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L’acte conscient simple

Définition

« Tout acte devient conscient s’il est perçu dans sa totalité1. »

L’acte conscient est un acte qui est décidé auparavant, dont chaque geste est senti du début à la fin, et qui est ensuite évalué. Il a donc les carac-téristiques suivantes.

• Il est réalisé en état de présence et en état de réceptivité. Ce que le doc-teur Vittoz qualifie d’état de présence désigne la qualité du moi qui est présent à ce qu’il fait, à ce qu’il dit, à ce qu’il est. Cette présence complète conduit le corps à mémoriser la situation et à y répondre correctement. Nous évitons ainsi les comportements négatifs et les

« déperditions » d’énergie. Ces dernières surviennent lorsque nous tentons de faire deux choses à la fois (nous n’en faisons aucune vrai-ment), ou que nous pensons à autre chose qu’à ce que nous sommes en train de réaliser (nous finissons alors, par exemple, par ne plus retrouver nos affaires).

• Il contient une énergie pour agir, l’énergie mobilisée étant juste celle qui est nécessaire pour soutenir l’acte du début à la fin. Par

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leurs, le fait que l’acte conscient a été décidé nous sort de l’ambiguïté du choix.

• Il amène à une réalisation.

• Il a un début et une fin. En effet, il comporte une durée et un dévelop-pement dans le temps : idée, intention, mise en mouvement, progres-sion soutenue de l’acte, fin lorsqu’il a abouti.

• Il est ensuite évalué quant à son déroulement et à son impact dans le corps. A-t-il été réalisé correctement ? Quelle est sa résonance dans notre corps ? Il peut s’agir du contentement d’avoir effectué ce qui avait été décidé. Ce temps de satisfaction ne doit pas être éludé.

Les actes conscients font appel à la réceptivité à soi-même puisqu’ils sont sentis tels qu’ils sont vécus (« avoir conscience d’un acte, ce n’est pas le penser mais le sentir1 »), en une succession de gestes vécus consciem-ment, au service de l’acte décidé auparavant.

« Dans l’acte conscient, le cerveau doit être uniquement réceptif2. »

En pratique

Déroulement

Après l’installation3, décidez de réaliser un acte simple en posant consciemment son début et sa fin. Réalisez-le en accueillant toutes vos sensations.

Si l’acte conscient consiste à fermer le gaz, voici son déroulement :

je décide d’éteindre le gaz.

1. VITTOZ R., Notes et pensées : angoisse et contrôle, Pierre Téqui, 1992.

2. VITTOZ R., Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral, Pierre Téqui, 1992.

3. Voir chapitre précédent p. 47.

DE S E X E R C I C E S D E R É C E P T I V I T É

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je saisis le bouton en sentant bien sa forme, sa température.

je sens la force que je dois mettre au niveau de mes doigts pour tourner ce bouton.

je sens le bouton qui tourne, jusqu’au déclic qui signifie la position zéro.

je regarde le brûleur qui est bien éteint.

je prends le temps de vérifier le résultat de l’exercice.

Une fois le résultat voulu obtenu, posez-vous les questions sui-vantes : qu’ai-je senti ? Puis-je retrouver la sensation du bouton qui tourne, revoir le brûleur éteint ? Ai-je exécuté l’acte que j’avais décidé ? jusqu’à la fin ? Comment est-ce que je me sens maintenant ? Quelle résonance cet exercice a-t-il en moi ?

Les difficultés rencontrées

Les principales difficultés rencontrées sont celles liées à la récep-tivité et au manque de cadre de l’exercice qui souvent n’est pas réalisé en sensation jusqu’à la fin. Si pendant que vous tournez le bouton du brûleur, vous vous mettez à penser aux courses que vous allez faire, vous ne saurez plus si vous avez effectivement fermé le gaz.

Intérêt de l’exercice

L’acte conscient nous amène à ne faire qu’une seule chose à la fois, sans nous laisser distraire. La pratique des actes conscients restaure le contrôle cérébral en faisant s’alterner des moments de réceptivité et d’émissivité.

