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Depuis sa découverte, le VIH/SIDA est sur une lancée qui pourrait faire de lui, au regard du nombre de victimes qu’il compte à ce jour et continue de faire, l’épidémie la plus meurtrière que le monde ait jusqu’ici connue. En effet, si la peste noire (1347-1352) occupe toujours la tête du classement avec une estimation de 20 à 50 millions de personnes tuées, plus de 35 millions de personnes [35 millions–43 millions] sont décédées de maladies liées au SIDA (Fiche d’Information ONUSIDA 2016). Ceci dit, nous devons noter que les données récentes tirées de la même source montrent que l’épidémie connaît une baisse. De 2001 à 2014/2015, le nombre de PVVIH est parti de 29,8 millions environ, à 36,7 millions de personnes (selon l’ONUSIDA, 2016). Ceci nous permet de relever que les PVVIH sont de plus en plus nombreux et vivent de plus en plus longtemps. En l’espace de 13 ans, la population des PVVIH a augmenté de 7 millions, ce qui constitue au niveau démographique un véritable bond, quand on sait qu’au début de l’épidémie, les chances de survie étaient quasiment nulles. Par ailleurs, le taux de nouvelles infections a diminué de 2010 à 2015 de 6 %.

Mais si l’épidémie régresse comme le montrent les chiffres ci-dessus, elle continue de faire des ravages dans le monde. En atteste, le 1,1 million de personnes décédées d’une maladie en lien avec le VIH/SIDA, et la hausse du nombre de nouvelles infections estimées à 2,2 millions en 2015 (Fiche d’information ONUSIDA, 2016).

Le tableau qui va suivre présente la situation mondiale du VIH/SIDA : On y voit un nombre important de PVVIH, des nouvelles infections toujours importantes et des décès encore nombreux.

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Récapitulatif de l'épidémie mondiale de sida en 2015

Nombre de personnes vivant avec le VIH

Total 36,7 million [34,0 millions – 39,8 millions]

Adultes 34,9 million [32,4 millions – 37,9 millions] Femmes 17,8 million [16,4 millions – 19,4 millions] Enfants (<15 ans) 1,8 million [1,5 million – 2,0 millions]

Nombre de nouvelles infections à VIH

Total 2,1 million [1,8 million – 2,4 millions] Adultes 1,9 million [1,7 million – 2,2 millions] Enfants (<15 ans) 150 000 [110 000–190 000]

Décès liés au sida

Total 1,1 million [940 000 – 1,3 million]

Adultes 1,0 million [840 000 – 1,2 million] Enfants (<15 ans) 110 000 [84 000–130 000]

Nombre de personnes sous

traitement VIH Total 17 millions

Tableau 1 : ONUSIDA 2016

Les données ci-dessus montrent l’ampleur et l’incidence du VIH dans le monde. Comme nous venons de le voir, femmes, hommes et enfants continuent d’en être infectés et d’en mourir. C’est particulièrement le cas dans certaines régions du monde, à l’exemple de l’Afrique subsaharienne.

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1.3.1 Une épidémie qui sévit particulièrement en Afrique

L’Afrique subsaharienne est la zone la plus touchée par l’épidémie. Les données permettent de voir que le VIH/SIDA sévit encore dans cette partie du monde de manière conséquente. Pour exemple, en 2013, parmi les 15 pays qui concentraient l’épidémie VIH avec un taux de 75 % de nouvelles infections, trois sont d’Afrique subsaharienne : l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Ouganda. Ces trois pays portaient le lourd fardeau de 48 % (soit plus que la moyenne) sur les 75 % cités plus haut (ONUSIDA, 2014).

Le VIH reste un véritable danger pour le continent africain. En effet, alors qu’en 2015 l’Europe occidentale et centrale et l’Amérique du Nord comptaient approximativement 2,4 millions de PVVIH; l’Europe orientale et Asie centrale environ 1,5 million et 190 00 nouvelles infections; Amérique latine et Caraïbes 2 millions de PVVIH et 100 000 nouvelles infections ; L’Asie et le Pacifique 5,15 millions et 300 000 nouvelles infections, l’Afrique orientale et australe affiche un pourcentage de 19 millions de PVVIH et 960 000 nouvelles infections et l’Afrique occidentale et centrale environ 6,5 millions de PVVIH et 410 000 nouvelles infections (Fiche d’information ONUSIDA, 2016). Autant dire que le continent africain est loin de sortir de l’auberge. M. Gehler (2000), dans son livre, appelle l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du SIDA. Il montre à quel point le VIH décime une région où certains ne croient toujours pas en son existence. Ce qui, malheureusement, fait le lit de sa propagation.

