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De Bagatelle à Monceau,1778-1978.Les Folies du XVIII0 siècle à Paris, Paris:Musée Carnavalet,décembre I978fjanvier 1979.

Qu'est-ce qu'une fête publiaue?

Le définition proposée par Anne-Marie Lecoq (2) se révèle assez satisfaisante. "La fête publique apparait actuellement comme une

notion artificiellement bâtie sur des définitions à la fois minimales: moment d'interruption de la vie ordinaire et "profane".occasion d' excès et de dépense,arrêt imposé au cours du temps,entre le passé et l'avenir...,et controversés:pour les uns.manifestation de l'existence d'un groupe,désir de perpétuer la vie de l'espèce,d'une société,d'une institution;pour d'autres,sorte de transe dépourvue de finalité socia­ le par laquelle l'homme fait irruption dans un autre monde,hors de tout système constitué,de touÿe structure et de toute culture... -définitions où la spécificité du phénomène festif parait dès lors bien près de se dissoudre..."

La fête n'est donc nullement un divertissement frivole,mais plu­ tôt expression de préoccupations profondes,interférence étroite entre le spectacle et la vie.

Réservée à quelques privilégiés ou accessible à tous,toute forme de réjouissance possède un cérémonial,un rituel,touchant ainsi en quelque sorte au sacré et semblant dotée aux yeux des participants d'un certain pouvoir magique.Toute société a ses fêtes,ses spectacles pour répondre à un besoin absolu,intemporel et extraspatial,de 1' individu.

Selon Harvey Cox (3),"Fête et fantaisie n'ont pas seulement valeur en elles-mêmes,elles sont absolument vitales pour la vie humaine.Elles permettent à l'homme de se rattacher au passé et à 1' avenir d'une manière dont les animaux sont incapables.Le jour de fête est dîne activité spécifiquement humaine.il nait du pouvoir propre à 1'hommed'incorporer dans savie personnelle les joies d'autres gens et l'expérience des générations antérieures.La fête est une forme humaine

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de jeu à travers laquelle l ’homme s'approprie dans son expérience propre,un large espace de vie incluant le passé."

Moyen de sortir du temps vécu pour pénétrer dans celui du mythe, de transmuer un peu comme par magie la réalité,la fête est essentiel­ lement un acte religieux.Toute fête est 1'illustration,plus ou moins nette,d'un acte primordial dont il faut conserver le souvenir et qu' elle tente de faire revivre.Si son râle primordial est symbolique et didactique,par son faste l'épisode festif a un profond impact sur la population qui y participe,plus ou moins directement,permettant ainsi la diffusion d'idées politiques.Moyen ïïe plus Simple mais aussi fort sophistiqué d'éducation,voire d 'endoctrinement,des masses populaires, la fête abat de manière illusoire les barrières sociales.

Selon une constante propre aux époques troublées,les réjouissan­ ces se multiplient,avec une recherche quasi frénétique du plaisir, comme si l'on voulait s'étourdir dans la fête,se dissoudre et oublier son présent dans un monde artificiel et factice. "Faute de moyens directs d'apaiser la faim,on cherchait à s'en distraire en se jetant dans des extrêmes opposés:c'était tous les jours des bals et des fêtes" (4).La fête devient alors un moyen d'expression d'archétypes longtemps enfouis dans l'inconscient collectif.

La notion de fête a donc traversé les âges et les frontières, créant partout une tradition festive,mêlant intimement manifestations politiques et monarchiques,religieuses et populaires.

La grande fête roÿale et publique dérive d'une tradition ayant vu le jour dans la péninsule italienne et que développe la France dès le début duXVI0 siècle,hérdjtant également de la splendeur des fastes médiévaux.L'apogée de ce mouvement se place sous Louis XIV puis au XVIII» siècle,et ces grandes festivités font appel à des moyens techni­ ques qpécifiques et aux multiples domaines de l'art.Avec son coté

grandiloquent et ostentatoire,elle devient l'expression de la gloire du régime et de la glorification de la personne royale,soit par une exaltation de la vie monarchique au travers des événements de celle-ci (naissances,mariages,deuils),soit par le rappel fastueux de faits politiques (victoires,traités,réceptions d'ambassadeurs...).Donnant à la population l'illusion de participer au pouvoir à travers l'image

d'un souverain auréolé de gloire,elle devient le porte-parole idéal d'idées politiques.Pourtant avec le règne de Louis XVI s'amorce une évolution:1a fête est devenue l'expression de la puissance de la nation plus que celle de la royauté,ceci au détriment de la personne royale.

Corrélativement processions,messes,Te Deum.... accompagnent de manière traditionnelle les principaux événements de la vie nationale et locale.Egrénées au rythme des saisoBB,suivant le calendrier litur­ gique ou célébrant les fêtes patronales,ces manifestations persistent durant tout l'Ancien Régime,voire plus longtemps dans les campagnes, et rassemblent une majorité de la population.De plus toute une série de divertissements populaires,parfais issus du folklore local,un peu marginaux,accompagnent traaitionBellement la fête,publique ou religi­ euse. Certaines, sortes de "fêtes agraires",ont un cadre rural,suivent le rythme des saisons et les étapes de l'année Paysanne.Mêlant les réminiscences païennes,les croyances chrétiennes,les superstitions et un certain folklore,elles seront vainement combattues par les révolu­ tionnaires.Ce sont les habituelles processions des Rogations,les feux de la Saint-Jean et les danses rituelles et symboliques,dérivant d' ancestranes danses de fécondité,autour du "mai",gros mât orné de feuillages et de rubans,et qui seront remises au goût du jour dans les cérémonies civiques autour des Arbres de la Liberté.

