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POLITIQUES DE CONTRÔLE DE L’ALCOOL, DU

TABAC ET DES JEUX DE HASARD ET D’ARGENT

Sur les marchés légaux du tabac, de l’alcool et des JHA, les pouvoirs publics ont un rôle actif en matière de contrôle de fabrication, de mise sur le marché et sur les conditions de consommation, dans l’objectif de remédier aux problèmes socio- économiques, de santé, de sécurité imputable à ces consommations. Il s’agit de réglementer des conditions de production sécuritaires (par exemple normalisation et certification du matériel de jeux, mesures d’information du consommateur), réglementer et restreindre les disponibilités, sans être une promotion. C’est aussi assurer la réglementation des contextes de commercialisation (délivrance de licences) et de consommation, tout en assurant une prévention et une information actualisées.

Toute politique de contrôle pose une double question. D’une part, celle de la tolérance dans une société où l’expression des libertés y est forte et où la consommation en général est valorisée. D’autre part, celle de la portée même de cette politique. Est-ce qu’une approche portant sur toute l’échelle d’exposition à un facteur de risque (campagnes d’information et mesures restrictives visant la population dans sa globalité) doit-elle être privilégiée à celle fondée sur des groupes à risque ? C’est une appréciation qui relève essentiellement des pouvoirs publics qui ont besoin en cela d’outils d’évaluation et de mise en perspective, pour que le niveau d’acceptabilité de toute intervention soit le plus élevé.

La consommation d’alcool, de tabac et des JHA sont des sujets sur lesquels la majorité des Français ont une opinion. Il n’est pas certain cependant que lutter contre leurs méfaits fasse consensus.

En France, depuis 1999, l’OFDT mène régulièrement des Enquêtes sur les Représentations, Opinions et Perceptions sur les Psychotropes (EROPP). Ces enquêtes permettent de cerner les opinions de la population sur les substances licites et illicites, leurs usagers et les politiques publiques s’y rapportant.

Section 2.1 – L’acceptabilité des mesures préventives

La perception de la dépendance et celle de la nocivité des produits ne sont pas fixes. Elles sont le fruit des expériences individuelles, du discours politique et des connaissances médicales et expertes. Une importante revue de la littérature basée sur 200 recherches réalisées en Europe, Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-

Zélande relatives aux attitudes du public à l’égard des interventions gouvernementales visant à modifier les comportements liés à la santé notamment celles relatives à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme apporte un éclairage intéressant. Elle montre en effet que le soutien public est plus important pour les mesures les moins intrusives et les campagnes d'éducation que pour la fiscalité ou les restrictions de vente (Diepeveen, Ling, Suhrcke, Roland et Marteau, 2013). Les étiquettes de mise en garde et les campagnes d’éducation, les politiques en faveur de changement de comportement des mineurs ont bénéficié de plus de soutien que les mesures dissuasives comme la taxation des produits de l’alcool et du tabac. Une autre étude a montré que l’exposition à une lutte antitabac pouvait renforcer les attitudes favorables à l’égard de la réglementation antitabac (Schmidt, Kowitt, Myers et Goldstein, 2018).

En France, en 1976, apparaît la première campagne anti-tabac. Fumer était alors perçu comme une consommation esthétique, qui donne de l’ampleur à l’imagination des écrivains et des artistes et symbolise l’autonomie et la liberté. Aujourd’hui, fumer est synonyme de pause improductive et d’incapacité à juguler une consommation destructrice. Cette dénormalisation du tabac s’est réalisée par un changement de normes sociales relatives au tabagisme, par une modification des représentations sociales du tabac et de ses consommateurs (Lagüe, Jacques et Institut national de santé publique du Québec, 2004).

Pour favoriser le changement de comportement, il est important que les mesures de prévention et d’éducation informent de la nocivité du comportement cible. Il a été montré que les personnes informées du risque de cancer à cause de l’alcool étaient plus susceptibles de soutenir des politiques relatives à ce produit (Bates et al., 2018 ;

Christensen, Meyer, Dalum et Krarup, 2019).

Ces campagnes de prévention doivent aussi s’appuyer sur les croyances qui étayent les attitudes et mettent en exergue les valeurs sur lesquelles se fondent les jugements d’acceptabilité (par exemple, avoir une vie saine). Il est établi que les opinions sur les politiques publiques sont étroitement combinées aux jugements de valeur de la population à l’égard des consommateurs visés par ces mesures gouvernementales (Costes, Le Nézet, Spilka et Laffiteau, 2010).

