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A la demande de l’éditeur lyonnais, Jean de Tournes, et de la Dame à qui il dédie son travail, Pontus de Tyard traduit les Dialoghi d’amore, de Léon Hébreu en français. Sa traduction intitulée : De l’amour, est éditée en deux volumes qui paraissent successivement en janvier et février 1551, à Lyon, auprès de l’éditeur et commanditaire cité ci-dessus, en format in-octavo. Cette traduction semble promise au succès car le contexte dans lequel elle paraît au public lui est assez favorable. En effet, il faut tout d’abord rappeler que l’éditeur Jean de Tournes a le statut d’imprimeur du roi, ce qui donne aux œuvres qu’ils publient, dont fait partie la traduction de Pontus, un crédit plus important que celui accordé par le public aux œuvres publiées par d’autres éditeurs. De plus, les traductions d’œuvres italiennes en langue française connaissent, entre les années 1540 et 1550, un franc succès et un véritable essor. Parmi les traductions les plus importantes, on peut citer la Commedia, de Dante, qui paraît chez différents traducteurs, et en particulier chez de Tournes, ou chez Rouillé en 1551. La traduction en français du Decameron, de Boccace, connaît également beaucoup de succès au cours des années 1550, ainsi que celle du Canzoniere, de Pétrarque293. Par sa traduction des Dialoghi, Pontus inscrit donc Léon Hébreu dans la lignée des grands auteurs italiens. Par ailleurs, Pontus obtient pour sa part, un privilège royal « qui protège […] sa propre traduction, signée seulement de sa devise, de « Leon Hebrieu » »294. Et comme le mentionne Eva Kushner, un exemplaire de la traduction de Pontus est même offert au nouveau roi Charles IX en 1562 par les mains de Pierre de Ronsard, l’ami de Pontus et fondateur de la Pléiade, ce qui montre bien la valeur littéraire et le prestige intellectuel que l’on peut attribuer à sa traduction295

. Cependant, malgré tous ces facteurs positifs et valorisants, le De l’amour ne parvient par à se faire une véritable

293 Pour plus d’informations sur les traductions d’œuvres italiennes parues en France durant les années 1550, voir, J. Balsamo, Ma Bibliothèque poétique. Sixième partie : Poètes italiens de la Renaissance dans la

Bibliothèque de la Fondation Barbier-Mueller. De Dante à Chiabrera, catalogue établi avec la collaboration

de F. Tomasi, Librairie Droz, Genève, 2007, p. 65-66.

294 M. Simonin, Pontus de Tyard et l’édition de ses écrits, dans Pontus de Tyard : poète, philosophe,

théologien, op. cit. , p. 95.

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place dans cette profusion d’œuvres italiennes qui parviennent en France. Il se voit même devancé par une autre traduction des Dialoghi, proposée par Denis Sauvage. Nous proposons donc d’analyser ces deux traductions de l’œuvre de l’Hébreu pour en dégager les différences et les éléments qui ont favorisé une traduction au détriment de l’autre.

a. Pontus de Tyard et Denis Sauvage : deux regards différents sur Léon Hébreu

La particularité de ces deux traductions, qui d’ailleurs sont les seules traductions françaises des Dialoghi d’amore connues à ce jour, est d’avoir vu le jour dans le même contexte. En effet, il faut tout d’abord rappeler que les deux traducteurs, Pontus de Tyard et Denis Sauvage, appartiennent au même cercle intellectuel de l’Ecole lyonnaise. Dorothea Heitsch va même plus loin dans le lien qui unit les deux traducteurs puisqu’outre les connaissances communes qu’ont Pontus et Sauvage, tels Etienne Pasquier ou Guillaume des Autels, elle déclare : « Il est donc permis de conclure que Tyard et Sauvage font partie d’un groupe d’amis »296, en faisant référence aux différentes allusions que l’on peut

remarquer dans leurs poésies respectives qui prouvent que les deux hommes se connaissent et communiquent de manière implicite par le biais de la poésie. Par ailleurs, il faut ajouter que le privilège royal autorisant la publication de leur traduction respective a été obtenu à quelques mois d’intervalle ; et dans les deux cas c’est un traducteur lyonnais qui a commandé et imprimé la traduction (dans le cas de Denis Sauvage, il s’agit de l’imprimeur Guillaume Roville). Néanmoins, malgré tous ces points communs, les deux traductions présentent de nombreuses différences qui jouent un rôle important dans la réception que chacune d’elles connaît auprès des lecteurs.

