• Aucun résultat trouvé

JEAN-WILLIAM SCHROEDER

Dans le document Géologie du Pays de Genève (Page 24-42)

Tableau synoptique du Quaternaire genevois.

Restes

Stations préhistoriques de l'âge des métaux

Terres rouges (rubéfaction) Creusement des vallées actuelles,

terrasses

Graviers, sables, limons, glaises stratifiées; craie lacustre

Moraine de fond (sous-glaciaire) à gros blocs alpins

Manque

Glacier rissien.

A l'époque du glacier de Riss (à dessein, nous disons glacier plutôt que glaciation), les surfaces molassiques découvertes étaient plus grandes qu'au Wtirm. La moraine rissienne n'est en général pas visible en surface; en revanche, on la rencontre en couches assez épaisses dans les anciennes vallées pré-rissiennes creusées dans la molasse. L'extension du glacier rissien est limitée;

les dépôts rissiens s'arrêtent aux portes de Bellegarde (Jayet, 1938 et 1945 c).

On peut se poser la question de savoir si, durant la présence du glacier de Riss, un refroidissement général important du climat a eu lieu, ou si ce glacier, qui devait se cantonner dans le fond des

0.00m 432.61

striés sableux consolidés glaiseux et et graviers parfois fortement

2 o

Graviers sableux exceptionnellement glaiseux, parfois très

fortement cimentés, sables et

sablons des glaises rubanées contenant à certains alternant avec fines parfois

niveaux phosphate defer, du de mollusques bivalent (Vïvianite), du sulfure de fer des débris

et des même du et fluviatiles, entre 67,50 végétaux et mollusques lacustres des débris lignite compact

et 68,10

GÉOLOGIE DU PAYS DE GENÈVE 71 vallées, n'est pas resté entouré d'un pays encore couvert de

végétation.

Actuellement, aux Himalayas, les glaciers peuvent atteindre 70 kilomètres de long et descendre jusqu'à 2100 mètres d'altitude.

Des moraines frontales anciennes se rencontrent même aux environs de 1500 à 1800 mètres. On voit qu'un enneigement considérable, provoquant le développement de glaciers, peut se faire même sous un climat subtropical. En conséquence, il est possible que le glacier de Riss ait avancé dans notre région sans que le climat de la cuvette ait été considérablement modifié auparavant. Jayet, à ce sujet, expose clairement une conclusion de ses nombreuses et

approfondies investigations sur le Quaternaire genevois: «Si l'on étudie les faunes mammologiques du Quaternaire, on voit qu'il n'y a eu qu'une faune glaciaire. C'est celle du Wiïrm. » (Jayet, 1943, p. 66).

Inter glaciaire Riss-Wurm.

Après le retrait du glacier de Riss, des dépôts dits interglaciaires, parce qu'ils seront recouverts à leur tour par des dépôts glaciaires, se déposent au-dessus des dépôts morainiques rissiens. Il s'agit surtout d'argiles à lignites, dans lesquelles des feuilles de chêne ont été trouvées, à la base des falaises de Cartigny par exemple.

Dans un sondage à la Petite Boissiere, cet interglaciaire a livré une faunule de mollusques terrestres indiquant une prairie humide.

Le retrait du glacier rissien a dû être d'assez longue durée, pour qu'une flore (lignites) et une faune puissent s'établir.

Dans le Genevois, la Préhistoire commence avec l' Interglaciaire Riss-Wurm: En effet, les quelques stations moustériennes suisses, celles de Sézuet (près Thoiry, Ain) et Onnion (Haute-Savoie), sont datées géologiquement de cette époque. Mais l'histoire de

l'Humanité avait déjà commencé comme on le sait. L'Acheuléen et le Chelléen sont donc, géologiquement parlant, rissien et antérissien.

Les tribus néanderthaliennes profitèrent de l' Interglaciaire Riss- Wurm pour venir s'établir dans le Jura et dans les Préalpes (Spahni

et Rigassi, 1951).

Glaciation wiirmienne.

La grande glaciation du Wiïrm chassera toute occupation humaine de notre région. Le glacier du Rhône, auquel se joint celui de l'Arve, acteur d'une véritable glaciation cette fois, s'avance jusqu'à Lyon: c'est le maximum glaciaire. Les dépôts wiïrmiens sont, par leur extension et leur rôle morphologique, d'une très grande importance.

