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L’évaluation du risque géomorphologique dans les régions touristiques

3. C ADRE THÉORIQUE

4.2 L’évaluation du risque géomorphologique dans les régions touristiques

L’évaluation du risque géomorphologique dans les régions touristiques est une méthode italienne élaborée par les universités de Gênes, Pavie et Milan.

Cette méthode d’évaluation joue un rôle important dans le domaine des études sur le danger et le risque géomorphologique, car elle s’intéresse au rapport entre les dynamiques géomorphologiques et le tourisme, qui représente un aspect particulier de la vulnérabilité.

Même si la faible attention envers les processus géomorphologiques locaux est souvent responsable d’accidents, il apparaît essentiel d’évaluer les éléments morphologiques et structuraux présents le long des itinéraires pédestres qui peuvent affecter les touristes et donc augmenter leur vulnérabilité. En effet, une meilleure connaissance des phénomènes d’instabilité et des situations influençant la vulnérabilité touristique peuvent contribuer à une mitigation33 du risque. La divulgation est donc essentielle pour rendre le touriste plus conscient des situations de risque présentes le long des itinéraires pédestres.

Cette méthodologie d’analyse standard (BRANDOLINI et al., 2007)34 vise à déterminer le danger géomorphologique et la vulnérabilité touristique, pour aboutir à une classification du risque géomorphologique sur les sentiers pédestres. Cette évaluation peut ensuite servir de support dans la gestion et l’aménagement du territoire. Dans ce but, un protocole prévoyant la compilation de 5 fiches a été réalisé par BRANDOLINI et al. (2007) ; ce protocole est composé par :

1° → une fiche générale de localisation de la zone ou de l’itinéraire touristique ; 2° → une fiche concernant les dangers géomorphologiques ;

3° →une fiche tenant compte des éléments géomorphologiques pouvant influencer la vulnérabilité ;

4° → une fiche définissant la vulnérabilité touristique ;

5° → une fiche estimant le risque géomorphologique relatif aux activités touristiques.

4.2.1 Démarche

1° Fiche générale de localisation de la zone ou de l’itinéraire touristique (partie 1) Cette fiche d’introduction met en avant en premier lieu la zone de l’itinéraire étudié : la dénomination de la région examinée fait référence à un toponyme précis. Une carte de la zone d’étude au niveau régional et une photo permettent une localisation géographique immédiate.

Les caractéristiques géographiques principales (situation, bassin versant, coordonnées géographiques, altitude minimale et maximale de l’itinéraire, références cartographiques), le balisage et la cotation35 du sentier, l’accessibilité à la zone (temps de marche) et le type d’intérêt touristique sont présentés. L’auteur de l’évaluation générale, en cas de questions,

33 La mitigation du risque correspond à une « application sélective de techniques appropriées et de principes de gestion afin de réduire soit la probabilité d’occurrence d’un événement, soit ses conséquences néfastes, ou les deux » (Glossary of risk assessment terms by the International Centre for Geohazards (ICG)).

34 La version de BRANDOLINI et al. (2007) utilisée au cours de ce travail a été traduite en français par Georgia Fontana.

35 Les cotations utilisées sont celles établies par le groupe de travail évaluation des difficultés du Club Alpin Suisse (CAS), annexe 1.

ainsi que la date, mettant en évidence la saison au cours de laquelle l’évaluation a eu lieu, sont aussi indiqués.

Cette fiche introductive de description accorde ainsi une importance particulière aux caractéristiques naturelles du territoire.

2° Fiche concernant les dangers géomorphologiques (partie 2)

L’environnement alpin traverse actuellement une période de transformation intense et rapide causée par les activités anthropiques d’une part et par les répercussions dus aux changements climatiques d’autre part. L’expansion des activités touristiques dans des zones toujours plus fragiles implique une augmentation des risques et des impacts. La conséquence principale est une fréquentation croissante de régions sujettes depuis longtemps aux dangers géomorphologiques, mais aussi de zones qui n’en sont concernées que depuis peu, suite aux variations climatiques récentes.

Cette fiche prend donc en compte les dangers géomorphologiques actuels. Les itinéraires pédestres situés dans les Alpes, de par leur longueur et leur dénivellation, sont la plupart du temps affectés par plusieurs phénomènes différents. La fiche d’évaluation prévoit ainsi de distinguer les dangers du même genre et de genre différent le long des itinéraires : plusieurs fiches numérotées de manière progressive (du départ à l’arrivée du sentier) doivent donc être établies (événement n°1, événement n°2, …).

Les fiches reportent la dénomination du type d’aléa, sa localisation (situation de l’itinéraire affecté (coordonnées) et extension du phénomène) et une description spécifique du danger.