Dans un premier temps, il est intéressant d’analyser la dédicace que les deux traducteurs adressent pour accompagner les Dialoghi. Même si toutes deux s’adressent à une femme, les deux dédicaces présentent des perspectives diamétralement opposées. En effet, Denis Sauvage choisit de placer sa traduction sous la protection de la reine de France, Catherine de Médicis, avec un double objectif : tout d’abord celui de la légitimité et du prestige littéraire et culturel, puisque Catherine de Médicis, comme le souligne habilement Sauvage dans sa dédicace, est issue d’une longue lignée d’humanistes et de mécènes italiens, les Médicis, une des familles italiennes les plus influentes, dont Sauvage rappelle surtout la mémoire de Côme. Mais, cette dédicace est également adressée à

296 D. Heitsch, Concurrence, émulation et espionnage : les « Dialoghi d’amore » de Léon Hébreu et leurs

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Catherine de Médicis, en sa qualité de reine de France. Dans cette perspective, Sauvage entend d’une part donner une légitimité indiscutable à sa traduction des Dialoghi en langue française, et d’autre part, comme le rappelle Monica Marino, Denis Sauvage convoite le rôle d’historien de la Cour297

, et dans ce but, il fait tout pour se faire remarquer des monarques. Il réussit très bien dans cette entreprise de flatterie, surtout lorsqu’en plus de la reine, il adresse également un éloge au roi Henri II, qu’il qualifie de « vray successeur aux biens & vertus du père de toutes bones arts & sciences »298. D’autant plus que Sauvage n’omet pas de rappeler, également dans cette dédicace, sa précédente traduction, celle de la

Circé, de Giovan Baptista Gello, qu’il avait déjà dédiée à Catherine de Médicis. Avec tous

ses éléments en sa faveur, Denis Sauvage souhaite faire remporter à sa traduction l’adhésion du public plutôt qu’à celle de Pontus.

La lettre de dédicace rédigée par Pontus présente, quant à elle, une toute autre ambition. En effet, il faut tout d’abord remarquer que ce n’est pas une, mais trois dédicaces qui accompagnent la traduction des Dialoghi par Pontus, chacune des trois étant placée en préface des trois dialogues traduits. Mais, à chaque fois, Pontus s’adresse toujours à la même personne, une femme, comme chez Sauvage, mais qui n’est pas la femme la plus importante de France, seulement celle qui a le plus d’importance aux yeux du traducteur et qu’il nomme sa Dame. De cette femme, on ne sait presque rien, et on a des doutes sur sa véritable identité, même si certains, comme Marie-Madeleine Fontaine par exemple, pensent qu’il s’agit de Marguerite de Bourg299

. Tyard lui-même, mise à part la description élogieuse du savoir et de la sagesse alliés à la grande beauté dont est dotée sa bien-aimée, ne laisse que peu d’indices la concernant, hormis une brève allusion à son âge, quand il évoque les « dixhuit ans, lesquelz, pour l’enrichissement de ce monde inférieur, Dieu vous ha permis de couler ça bas »300. Par ce choix de la destinataire qui appartient à la sphère privée et non au domaine de la vie publique comme l’a fait Sauvage, Pontus engage sa traduction dans la voie intimiste et secrète qui convient très bien au thème de l’amour traité par l’Hébreu, mais que le public français du XVIe siècle a moins bien compris par rapport

297 M. Marino, Tyard et Sébillet : autour des « Dialoghi d’amore », op. cit. , p. 91. 298

D. Sauvage, Le traducteur à la royne Catherine de Medicis, Royne de France, dans L. Hébreu,

Philosophie d’amour, traduction de D. Sauvage, Claude Micard, Paris, 1580. Disponible sur :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52855z/f7.image.r=denis+sauvage+l%C3%A9on+h%C3%A9breu.langF R

299 M.-M. Fontaine, L’entourage lyonnais de Pontus de Tyard, dans Pontus de Tyard : poète, philosophe,

théologien, op. cit. , p. 30. Nous avons également abordé la figure de Marguerite de Bourg de manière brève

à la p. 67 de notre travail.