72 JEAN-WILLIAM SCHROEDER

Pour Jayet, l'idée de Paréjas selon laquelle 1' alluvion ancienne est un dépôt interglaciaire formé pendant le retrait du glacier de Riss et aux dépens des moraines abandonnées par ce glacier paraît difficile à retenir.

Gagnebin considère l'alluvion ancienne comme une alluvion interglaciaire de progression du glacier de Wiirm.

Joukowsky est moins affirmatif; pour cet auteur, l'alluvion ancienne se serait formée d'abord à la périphérie d'un glacier rissien mourant, cantonné dans la vallée de l'Arve, puis à celle d'un glacier wurmien en voie de croissance.

Jayet propose de désigner ce niveau de notre Quaternaire par les termes d'alluvion de « transgression wiirmienne ». A première vue, sa définition paraît semblable à celle de Gagnebin. Toutefois, cet auteur fait ressortir dans ses diverses notes un lien beaucoup plus étroit entre le glacier wurmien et l'alluvion ancienne que sa définition ou celle de Gagnebin ne le laisserait supposer. Il semble plutôt envisager une origine glaciaire ou plus exactement sous- glaciaire pour notre alluvion ancienne.

Pour lui, en effet, l'alluvion ancienne a beaucoup d'analogie avec la moraine wiirmienne. Enfin, ce même auteur donne nombre d'arguments contre une origine purement fluviatile, dont les plus pertinents sont sans aucun doute l'absence de laisses à dépôts malacologiques et d'un ancien sol à la limite avec la moraine wurmienne. Pour nous, toutefois, et cela ne paraît pas ressortir clairement des notes publiées par Ad. Jayet, l'alluvion ancienne doit participer d'un phénomène un peu différent de celui qui a engendré la moraine de fond wurmienne puisqu'elle diffère litholo- giquement de celle-ci. Sa formation devait être intimement liée à la présence d'un glacier et de ses eaux, ainsi que l'admet Jayet lui-

même : « Nous devons considérer le glacier wurmien comme un inlandsis, car une masse de glace épaisse de plus de 1000 mètres, et s'étendant des Alpes au Jura, offrait plutôt les caractères d'une calotte glaciaire que ceux d'un glacier de type alpin. Les observations sur l'inlandsis quaternaire nord-européen et les résultats des

expéditions polaires ont montré qu'il peut exister sous une calotte un réseau hydrographique. L'existence d'alluvions fluviatiles

sous-glaciaires a été maintes fois reconnue dans les pays à inlandsis; dès lors il n'y a qu'un pas à faire pour y voir l'origine de l'alluvion

ancienne des environs de Genève. » (Jayet, 1945 a).

L'alluvion ancienne n'est pas répartie uniformément; elle est absente sur les coteaux molassiques de Bernex, Chouilly, Pregny et Cologny, où c'est la moraine de fond wurmienne qui repose

GÉOLOGIE DU PAYS DE GENÈVE 73 directement sur la Molasse. L'alluvion ancienne est donc localisée dans les dépressions du relief molassique; toutefois elle est

singulièrement absente entre Pinchat et le Grand-Lancy et entre les Pâquis et Plan-les-Ouates et aussi dans la région de Moillesullaz.

Nous avons suivi les auteurs pour raccorder les glaciations du territoire genevois au Riss et au Wiirm. Toutefois, aucune

datation-corrélation rigoureuse n'est vraiment possible entre les glaciations de Riss et Wiirm et celles observées en territoire genevois.

La glaciation de Wiirm, soit la deuxième et dernière, a été le grand événement glaciaire de notre région. C'est le glacier wurmien qui déposera cette moraine de fond qui existe presque partout dans le territoire genevois et c'est au glacier wurmien que l'on doit des ébauches de moraines, des drumlins ainsi que les diverses alluvions (alluvions dites des plateaux) du retrait wurmien qui tapissent le sol

genevois.

La moraine de fond wiirmienne est en général une argile gris- jaune en surface et d'une teinte gris bleuâtre à gris acier en profondeur, pouvant contenir des galets striés de matériel alpin et passer à des moraines sableuses ou graveleuses.

Le glacier wurmien a déposé nombre de blocs erratiques dans tout le pays genevois. Ceux de granite ont été largement exploités, et ce qui en reste ne donne qu'une idée très approximative de leur nombre. La population, pauvre en pierre de taille, a dû faire grand usage, au cours des siècles, des blocs erratiques abandonnés par les glaciers. Ces blocs erratiques proviennent principalement du Valais, des Hautes Alpes calcaires et du massif du Mont-Blanc.

