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L’éducation en Palestine, un champ emblématique de

l’histoire du pays

1. Qu’en est-il de l’éducation en Palestine ?

Les changements géo-historiques qu’a connus la Palestine, et les mutations démographiques, et socio-économiques que cela a engendrés, ainsi que la domination militaire pesante depuis plus qu’un siècle (si l’on ne remonte qu’à la période de la colonisation) ont fort marqué le système éducatif palestinien dans sa genèse et dans son évolution. Il est, donc, difficile de négliger ou de passer à côté de leurs conséquences encore bien présentes dans toute entreprise d’étude des enjeux ou de la qualité de l’éducation dans ce pays. Dans ce cadre, nous adoptons une approche d’analyse diachronique portant sur l’évolution historique de l’éducation en Palestine que nous articulons en fonction de la succession des épisodes des occupations qui ont vu naître et grandir, dans la difficulté, ce système éducatif au sens moderne du terme. Notre exposé porte un intérêt particulier à la question de la qualité et aux conditions qui l’ont affectée.

1.1. L’évolution historique de l’éducation en Palestine

1.1.1. Sous l’Empire ottoman (1516-1917)

En absence d’un appareil d’Etat, à l’initiative des communautés locales, l’instruction se déroula tout au début d’une façon non formelle et non obligatoire dans les écoles coraniques (Kuttâb) et dans les mosquées. Des enfants d’âges différents se regroupèrent autours de leur maître savant pour recevoir une éducation religieuse en récitant le Coran et en apprenant à lire l’arabe littéraire. Ces écoles n’avaient pas de

structures claires au sens moderne de l’école d’aujourd’hui. En 1869, les autorités ottomanes édictèrent un décret par lequel l’instruction primaire devint obligatoire et gratuite. Au fur et à mesure, quelques dizaines d’écoles appelées Rushdi (Mar’i, 1978 : 8) firent leur apparition dans les principales agglomérations, où les enfants apprenaient à compter et à lire le Coran. C’était des écoles primaires de quatre ans de scolarité dont la langue d’instruction était le turc. A côté des cours de géographie et d’histoire souvent contestés par les enseignants8

, la langue arabe fut enseignée dans un deuxième temps comme langue seconde. Ceci a rendu ces écoles impopulaires aux yeux de la communauté locale. A l’issue du primaire, il existait un nombre très limité d’écoles secondaires appelées shahani de deux ans de scolarité, où une minorité d’élèves apprenaient en turc le secrétariat et des connaissances cléricales pour se faire embaucher par la suite dans les offices administratifs locaux du Wali (Mar’i, 1978 :9).

En parallèle, tout un système privé composé des écoles confessionnelles missionnaires fondées par des institutions religieuses étrangères était en plein essor. Se faisant de la concurrence, ces écoles étaient localisées dans les zones urbaines pour servir les enfants de la bourgeoisie majoritairement chrétienne en langues étrangères (souvent la langue du sponsor) à côté de la langue arabe. En fait, différentes langues se firent entendre en Palestine à l’époque comme le français, l’anglais, l’allemand, le russe, l’italien, le perse, et déjà l’hébreu. Selon Mar’i, « les contributions des écoles missionnaires à l’éducation

formelle dans la Grande Syrie9 étaient significatives. Non seulement, elles ont introduit la

structuration et le contenu de l’école moderne de type occidentale, mais elles ont aussi donné l’exemple à suivre parmi la majorité arabo-musulmane dans la Grande Syrie ».

(Mar’i, 1978 :11/ anglais). En réaction aux écoles de l’occupant turc et aux écoles « étrangères », des écoles privées arabo-musulmanes commencèrent à apparaître et se propagèrent progressivement dans la plupart des villes et des villages. Elles prétendaient avoir la mission d’offrir une éducation qui forge et préserve l’identité nationale des enfants palestiniens. Elles devinrent de plus en plus populaires, mais elles restèrent élitistes et payantes. Comme ces écoles devenaient de plus en plus puissantes, elles commencèrent à être suspectées par les autorités ottomanes d’être des foyers de nationalisme où une culture antiturque jugée dangereuse grandissait. Les autorités

8 Lu dans une étude parue en arabe sans date de publication sur le site du MOEHE intitulée « Résumé sur

l’éducation palestinienne au XXème siècle ». Disponible enligne sur

http://www.mohe.gov.ps/ShowArticle.aspx?ID=170consultée le 25, oct.2011.

