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L’état civil :

JEAN I voit le jour lorsque Louis XIII s’éteint. Le fait remarquable concernant Jean I est, ici aussi, son étonnante longévité. Sa naissance est calculée en 1644, puisque son acte de décès en date 27 Septembre 1740 renseigne 96 années de vie, ce qui lui confère tout le respect et les honneurs dus à son âge. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière de l’église de Doazon, en présence de ses amis : Jean Lassalle, capitaine dans les Bandes béarnaise, et Jacques Mirande, maître d’école du lieu. Le curé desservant est le curé Lasalle. Aucun autre renseignement dans l’état civil ne le concerne ; mais on y apprend qu’a la même époque au Chréstia, l’ostaü des cagots, où l’on exerce le métier de menuisier, enterre lui aussi un ancien de 90 ans. Le sieur Mirande, originaire de Gurmençon, maître d’école de Boumourt puis de Doazon se marie en la paroisse en 1744 et la cure de Doazon est renouvelée en 1749 au profit du curé Saubat. Evidement les registres de sépultures enregistrent de nombreux décès chez

les enfants en bas-âge. Les métiers représentés sont laboureurs, brassiers et journaliers en majorité, mais aussi charpentier, « fourgeron », tisserand, tailleur, cordonnier, menuisier, « masson », arpenteur, ou encore meunier.

Le couple

JEAN I se marie à 38 ans avec MARTHE DE PAUMES le 31 mai 1682, comme l’indique le contrat de mariage en la forme authentique produit en 1929 par Jean, le frère d’Henri. Selon les règles de l’ostaü, Marthe est une fille cadette de

84 En sous série 2-C, contrôle qui s'applique à tous les actes notariés et exploits d'huissier en vertu de l'édit de mars 1693. les actes sous seing privé y furent à leur tour soumis par l'édit d'octobre 1705, mais bénéficièrent de registres spéciaux à partir de germinal an VII. L’insinuation créée par l'ordonnance de Villers-Cotterets (1539) devient une mesure fiscale avec l'édit de décembre 1703

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la maison Paumès, que j’identifie sur le cadastre comme étant située au bas du coteau d’Arrousat, route d’Urdès85.

Le système géographique est basé sur la proximité et les affinités avec les maisons voisines. Ils exploitent les mêmes ressources et font paître les troupeaux dans le même secteur. Le curé de l’église Saint-Martin de Doazon est alors Jean-Michel Casaux86, et à ce titre il recueille leurs consentements aux mariages.

Bien que la législation royale qui garantit la liberté de culte entre protestants et catholiques soit encore en vigueur (Edit de Nantes, 1598-1685), la discorde règne au sein de l’évêché de Lescar et Monein. De fortes tensions secouent l’église moneinchonne de Saint-Girons. Cependant, la paroisse de Saint-Martin de Doazon semble majoritairement dédiée au culte catholique. Pour en avoir le cœur net, je consulte la collection départementale du culte protestant. Pour le bureau d’Arthez sont enregistrés les actes de baptêmes pour Arnos, Arthez, Arzacq, Castétis, Castillon, Doazon, Lacq, Mont, Mesplède, Poey-de-Lescar, Urdès de 1609 à 167887. Le registre des années 1609 à 1622 ne fait apparaître

qu’une seule maison protestante à Doazon, deux à Urdès, et trois à Castillon. Et aucune référence à une naissance chez d’Arrousat.

De plus, un capitaine des bandes béarnaise est membres de la communauté. Ce régiment, crée en 1630, se constitue successivement par plusieurs levées de milice, correspondant au besoin militaire du roi. En 1685, le contre-coups de la révocation de l’édit de Nantes se fait sentir en Béarn, et les milices reçoivent ordre de surveiller les protestants. Le colonel Gramont, père du régiment, les exempte à vie du service de miliciens et obligent les officiers à la plus grande ferveur catholique. Au mois de Juillet, les dragonnades sèment la terreur à Pau. Dès 1678, la règlementation du régiment des Bandes béarnaises porte son effectif à 29 compagnies dont plusieurs s’assemblent aux alentours de Doazon : celle M. de Sendos à Salies, celle de M. de Bastanez à Pardies et la compagnie de M. de Saint-Martin à Monein. D’autres encore à Morlàas ou Arthez. Ces compagnies sont fortes de 100 hommes et comptent 84 mousquetaires et 16 piquiers à l’image de la très fameuse compagnie de M. d’Artagnan. Elles sont commandées par un capitaine secondé par un lieutenant, un sous-lieutenant et deux sergents. Chaque compagnie possède son tambour. Le soldats sont pris parmi les hommes de 20 à 45 ans, recrutés toujours dans le même secteur, un nombre fixe de soldats devant être fourni par chaque communauté ou paroisse. Les capitaines et jurats choisissaient parmi les hommes aptes à faire le service de guerre. La communauté devait présenter un panel d’hommes équivalent à trois fois le nombre de soldat effectivement fournis, seul les meilleurs étant retenus. Les jurats de chaque communauté payaient 14 liards aux soldats équivalant à « deux charges de poudre et demi-brasse de mèche» et ils devaient le pourvoir de souliers s’il n’en avait. Au retour des détachements et compagnies, les soldats remettaient épées, baudriers, piques et mousquets à

85 Prise de vue aérienne : https://www.google.fr/maps/@43.4509525,-0.5641134,1067m/data=!3m1!1e3. Consulté en 2019. Travail personnel

86 B 902 sur la cure de Doazon en 1680.

87Consulté en 2018 : http://earchives.le64.fr/ead.html?id=FRAD064003_IR0002&c=FRAD064003_IR0002_ARTHEZ- BEARN1&qid=eas1557591653044#!{"content":["FRAD064003_IR0002_ARTHEZ-BEARN3",false,"eas1557591653044"]}

LES MAISONS D’ARROUSAT ET DE PAUMES

En rouge au nord : maison d’Arrousat, au sud : maison Paumès.