Ne restons pas dans le cadre général africain, intéressons-nous de plus près à la situation épidémiologique du VIH/SIDA au Gabon.

1.3.2 Données épidémiologiques du VIH/SIDA au Gabon

Le Gabon se trouve dans la partie du monde la plus touchée par le VIH/SIDA, l’Afrique subsaharienne comme mentionnée ci-dessus. Situé plus exactement en Afrique Centrale, le Gabon est frontalier au Congo au sud et à l’est, au Cameroun au nord, à la Guinée équatoriale au nord-ouest et à l’ouest par l’océan Atlantique. La superficie du Gabon est de 265 000 km2. Il est faiblement peuplé, (1.802.278 recensement général 2013 par EDGS) et est habité par différents groupes ethnolinguistiques qu’on retrouve dans les différentes provinces.

Le Gabon est l’un des pays de la sous-région (Afrique-Centrale) les plus touchés par le VIH/SIDA. Selon l’OPALS, en 2013, il était en tête au niveau sous régional avec une prévalence de 4,1 % et 61 500 PVVIH. Pourtant, le VIH/SIDA n’a été dépisté au Gabon qu’en 1986, c’est- à-dire, 6 ans après l’apparition des premiers cas aux États-Unis. Mais très rapidement, on a vu le pays atteindre des prévalences alarmantes au fil des années. À Libreville, capitale politique et principale agglomération du pays avec 797 003 habitants, les pics de 7,7 % et 8,1 %

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aussi que chez les 15-24ans, la prévalence est plus élevée chez les femmes que chez les hommes (respectivement 2,4 % et 0,4 %.). La tendance s’est confirmée en 2015 où on note une prévalence de 2,6 % chez les femmes (âgées de 15 à 49 ans) fréquentant un établissement prénatal. (Fiche ONUSIDA, 2015).

Précisons à toutes fins utiles que la féminisation du VIH n’est pas propre au Gabon. On observe un peu partout dans le monde que les femmes sont plus touchées par le VIH/SIDA que les hommes. En effet, si lors de la découverte du sida et les années qui suivirent, le VIH était une préoccupation masculine car considérée comme la maladie des homosexuels, la donne s’est rapidement inversée, l’épidémie s’est féminisée au fil des années. On est passé du SIDA maladie des homosexuels, au SIDA maladie des prostitués. Le VIH/SIDA était ainsi devenu dans l’imaginaire collectif une infection propagée par la femme d’où la stigmatisation du sexe féminin et l’assimilation du VIH à cette dernière (Le Palec, 1999).

Et si le VIH touche de manière plus conséquente les femmes, il y a des raisons qui l’expliquent. Parmi elles, la vulnérabilité de la femme liée à la forme et à la fragilité de son appareil génital (Spire et Cattaneo, 2014 ; Desgrées du Loû, 2006). Et la domination des hommes sur les femmes, la passivité féminine en rapport à l’usage du préservatif, la précarité, en gros, des facteurs qui désavantagent considérablement la femme (Desgrées du Loû, 2006 ; Leroy, 2004 ; Vidal, 2000).

La féminisation de l’épidémie du VIH concerne principalement les pays africains comme ont pu le montrer plusieurs travaux (De Bruyn, 1992 ; Desclaux et Desgrées du Loû, 2006 ; Leroy, 2004 ; Vidal, 2000). Ce qui impacte logiquement sur la procréation dans cette partie du monde.

Nous avons vu plus haut que, outre la contamination par voie sanguine et sexuelle, le VIH se transmet aussi de la mère à l’enfant. Et ci-dessus, nous venons de voir que le VIH touche surtout les femmes et la plupart sont en âge de procréer. Après examen de ce qui précède, nous nous questionnons sur la procréation chez la femme infectée par le VIH/SIDA.

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