9

Terme qui désigne la région historique du Moyen-Orient comprenant la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine, et certaines parties de l’Irak et du Sinaï

ottomanes décidèrent donc pour les contrôler « d’y mettre la main sans vouloir vraiment

les nationaliser » (Mar’i, 1978 :12).

Selon le tableau dressé par Tibawi (Voir tableau 1 ci-dessous), le secteur privé dénombrait en 1914 quatre fois plus d’écoles que le secteur public. Il comptait aussi un nombre d’élèves légèrement plus élevé en comparaison avec celui des écoles publiques. Le nombre d’enseignants du secteur privé dépassait largement celui travaillant dans le secteur public.

Tableau 1: Nombres d’écoles, d’élèves et d’enseignants dénombrés dans les deux secteurs public et privé (arabo-musulman) en Palestine en 1914

Type de l’école Nombre d’écoles Nombre d’élèves

Nombre d’élèves par école (en moyenne) Nombre d’enseig nants Ratio élève/enseign ant T M F Publiques (Turques) 95 8400 7000 1400 88 234 36 privées (Arabo- Musulmanes) 379 8731 8600 131 23 417 21

T= total; M= mâle; F= femelle

Source: Abdullatif Tibawi, Arab Education in Mandatory Palestine (London: LUZAC, 1956) in (Mar’i, 1978:12/ arabe).

Alors que ce tableau ne nous apprend rien sur la qualité de l’éducation à l’époque, il nous informe déjà sur la fragilité dans laquelle est né le système éducatif public et de son impopularité devant la concurrence du système privé. Nous y lisons aussi, au passage, le faible taux de la scolarisation de filles dû à des raisons socioculturelles. Au total, et selon les estimations de 1913, entre 8 à 10% seulement des enfants en âge de scolarité fréquentaient l’école10

.

1.1.2. Sous le mandat britannique (1917-1947)

Les vagues d’immigrations juives devinrent de plus en plus importantes et changèrent la proportion démographique entre la population locale et les nouveaux arrivants juifs. Les tensions montèrent entre les deux communautés en raison du projet sioniste d’établir un Etat juif en Palestine. Le gouvernement du mandant britannique

10

instaura donc deux systèmes éducatifs parallèles pour servir les enfants des deux communautés en dispute avec un grand déséquilibre en nombre et en liberté de gestion en faveur du système éducatif hébreu ; un fait reconnu même dans le rapport de la Commission Royale sur La Palestine connu sous le nom du Peel commission report11

présenté au Parlement britannique en 1937 : « Le système hébreu est largement autonome

et reçoit relativement une petite subvention du gouvernement, alors que le système arabe est principalement maintenu et administré par le gouvernement »12

. Du côté arabe, l’instruction fut dispensée désormais dans les écoles publiques en arabe et l’anglais fut enseigné comme langue étrangère en cinquième année de scolarité. L’instruction était gratuite mais non obligatoire et passa de quatre à sept ans en primaire. Le nombre d’écoles se multiplia mais resta bien insuffisant ne satisfaisant que la moitié de la demande des enfants palestiniens en âge de scolarité. Ce que déplora ouvertement le rapport de Peel Commission:

« Il est très regrettable que, après 17 ans du Mandat, le système public n’est en

mesure de satisfaire que la moitié de la demande des arabes pour l'éducation. De ces dernières années, près de 50% des inscrits à l’école, dans les zones où les écoles existent, ont dû être refusé faute d'enseignants et d’accommodations; et cela ne tient pas compte de la demande non satisfaite dans les zones où aucune école n'a été construite à une distance accessible ». 13

Avec une diminution constante du budget de l’éducation, de 6.19% en 1931 à 3.99% en 1937 du budget total du gouvernement mandataire, l’instruction dans les villages fut limitée à quatre ans de scolarité primaire et le développement de l’instruction secondaire s’annonça très faible (Batrawi, 2011). À côté de quelques classes ouvertes dans le peu d’écoles pour l’enseignement secondaire, le Collège Arabe créé en 1918 à Jérusalem fut parmi les très rares écoles publiques destinées à l’instruction secondaire au service des élèves palestiniens14. Il servit aussi à former des enseignants pour les écoles primaires :

ceux-ci suivaient une cinquième année durant laquelle étaient dispensés des cours de pédagogie et de psychologie (Ouda, 1999 :171).

