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PHILIPPE LAMBERCY

Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs,

L

A sous-commission des arts plastiques propose d'honorer cette année, avec le Prix quadriennal de la Ville de Genève, un créateur discret et généreux qui a largement contribué au rayonne­

ment de notre cité par la qualité de son œuvre et celle de son ensei­

gnement: Philippe LAMBERCY. Céramiste, il a su transformer l'Ecole Professionnelle de Renens, il travaille dans l'industrie avant d'être appelé à enseigner à l'Ecole des Arts Décoratifs de Genève en 1952. Il allait dès lors pouvoir se consacrer à la recherche et à la création.

La céramique traditionnelle était entrée en crise; l'évolution indus­

trielle et mécanique ruinait la fabrique artisanale où se perpétuait la division du travail entre tourneur et décorateur. La réalisation

« à la main» n'étant plus compétitive dans la production de l'utili­

taire, il restait à rendre une qualité à une pratique condamnée par

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la machine. S'il ne fut pas le seul, Philippe Lambercy compte parmi ceux qui surent donner à i'objet une présence et un sens qui reievaient traditionnellement de la sculpture.

Dans l'atelier personnel qu'il put alors ouvrir à Montagny près d'Yverdon, puis bientôt dans celui de Confignon où il travaille encore, comme à l'Ecole des Arts Décoratifs dont il va réformer l'atelier en même temps que les programmes, Lambercy va relancer la pratique de la céramique par sa curiosité technologique et ses exigences créatrices. L'histoire le retiendra comme un des premiers céramistes indépendants de notre époque, parmi ceux qui mar­

quèrent le passage d'une production quantitative à une production qualitative. S'exprimant d'abord dans les techniques de basse température de la poterie régionale, il subit bientôt l'influence de la céramique orientale qui lui fit découvrir la cuisson de haute température, le grès et la porcelaine. Il innovait alors totalement et ses premiers élèves se rappellent avec émotion ce moment décisif de l'installation de son premier four à gaz, les premiers grès et les premières porcelaines qui ne soient pas industriels.

La création et l'enseignement de Lambercy sont caractérisés par sa passion du feu. Il aime la manière dont il transforme la matière et la lumière qu'il donne à l'émail. Si les conquêtes techno­

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1-···--tout en lui donnant cette philosophie qui empreint son œuvre.

On ne saurait manquer d'associer à cet hommage son épouse qui collabora très fertilement à son œuvre. Ses connaissances de chimiste leur permettront d'aller très loin dans la transformation des émaux par la chaleur.

Lambercy a parfaitement résumé sa position: « Dans ma concep­

tion d'un objet céramique, l'émail qui en est un des composants nourrit intensément mon imagination. Le feu, en effet, dont on parletant�lorsqu'il�ag1tâe matière céramique, et pour cause,

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Photo R. Funk

est un agent de transformation qui polarise les propriétés de cette matière entre dureté et fluidité, opacité et transparence, surdité et sonorité, par exemple. Ces données qualitatives sont spécifiques à cet art; elles en appellent au tempérament du créateur et délimitent également le champ dans lequel sa personnalité se manifestera.

Ces faits ne sont pas d'ordre technique, même s'ils demandent une technologie attentive. Ils témoignent d'une approche du métier où la lumière « collaboratrice plastique» non seulement révèle la forme et concourt à sa présence, mais la pénètre à travers le verre et lui confère une substantialité différenciée tout en aidant la lecture.

Une lecture qui par là même se voudrait complexe et révélatrice d'un art au service duquel je me suis mis». (197 6, catalogue 18 artistes de la terre, St. Rémy).

neurs de sculpture de petite dimension. C'est à sa curiosité techno­

logique qu'H dut encore d'avoir pu réaliser ses rêves à une échelle architecturale, comme en témoignent ses murs des Ecoles de la Petite Ourse ou de la Jonction, de la Clinique Bel Air et surtout de l'Observatoire de Sauverny, un exemple du genre.

Lambercy s'est encore tellement donné à son enseignement qu'il a fait école. Généreux, il a totalement communiqué à ses étudiants tout ce qu'il découvrait. En démystifiant la technologie, il l'a renouvelée et découvrait beaucoup de nouvelles manières de s'ex­

primer. Attentif et tolérant, il transforma un enseignement technique en expérience de création et fit de son atelier des Ecoles d'Art un _des principa_ux__œ ntres deJa cr.éation__céramique, en Suisse-et même�

en Europe.