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la communauté, qui devait en assurer l’entretiens. Et pas question de ne pas répondre à une convocation une fois enrôlé, à peine pour le déserteur de devoir loger trois soldats dans sa maison le temps de purger sa peine88.

Contexte

C’est ainsi que durant la guerre de succession d’Espagne (1701-1713), Jean I voit la province constamment traversée par des troupes réglées de toutes armes (les Régiments d’Urban ou de Damas en 1709, d’Orléans ou du Hainaut en 1711). Les Etats enregistrent les remontrances de nombreuses paroisses concernant des déprédations et des abus de pouvoir. Jean I connaitra presque exclusivement le long et puissant règne de Louis XIV (1643-1715) qui souhaite contrôler la société. Par souci de rentabilité fiscale, en 1667, le roi entend soumettre la définition de la noblesse à son contrôle. Colbert expurge les usurpateurs par des enquêtes de noblesse et les trois ordres sont chamboulés par l’air du temps. Les délibérations des Etats de Béarn sont à cette image : examen du code Louis en 1668 et recherche des faux nobles. Elles montrent également les inquiétudes des habitants qui réclament en 1662 le droit à porter une arme en raison des «loups et ours dont la région est infestée »89. Mais à l’ordre tripartite de la société se confrontent les

prémices des évolutions socio-économico-juridiques et de nouvelles synergies entre les ordres se développent. Bientôt les assemblées législatives ne reflèteront plus cette société d’Ancien-Régime et laisseront place à de nouveaux statuts basés d’avantage sur la répartition des richesses et l’honorabilité. Au XVIIIe siècle, le succès de l'agronomie et de la physiocratie pousse certains aristocrates à se muer en de véritables entrepreneurs agricoles, tandis que les riches paysans terriens cherchent à accéder aux offices de judicatures. Les carrières administratives, peu fréquentées au XVIe, sont de plus en plus recherchées avec l'affirmation de l'absolutisme. La noblesse récente y trouve sa légitimité. C’est la noblesse de robe. Elle se consolide au cours du XVIIe siècle par la vénalité des offices comme celle des notaires et secrétaires du roi, aux dépens des vieux lignages. Les limites constitutives des trois ordres sont en train de se modifier, de se redéfinir. Même si les classes paysannes et bourgeoises n’ont pas conscience des frémissements qui annoncent le basculement d’une sociétés d’ordres vers une société de classe socio-économique, beaucoup d’entre eux sauront pourtant se servir de l’air du temps pour accéder au pouvoir, et tirer bénéfices de ses évolutions. En attendant leur équilibre est encore fragile et par deux fois, Jean et Marthe connaitront les dramatiques crises de subsistance (1693-94 et 1709-10) qui marquèrent le passage du XVIIe au XVIIIe siècle. La répartition des grains achetés aux frais de la Province et distribués aux familles les plus nécessiteuses indique qu’à Doazon, il fallut en distribuer à 80 familles sur cent90. Puis la mortalité par famine diminue et au XVIIIe siècle, malgré la persistance de

hausses des prix temporaires, les crises sont moins sévères, et la mortalité considérablement réduite.

Transmission :

• L’ainé de maison, JEAN II, naît aux environs de 1683, c’est-à-dire, une fois le couple marié et installé. Concernant d’éventuels cadets ou cadettes, rien de probant pour l’instant, aucun registre à Doazon ne donne de pistes. Cependant je suis tentée de rechercher vers la commanderie de Caubin ou l’abbaye de Larreule, puisque ces paroisses auraient pu constituer un refuge pour les cadets, soucieux de s’émanciper

économiquement ou d’être mieux considéré au sein d’une communauté. Plusieurs archives sont disponibles pour cette période, notamment sur la cure de Doazon par Pierre Descomps, curé de Saint-Pierre de

Castillon (1700-1703)91 et sur l’ordre religieux des Bénédictins de Larreule, notamment le registres des

profession de foi de 1737 à 1741. Sur la chapelle de Caubin, le site des AD64 indique que le chercheur devra consulter, au sujet de cette commanderie, l'important fonds de l’ordre de Maltes conservé dans la série H des Archives départementales de la Haute-Garonne.

Il y a une recherche disponible dans le fond du contrôle des actes puisqu’il nous est parvenu miraculeusement, malgré l’incendie, les registres de mutation par décès (taxé au centième denier) de 1726 à 1793 pour le bureau d’Arthez de Béarn. Mais alors que je m’apprête à consulter le fond de l’enregistrement, la sous série 2Q pour les registres du contrôle disponibles, mais également le 3Q pour une recherche plus précise cette fois, c’est la panne d’ascenseur aux archives. Mes recherches dans ces fonds sur les propriétés de la maison d’Arrousat en 174092, jusque 1793 et après

1800 se feront donc ultérieurement.

88Société des sciences, lettres et arts de Pau et du Béarn et son étude de référence sur le régiment des Bandes Béarnaise in Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau (1890), IIe série-tome 2. Consulté en 2018 :

http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-34272&I=156&M=imageseule

89 C724, C 726 & C729 90 C1257

91 A consulter : Clergé séculier, cote G 290 & Clergé régulier, cote H135/2

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