De plus, concernant les JHA, la perception des méfaits de ces produits peut entraîner un soutien de la population aux mesures de prévention et de réduction des risques associés à ces jeux (Thomas et al., 2017).

En 2008, une enquête nationale réalisée auprès de 2 000 personnes âgées de 18 à 75 ans a permis d’apporter des informations intéressantes sur la perception des Français concernant les campagnes de prévention de l’alcool, du tabac notamment (Peretti-Watel, Seror, du Roscoät et Beck, 2009). Plus de 8 Français sur 10 (82%) étaient d’accord pour considérer que les campagnes d’information sur les risques pour la santé du tabagisme, de l’abus d’alcool ou liés aux mauvaises habitudes alimentaires étaient fiables, une forte majorité (68 %) les perçoivent moralisatrices et 1 adulte sur 2 considère qu’elles incitent à changer de mode de vie. Plus précisément, concernant les messages de prévention sur les dangers du tabac, sur l’ensemble des enquêtés, 22% se sont sentis comme personnellement interpellés et parmi eux 36% de fumeurs. Ces messages ont été une motivation importante pour arrêter de fumer pour des anciens fumeurs (43%) ou encore pour réduire leur consommation pour 65% des fumeurs au moment de l’enquête.

Relativement aux messages consacrés aux dangers de l’abus d’alcool, seulement 9% des personnes interrogées se sont senties personnellement concernées. Néanmoins, ces messages ont entraîné la modification de comportement chez les buveurs d’alcool, puisqu’un tiers d’entre eux rapportent avoir diminué leur consommation (pour la plupart durablement) et dans ce cas, pour la majorité d’entre eux afin d’éviter d’être alcoolisés avant de prendre le volant.

Enfin, dans cette même étude, suite à la diffusion des messages de prévention et à l’étude de leur impact sur la population française adulte, cinq profils ont été dégagés : les réceptifs (36%), les indifférents (13%), les hostiles (15%), les méfiants (13%), les angoissés (13%).

La population française semble mesurer mieux aujourd’hui le risque lié à la consommation de tabac et d’alcool. Elle a une perception plus immédiate des dangers encourus. Concernant les mesures préventives en matière de consommation de tabac et d’alcool visant la population des femmes enceintes, un consensus massif partage l’opinion qu’une femme enceinte ne doit pas continuer de fumer ou de boire de l’alcool même de temps en temps (Costes, Le Nézet, Spilka et Laffiteau, 2010).

Cependant, l’acceptabilité des mesures préventives n’est pas suffisante à engendrer des changements de comportements. Leur impact est à la mesure de leur adaptation aux populations concernées.

Avec l’avancée des technologies mobiles et internet et grâce à leur interactivité, les mesures préventives peuvent cibler des groupes particuliers (targeted communication). Elles peuvent aussi proposer des stratégies adaptées à chaque individu (tailored communication), sur la base d’informations personnelles (Kreuter et Wray, 2003).

L’usage de la cigarette électronique se développe et tend à être un moyen de réduction des risques. Néanmoins, si la cigarette électronique est un moyen de sevrage pour les adultes, elle faciliterait l’entrée des jeunes dans le tabagisme. C’est le constat posé par une étude américaine auprès de 10 384 jeunes âgés de 12 à 17 ans. Les adolescents qui vapotent ont 2,5 fois plus de risques de consommer du tabac par la suite. Le risque de passage à la cigarette combustible augmente avec l’utilisation de la cigarette électronique car ce produit de substitution conduit à un processus similaire à l’utilisation de la cigarette (Watkins, Glantz et Chaffee, 2018). Ce constat va dans le même qu’une étude française auprès de 600 adolescents âgés de 15 à 18 ans. Les adolescents prenant l’habitude d’un geste, d’inhaler un produit tendent à basculer dans le tabagisme (Gentina, Kilic et Dancoine, 2017).

En France, selon le rapport de synthèse sur les États généraux de l’alcool (INPES, 2006), les personnes, âgées de 15 ans et plus, interrogées en 2005, appréciaient favorablement l’action des pouvoirs publics et des associations pour lutter contre les méfaits de l’abus d’alcool. Une très large majorité (83 %) trouve les campagnes d’information et les actions de prévention pertinentes pour aider à réfléchir à sa consommation d’alcool et utiles pour encourager le changement de comportement face au produit.

