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CHAPITRE I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

II. Etude du virus West Nile :

2. Lésions:

Elles sont plus intéressantes, même si peu d‘entre elles sont réellement spécifiques. L‘unicité des lésions névraxiques dans les formes aiguës se définit par une poliomyélite avec atteinte des cornes ventrales, motrices, de la moelle épinière, surtout intense dans les segments postérieurs.

En revanche, le cerveau présente en général des lésions discrètes, constituées soit par de l‘œdème en région méningée et sous-méningée, ainsi que dans la couche des cellules de Purkinje du cervelet, soit par une péri vascularité lymphocytaire; il s‘agit d‘une myélite aiguë atteignant, à la fois, la substance grise et la substance blanche, avec une certaine prédilection pour les cornes ventrales, l‘intensité des lésions médullaires contrastant avec la discrétion des lésions cérébrales (Peiris et al., 1994).

Les résultats de l'examen clinique et neuropathologique des chevaux soumis à l'épizootie d'Italie en 1998 montrent que l'infection de tous les chevaux était caractérisée par une poliencéphalomyélite lymphocytaire légère à modérée avec implication des branches ventrales et latérale de la moelle épinière thoracique et lombaire, avec parfois une hémorragie modérée à sévère (Cantile et al., 2001): Une lymphocytose et une inflammation monocytaire avec des foyers éparpillés

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de microgliose furent observées sur la région de la moelle allongée et des ponts et dans une moindre mesure sur le noyau basal, le thalamus et le mésencéphale (figure 6).

Pour les chevaux ayant subi l'épisode de New-York en 2001, les résultats microscopiques observés étaient semblables à ceux observés chez les chevaux italiens. Dans les zones les plus sévèrement affectées, une dégénérescence neuronale était proéminente et caractérisée par une chromatolyse centrale, un gonflement cellulaire ou un rétrécissement cellulaire. Chez les chevaux américains, les lésions étaient présentes au niveau du noyau basal, de la substance grise au niveau du thalamus, des cornes ventrales et latérales de la moelle épinière spinale. Une diapédèse leucocytaire, avec une hémorragie périvasculaire modérée à sévère, une dégénérescence et une nécrose occasionnelle de la paroi des vaisseaux avec présence de neutrophiles ont été mises en évidence. Au niveau des sites inflammatoires, les antigènes viraux du VWN étaient principalement localisés au niveau de la substance grise. L'absence d'antigène au niveau des tissus extra-neuraux indique que chez le cheval l'infection est limitée à l'atteinte du système nerveux central. Il est important de noter que les différents variant génétiques du VWN peuvent exprimer différents tropismes tissulaires, selon les espèces atteintes si ce sont des mammifères ou des oiseaux.

Figure 10: Lésions microscopiques du thalamus gauche et de la corde cervicale spinale : Hémorragies sévères, multifocales aiguës incluant la substance grise. (Cantile et al., 2001)

Figure 11: Lésions microscopiques observées chez le cheval:

Prolifération focale gliale, périvasculite non suppurative et encéphalite causée par une infection à VWN de lignage 2, coloration hematoxyline-eosine, Observation au microscope optique x

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IV.

Epidémiologie:

1. Source du virus :

Le VWN a été isolé, dans la nature, à partir de différents espèces d'oiseaux et de mammifères et cela dans différentes régions du globe, Des enquêtes sérologiques indiquent la présence d'anticorps à VWN chez l'homme, chez une grande variété d'espèces d'oiseaux sauvages et domestiques, chez des mammifères sauvages comme les lémuriens, les chimpanzés, les rongeurs, les chauve-souris et chez des mammifères domestiques comme les chameaux, les chevaux, les mulets, les ânes, les chèvres, les vaches, les buffles, les moutons et les porcs.

Aprés la découverte du VWN, les premiers travaux ont été conduits en Egypte depuis les années 1950, (Work, et al., 1955 ; Taylor et al., 1956). Des anticorps anti-VWN ont été détectés chez 40 % des oiseaux. Parmi 420 individus de différentes espèces. Les prévalences les plus élevées ont été observées chez les corbeaux et les moineaux. Ainsi, 57% des moineaux domestiques (Passer dormesticus), 88% des corneilles (Corvus corone), 48% des tourterelles maillées (Streptopelia senegalensis), 68% des hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis) présentaient des anticorps anti-VWN, ce qui prouve un passage viral chez ces espèces sauvages. Des sérologies réalisées sur des pigeons domestiques ou semi domestiques ont également prouvé que le virus circulait chez ces oiseaux (Work, et al. 1953). Une deuxième étude conduite par Taylor a montré également que le virus peut circuler chez les oiseaux domestiques (poulets, canards, et oies) et chez les oiseaux sauvages et semi domestiques (corneilles. hérons, pigeons et moineaux) (Taylor, et al. l956). .