Les caractéristiques géologiques de la zone sont indiquées si nécessaire. Les caractéristiques du phénomène (région, longueur du tracé affecté), la fréquence potentielle de l’événement et les conditions météorologiques pouvant amorcer ou accroître le danger sont également reportées. Si besoin, des remarques concernant la dynamique du phénomène peuvent aussi être exposées. Ceci permet d’établir un degré de dangerosité pour l’aléa étudié. De plus, des photos ou des extraits de cartes géomorphologiques permettent d’illustrer et d’identifier les processus dans leur contexte général.

Cette identification des dangers peut aussi être documentée par des événements passés, ainsi que par l’analyse géomorphologique effectuée sur le terrain. Ces dangers sont évalués dans la partie 5 du protocole qui définit le risque géomorphologique.

3° Fiche tenant compte des éléments géomorphologiques pouvant influencer la vulnérabilité (partie 3)

Les variations météorologiques agissent non seulement sur le déclenchement de certains processus géomorphologiques (laves torrentielles), mais elles ont aussi des répercussions majeures sur la vulnérabilité humaine, plus difficilement identifiable mais également importante. La présence de roches mouillées et glissantes, la perte d’orientation, la détérioration des conditions physiques ou encore un équipement et une préparation inadaptés sont tous des exemples de facteurs qui peuvent accroître la vulnérabilité de l’individu de façon plus ou moins marquée.

39 La complexité et la multiplicité de ces facteurs doivent impliquer une attention remarquée non seulement envers ce qui concerne la compréhension des phénomènes naturels, mais surtout envers leurs possibles interactions avec la fréquentation de certaines zones et avec leurs utilisations à des fins touristiques.

La fiche identifie donc les caractéristiques géographiques (coordonnées des tronçons), les aspects morphologiques et structuraux des itinéraires (structure de l’itinéraire, exposition, état de conservation, pente), ainsi que les particularités climatiques (variations météorologiques) pouvant influencer la vulnérabilité des touristes le long des chemins pédestres.

4° Fiche définissant la vulnérabilité touristique (partie 4)

Le danger peut augmenter à cause de l’intensification de certains phénomènes naturels et peut entraîner des réactions différentes chez le touriste selon ses caractéristiques physiques et techniques. Il sera par conséquent exposé à une vulnérabilité faible ou élevée par rapport à un événement naturel et donc à un degré de risque différent.

Cette fiche présente ainsi le type d’activités touristiques pratiquées, la période majeure de fréquentation, les types de structures présentes, la fréquence touristique relative et les éléments d’intérêts touristiques.

5° Fiche estimant le risque géomorphologique relatif aux activités touristiques (partie 5) En mettant en relation le danger géomorphologique prévisible et les éléments géomorphologiques qui peuvent influencer la vulnérabilité touristique, il est possible d’attribuer différents degrés de risque (blanc, jaune, bleu et rouge) le long des itinéraires examinés.

L’échelle utilisée provient de la matrice d’évaluation des aléas qui permet de produire les cartes de dangers (OFAT, OFEE et OFEFP, 1997a, b). Elle se base sur la relation intensité / probabilité et prévoit quatre degrés de risque. Un tronçon présentant un risque élevé est représenté en rouge, un risque moyen est représenté en bleu, un risque faible en jaune, alors que les secteurs présentant un risque résiduel selon l’état des connaissances actuelles sont figurés en blanc.

4.2.1 Adaptation

Dans le cadre de l’évaluation du danger géomorphologique sur les sentiers pédestres du Val Ferret, la méthode développée par BRANDOLINI et al. (2007) a été quelque peu adaptée. En effet, la région d’étude se situant exclusivement en milieu alpin, plusieurs modifications ont été apportées :

- dans la première fiche, qui localise l’itinéraire touristique, trois caractéristiques ont été ajoutées : elles concernent le balisage, la cotation du sentier36 et le temps approximatif de marche.

36 Selon la nouvelle échelle pour la cotation des randonnées en montagne et alpines, annexe 1.

- dans la deuxième fiche, les caractéristiques de la roche ont été maintenues uniquement lors d’aléas où cette particularité joue un rôle prépondérant. Elles sont remplacées par une rubrique « remarques sur la dynamique du phénomène » dans le cas contraire.

- la structure des itinéraires, dans la troisième fiche, a été partiellement ajustée aux caractéristiques des environnements alpins : moraine, chaînes, échelles et des indications plus précises sur le type de substratum rocheux permettent de mieux définir la structure en place.

De plus, les quatre sentiers étudiés ont été divisés en tronçons homogènes, ce qui a permis de définir un degré de difficulté37 et un degré de danger38 pour chaque secteur, facilitant ainsi l’évaluation du risque géomorphologique39.

37 Cf. chapitre 6.1.

38 Cf. chapitre 7.1.

39 Cf. chapitre 7.2.