Parmi les plus importants, citons, à Mies, la Pierre-à-Pény (gneiss), de plus de 200 mètres cubes, et, dans la rade, les fameuses Pierres du Niton (granite).

La moraine uniformément répartie surmonte l'alluvion ancienne dans les aires où celle-ci a été déposée; ailleurs, elle repose

directement sur la Molasse des coteaux.

Comme nous le verrons plus loin, l'alluvion ancienne étant aquifère, la moraine de fond argileuse constitue une protection efficace contre une pollution éventuelle par les eaux usées de surface.

Retrait wurmien et postglaciaire.

Le retrait du glacier wurmien est marqué par des dépôts très variés: moraines frontales et latérales, drumlins, glaises rubanées (glaciolacustres) et nappes de graviers et de sables (cônes alluviaux).

Après ces événements intervient, par stades, le creusement des

74 JEAN-WILLIAM SCHROEDER

vallées, puis une rubéfaction se produit, et on entre alors dans la période protohistorique et enfin historique.

La plus grande partie des traits morphologiques mineurs de notre région sont dûs aux dépôts du retrait wiïrmien et à l'érosion qui se poursuit encore actuellement.

Le glacier de Wûrm, en se retirant, a parfois stationné. Ces stationnements sont une des causes de dépôts de moraines frontales et latérales. L'appareil morainique le plus considérable semble être celui du Mont-de-Sion qui ferme notre horizon vers le SW. Il repose d'ailleurs sur de la Molasse qui atteint une altitude d'au moins 700 mètres. Des blocs erratiques abondants marquent sans doute un cordon morainique latéral accroché aux flancs du Jura aux environs de 700 mètres entre Thoiry et Saint-Jean-de-Gonville.

Une autre moraine latérale est marquée par la colline parallèle au Rhône, située entre celui-ci et la Groise, au SSW de Ghallex.

Jayet a reconnu en outre des moraines latérales à Gorsier, Veyrier et de Saint-Genis à Grilly.

Paréjas (1938 a) suppose la formation, peu après le

stationnement du Mont-de-Sion/Saint-Jean-de-Gonville, et alors que la cluse du Fort de l'Ecluse aurait été bouchée par du matériel morainique, d'un lac en partie sous-glaciaire, dont le niveau minimum aurait été de 428 mètres. A certains endroits, le glacier aminci y flottait et au fond de ce lac se déposaient les marnes glaciolacustres que l'on observe presque toujours surmontant la moraine de fond wiirmienne.

Toutefois, tous les géologues ne sont pas d'accord avec cette

interprétation. En effet, on ne signale aucune faune dans ces marnes, et pourtant une faune s'installe immédiatement dans le moindre marigot, même tout proche d'un glacier.

La Plaine aux Rocailles serait le vestige d'une moraine frontale laquelle semble se rattacher à une moraine latérale gauche passant par La Roche. Evidemment, le glacier responsable de ces moraines était celui de l'Arve, séparé alors de celui du Rhône. L'Arve, qui s'échappait de son glacier en stationnement à Reignier, devait sans doute venir buter contre le glacier du Rhône qui, lui, occupait encore la cuvette genevoise. Le bassin d'alimentation du premier de ces glaciers étant plus petit que celui du Rhône, il apparaît logique de supposer qu'il s'était retiré de la cuvette genevoise avant ce dernier. L'Arve était alors repoussée par le glacier

rhodanien et, longeant celui-ci, passait au pied du Salève. On pense retrouver son ancien cours de Collonges-sous-Salève à Saint- Julien- Soral-Laconnex et Eaux-Mortes, dans la vaste vallée morte actuellement parcourue par l'Arande, ruisseau qui est incapable

GÉOLOGIE DU PAYS DE GENÈVE 75 d'avoir creusé son importante vallée. De Soral jusqu'à Cartigny et Avully, cette Arve a étalé un joli cône alluvial peu épais (alluvions dites des plateaux).

Paréjas (1938 a) suivant E. Chaix (1910) a admis l'existence d'un demi-amphithéâtre morainique marqué par les hauteurs de Bardonnex-Saint-Julien-Thairy-La Feuillée et Laconnex. Il admet en outre l'existence de l'autre moitié de l'amphithéâtre sur la rive gauche de l'Allondon entre Moulin Fabry et un point à environ deux kilomètres au nord de Russin.