Des inoculations expérimentales ont permis de mesurer les virémies de différentes espèces d'oiseaux dans les jours suivants l‗inoculation. Les niveaux de virémie mesurés chez des corbeaux et des moineaux étaient suffisamment élèves chez ces oiseaux pour infecter des moustiques. Les inoculations sont montre que la sensibilité des espèces pouvait varier ainsi le moineau et la corneille noire se sont avérés très sensibles alors que le faucon crécerelle, le héron garde-bœufs et la tourterelle maillée ne l'étaient pas. Ces travaux ont permis de prouver pour la première fois que dans cette zone endémique d'Egypte, le virus était transmis aux oiseaux et que les oiseaux pouvaient le transmettre.

L‘implication des moustiques de genre Culex comme vecteurs principaux et des oiseaux comme principaux hôtes amplificateurs a été démontrée. Ces derniers développent une virémie suffisante pour permettre l‘infection des moustiques lors de la prise du repas de sang. Après une période d'incubation extrinsèque, le moustique peut infecter d‘autres oiseaux.

Des infections chez d‘autres espèces animales telles que les lapins sauvages, des chiens domestiques et des amphibiens (Rana ridibunda) ont été rapportés (Peiris et Amerzsinghe, 1994). Ces espèces n'occupent pas la même place dans le cycle de transmission du VWN :puisque certaines sont des réservoirs, et d'autres, des hôtes accidentels .

2. Les vecteurs

Le VWN est transmis par les moustiques au sein des populations d‘oiseaux et peut être transmis plus rarement aux hôtes accidentels et sensibles qui sont l‘homme et le cheval. Plus de 70 espèces de moustiques ont été trouvées naturellement infectées par le VWN, cependant, elles ne sont pas toutes impliquées dans la transmission. En effet, une espèce naturellement infectée ne signifie pas automatiquement qu‘elle soit vectrice.

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D‘un point de vue systématique les moustiques appartiennent à la classe des insectes, à l‘ordre des diptères et à la famille des Culicidés. Les moustiques sont cosmopolites et sont groupés en deux sous- familles, Culicinae et Anophelinae. (Figure12)

Figure 12 : Images de vecteurs de la FWN appartenant à la famille des Culicinae et Anophelinae

(a) : Cx pipiens; (b): Cx quinquefasciatus ; (c) : aedes egypti; (d): aedes albopictus (Source :https://www.vectorbase.org/organisms)

Les espèces impliquées dans la transmission du VWN appartiennent essentiellement au genre Culex. (Tableau 2). Les espèces du genre Culex sont cosmopolites sédentaires et crépusculaires. Par contre les espèces du genre Aedes sont ornithophiles et anthropophiles ou zoophiles vivant dans les habitations humaines (sous-sols, garages, greniers, débarras) ou animales (écuries, étables), ou bien dans des niches à l‘extérieur (espèces exophiles). Culex pipiens est l‘espèce la plus répandue et la plus fréquente, suivie par cx.modestus et cx. univittatus. D‘autres espèces pourraient également être impliquées comme Cx. hortensis, Cx marttinii et Cx. Impudicus.

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Tableau 2: Espèces de Culex impliquées dans la transmission du VWN

Pays/ Région Espèces Auteurs

Égypte Cx. univittatus

Cx. antennatus Cx. pipiens

(Taylor et al., 1956),

Israël Cx. pipiens (Nir et al., 1972)

Europe et Russie Cx. pipiens Cx. modestus

(Mouchet et al., 1970; Berezin, 1971; Savage et al., 1999)

Afrique du Sud Culex theileri (McIntosh et al., 1967).

Asie Cx. tritaeniorhynchus,

Cx. quinquefasciatus t Cx. vishnui

(Pavri & Singh, 1965).

États-Unis Cx. tarsalis, Cx. pipiens, Cx. restuans, Cx. salinarius Cx. erraticus Cx. quinquefasciatus Cx. nigripalpus

(Andreadis et al., 2004; Lukacik et al.,2006; Gujral et al., 2007) (Reisen et al., 2004; Hayes et al., 2005).

Amérique centrale et aux Caraïbes

Cx. nigripalpus, Cx. bahamensis Cx. quinquefaciatus

(Lefrançois et al., 2006; Barrera et al., 2008).

