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La Dranse de Ferret prend sa source à 2267 m au fond du Val Ferret, entre les Aiguilles des Angroniettes (2882 m) et la Pointe de Combette (2762 m). Elle draine la vallée du sud au nord en traversant plusieurs zones (ROSSET, 1990) : elle parcourt en premier lieu une zone modelée par les glaciers, relativement large, dans laquelle elle dessine des méandres à amplitude limitée. Par la suite, un verrou allongé la contraint à se tailler un tracé en gorge.

Depuis le village de Ferret, elle coule entre les cônes de déjection des torrents latéraux jusqu’en amont de Praz-de-Fort, où la moraine latérale droite tardiglaciaire du glacier de Saleina la contraint à traverser la vallée. Le tassement de Montatuay force la Dranse à se tailler une nouvelle gorge au niveau de Som-la-Proz. Elle atteint finalement Orsières pour former la Dranse d’Entremont, après avoir rassemblé le long de son parcours toutes les eaux des nombreux torrents des rives gauche et droite.

Les divers affluents de la Dranse ont des régimes de type nival, glaciaire ou torrentiel, avec un réseau plus développé et hautement hiérarchisé en rive gauche. La hiérarchisation du réseau atteint couramment le degré 3 en rive gauche, tandis qu’il ne dépasse jamais le degré 2 en rive droite (ROSSET, 1990). La différence d’altitude assez importante entre les deux rives implique une alimentation différentielle des cours d’eau. En effet, ceux situés en rive gauche sont des émissaires glaciaires avec un écoulement d’eau continu en saison estivale alors que les torrents situés en rive droite sont principalement alimentés par la fonte des neiges et les précipitations (orages estivaux). Ces torrents ont donc un écoulement continu au début de la saison chaude du fait de la fonte neigeuse, puis celui-ci devient discontinu, étant principalement influencé par les précipitations. Des écoulements sporadiques, souvent violents, imputable aux précipitations orageuses, se produisent fréquemment durant l’été.

Les plans d’eau sont assez peu nombreux dans le bassin versant de la Dranse de Ferret : le lac de Champex (1466 m), alimenté par le bisse d’Arpette, en est le plus important. Deux petits lacs sont situés en bordure du glacier d’Orny (2684 m et 2811 m) près de la cabane du même nom. Un petit lac (2855 m) barré par la moraine historique du glacier des Plines est campé sur la rive gauche du glacier de Saleina. Dans le haut Val Ferret, trois lacs se trouvent dans la région de La Chaux, les lacs de Fenêtre (2456, 2495, 2512 m).

La Dranse de Ferret est donc alimentée de nombreuses façons, avec par ordre d’importance la fonte des neiges, les précipitations liquides et enfin la fusion glaciaire, ce qui permet de caractériser le régime hydrologique de la Dranse comme un régime nivo-glaciaire, les débits maxima intervenant en moyenne en juin, et les étiages en février et mars (THELER, 2003). Le débit annuel moyen du cours d’eau à l’état naturel atteint 3,18 m3/s à Branche (ROSSET, 1990). L’examen des courbes des stations de Branche et de Saleina (ROSSET, 1990)48 montre que les débits sont très forts durant les mois d’été et très faibles durant les mois d’hiver. 85 %

48 Le comportement hydrologique naturel de la Dranse de Ferret peut être déterminé grâce aux mesures de débit effectuées entre 1956 et 1974 par le Service hydrologique national (SHN) dans le Val Ferret. Ce service disposait durant cette période de deux stations de mesure (carte 3) situées en amont des captages de la Compagnie des forces motrices d’Orsières (FMO). La première mesurait les débits de la Dranse à la hauteur du village de Branche d’En Haut (1330 m) et la deuxième les débits de la Reuse de Saleina à 1345 m d’altitude. La somme des débits de ces deux stations a permis d’effectuer une bonne approximation des débits s’écoulant dans la Dranse à la hauteur du village de Praz-de-Fort, situé 4 km en amont de la confluence avec la Dranse d’Entremont. Pour pouvoir comparer les mesures des deux stations, ROSSET (1990) a limité l’étude des débits mesurés à Branche à la période 1956-1972.

59 du volume d’eau annuel est ainsi drainé par la Dranse à Branche entre les mois de mai et de septembre, avec des débits maximaux moyens intervenant au mois de juin49.

Les crues se répartissent sur l’année en fonction des régimes hydrologiques. Pour la Dranse de Ferret, à régime nivo-glaciaire, elles se situent plutôt en début de saison chaude, au mois de juin, lors de la fusion de la neige, alors que pour la Reuse de Saleina, à régime glaciaire, elles se déroulent pendant les mois de juillet et d’août lors de la fusion glaciaire. Sur ces deux cours d’eau, les crues de fusion50 (nivale ou glaciaire) sont plus fréquentes que les crues d’origine pluviale50, mais celles-ci sont plus brutales et plus puissantes que les crues de fusion (ROSSET, 1990).

Le débit de crue atteint 12,8 m3/s à la station de Branche pour la Dranse de Ferret et 5,63 m3/s à celle située sur la Reuse de Saleina. Sur la période de 16 ans étudiée par ROSSET (1990), 154 jours de crue sont recensés sur la Dranse de Ferret et 156 sur la Reuse de Saleina.

Ces crues se concentrent principalement sur le mois de juin (58 %) pour la Dranse de Ferret et sur les mois de juillet (51 %) et août (42,5 %) pour la Reuse de Saleina, ce qui correspond parfaitement aux fréquences typiques de cours d’eau à régime nivo-glaciaire ou glaciaire, les crues se produisant en période de hautes eaux. La crue annuelle, elle, intervient le plus souvent en juin sur la Dranse et en août sur la Reuse de Saleina. Le plus fort débit instantané mesuré à Branche entre 1956 et 1972 a été enregistré le 28 juin 1963 et est compris entre 38 et 42 m3/s : ce jour là, le débit moyen journalier a atteint la valeur record de 24,6 m3/s. Sur la Reuse de Saleina, le débit instantané maximal, situé entre 25 et 31 m3/s, a été relevé le 23 juillet 1959 ; le débit moyen journalier maximal de 9,01 m3/s a été atteint durant quatre jours en 1958. Selon le recensement effectué, les crues n’interviennent que rarement simultanément sur les deux cours d’eau.

Les conditions naturelles d’écoulement dans les cours d’eau du Val Ferret ont été passablement modifiées par les captages réalisés par les forces motrices d’Orsières (FMO) en 1931 et Électricité d’Emosson SA en 1974 (ROSSET, 1990). Les conséquences de cette hydrologie influencée par l’homme sont principalement visibles sur la Dranse de Ferret : en effet, les débits résiduels actuels n’arrivent plus à transporter la charge déposée par les torrents de la rive droite (THELER, 2003 ; 2004a, b). Il en résulte une accumulation importante de matériel à l’endroit de la confluence des affluents latéraux avec la rivière principale.

49 La Reuse de Saleina draine 80 % de ses eaux entre le mois de juin et de septembre, c’est-à-dire pendant quatre mois seulement. Les débits maximaux sont retardés d’un mois et se situent au mois de juillet.

50 L’origine des crues de fusion réside dans une hausse marquée des températures qui provoque une fonte nivale ou glaciaire accélérée. La crue pluviale intervient consécutivement à de fortes précipitations. Les crues peuvent toutefois aussi avoir une origine mixte (influence combinée des températures et des précipitations).

6. A NALYSE MORPHOLOGIQUE DES