L'existence de cet amphithéâtre morainique est contestée par Lagotala (1953 a) pour qui ces auteurs ont été trompés par l'aspect morphologique de la région. Lagotala a présenté en outre de nombreux faits d'observation qui lui ont permis de ne plus considérer la crête topographique Laconnex-Thairy comme une moraine frontale.

Les croupes attribuées à des drumlins sont nombreuses et Paréjas en a cartographie un grand nombre (F. 12, Atlas géologique de la Suisse). L'origine de ces croupes peut être attribuée au dépôt de ces accumulations de matériel morainique se trouvant avant la fonte dans ou sur le glacier. Ces accumulations peuvent, à l'origine, avoir été des moraines médianes.

Pendant quelque temps encore, le glacier wiirmien occupe une petite partie de la cuvette genevoise, puis, celui-ci s'étant retiré définitivement du bassin de Genève, un lac se forme rapidement et se remplit jusqu'à la cote de 408 mètres. La coupure entre le Bois de la Bâtie et Saint-Jean n'étant pas encore creusée, ce lac de 408 mètres occupe la région entre Pinchat et le Grand-Lancy et son extrémité méridionale se trouve à mi-chemin en dessous et entre les villages de Lully et de Gonfignon. Dans ce lac se déverse désormais l'Arve qui construit un delta important couvert

actuellement par la vieille ville de Genève et par le quartier des Tranchées.

Ce niveau de 408 mètres environ, 33 mètres plus élevé que celui d'aujourd'hui, est marqué par des terrasses lacustres sur de

nombreux cônes torrentiels anciens. Le niveau de ces terrasses a été en général choisi pour y placer la ligne de chemin de fer Genève- Lausanne. Ce lac va s'abaisser en trois stades: un premier a formé la terrasse de 10 mètres (385 m.), puis un second abaissement a formé la terrasse de 3 mètres (378 m.), et enfin le troisième abaissement nous amène au niveau actuel du lac de Genève.

Ces trois terrasses se retrouvent sur les flancs de la vallée du Rhône, à l'aval de Genève (terrasses supérieure, moyenne et inférieure).

76 JEAN-WILLIAM SCHROEDER

L'émissaire du lac de 408 mètres, un ancien Rhône, est obligé de suivre, à sa sortie entre le Bois de la Bâtie et Saint- Jean, les

inégalités de la surface abandonnée par le glacier wiïrmien, inégalités qui l'obligent à dessiner des méandres (Paréjas, 1938 a et b, 1944).

Quant l'abaissement du niveau de base surviendra, le Rhône s'encaissera dans ses méandres et se creusera des cours épigéniques dans l'inégal soubassement molassique (Chèvres). Peu avant le village de La Plaine, il se faufile entre l'ancien cône alluvial de l'Arve et celui opposé de PAllondon, puis, à Epeisses, un nouvel obstacle molassique enfoui sous les dépôts glaciaires sera, comme celui de Chèvres, scié sans difficulté par le fleuve. Le cordon morainique de la Groise (SW de Challex) guide ensuite le Rhône en ligne droite vers Chancy-Pougny.

Par suite de l'abaissement successif du niveau de base, les méandres s'encaissent, et les trois terrasses successives se forment:

la supérieure se raccorde à l'amont avec le niveau du lac de 408 m.

(Paréjas, 1938 a et 6), tandis que la terrasse moyenne doit correspondre à la terrasse de 10 mètres du pourtour du lac Léman.

Cette dernière est antérieure au Magdalénien de la Préhistoire, comme le montrent les restes préhistoriques trouvés sur le sol de la grotte de Scé, près de Villeneuve (Jeannet, 1916).

Nous aboutissons ainsi insensiblement à l'aspect actuel du paysage genevois. Quand le lac Léman se sera encore abaissé de trois mètres, nous quitterons le Paléolithique pour entrer dans le Mésolithique et le Néolithique puis dans l'Age des Métaux et les temps modernes. Si la terrasse de 30 mètres ne contient aucun reste de mollusques, en revanche, ceux-ci sont abondants dès celle de 10 mètres et, d'après J. Favre, appartiennent encore au

Paléolithique.

Si le Magdalénien est postérieur à la terrasse de 10 mètres, il va de soi que les grands artistes qui décorèrent la grotte de Lascaux devaient être des contemporains de notre glaciation wiirmienne et l'absence chez nous de l'Aurignacien et du Solutréen s'explique donc aisément. (La station de la Colombière [Ain] permet de dater le début du retrait glaciaire de la fin de l'Aurignacien.)