De nos jours, les consommations d’alcool et de tabac tendent à diminuer, cependant, comparativement, ces réductions n’ont pas la même intensité. En 2017, près de neuf personnes âgées de 18 à 75 ans sur dix (86,6 %) ont consommé de l’alcool au moins une fois dans l’année, 10 % sont des consommateurs quotidiens et 20,7 % ont déclaré avoir été ivres au cours de douze derniers mois (Richard et al. 2019).

Si l’attrait du tabac a fortement diminué ces dernières années, le recul du tabagisme en est certainement la conséquence. La dénormalisation du tabac en France est à mettre au crédit des interventions préventives et d’autres mesures (messages sanitaires sur les paquets, restrictions publicitaires, interdiction de fumer dans les lieux publics, hausse des prix). Les campagnes d’information sur le tabagisme ont fortement interpellé les Français en ce domaine.

A l’opposé, la consommation d’alcool reste banalisée et son caractère addictif est moins perçu par la population. En 2018, plus de la moitié (56 %) des enquêtés âgés de 18 à 75 ans considère qu’offrir ou boire de l’alcool fait partie des règles du savoir- vivre (Spilka et al., 2019). Durant cette même année, plus de la moitié des Français âgés de 18 ans et plus (54 %) estime ne pas prendre de risques en buvant de l’alcool (Micheau, 2018) et plus de 5 répondants sur 10 (54 %) déclare qu’être fumeur est moins bien accepté (Spilka et al., 2019). « L'alcool et le tabac bénéficient du même statut licite, mais la perception sociale de l'alcool reste positive quand celle du tabac s'est dépréciée » (Caniard et Augé-Caumon, 2019, p. 18).

Section 2.2 – L’acceptabilité des mesures de réglementation

Les politiques de contrôle de l’alcool, du tabac et des JHA mettent en balance des intérêts contradictoires des individus. Aux besoins récréatifs des uns s’opposent les besoins de sécurité et de tranquillité des autres. Aujourd’hui, c’est essentiellement la pensée biologique tournée vers la santé publique qui oriente les politiques de contrôle. Cette visée salutaire n’est point suffisante pour recevoir le soutien de mesures impopulaires.

En vue d’accroître l’acceptabilité de ces interventions, les décideurs politiques doivent a) fournir des informations sur la pertinence des mesures, comme il a été montré s’agissant d’incitations financières pour favoriser l’arrêt du tabac et la perte de poids (Promberger, Dolan et Marteau, 2012), b) rendre visibles les résultats de ces politiques pour obtenir un plus grand appui de la population (Pechey, Burge, Mentzakis, Suhrcke et Marteau, 2014). De même concernant une politique restrictive en matière d’alcool, le soutien de l’opinion publique est renforcé lorsqu’il est associé

à la conviction des dommages causés et à la croyance en l’efficacité des mesures décidées (Storvoll, Moan et Rise, 2014).

Un fort soutien à une réglementation (anti-tabac) est corrélé positivement à des niveaux élevés de mise en œuvre de ces mesures dans un pays (Lidón-Moyano et al., 2018).

Cependant, tout soutien n’est pas un gage de l’efficacité d’une politique et réciproquement, une politique perçue efficace peut ne pas recevoir de soutien (Li et al., 2017). En outre, les opinions négatives à l’égard des politiques de contrôle peuvent affaiblir sa mise en œuvre (Kaskutas, 1993 ; Moskalewicz, Wieczorek, Karlsson et Österberg, 2013).

Dans l’objectif de contrarier, avec succès, les efforts des industries pour vendre davantage leurs produits nocifs, les gouvernements ont besoin d’un fort soutien de la société civile, d’autant que les réglementations et les interventions sur le marché sont les seuls moyens à la disposition des pouvoirs publics (Moodie et al., 2013). De nombreuses études empiriques ont, par conséquent, été menées sur les attitudes des personnes relativement aux politiques du contrôle. Elles portent notamment sur la tarification des produits.

Diepeveen, Ling, Suhrcke, Roland et Marteau (2013) ont montré que l’appui le plus fort aux mesures exigeantes concernait la lutte anti-tabac et qu’en général, les politiques relatives au prix de l’alcool étaient moins bien acceptées, sauf si elles avaient notamment pour objectif de réduire la consommation d’alcool chez les jeunes (Latimer, Harwood, Newcomb et Wagenaar, 2003). Leurs résultats vont dans le même sens que ceux d’une étude antérieure réalisée en Suisse relativement aux produits du tabac (Marques-Vidal et al., 2010).