300 P. de Tyard, Le traducteur à sa Dame, dans L. Hébreu, De l’amour, traduction de P. de Tyard, Jean de Tournes, Lyon, 1551, p. 104. Disponible sur Gallica :

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à l’éclat que Sauvage a voulu, quant à lui, donner à sa propre traduction. Cependant, on peut dire que les dédicaces de Pontus s’inscrivent davantage dans la logique qu’a voulue donnée l’Hébreu à son œuvre, car outre le fait que Pontus s’adresse à sa bien-aimée pour lui offrir sa traduction, comme Philon qui offre son savoir à Sophie concernant les questions amoureuses, on assiste purement et simplement, comme le fait remarquer Monica Marino, à un « récit hors-cadre »301, à une mise en abyme par Pontus de ce qui se déroule à l’intérieur même des dialogues qu’il traduit. Dans ce sens, il y a donc une continuité plus filiale entre l’œuvre de l’Hébreu et sa traduction par Pontus de Tyard. Cependant, on comprend aussi pourquoi le public a boudé la traduction de Pontus, car ce dernier accentue le côté intimiste et restrictif de la dédicace en déclarant que : « […] n’estant le but ou mon desseing aspire, autre, que de vous faire entendre, Madame, que pour vous donner plaisir, & non à eux, j’ai fait cette entreprise […] »302

.

Par ailleurs, en ce qui concerne le caractère propre de sa traduction en français, Pontus mentionne dans sa dédicace la présence de nombreux néologismes dans le texte qu’il a traduit, dont il explique la nécessité de leur usage pour deux raisons : tout d’abord, du fait de la pauvreté de la langue française dans le domaine philosophique, que Pontus a dû combler, et, d’autre part, on peut voir une critique de la part de Pontus envers la langue italienne qui, elle, utilise trop de latinismes à son goût :

Vous y trouverez scay-je bien, non seulement un grand nombre de mots, mais aussi quelques paroles entières, non adaptées, ou receües de notre langue : desquelles il m’est force d’user pour ne pouvoir autrement declairer, ce que l’Italien prend du Latin son père, mot pour mot. Et s’est trouvé, le François (non encores orné de maints vocables de la Philosophie) en cest endroit si pouvre, que j’ay esté contraint luy donnant du mien, emprunter de l’autrui.303

Or, même si Pontus n’adresse pas sa traduction à la reine de France, on remarque néanmoins qu’il est soutenu dans son entreprise de modernisation et surtout de diffusion du français par ses amis et membres des cercles qu’il fréquente, tel Pierre de Ronsard qui, comme nous avons pu le dire auparavant, transmet un exemplaire du De l’amour de Pontus au roi Charles IX, en tant que modèle et défense de la nouvelle langue française.

Enfin la dernière différence notable que nous voulions relever entre les dédicaces de Pontus et celle de Denis Sauvage se situe dans le ton que chacun des deux utilise pour

301 M. Marino, Tyard et Sébillet : autour des « Dialoghi d’amore », op. cit. , p. 91.

302 P. de Tyard, Le traducteur à sa Dame, dans L. Hébreu, De l’amour, traduction de P. de Tyard, Jean de Tournes, Lyon, 1551, p. 8. Disponible sur Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110352t/f7.image.r=pontus+de+tyard+l%C3%A9on+h%C3%A9breu.la ngF

303 Ibidem. Nous analyserons de manière plus approfondie cette question de la traduction et de ses usages chez Pontus de Tyard dans notre troisième partie, voir p. 94-125, et plus particulièrement à la p. 112-113.