Jayet (1945 b), dans une note importante, a attiré notre

attention sur une rubéfaction des dépôts quaternaires dans la région genevoise, rubéfaction marquée par des terres de teinte rouge à rouge brun, rouge carotte, brun à chamois, terres dont l'épaisseur varie de 0 à 1 mètre environ, toujours sous-jacentes à la terre arable moderne et superposées aux dépôts quaternaires les plus récents ou parfois à des tufs. Il s'agit pour Jayet d'une formation apparue

GÉOLOGIE DU PAYS DE GENÈVE 77 en une seule fois à la fin du Quaternaire, probablement due à un climat un peu différent de l'actuel. « Les stations préhistoriques ou protohistoriques occupent toujours la même position à la partie supérieure des terres rouges au contact avec la terre moderne. » Or ces stations sont chronologiquement localisées dans la période Bronze-Hallstatt-La Tène et l'âge des terres rouges serait donc immédiatement antérieur à celui des métaux. D'autre part, la faune malacologique retrouvée à la base des terres rouges semble être de la fin du Paléolithique ou du Mésolithique. En conséquence, la période de rubéfaction quaternaire correspondrait en gros au

Néolithique.

Nous sommes ainsi arrivés à l'aube de la période historique puisque, il y a deux mille ans, les Helvètes (La Tène) tentèrent de passer le Rhône à Genève. Il est donc temps que l'historien, le géographe et l'économiste veuillent bien prendre à leur tour la

plume pour nous décrire notre petit pays.

Traits physiques du Pays de Genève aux temps préhistoriques et leur influence sur Vhistoire

L'occupation humaine datée du Moustérien ne présente pas l'intérêt de celles du Magdalénien, du Néolithique et des âges postérieurs.

Les Magdaléniens qui occupèrent la station des Douattes et les environs de Veyrier arrivèrent donc dans notre pays durant le retrait wiïrmien, après la formation de la terrasse de 10 mètres.

Autant dire que les Magdaléniens virent probablement un lac dont le niveau était de 3 mètres plus élevé que le lac actuel.

Aux Douattes, lieu abrité de la bise, au bord d'une rivière poissonneuse, leur installation s'était effectuée tout près d'une couche de silex remaniés. En effet, à la base de la Molasse au contact avec l'Urgonien, on rencontre des niveaux riches en silex provenant très probablement d'une craie sénonienne à silex qui avait été

complètement lessivée lors de l'émersion laramienne.

A Veyrier, le village magdalénien s'était installé dans une masse écroulée de calcaires du Salève, formant de commodes abris sous roche. Cette station était fort bien située. « Postés aux endroits les plus favorables, là où une rivière forme obstacle au déplacement des troupeaux, ils surveillent la contrée. » ( Jayet, 1943). C'est ainsi qu'à Veyrier-Etrembières nos Magdaléniens (attribuables à un rameau de la race de Cro-Magnon) avaient une position stratégique dominante, à l'endroit où la largeur de la contrée sise entre le

78 JEAN-WILLIAM SCHROEDER

Salève, le Rhône et FArve arrivait, par diminution progressive, en cheminant vers le nord, à un minimum. Cette position leur permettait ainsi, tout en contrôlant le déplacement des troupeaux (Cheval, Renne) dû aux saisons marquées du climat continental et celui des autres tribus, de s'assurer en même temps la possession de la contrée.

« Le climat de notre région au Magdalénien serait à rapprocher du climat actuel de la région d'Orenburg. » (Jayet, citant J. Favre, 1924). Il s'agissait donc d'un climat continental avec une faune artico-steppique.

Le Magdalénien semble avoir suivi d'assez près le retrait wùrmien et on sait maintenant que faune et flore prennent

immédiatement possession des contrées abandonnées par les glaciers.

A part le niveau plus élevé du Rhône, de l'Arve et du Lac, la contrée présentait une morphologie à laquelle ne manquait qu'une toute petite et ultime touche pour l'amener à la morphologie actuelle.

A la fin du Magdalénien et après lui, un nouveau climat semble s'être établi, par suite de précipitations abondantes. Une forêt

A la fin du Magdalénien et après lui, un nouveau climat semble s'être établi, par suite de précipitations abondantes. Une forêt

Dans le document Géologie du Pays de Genève (Page 24-42)

Documents relatifs