La vie du moustique Cx. pipiens est composée de deux phases distinctes: une phase aquatique et une phase aérienne (Figure 12). Après l‘accouplement, les femelles prennent un repas sanguin nécessaire à l‘élaboration des oeufs. Cependant, les femelles de Cx. pipiens peuvent produire une première ponte sans repas sanguin, elles sont dites autogènes. Elles utilisent les réserves accumulées durant leur stade larvaire.

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Figure 13: Cycle biologique de Culex pipiens.

Source :http://biodiversite.wallonie.be/servlet/Repository/?ID=28509

Les moustiques s‘infectent lors d‘un repas sanguin en ingérant le virus. Après passage à travers la barrière intestinale. Le virus doit se répliquer localement puis atteindre les glandes salivaires pour pouvoir être transmis lors d‘un repas sanguin ultérieur. Cette étape indispensable dite période extrinsèque, est liée directement aux conditions climatiques (température, hygrométrie) qui sont des facteurs déterminants en terme d‘activité des vecteurs et de durée de transmission. Les espèces dites compétentes sont les espèces véritablement impliquées dans le cycle de transmission du virus (Zientara et Lecollinet, 2010).

La multiplication du VWN chez les moustiques et la dynamique des populations de ces insectes étant fortement dépendante des conditions climatiques, principalement de température et d‘hygrométrie, les foyers de la FWN apparaissent selon un mode saisonnier à la fin de l‘été ou en automne, dans les régions tempérées d‘Europe (Zeller et Schuffenecker, 2004). La persistance du virus au cours de l‘hiver n‘a jamais été mise en évidence en Europe, mais elle ne peut être exclue. Elle pourrait résulter du maintien d‘une transmission à bas bruit pendant l‘hiver, d‘une infection chronique chez les oiseaux ou de la persistance du virus chez le vecteur (Zientara et Lecollinet, 2010).

Le virus pourrait persister dans la femelle pendant l‘hibernation. On a déjà découvert chez Cx .pipiens, pendant l‘hiver, le virus de l‘encéphalite de St Louis (Maryland, fin des années 1970) ou le

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VWN (New York, hiver 1999/2000) (Nasci, et al., 2001). En principe, les femelles qui prennent un repas sanguin avant d‘hiberner ne survivent pas longemps à l‘hiver, ce qui laisserait penser que cette hypothèse n‘est pas solide. Pourtant il a été démontré que certaines femelles utilsaient le sang du repas pour fabriquer un corps gras juste avant d‘hiberner, et surviveraient à l‘hiver (Nasci, et al., 2001).

Un autre mécanisme suggère la persistance du virus chez les vecteurs pendant l‘hiver grâce à la transmission à l‘œuf soit par la transmission transovarienne, du virus aux œufs ou soit par transmission à l‘oeuf directement. Ce mode de transmission verticale a été prouvé pour des infections de la FWN, de l‘Encéphalite de St Louis et de l‘Encéphalite Japonaise. Pourtant les taux d‘infection de l‘œuf restent très faibles de l‘ordre de 1 pour 1000 (Turell et al. 2002).

La transmission par des vecteurs autres que les moustiques a été suspectée car le VWN a été détecté chez des Cératopogonidés (diptères siphonaptères tels que les puces) (Sabio et al., 2006) et chez divers ectoparasites des oiseaux : Hippoboscidés (Farajollahi et al., 2005, Gancz et al., 2005).

Le virus fût isolé chez differentes espèces de tiques et sont considérées comme des vecteurs potentiels (Hayes 1989, Lvov et al., 2004, Mumcuoglu et al., 2005)

Le virus a été isolé chez les tiques dures : Hyalomma marginatum detritum, Rhipicephalus turanicus mushamae, Amblyomma variegatum, Dermacentor marginatus (Hubalek & Halouzka 1999, Murgue et al., 2002, Lvov et al., 2004), et les tiques molles : Argas hermanni, Ornithodoros capensis (Hubalek & Halouzka 1999, Murgue et al., 2002, Lvov et al. 2004, Mumcuoglu et al., 2005) ainsi que chez d‘autres acariens nidicoles (Mumcuoglu et al. 2005). Des infections experimentales ont été probantes sur diverses espèces telles que Ornithodoros savignyi, O. moubata, O.maritimus, O.erraticus, Rhipicephalus sanguineus, R. rossicus, Dermacentor reticulatus et Haemaphysalis leachit (Hubalek & Halouzka 1999). Des transmissions verticales du virus ont été mises en évidence chez Argas arboreus (Abassy, et al.1993)

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