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parler de son travail. En effet, Denis Sauvage semble sûr de lui et de son entreprise. Sa confiance en lui se relève bien évidemment dans son choix de la destinataire de prestige, qui est la seule personne à la hauteur pour recevoir une œuvre d’une telle qualité selon lui. Par ailleurs, son assurance est visible dans la position de compétition, comme le fait remarquer Dorothea Heitsch, qu’il adopte d’emblée face au travail de Pontus, et qui cherche vraisemblablement à rabaisser son rival :

[…] que plustost vous eussiez eue, & que je vous eusse fait veoir, long temps a, n’eust esté que, quand je la voulu faire mettre sur la presse, on m’advertit qu’il y avoyt autre traduction, desja commencee à imprimer. Qui fut cause de me faire garder la mienne à part moy, presque sous deliberation de ne la faire jamais sortir en lumiere, pensant que de brief on verroyt l’autre, qui pourroyt suffire. Toutesfois, apres auoir tousjours attendu de moys en moys, jusques au cinq ou sixiéme, & voyant que rien ne sortoyt, je n’ay plus seu endurer que fussiez si long temps frustrez de la lecture d’un tel livre : qui, à la vérité vaut d’estre leu, s’il en fut onc de dignes d’estre leus.304

Pontus, quant à lui, n’évoque pas le nom de Sauvage ni même l’existence d’une autre traduction française des Dialoghi dans ses dédicaces. Quant à la vision qu’il a de son propre travail, on peut remarquer une attitude totalement opposée à celle de Sauvage. En effet, dans la première dédicace qu’il adresse à sa Dame, Pontus évoque d’entrée les critiques que va certainement essuyer sa traduction, et il présente son œuvre de manière assez négative, pour ne pas dire rabaissante, comme s’il était insatisfait de son travail :

Je ne fais doute, que le premier fruit que je receuray du labeur despendu, en ceste mienne traduction, ne soit d’estre repris : premierement de mes plus familiers amis, qui trouueront que j’aye employé les heures deües à estude plus proufitable, à chose (comme ilz diront) de si peu de merite. Et puis blasmé de ceux, qui (ayans possible les yeux plus grans que le veüe) jugeront ma traduction ne representer au vray, ny le maiesté des sentences, ny la grande facilité de l’auteur.305

Cependant, tous ces reproches possibles sont anéantis par Pontus dans les phrases suivantes, quand il poursuit cette tirade quasi théâtrale, cette mise en scène du dialogue fictif entre ses possibles accusateurs et lui-même. Néanmoins cette entrée en matière, même si elle est très fine n’est peut-être pas très habile, car d’emblée, malgré le fait que cela soit fait de manière ironique et préventive en vue des critiques à venir, Pontus tend cependant le bâton pour être battu, et place donc sa traduction sous un jour plus négatif que ne le fait Sauvage avec sa propre traduction. Mais, comme on a pu déjà le remarquer, cela montre bien que Pontus, à la différence de Sauvage, ne se préoccupe pas des éléments

304

D. Sauvage, Le traducteur à la royne Catherine de Medicis, Royne de France, dans L. Hébreu,

Philosophie d’amour, traduction de D. Sauvage, op. cit. , p. 9.

305 P. de Tyard, Le traducteur à sa Dame, dans L. Hébreu, De l’amour, traduction de P. de Tyard, Jean de Tournes, Lyon, 1551, p. 3. Disponible sur Gallica :

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extérieurs à son travail, comme la flatterie du public ou son propre prestige, mais se concentre plutôt sur la qualité littéraire de sa production avec une maîtrise incontestable des outils et des formes littéraires en sa possession, au risque de n’être vraiment compris que de ses amis proches et lettrés comme lui, à l’instar des membres des salons qu’il fréquente, et notamment celui de Marguerite de Bourg, et non du public plus populaire que recherche justement Denis Sauvage.