« Faites pendant des mois et des mois des actes conscients et arrivez par cette voie à la liberté de la volonté, c’est-à-dire à être indépendant de toute situation1. »

1. VITTOZ R., Notes et pensées : angoisse et contrôle, Pierre Téqui, 1992.

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L’acte conscient favorise l’état de présence, en nous mettant dans l’« ici et maintenant ». Endiguant le vagabondage cérébral, il modifie l’état du cerveau qu’il met au repos. La conscience est ainsi libérée de son contenu mental ou émotionnel.

Source de confiance en soi, il peut aussi être utilisé comme barrage à l’émotion. Il participe à la rééducation de la volonté et permet à celui qui s’y exerce de se réapproprier sa propre vie.

Cet acte, si son déroulement complet est respecté, demande du temps : il faut prendre le temps de décider l’acte, de se rendre présent à ce que l’on fait et d’en récolter les fruits. C’est un acte qui rompt les automatismes.

Si ces derniers sont très utiles dans certains cas, ils deviennent néfastes pour les actes importants comme éteindre le gaz, fermer sa porte, savoir où l’on a posé ses clés ou garé sa voiture sur le parking du supermarché…

L’acte conscient assure donc la tranquillité : nous sommes certains d’avoir réalisé l’acte et économisons ainsi de l’énergie.

Si l’exercice effectué une fois apporte un résultat momentané, sa répéti-tion fréquente installe un état permanent. Grâce à l’acte conscient, nous passons d’un état passif à un état actif, d’où un enrichissement au niveau de notre présence à nous-mêmes, au monde et aux autres.

L’acte conscient différé

Définition

Dans l’acte conscient, l’attention est portée sur la conscience de la sensa-tion de l’acte : « Je sens que je me lève. »

Dans l’acte conscient différé, l’acte est décidé maintenant, exécuté consciem-ment en images consciem-mentales, mais réalisé ultérieureconsciem-ment au moconsciem-ment choisi.

Nous savons ce que nous avons à faire, nous savons que nous devons l’exécuter mais nous n’y parvenons pas dans l’immédiat. Quelque chose

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en nous n’est pas en accord avec cet acte et nous en avons conscience, même si nous ne savons pas exactement de quoi il s’agit.

L’acte conscient différé est un acte contrôlé, car c’est en « le sachant et en le voulant » que nous ne le réalisons pas maintenant : nous nous donnons le droit de dire « non, pas maintenant », ce qui nous assure une économie d’angoisse (« il faut absolument que je fasse cela… »).

En pratique

Préparation

En image mentale, anticipez la réalisation de l’acte : visualisez le moment et l’endroit où vous le réaliserez, ainsi que son déroulement en détail. Sentez-vous physiquement en train de le faire. Vous l’ins-crivez de cette manière dans la mémoire de votre corps.

Réalisation

L’acte conscient différé demande, à un instant, de mobiliser son énergie1 pour décider d’agir. Le moment venu, l’énergie inscrite dans la mémoire du corps lors de la préparation permet de réaliser l’acte.

Les difficultés rencontrées

Votre décision manque de sincérité, vous n’êtes pas en accord avec l’acte à réaliser.

Vous ne parvenez pas à sortir de la passivité : vous différez sans arrêt, « je le ferai demain ».

Essayez d’analyser les raisons de votre difficulté à effectuer cet acte, reprenez les exercices de respiration d’énergie.

Vous manquez de souplesse d’adaptation face à un événement imprévu : un événement imprévu surgit entre l’acte différé et sa 1. Voir les appels d’état (énergie) au chapitre 5.

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réalisation qui vous empêche de le faire (le jour où vous vous êtes enfin décidé à aller faire une démarche, les bureaux sont fermés).

Faites preuve d’adaptabilité : un acte différé une fois peut être différé à nouveau.

Intérêt de l’exercice

L’acte conscient différé aide à mieux gérer son temps. En effet, il nous libère de ce qui nous préoccupe : nous sommes plus disponibles car nous nous autorisons un espace de plaisir (entre la préparation et la réalisation) durant lequel nous ne pensons plus que nous devons réaliser cet acte.

Il aide aussi à prendre du recul, et donc à lutter contre l’impulsivité.

Nous sommes alors plus facilement capables de nous adapter à la réalité, puisqu’elle est vécue comme moins contraignante.