11

Un rapport de 423 pages qui détaillent la situation en Palestine après la révolte des Arabes en 1936 et qui préconise le projet du Plan du Partage de la Palestine adopté par la Nation Unies en 1947. Disponible enligne sur http://unispal.un.org/pdfs/Cmd5479.pdf. Voir référence note suivante.

12 Report of the Palestine Royal Commission, Cmd 5479, London: HMSO, 1937.Chapitre XVI, pp.333-334. 13 Ibid. p.338

En ce qui concerne le système privé, la plupart des écoles arabo-musulmanes pendant cette période furent nationalisées et peu d’entre elles restèrent ouvertes, alors que les écoles chrétiennes augmentaient en nombre et devenaient accessibles aux enfants musulmans qui s’y inscrivaient de plus en plus vu leur bonne réputation surtout pour l’apprentissage des langues étrangères. (Voir tableau ci-après):

Tableau 2: Nombres d’écoles, d’élèves et d’enseignants dans le public et le privé en 1946

Type de l’école Nombre

d’écoles Nombre d’enseignants Nombre d’élèves

Publiques privées (musulmanes) privées (Catholiques) TOTAL 478 135 182 795 1872 432 1468 3772 81,662 14,169 22,504 118,335

Source: Tibawi, A. Arab Education in Mandatory Palestine (London: LUZAC, 1956)

Malgré cette augmentation remarquable du nombre d’écoles, par rapport à ce qui a été le cas sous les Ottomans, comme l’indique le tableau, les écoles ont été assez négligées de la part du gouvernement du mandat britannique. En 1945, les statistiques indiquent que parmi les enfants arabes âgés entre 5-15 ans, seuls 42% étaient scolarisés dont 40% dans des écoles privées, alors que le taux de scolarité parmi les enfants juifs du même âge s’approchait de 100%. (Al-Dabbag, 1990 :73/ arabe). Alors que le système éducatif juif s’épanouissait en autonomie sous le contrôle du Zionist school network, (Swirski, 1999 :47), son homologue palestinien qui était ultra-centralisé (Brown, 2003 :197: anglais) n’a été en mesure d’offrir qu’une éducation basique en constante dégradation. La pénurie des enseignants formés ainsi que l’augmentation incessante du nombre des élèves dans des classes peu aménagées fut une cause importante de cette dégradation. Les manuels scolaires étaient « largement importés et ignoraient l’identité nationale

palestinienne » (Ibid.) ce qui a fortement incité les enseignants palestiniens à les

contester en les accusant de vouloir falsifier l’Histoire. Certains enseignants poussés par le réveil du mouvement du nationalisme arabe de l’époque et très frustrés de la politique biaisée des Britanniques, ont introduit clandestinement d’autres manuels surtout dans les cours d’Histoire et de Géographie (Nashwan, 2004 :70/ arabe). Dans son témoignage

devant la Commission Royale, Khalil Totah15 fait entendre cette colère quand il dit : «Il

semblerait que le système éducatif arabe a été conçu dans le but de concilier les Arabes à cette politique (la création du foyer national aux juifs) ou de rendre l'éducation incolore, inoffensive et ne pas compromettre la mise en place de cette politique du gouvernement »16. Il faudrait aussi souligner le fait que dans ce contexte politique assez tendu, l’Ecole, des deux côtés, n’a pas échappé aux pressions sociopolitiques et a été bien influencée par les mouvements nationalistes de l’époque. Elle fut un moyen de lutte et un foyer de promotion des pensées nationalistes acharnées ce qui n’a pas forcément aidé à la coexistence entre les deux communautés, comme le décrit le rapport anglais :

«Effet, en ce qui concerne le fait de favoriser, jusqu'à présent, une meilleure

entente entre les races, le système éducatif juif rend, d'année en année, cette tâche de plus en plus difficile; sa production de nationalistes juifs fervents augmente »17.

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, dans la pénurie des moyens de subvention de la part de la communauté locale, aucune structure postsecondaire pour les Palestiniens ne vit le jour. Par conséquent, les étudiants qui désiraient poursuivre leurs études se trouvèrent dans l’obligation de partir à l’étranger ce qui était hors de portée de la plupart de la population majoritairement rurale à l’époque.

