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La biodiversité dans le bassin supérieur

Dans le document Monographie hydrologique du fleuve Sénégal (Page 122-125)

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C- Le tertiaire

1.6 VEGETATION

1.6.2 La biodiversité dans le bassin supérieur

Le terme « biodiversité » se rapporte à la diversité du vivant : il traduit la diversité des organismes vivants et des écosystèmes2, c’est-à-dire la richesse des milieux qui nous entourent.

Le bassin supérieur est caractérisé par des pentes relativement fortes, surtout dans les zones de relief des têtes de bassin, avec des rapides. Le fleuve est encaissé et la plaine d’inondation est limitée.

Parmi les zones humides rencontrées, on peut distinguer :

- les lits mineurs des cours d’eau : Bafing, Bakoye et Baoulé, Falémé (contexte bioclimatique guinéen à soudanien), qui prennent leur source dans les hauts plateaux du massif du Fouta Djallon et du plateau Mandingue ; Sénégal, Kolimbiné et Karakoro (contexte sahélien) ;

- les annexes humides de ces cours d’eau, définies comme la plaine d’inondation et son réseau de mares, cuvettes et marigots. Compte tenu du caractère encaissé des cours d’eau, ces annexes sont moins développées que dans la partie aval du bassin. Elles se limitent aux parties profondes des plaines et aux bas fonds ;

- les zones humides anthropiques : retenues de Manantali et périmètres agricoles irrigués ;

- les affluents non pérennes du fleuve en milieu sahélien, qui pour l’heure sont très mal connus.

2 Un écosystème est une entité écologique composé d’un ensemble d’espèces animales et végétales qui évoluent dans un milieu physique donné (climat, géologie, sol)

Deux régions sont à discerner dans le bassin supérieur :

- le haut bassin s’étend des sources du Sénégal jusqu’aux chutes de Félou (avec le Bafing, le Bakoye et son affluent le Baoulé) et comprend également l’amont de la Falémé, des sources jusqu’à Kalonguina.

Cette région est caractérisée par un climat soudano-guinéen et un substrat composé de roches cristallines et de grès imperméables. Les vallées sont constituées d’une succession de biefs calmes séparés de socles rocheux qui sont à l’origine d’imposantes chutes (Gouina et Félou).

La diversité biologique y est particulièrement importante. Un certain nombre d’espèces rares ou endémiques y trouvent refuge. Le massif du Fouta Djallon abrite en effet :

190 espèces de mammifères, dont 17 sont menacées d’extinction ; 526 espèces d’oiseaux, dont 16 en voie de disparition ;

88 espèces végétales endémiques, dont 36 sont menacées de disparition.

Au niveau des têtes de bassin, les écosystèmes sont de type montagnard. Il s’agit d’une forme relictuelle de forêt dense d’altitude. Les principales espèces végétales rencontrées sont Afzelia africana, Trema guineensis, Parinari sp, Fagara macrophylla, Erythrophleum guineensis.

En aval, cette forêt devient plus sèche et se transforme peu à peu en savane soudano – guinéenne. Les espèces ligneuses les plus fréquentes sont Parinari excelsa, Erythrophleum guineensis, Parkia biglobosa, Isoberlinia doka, Daniellia oliveri, Cola cordifolia, Vitellaria paradoxa. On retrouve dans la strate arbustive Hymenocardia acida et, dans la strate herbacée, Andropogon ascinodi et Sorghastrum bibennatum.

Le long des cours d’eau se développent des forêts galeries avec Mitragyna stipulosa, Alchornea cordifolia, Raphia glacilis, Uapaca somon, Cola cordifolia.

Dans ces biotopes évoluent des espèces animales devenues rares, comme le lion (Panthera leo), recensé aux abords de la Falémé et du Baoulé, des ongulés (Eland de Derby, que l’on retrouverait encore ponctuellement en Guinée, Cob defassa, buffle de savane, petites antilopes : orébi, Guib harnaché, Céphalope de Grimm) et différentes espèces de singes (babouins, colobes, Chimpanzé). Les forêts galeries du Bafing en amont de Manantali et de l’amont de la Falémé constituent un habitat privilégié pour la population de chimpanzés la plus septentrionale d’Afrique et l’une des plus importantes en nombre d’individus ; elles méritent à ce titre une attention toute particulière. Ces milieux sont également le lieu de vie de diverses espèces de grands reptiles, comme le crocodile, le varan et le python.

D’importantes populations d’oiseaux sont également rencontrées, comme l’Amarante du Mali, Perroquet youyou du Sénégal, le Rollier, le calao d’Abyssinie.

Les milieux aquatiques proprement – dits voient se développer une flore diversifiée, bien qu’encore mal connue. La présence d’une espèce végétale envahissante, le typha, est à noter le long des berges du Bafing en aval immédiat du barrage de Manantali.