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Photo E. Tschanz

Lambercy n'a jamais couru les honneurs, la qualité de ses élèves

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a tait sa reputat1on et 1nc1te .1es me1.ueurs coi1êctl.onneurs a recr1eÏ -cher les œuvres d'un tel maître. Et ils découvrirent que chacune de ses créations a sa propre individualité, garde l'empreinte d'une expérience de la matière à l'épreuve du feu sublimant la connais­

sance par l'intervention de la vie.

* * *

Photo E. Tschanz

Photo R. Funk

Photo R. Funk

ALLOCUTION DE MME LISE GIRARDIN Vice-présidente du Conseil Administratif

Messieurs les lauréats, Mesdames et Messieurs,

P

ERMETTEZ-MOI avant tout d'évoquer avec émotion la figure de M. Virginia Malnati qui avait accepté avec joie la présidence d'une sous-commission et qui est décédé peu avant la séance plé­

nière de la commission de préavis. Le Conseil administratif est reconnaissant à M.

J.-J.

Mégevand d'avoir accepté de prendre la place laissée vide.

Il est usuel et naturel à la fin d'une cérémonie comme celle-là d'adresser des remerciements à tous les membres de la commission de préavis, aux présidents et aux rapporteurs des sous-commissions.

Tous consacrent temps, travail et réflexion avant d'opérer un choix qui peut parfois être difficile, voire délicat.

Quatre sous-commissions ont pu formuler des propositions qui avaient suscité leur accord spontané et unanime et nous venons de remettre les Prix de la Ville de Genève aux personnalités qu'elles ont choisies.

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La sous-commission de la musique, malheureusement, après de conditions, le Prix ne devait pas être attribué cette année.

Des difficultés de choix ou de jugement révèlent souvent une imprécision ou une lacune du Règlement, insoupçonnées jusque-là.

Le Conseil administratif examinera les corrections qu'il conviendrait de faire.

Messieurs les lauréats, nous venons d'entendre les rapporteurs évoquer brillamment et avec une admiration que nous éprouvons d'imaginer d'autres voies possibles, où vous auriez pu vous engager avec autant de sûreté et autant de succès; une profusion d'activités créatrices; la volonté de communiquer, de transmettre à d'autres ce dont ils ont besoin pour avancer à leur tour, librement, sur leur propre chemin; le pouvoir de jeter des ponts entre l'Université et la cité, entre l'école d'art et la cité.

La répétition de ces qualités exceptionnelles nous permet aujour­

d'hui de mieux prendre conscience de la valeur inestimable de

�acune d'elles. Elles nous at>,Qortent un certain réconfort à un�

époque de déséquilibre, de désunion, de désarroi.

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Et vos œuvres sont là, témoignages non seulement d'une recherche inlassable, féconde, efficace, sans cesse renouvelée, mais aussi de propositions offertes, de solutions trouvées, de problèmes résolus.

Ce qui nous a été dit aujourd'hui, Messieurs les lauréats, nous permet de nous approcher un peu plus de vous; c'est pour expri­

mer - avec cette pudeur genevoise des sentiments, que nous connaissons bien - mais malgré tout avec une certaine chaleur, notre estime et notre respect.

Messieurs Starobinski, Reverdin, Sauter et Lambercy, vous êtes des hommes d'action, de réflexion, de création. Vous avez beaucoup donné à notre cité: la simple évocation de votre nom l'a fait apprécier en Suisse et ailleurs. Nous en sommes fiers.

Soyez-en remerciés.

* * *

LE CONSEIL ADMINISTRATIF DE LA VILLE DE GENÈVE REMERCIE DE LEUR PRÉCIEUX CONCOURS,

LE CONSEIL DE FONDATION ET LA DIRECTION DU GRAND THÉATRE,

L'ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE,

M. PIERRE COLOMBO.

TABLE DES MATIÈRES

Commission de préavis . .

Allocution de M. Pierre Raisin, Maire de la Ville de Genève

Rapport de M. Hubert Greppin, pour la sous-commission 7 9

des sciences . . . 13

Rapport de M. Jérôme Deshusses, pour la s ous-comm1ss1on de littérature . . . 25

Rapport de M. Charles Bonnet, pour la sous-comm1ss1on des sciences humaines . . . 39

Rapport de M. Jean-Jacques Mégevand, pour la sous-commission des arts plastiques . . . 53

Allocution de Mme Lise Girardin, Vice-Présidente du Conseil administratif et Conseiller délégué aux beaux-arts

et à la culture . . . 69

Remerciements du Conseil administratif de la Ville de Genève 73

Imprimé par .i'.1:AR CEL FA VRE IMPRIMERIE DES ARTS

G E N EVE i..

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