1.1.3. L’éducation après la Nakba (1948-1967)

Le 14 mai 1948, le mandat britannique sur la Palestine arriva à expiration après avoir bien préparé le terrain à la naissance de l'État d'Israël proclamé le jour même par le chef du gouvernement provisoire, David Ben Gourion, sur 78% de la superficie de la Palestine mandataire. Suite aux massacres, à la destruction de leurs villages, environ 750.000 Palestiniens subissent un exode forcé mené notamment par les forces de la

Haganah18

. Du jour au lendemain, une partie importante de la population se trouvèrent

dans des camps de refugiés dans les pays limitrophes où ils furent forcés de vivre ainsi que leurs descendants jusqu’aujourd’hui sans passeport sous le statut de réfugiés. Les

15

Khalil Totah, un pédagogue connue, devenu représentant du Haut Comité Arabe. Il était le Directeur du Collège Arabe à Jérusalem. Il a démissionné pour contestation contre les politiques éducatives du gouvernement mandataire. Il est devenu par la suite le Directeur de l’école privée Friends à Ramallah.

16 Report of the Palestine Royal Commission, Cmd 5479, London: HMSO, 1937.Chapitre XVI page 351 17

Ibid. p.336

18

L’armée clandestine sioniste créée en 1920. Elle était la force d’exécution du projet sioniste pour créer le futur Etat d’Israël.

guerres se succédèrent entre Israël et ses voisins arabes et entraînèrent en 1949 l’annexion de la Cisjordanie et Jérusalem Est par la Jordanie et la mise de la bande de Gaza sous tutelle administrative de l’Egypte.

Ces évènements ont été vécus comme un séisme dans tous les aspects de la vie des Palestiniens y compris dans le domaine de l’éducation. Le système éducatif palestinien éclata. Désormais, les jeunes Palestiniens ne fréquentèrent plus les mêmes écoles et n’étudièrent plus les mêmes manuels scolaires. Ils étaient instruits différemment sous d’autres systèmes éducatifs étrangers en fonction de leurs lieux de résidence géographique. En Cisjordanie et à Jérusalem Est, les écoles suivaient le système éducatif jordanien tandis que dans la bande de Gaza, c’était le système égyptien qui était mis en place. « Cela signifie que tous les règlements relatifs au contenu de l’enseignement, aux

élèves et aux enseignants, et tous les autres aspects de l’éducation étaient les mêmes que ceux qui avaient cours en Jordanie ou en Egypte » (Unesco, 1990 :6). En ce qui concerne

l’éducation dans les camps des refugiés palestiniens au Liban, en Syrie ou en Jordanie, l’UNRWA19

, United Nations Relief and Works Agency for the Palestine Refugees in the Near

East, organisme de l’ONU, fut créé pour assumer des services de base pour les réfugiés

dont l’éducation. L’UNRWA a donc ouvert des écoles pour l’enseignement primaire et préparatoire suivant le système éducatif des pays d’accueil. Les élèves sortant de ces écoles pouvaient par la suite poursuivre des études secondaires non obligatoires dans les écoles du secteur public et rejoindre les universités privées.

Quant aux Palestiniens demeurant chez eux, appelés désormais les Arabes ou les Palestiniens de 4820

, dans ce qui est devenu Israël, l’Etat naissant a créé pour cette minorité un appareil éducatif distinct de celui des enfants juifs et non autonome. Sous le contrôle du Ministère de l’Education israélien, et sous le slogan « Separate but

equal », les élèves arabes suivent leur scolarité en langue arabe. Cependant, plusieurs

études (Abu-Saad, 2004a et 2006 ; Golan-Agnon, 2005; Human Rights Watch, 2001) ont bien démontré la fausseté de ce principe d’égalité affiché par l’Etat hébreu. Les écoles arabes subissent une discrimination flagrante par rapport à leurs homologues juifs en termes d’allocations et de services éducatifs. A titre d’exemple, le Bureau central israélien

19

Organisation créée en décembre 1949 par la résolution 302 (IV) de l’Assemblée Générale des Nations Unies afin d’apporter une assistance humanitaire aux réfugiés palestiniens de 1948 s’activant en Jordanie, en Syrie, au Liban et aux territoires occupés. Elle serve selon ses chiffres en 2010, plus de 4.8 millions de réfugies.