Le haut bassin comporte également un vaste plan d’eau d’origine anthropique : il s’agit de la retenue de Manantali sur le Bafing, qui couvre une surface de l’ordre de 400 km².

A l’aval de cette retenue se développe un périmètre irrigué (PDIAM) d’une surface de 1500 ha.

- le haut Sénégal comprend le bief du Sénégal compris entre Félou et Bakel, la Falémé aval de Kolonguina à la confluence, la Kolimbiné, le Karakoro et les affluents temporaires du bassin intermédiaire rive droite. Cette région s’inscrit en milieu sahélien, plus aride. Le fleuve présente un lit unique, d’une largeur d’environ 400 m, avec des berges encaissées de 10 à 12 m de hauteur.

Les annexes humides du haut fleuve Sénégal et ses affluents constituent des zones de grande importance pour la faune et la flore. En hivernage, la crue permet la mise en eau des marigots et mares situés dans les bas fonds. Les poissons s’y réfugient pour frayer. Le couvert de savane et steppe arbustive à arborée autour de points d’eau temporaires est également attractif pour les oiseaux (paléarctiques, afrotropicaux), reptiles (crocodiles, varans) et mammifères (hippopotames, gazelles, singes verts, patas).

Le lac Magui, plan d’eau pérenne accompagné d’un chapelet de mares inondées à l’hivernage par la Kolimbiné (complexe TKLM), reprend parfaitement ces caractéristiques.

Les zones de bas fonds sont également le siège de l’agriculture traditionnelle de décrue, d’une importance primordiale pour l’alimentation des populations isolées.

Des périmètres irrigués sont implantés dans la région de Kayes ; le front cotonnier y progresse très rapidement (déboisement de 4000 ha/an)3.

D’une manière générale, le bassin supérieur est encore relativement préservé du fait de son enclavement et des densités de population modestes. Il a toutefois connu des dégradations ces dernières décennies.

Même si cette partie du bassin est la plus arrosée, l’effet de la sécheresse des années 70 et 80 s’est fait ressentir sur les écosystèmes humides, dont la surface a diminué. Aujourd’hui, le barrage de Manantali a lui aussi modifié le régime hydraulique du fleuve, avec des conséquences négatives sur la crue (limitation de son amplitude, donc des surfaces inondées) mais aussi positives en étiage (maintien d’un débit correct dans le fleuve tout au long de l’année qui empêche l’assèchement du fleuve même au plus fort de la saison sèche).

Les activités humaines présentent actuellement sans doute les plus importantes des menaces pour les écosystèmes humides. Les infrastructures récentes ou en projet (route de desserte du barrage de Manantali, projet de route Bamako – Dakar) qui facilitent l’accès à ce secteur tendent à accroître encore ces menaces.

3 ADT Mali

La ressource végétale est exploitée pour l’alimentation du bétail, l’alimentation humaine, la pharmacopée traditionnelle, l’artisanat, la construction et la fourniture de combustible domestique ; ces usages conduisent très fréquemment à des problématiques de surpâturage et déforestation. Les feux de brousse, souvent mal maîtrisés, destinés aux cultures itinérantes sur brûlis, participent également à la détérioration du couvert végétal.

La chasse et le braconnage (viande de brousse) ont également porté atteinte à la grande faune.

Les périmètres agricoles, qui sont d’une importance majeure pour la satisfaction des besoins alimentaires et l’économie des Etats, s’accompagnent aussi de conséquences environnementales : concurrence des zones humides naturelles (destruction d’habitat) avec perte de diversité biologique, et, dans le cas des périmètres irrigués intensifs, rejet dans le milieu naturel d’eaux chargées en nutriments et produits phytosanitaires qui altèrent la qualité de l’eau.

Les secteurs réputés les plus riches sont l’amont de la Falémé et du Bafing ainsi que la boucle du Baoulé. Le caractère exceptionnel de ces zones humides a débouché sur leur classement en aires protégées ; il s’agit de :

- la réserve de biosphère de la boucle du Baoulé (Mali) ; - la réserve de faune du Bafing (Mali)

- le sanctuaire des chimpanzés (Mali)

- l’aire protégée transfrontalière Bafing – Falémé (Mali – Guinée), en cours de classement en réserve de biosphère

- les sites Ramsar Bafing – Source et Bafing – Falémé (Guinée).

Ces sites du haut bassin apparaissent donc comme des « focus de biodiversité » : ces vastes espaces encore relativement préservés abritent une flore et une faune très caractéristiques, en voie de régression à l’échelle régionale. Ils sont le refuge d’espèces emblématiques : Chimpanzé, grands ongulés (Eland de Derby, etc.), lion. La préservation de ces zones à haute valeur de biodiversité est prioritaire.

Aucune aire protégée ne figure pour l’instant dans le haut Sénégal, malgré le fort intérêt écologique des mares et annexes humides.

Dans le document Monographie hydrologique du fleuve Sénégal (Page 122-125)

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