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Chapitre 1 | Contextualisation politique

B. De l’action à la compétence culturelle

L’action culturelle précède la compétence culturelle. Sans prétendre d’évoquer les traditions et paradigmes des politiques culturelles en France, voici un résumé des faits décisifs qui font des champs culturel et patrimonial ce qu’ils sont aujourd’hui.

Sans oublier la Révolution française, ce qui s’assimile à des politiques culturelles prend de l’ampleur dans les années 1936 avec le Front Populaire sous lequel voient le jour le Théâtre national populaire et les centres dramatiques nationaux. Juste après la création des Maisons des Jeunes et de la Culture en 1944, l’après-guerre conduit la Déclaration universelle des droits de l’homme à reconnaître le droit de participer à la vie culturelle en 1948 : « toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la

communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ». Ce n’est cependant qu’à les fin des années 50 qu’un Ministère dédié à la culture voit le jour sous l’impulsion d’André Malraux, premier ministre des Affaires Culturelles. Un plan quinquennal se dessine alors pour la culture. L’État commence à soutenir la création et les maisons de la culture sont créées en 1961. C’est aussi à cette époque que l’Inventaire général des richesses artistiques de la France est mis en oeuvre, tandis que la déconcentration devient effective en 1969 avec la création des premières Directions Régionales des Affaires Culturelles. À cette époque est également créé le comité du patrimoine mondial de l’Unesco, en 1978.

Le deuxième ministre français qui marque une évolution dans les politiques culturelles est Jack Lang entre 1981 et 1993 : il fait figure de modernisation des politiques culturelles en doublant le budget alloué et en s’intéressant à la culture dite populaire, dont l’une des actions les plus connues est la création de la fête de la musique en 1982.

En 2003, le patrimoine culturel immatériel est reconnu par la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

La loi NOTRe qui reconnaît les droits culturels complète ce point rapide sur l’évolution des politiques culturelles.

Avec les récentes loi sur l’intercommunalité, les politiques culturelles apparaissent de plus en plus définies déconcentrées ; en effet, la loi NOTRe fait de la culture une compétence certes facultative pour les collectivités mais toujours est-il qu’elle peut dorénavant apparaître de façon officielle dans les différentes collectivités et intercommunalités selon les transferts de compétences.

Cette évolution montre que les politiques culturelles passent d’une logique individuelle, où la culture est traitée localement, à une logique collective, où les projets peuvent mettre en relation différents acteurs institutionnels. Cela offre un cadre de développement plus important à la culture, et de fait au patrimoine puisqu’il est souvent rattaché à cette compétence. Par ailleurs, cela insinue que la culture et le patrimoine sont d’autant plus réfléchis en tant que missions d’intérêt général.

b.2 | Patrimoine et culture aujourd’hui

Aujourd’hui, il est donné aux politiques culturelles la possibilité de renouveler leur approche de la culture et des publics. Rappelons-le, la compétence — facultative — en lien avec la culture qui s’applique aux communautés d’agglomération est la suivante : construction, aménagement, entretien et gestion d’équipements culturels et sportifs d’intérêt communautaire. Cette compétence est assez large pour mettre en oeuvre différentes actions et différents projets.

Outre les aménagements, réhabilitations, etc, la médiation des différents équipements culturels occupe une place centrale dans les politiques publiques. La compétence a ici pour rôle de rendre accessible la culture — et le patrimoine — aux publics.

On peut ainsi prendre l’exemple de la Grange Dîmière qui présente des expositions contemporaines de céramique et propose des activités comme des stages autour de différentes techniques de céramique ou des balades autour de l’histoire de la Grange. De la même façon, les différentes entités du service patrimoine culturel proposent des actions qui mettent en avant l’aspect patrimonial de leurs objets.

De façon plus générale, l’une des politiques les plus répandues parmi les communautés d’agglomération étudiée est celle de l’Éducation Artistique et Culturelle (EAC). Elle est décrite comme suit dans le livret « Éducation artistique & culturelle en Pays Voironnais — actions 2017-2018 » : « les projets d’EAC s’appuient sur un équipement culturel du Pays Voironnais; ce dernier propose un contact avec une oeuvre; un temps de pratique (création artistique, observation ou recherche) et des apports de connaissance à destination des enseignants, des animateurs et des jeunes pour favoriser la construction de leur culture artistique et culturelle. » Le musée Mainssieux propose par exemple une visite « Dans tous les sens » : « toucher, sentir, goûter, écouter une oeuvre pour la voir autrement ! Quelques coups de pinceaux pour entrer au coeur des tableaux, entendre les vagues, sentir les fleurs… Découverte sensorielle et ludique de la collection permanente du musée Mainssieux. De la maternelle au CM2 » . 8

Livret « Action éducative — c’est pour eux » du Musée Mainssieux Voiron.

Faire découvrir la culture en mettant en oeuvre de nouvelles façons de le faire est donc au coeur des politiques culturelles, ce qui est important à retenir pour l’étude de la relation entre politique, patrimoine et communication.

L’intercommunalité et les politiques culturelles offrent aujourd’hui un cadre privilégié au développement de la culture et du patrimoine en cela qu’ils permettent de mettre en oeuvre divers projets et actions. Ces projets et actions témoignent du patrimoine culturel en tant qu’objet de communication dans une communauté d’agglomération.

Chapitre 2 | Le patrimoine culturel comme objet de communication au sein