des statistiques indique que pour l’année académique de 2000-2001, le gouvernement israélien a investi un total de 534 NIS en moyenne par étudiant arabe contre 1779 NIS par étudiant juif (Hesketh, K., Zaher S., 2009 :2).21

, soit trois fois moins. Les études mentionnées ci-dessus établissent également une relation de cause à effet entre les faibles rendements dans l’accès, les taux de réussite et le bon déroulement de la scolarité des petits arabes de 48 et la politique discriminatoire mise en place :

« Comme c’était le cas sous le gouvernement du Mandat britannique, la qualité des systèmes d’éducation juifs et arabes diffère nettement. Le passage de la loi sur l'enseignement obligatoire en 1949 a augmenté sensiblement inscription dans le système arabe dans le Nord, alors qu’il n'y avait pas assez de salles de classe ni d'enseignants qualifiés. Les autorités éducatives ont alors loué des chambres, mis en place un système alterné pour la présence des élèves, et ont embauché de nombreux enseignants sans certificats. (...). A partir des années 1960, les taux d'alphabétisation chez les Arabes Palestiniens ont augmenté ainsi que leur participation à l'enseignement supérieur. Le nombre d'écoles a aussi augmenté de manière significative, en particulier pour les Bédouins du Néguev. Malgré ces améliorations, les écarts entre l'éducation juive et arabe de la qualité de l'éducation et la réussite scolaire des élèves restent dramatiques ». (Human Rights Watch, 2001 :15-17/anglais).

En Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza, même s’il n’y avait pas d’éducation nationale à proprement parler, le fait que l’éducation était gérée par deux pays arabes, ça a été vécu comme un répit dans l’évolution historique du système sinistré. Cette période a témoigné d’une vraie éclosion de l’éducation après un début assez difficile ; l’instruction devint obligatoire dans les deux premiers cycles d’apprentissage, le primaire et le préparatoire, soit jusqu’à l’âge de 15 ans. L’école devint de plus en plus accessible dans la plupart des villages palestiniens, elle était gérée sur le terrain par des fonctionnaires palestiniens et l’on pouvait même y célébrer les événements nationaux. En outre, très valorisée par les familles palestiniennes, l’éducation était considérée à la fois comme un investissement rentable et honorable. Les enfants ont donc rejoint l’Ecole en masse, des programmes d’alphabétisation d’adultes ont vu le jour, et les formations des maîtres ont fleuri.

Mais il faudrait aussi signaler en plus du manque de pertinence dans les manuels, cet essor de l’éducation « a plutôt mis l'accent sur la quantité au déterminant de la qualité »

21

Israeli Central Bureau of Statistics (ICBS), New Survey – Investment in Education 2000/1, Press Release, 3 August 2004 (Hebrew), in Hesketh, K., Zaher S. (2009, august): “New data on educational access/attainment of Arab students in Israel”, in Adalah's Newsletter, Volume 63.

(Brown, 2003 :198). Les deux cursus égyptien et jordanien n’ont pas à l’origine été destinés aux enfants palestiniens ce qui a fait du développement de l’identité nationale palestinienne à l’école une question toujours négligée et très marginale. Bref, en dépit des progrès, les conditions garantissant une éducation de qualité ne sont guère remplies. Vu l’absence d’institutions d’enseignement supérieur sur le sol national, l’annexion des territoires a permis aux étudiants palestiniens désirant poursuivre leurs études universitaires de rejoindre les universités dans les pays arabes notamment en Jordanie, au Liban et en Egypte ou à l’étranger surtout dans des pays anglophones. A l’époque, selon l’Unesco, « La proportion des étudiants dans la population palestinienne d’âge

correspondant aux études universitaires soutient avantageusement la comparaison avec la situation dans les pays en développement et même dans certains pays développés ».

(Unesco, 1990 : 41). Cet atout a manqué aux Palestiniens de 48 qui, jusqu’en 1966 vivaient sous régime militaire, ne pouvant quitter leurs lieux de résidence qu’en ayant un permis, ce qui a sévèrement limité leurs chances d’accéder à l’enseignement supérieur (Human Rights Watch, 2001 :15).

Toutefois, à la fois pour remplir le vide et pour répondre à la demande sociale d’enseignement professionnel, l’UNRWA a ouvert, à la fin des années cinquante, des Centres de formations professionnelles, Il s’agissait de formations techniques gratuites, d’une durée de deux ans après le collège. Ces centres avaient pour vocation de former la

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