieu urbain.

Pays Volume d’eau (m3) (%) Eaux de surface (%) Eaux souterraines

Guinée 5 449 450 85 15

Mauritanie 4 908 976 12 88

Mali 4 876 089 89 11

Sénégal 11 916 389 49 51

Bassin Fleuve Sénégal 22 460 904

Tableau 4.3.F : Volume d’eau prélevée par les sociétés de distribution d’eau (Mali-Mauritanie : 2007 et Guinée-Sénégal 2008)

11 disponibilité d'au moins 20 litres par personne et par jour à un point d'eau situé à moins d’un kilomètre du lieu de résidence de l'individu d’après l’OMS.

12 Les sociétés de distribution d’eau dans les pays sont : la SEG pour la Guinée ; SNDE et ANEPA pour la Mauritanie, EDM-SA pour le Mali et SDE pour le Sénégal. A noter que pour la Guinée nous avons estimé les prélèvements sur la base de 10 heures de fonctionnement des pompes par jour.

d’exploitation de la SDE en 2008 et pour la Guinée de la collecte réalisée auprès des agents de la SEG.

Les populations du bassin du fleuve Sénégal sont essentiellement alimentées à partir des eaux souterraines (voir carte des points de prélèvement d’eau pour la consommation humaine en annexe 1A). Les rares stations de potabilisation des eaux de surface sont souvent l’œuvre des grandes sociétés de distribution d’eau dans les quatre pays (SEG pour la Guinée, EDM-SA pour le Mali, SNDE pour la Mauritanie et SDE-SONES pour le Sénégal).

Ces grandes sociétés interviennent uniquement dans les centres urbains et ne couvrent pas entièrement les pays.

Le Sénégal utilise les eaux du Lac de Guiers provenant du fleuve par le biais de la Taouey à Richard Toll pour renforcer essentiellement l’alimentation en eau des populations de la ville de Dakar. Ainsi, deux stations de traitement sont réalisées, à Nguith depuis 1971, avec une capacité de production de 64 000 m3/j et à Keur Momar Sarr (dans le cadre du Projet eau à Long Terme : PLT)13 avec une capacité de production 65 000 m3/j soit une capacité de production totale de 129 000 m3/jour.

4.3.2.2Perspectives

La Guinée vient de finaliser son projet d’élaboration du programme national d’alimentation en eau potable et assainissement en milieu rural. Ce projet est d’une importance capitale pour l’atteinte des OMD. Il y est prévu entre autres un important programme d’investissement et de rénovation en « Infrastructures d’Eau Potable » concernant principalement les eaux souterraines.

La Mauritanie est en train de finaliser la réalisation du Projet Aftout es Saheli de transfert d’eau du fleuve vers la capitale Nouakchott, avec comme objectifs la satisfaction des besoins en eau à moyen et long terme de la ville de Nouakchott.

Les localités situées le long de l’adduction seront également alimentées. Une partie de la région du Trarza qui se trouve dans le bassin sera concernée. Les productions suivantes sont attendues : 170 000 m3/j à l’horizon 2020 et 225 000 m3/j à l’horizon 2030. La Mauritanie vient également de réaliser 22 stations de potabilisation sur le fleuve Sénégal situées dans les wilayas du Trarza, du Brakna et du Gorgol.

Le développement de l’AEP à partir des eaux de surfaces et en particulier à partir du fleuve, se heurte aux coûts élevés d’investissement et d’exploitation des stations de traitement, auxquels les populations ont du mal à faire face. Les eaux souterraines, généralement de bonne qualité, sont donc exploitées en priorité, surtout en zone rurale.

Les volumes totaux prélevés pour l’eau potable restent faibles, voire négligeables, par rapport à ceux liés à l’agriculture irriguée.

13 Sous-programme IDA–PEPAM : Formulation de la composante « hydraulique », Rapport Provisoire, 2008 ;

4.3.3 Prélèvements miniers et industriels

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