Les populations sont davantage en faveur de mesures relatives aux boissons alcoolisées qui concernent l’étiquetage et le marketing que celles visant la disponibilité ou la tarification (Buykx, Gilligan, Ward, Kippen et Chapman, 2015). Les mesures qui touchent la disponibilité et le prix de l’alcool sont moins populaires car elles concernent l’ensemble de la population (Li et al., 2017).

Les politiques les moins intrusives (campagnes d’information) et celles ciblant les buveurs problématiques sont mieux accueillies (Room, Babor, et Rehm, 2005).

la perception de l’autre comme différent de soi, à travers l’altérité (Johnson et al., 2004).

En Europe, en 2016, au sein des États membres parties prenantes à l’action commune visant à réduire les dommages liés à l’alcool, la moitié des citoyens est favorable à des mesures fortes comme des prix élevés, des restrictions du nombre de points de vente, interdictions de vente et prohibition de la publicité (RARHA, 2016).

En France, une moindre adhésion à une augmentation des taxes pour réduire l’offre d’alcool est également relevée (Costes, Le Nézet, Spilka et Laffiteau, 2010). Au Canada, la hausse des prix des boissons alcoolisées est une mesure impopulaire, davantage encore chez les plus forts consommateurs (Macdonald, Stockwell et Luo, 2011).

Concernant le tabac, en France, l’efficacité de ces hausses reste tangible puisque 52 % des fumeurs qui ont diminué leur consommation reconnaissent que le prix des cigarettes a constitué une motivation importante (Peretti-Watel, Seror, du Roscoät et Beck, 2009). En Europe, le soutien le plus marqué de la population est relatif aux mises en garde sanitaires sur les emballages de tabac, alors que l’augmentation de la taxation est moins bien acceptée (Lidón-Moyano et al., 2018).

Relativement aux JHA, les politiques ayant pour objectif de réduire le nombre de sites de jeux en ligne sont fortement soutenues par la population (Thomas et al., 2017). Quelques années auparavant, il avait été observé en Nouvelle-Zélande que la hausse de l’offre de jeux et les messages favorables de l’industrie ou du gouvernement n’avaient pas conduit à une attitude positive du public. Une étude comparative entre la France et la Finlande a montré que les répondants finlandais étaient généralement plus satisfaits de leur système national de jeu que les Français. Ces derniers avaient manifesté de la méfiance à l’égard des établissements de jeux nationaux et souhaitaient des mesures de protection plus strictes, En outre, les résultats de cette enquête ont établi que l’acceptabilité de ces politiques étaient liée au contexte institutionnel et culturel dans lequel s’inscrivent ces jeux (Pöysti, 2014).

La proximité avec le produit (le fait de le consommer ou de l’avoir consommé) clive très sensiblement les opinions sur l’opportunité et les moyens de réduction de la demande. Cette proximité influe évidemment sur les représentations, comme le constatent régulièrement les enquêtes EROPP réalisées en France.

De même, la littérature relate que les interventions ciblées pour lutter contre une consommation nocive sont plus fréquemment appuyées par les populations qui ne sont pas ou plus consommatrices : a) par les non-fumeurs et les anciens fumeurs (Diepeveen, Ling, Suhrcke, Roland et Marteau, 2013), b) par les non-buveurs et ex- buveurs pour les interventions relatives à l’alcool (Giesbrecht, Ialomiteanu, Anglin et Adlaf, 2007 ; Holmila, Mustonen, Österberg et Raitasalo, 2009 ; Wilkinson, Room et Livingston, 2009). Cependant, une étude relative à la lutte antitabac au sein de l’Union européenne (2012-2014) montre que chez les non-fumeurs et les anciens fumeurs, l’expérimentation de la cigarette électronique a entraîné une diminution du soutien aux politiques de lutte antitabac, comme l’interdiction de la publicité du tabac (Laverty, Filippidis, Fernandez et Vardavas, 2018).

En miroir, les consommateurs de ces produits sont défavorables à des politiques restrictives et d’interdiction. Les buveurs d’alcool soutiennent davantage les mesures réduisant les préjudices sanitaires et sociaux associés à l’alcool que les décisions limitant leur propre accès à ce produit (Li et al., 2017). De même, les fumeurs sont moins susceptibles d’être favorables à des mesures de tarification ou d’étiquetage de boissons alcoolisées que les non-fumeurs (Buykx, Gilligan, Ward, Kippen et Chapman, 2015).