Dans un second temps, il nous semble important d’analyser de manière succincte la structure d’ensemble et les caractéristiques générales des deux traductions, car on peut également y voir, comme dans les dédicaces, des choix totalement différents, pour ne dire opposés, qui jouent en faveur de l’un ou de l’autre, selon les points abordés. Tout d’abord, en ce qui concerne la présentation générale des deux travaux, on peut encore une fois remarquer que Denis Sauvage opère des choix plus judicieux. En effet, afin d’aider le lecteur à bien entrer dans l’œuvre qui est assez complexe, Denis Sauvage insère plusieurs éléments paratextuels à sa traduction qui facilitent la compréhension de l’œuvre. Ainsi, Monica Marino pense que Sauvage prépare habilement le terrain pour permettre à la fois au lecteur de lire l’œuvre de manière plus rapide et plus claire, mais aussi afin de donner à son travail de traducteur un caractère plus rigoureux et scientifique, dans le but de faire prévaloir sa traduction sur celle de Pontus :

Son traducteur [Denis Sauvage] prépare l’approche du texte avec un appareil critique soigné, séparant les chapitres et les paragraphes par arguments, résumés en tête et dans les marges de la page, et disposant à la fin d’un lexique et des notes. Il en appelle à la méthode didactique aristotélicienne et à la synthèse entre les idées d’Aristote et de Platon, pour garantir le bien fondé de sa médiation du contenu. Sa pratique consiste à ne pas s’autoriser lui-même une lecture personnelle du texte, de sorte que les effets de vérité du travail ne dépassent pas les bornes du discours « scientifique ».306

Les choix opérés par Pontus de Tyard sont diamétralement opposés car, comme nous avons déjà pu le constater, les objectifs de Pontus sont assez éloignés de ceux de Sauvage. En effet, selon Marino, « il en va tout autrement de l’intention de Tyard vis-à-vis de son travail. Car il s’agit surtout pour lui de faire apparaître l’enjeu de la conversation entre les deux personnages de l’œuvre, voire la vérité psychologique de la construction narrative, où l’amant Philon cherche à persuader sa belle Sophie de lui faire la grâce de l’aimer en retour »307. Ainsi, Pontus de Tyard ne cherche-t-il pas à aérer son texte, ni à faciliter la lecture et la compréhension des dialogues écrits par l’Hébreu. Le De amore, tel qu’il est édité en 1551 par Jean de Tournes, apparaît comme un texte très compact, dans lequel

306 M. Marino, Tyard et Sébillet : autour des « Dialoghi d’amore », op. cit. , p. 92. 307

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toutes les interventions de Philon et Sophie sont mises à la suite, sans même revenir à la ligne. Au regard de cette comparaison des deux traductions, c’est encore une fois Denis Sauvage qui semble se placer dans les meilleurs rapports au niveau de la réception de sa traduction par les lecteurs, même s’il semble que la traduction de Pontus respecte mieux le sens profond que l’Hébreu a voulu donner à ses Dialoghi, au détriment cependant de l’apparence esthétique de sa traduction. Néanmoins, en ce qui concerne cette notion d’esthétisme, il faut toutefois remarquer que la traduction de Pontus est ornée de très beaux éléments calligraphiques, et notamment au niveau des lettrines qui se trouvent au début de chaque dialogue. Cet embellissement est, comme le rappelle Michel Simonin, une des caractéristiques de l’éditeur de Pontus, Jean de Tournes, qui a voué très tôt son travail d’imprimeur « à la gloire de la belle ouvrage »308

. Ce dernier élément que nous venons d’évoquer peut donc jouer en faveur de la traduction de Pontus, car celle de Sauvage ne possède pas les mêmes ornements, dans sa première édition de 1551 du moins. Mais cela montre également à quel point les éditeurs de chacun des deux traducteurs ont joué un rôle important dans le succès ou l’infortune des deux œuvres.

La traduction de Léon Hébreu semble représenter un enjeu aussi important pour ces

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