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L’équilibre : Autarcie versus économie ouverte

Dans le document ECO 434 : Economie Internationale (Page 69-73)

2.3 Le modèle HOS

2.3.2 L’équilibre : Autarcie versus économie ouverte

le cas autarcique et en économie ouverte, sur la Figure 2.10. Considérons d’abord le cas autarcique (graphique de gauche). La frontière des possibi-lités de production de l’économie domestique est représentée en bleu, celle de l’étranger en rouge. Malgré l’absence de différences technologiques entre les deux pays, ces deux frontières de possibilité de production ne sont pas confondues. Cette propriété découle des différentiels de ressources factorielles entre les pays. L’économie domestique est supposée relativement riche en ca-pital, ce qui explique que les possibilités de production sont biaisées en faveur des paniers “riches” en bienY. Le capital étant relativement abondant dans le pays domestique, le pays peut plus facilement produire des biens qui re-quièrent une grande quantité de ce facteur.

Cette propriété conduit également à une production et une consommation à l’équilibre autarcique qui sont très différentes dans l’économie domestique et à l’étranger. La relative abondance en capital du pays domestique implique un prix relatif du travail relativement élevé à l’équilibre des marchés, et donc

Figure 2.10 – L’équilibre en autarcie et en économie ouverte

Autarcie

Autarky  

Economie Ouverte

Bénassy-Quéré & Coeuré – International

Economics 2009-2010 6 X Y PPF* PX/PY P*X/P*Y PPF

Open economy

X Y PPF* PX/PY P*X/P*Y PPF C Q Q C Same production functions but different MRTs due to different combinations of (K,L)

to produce given volumes of (X,Y)

un prix relatif élevé pour le bien X, intensif en travail :

PX PY >

PX P Y

Ce différentiel de prix relatifs implique que le panier de bien produit et consommé par l’étranger est relativement plus riche en bien X. Dans cette configuration, chaque pays utilise relativement plus le facteur pour lequel sa dotation est la plus élevée, ce qui permet d’atteindre le plein-emploi des facteurs.

Comme dans le modèle ricardien, l’existence de différentiels de prix rela-tifs à l’équilibre autarcique est à l’origine de gains à l’échange international. Lorsque ces deux économies s’ouvrent au commerce international, il y a des possibilités d’arbitrage conduisant l’économie domestique à importer du bien

X et à exporter du bien Y. Chaque pays se spécialise dans la production du bien qui utilise intensivement le facteur qu’il possède en quantités impor-tantes. Ici aussi, il y a spécialisation des pays sur la base de leurs avantages comparatifs. Cependant, à la différence du modèle ricardien, ces avantages comparatifs ne sont pas liés à des différences technologiques entre les pays mais à une répartition hétérogène des ressources factorielles entre les pays. C’est la relative abondance en capital dans l’économie domestique qui réduit le prix relatif du capital, donc le prix relatif du bienY.

La spécialisation de chaque pays dans son avantage comparatif conduit à une convergence des prix relatifs. L’augmentation de la demande de biens Y

dans le pays domestique fait croître le prix relatif de ce bien, tandis que la demande supplémentaire de bienX dans l’économie étrangère conduit à une inflation du prix relatif de ce bien (PX/PY ↓ et PX/PY ↑). La convergence continue jusqu’au point où il n’existe pas de possibilités d’arbitrage, quand les prix relatifs sont égalisés entre les pays. Cet équilibre est représenté sur le graphique de droite de la Figure 2.10. Sur ce graphique, les points notés

Q correspondent aux paniers de biens produits à l’équilibre. Par rapport à l’autarcie, chaque pays a intensifié sa production du bien pour lequel il dis-pose d’un avantage comparatif. Contrairement au cas autarcique, le panier de biens consommé n’est pas déterminé par le panier de biens produit. Les paniers de consommation sont notés C sur le graphique de la Figure 2.10. Ces paniers sont situés en dehors de la frontière des possibilités de produc-tion, sur une courbe d’indifférence plus élevée que celle atteinte à l’équilibre autarcique. Le commerce augmente le bien-être des consommateurs en leur permettant de consommer des paniers de bains qu’ils ne peuvent pas produire en autarcie.