Concernant les politiques publiques relatives à l’alcool, le soutien est plus marqué chez les personnes qui ont subi des préjudices de la part de buveurs (Greenfield, et al., 2014).

En France, selon l’enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) de l’OFDT, réalisée en 2008, les opinions des Français sur les drogues (alcool et tabac compris) et sur les politiques publiques s’établissent en fonction de facteurs individuels (éducation scolaire, milieu social plus ou moins favorisé, expériences, activités, connaissances…) et selon la proximité avec les produits psychoactifs. Ainsi, il apparaît que les personnes ayant un niveau d’études supérieur, actifs, de milieu social favorisé, consommant ou ayant consommé un produit potentiellement addictif ont des positions plus libérales et moins prohibitionnistes (Costes, Le Nézet, Spilka et Laffiteau, 2010).

population approuve des mesures de prévention et de réglementation précises pour enrayer les préjudices liés à l’alcool (Li et al., 2017) et aux JHA (McAllister, 2014 ; Thomas et al., 2017).

Dans les enquêtes, les Français adhèrent fortement aux mesures de santé publique visant à un plus grand contrôle de l’offre de tabac et d’alcool, notamment celles limitant l’accès à ces produits pour les mineurs. En 2005, en France, une majorité des personnes (58 %), âgées de 15 ans et plus, a déclaré que l’action des pouvoirs publics dans le domaine de la réglementation de la consommation d’alcool n’était pas suffisante et, à l’opposé, un tiers (29 %) regrettait le caractère liberticide de l’action des pouvoirs publics (INPES, 2006). Dans le même sens, en 2012, les Français avaient exprimé une opinion prohibitive concernant le tabac et l’alcool. Ils marquaient ainsi leur soutien aux restrictions d’accès des mineurs à ces produits, par la loi de juillet 2009 Hôpital, patients, santé et territoire (HPST). En effet, une très large majorité était d’accord avec l’interdiction de vente de tabac (90 %) et d’alcool (93 %) aux moins de 18 ans (Tovar, Le Nézet et Bastianic, 2013).

Ce constat souligne qu’une politique anti-tabac reçoit le soutien le plus fort lorsque les mineurs sont concernés (Rosenberg, Pettigrew, Wood, Ferguson et Houghton, 2012). Aux Etats-Unis, une étude a montré qu’une forte majorité de la population (80%) était favorable à des restrictions d’accès des mineurs aux produits du tabac (Rose et al., 2015).

Il en est de même pour l’alcool. Si, en général, les mesures restrictives en matière d’alcool recueillent le soutien d’une grande partie de la population, ce sont les politiques ciblant les jeunes qui reçoivent un soutien accru (Moskalewicz, Wieczorek, Karlsson et Österberg, 2013). Aux Pays-Bas, le fait que les vendeurs d’alcool se conforment davantage à la nouvelle législation suite à l’augmentation de l’âge légal de vente de boissons alcoolisées, de 16 à 18 ans, suggère une acceptabilité de l’interdiction d’achat d’alcool chez les mineurs (Schelleman-Offermans, Roodbeen et Lemmens, 2017).

Ce consensus à l’égard de ces restrictions renvoie sans doute à la prise de conscience accrue des méfaits de ces deux usages chez les mineurs. L’adhésion était moins marquée en faveur de la prohibition de l’alcool pour les majeurs (41 %) (Tovar, Le Nézet et Bastianic, 2013).

En 2016, en France, une très large majorité d’adolescents (90 %), âgés de 15 à 18 ans, était favorable à l’interdiction de la cigarette électronique au collège et au lycée, ainsi que dans les transports collectifs fermés (85 %) et les lieux publics ouverts comme les centres commerciaux, les bars et restaurants (Gentina, Kilic et Dancoine, 2017).

Plus généralement, concernant le tabac, il a été montré que les non-fumeurs, les anciens fumeurs, les femmes, les personnes âgées et les personnes ayant des vues politiques non-conservatrices étaient plus favorables aux politiques de contrôle que les fumeurs, les hommes, les personnes jeunes et les personnes ayant des vues conservatrices (Diepeveen, Ling, Suhrcke, Roland et Marteau, 2013 ; Filippidis, Girvalaki, Mechili et Vardava, 2017 ; Rose et al., 2015; Schmidt, Kowitt, Myers et

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