Finalement, le modèle HOS prédit également une convergence interna-tionale du prix relatif des facteurs, via la convergence des prix. En effet, l’augmentation de la production relative de bien Y dans l’économie domes-tique induit une augmentation de la demande relative de capital qui exerce une pression sur le prix relatif du capital. Celui-ci augmente, tandis qu’à l’inverse, le prix relatif du travail augmente dans le pays étranger (w/r ↓ et

w/r ↑). Dans ce cadre, la spécialisation réalloue la production mondiale vers les pays qui disposent en abondance des facteurs utilisés intensivement dans la production. Cette réallocation conduit à une convergence des coûts factoriels relatifs, malgré l’absence de mobilité internationale des facteurs16 :

PX PY = P X PYw r = w r

Ce résultat est résumé dans leThéorème de Heckscher-Ohlin-Samuelson

qui stipule que “le commerce international conduit à une égalisation du prix

relatif des facteurs via la convergence internationale des prix relatifs”. Le

commerce joue donc le rôle d’un échange indirect de facteurs entre les pays.

16. Pour comprendre pourquoi la convergence des prix des facteurs est totale, il faut utiliser les hypothèses de base du modèle. La concurrence parfaite implique que, dans chaque secteur et chaque pays, le prix d’équilibre est égal au coût marginal de production. Comme les prix relatifs s’égalisent entre les pays, les coûts marginaux relatifs s’égalisent également. Enfin, l’uniformité des fonctions de production entre les pays implique que l’égalisation des coûts marginaux relatifs conduit à l’égalité du prix relatif des facteurs.

Table 2.4 – Ecarts salariaux au sein de l’OCDE

Source : US Bureau of Labor Statistics (August 2009)

En vendant du bienY au pays étranger, le pays domestique permet à l’étran-ger d’utiliser indirectement une partie de sa dotation abondante en capital. Le pays “vend” son capital contre du travail étranger. Et c’est cet échange qui conduit à la convergence du prix relatif des facteurs.

Un “test” empirique simple de cette prédiction consiste à comparer les salaires horaires entre pays ouverts au commerce international. Empirique-ment, le capital est relativement mobile internationaleEmpirique-ment, contrairement à ce que le modèle suppose. Par conséquent, son prix est relativement ho-mogène entre pays. Les écarts internationaux de prix relatifs du travail sont donc principalement attribuables aux écarts de salaires. Cette comparaison est illustrée sur le graphique de la Figue 2.4. Celui-ci reporte le coût horaire du travail en 2007 pour différents pays de l’OCDE. Il montre des écarts élevés entre les pays, qui vont jusqu’à un rapport de 1 à 20 entre le Mexique et la Norvège.

Nous reviendrons dans le paragraphe 2.3.5 sur des tests plus formels du modèle HOS. A ce stade, il est important de noter que la convergencetotale

du prix relatif des facteurs prédite par le modèle repose sur des hypothèses extrêmes qui ne sont certainement pas vérifiées empiriquement. En particu-lier, pour obtenir ce résultat il faut i) que les deux pays continuent à produire des deux biens (i.e. qu’il n’y ait pas de spécialisation complète), ce qui peut ne pas être le cas si les deux pays ont des dotations factorielles suffisamment différentes, ii) que les pays partagent les mêmes technologies de production de façon à ce que la convergence des prix relatifs implique celle des facteurs,

iii) que la convergence des prix relatifs soit elle-même totale ce qui implique l’absence de barrières à l’échange. Si ces trois hypothèses sont certainement contrefactuelles, l’intuition selon laquelle le commerce conduit à une conver-gence des prix des facteurs, même partielle, reste pertinente.

2.3.3 Ouverture et inégalités de revenus : le théorème

Dans le document ECO 434 : Economie Internationale (Page 69-73)