Mais la fête aristocratique était réservée aux favorisés par la naissance ou la richesse.Divertissement séparatiste,elle rassemble des individus soucieux de se dissoudre exquisement et égoïstement dans le plaiâir,détruisant ainsi leurs expériences individuelles. Parallèlement à ces fêtes privées,témoignage d'un monde finissant, les fêtes publiques,auxquelles est convié le peuple,réquisitionnent les artistes pour ériger d ’imposants et épëémères décors de théâtre.

A la fin du XVIII0 siècle,le phénomène festif parait s'essouffler, nécessiter un renouvellement.Les premiers à s'apercevoir des diffi­ cultés de survie de la fête sont les écrivains,en particulier Diderot et Rousseau,qui tentent d'en élaborer une nouvelle"théorte".Condam­ nant l'exclusivité des réjouissances aristocratiques,ils prônent ferveur unanime et spontanéité populaire.Iconoclaste vis à vis de ses antécédents,la fête rajeunie doit se donner de nouveaux cadres.

Rousseau livre sa conception (5):"N'adoptons point ces spectacles exclusifs qui renferment tristement un petit nombre de gens dans un antre obscur;qui les tiennent craintifs et immobiles dans le sielnce et l'inaction;qui n'offrent aux yeux que cloisons,que pointes de fer, que soldats,qu'affligeantes images de la servitude et de l'inégalité. Non,peuples heureux,ce ne sont point là vos fêtes.C'est et? plein air, c'est sous le ciel qu'il faut vous rassembler et vous livrer au doux sentiment de votre bonheur...Mais quels seront enfin les objets de ces spectacles?Qu'y montrera-t-on? Rien si l'on veut.Avec la liberté,

partout où règne 1 'affluence,le bien-être y règne aussi.Plantez au mildieu d'une place un piquet couronné de fleurs,rassemblez-y le peuple,et vous aurez une fête.Faites mieux encore:donnez les specta­ teurs en spectacle;rendez-les acteurs eux-mêmes;faites que chacun se voie et s'aime dans les autres,afin que tous soient mieux unis."

La fête de Rousseau est faite d'union,d'égalité,de réciprocité, de communication autour de la liberté nouvelle.Le peuple devient spectateur et acteur,et le spectacle est partout et nulle part.

La^’fite est avant tout un moyen d'éducation populaire,in facteur d'émancipation des masses pouvant prendre le relais d'une culture orale traditionnelle;elle va devenir une véritable pression idéologi­ que, mobilisant toutes les énergies,employant toutes les formes d'art au service de la cause révolutionnaire,reposant alors sur une étrange et périlleuse alliance idéologie-armes.Autorités et concepteurs

jaugent diailleurs fort justement les possibilités à exploiter.La foule assemblée constitue un capital émotif élevé,se déclenchant par la mise,;:en scène.L ’ "atmosphère" ,qu 'il convient de créer habilement, a un caractère déterminant et provoque des réflexes conditionnés. Pour cela sont mises en place des sortes de liturgies collectives, ameutant la foule autour de symboles judicieusement choisis,sans négliger le coté bruyant et le discours de propagande,dans un cadre vaste,au décor héroïque et exaltant,afin de recréer un espace idéal et intemporel.

La fête devient ainsi un rituel civique.Toute civilisation a manifesté son besoin d'une divinité,offrant recours et possibilité de fraternisation.Faisant table rase du passé,et donc de la religion

Liberté) et se découvre des martyrs (Marat,Lepeletier,Barra...),donc de multiples occasions de "faire la fête!!.

Les révolutionnaires avaient le sentiment de vivre un moment privilégié,d'assister à la fin d'un monde et de consommer la rupture, brutale peut-être mais irréversible,entre l'Ancien Régime et une ère nouvelle.Régénération des forces vives du patriotisme,la fête révolu­ tionnaire oscille entre le souvenir d'Age d'Or lointain,qu'elle évoque par la Rome ancienne et la Nature inviolée,et le pressentiment d'un Age d'Or à venir,qu'annonce la venue de l'ère de la Liberté.

Un symbolisme nouveau est élaboré;1 'Arbre de la Liberté,cette conquête toute neuve et inviolable,se jumelle à l'Autel de la Patrie, pôle central de la fête,signe sacré d'un sol conquis.Avec des attri­ buts (cacarde tricolore,bonnet phrygien),le peuple parvient à une sorte d"'auto-célébration".faisant appel aux formes antiques.La fête, par son déroulement plus que par un message formulé en termes clairs, par le cortège englobant toujze la ville,par la présence du peuple assemblé autour des symboles laïcs et civiques.devient ainsi un éloge vivant à la Nation et à la Révolution.C'est une prise de conscience collective de la population sous le signe de la Patrie,et donc la

quintessence d'un rituel civique.Eclatant hors des contraintes passées, elle préfigure de "happening" contemporain.

Iconoclaste quand elle détruit avec véhémence les symboles de 1' Ancien Régime ou de la monarchie,la fête révolutionnaire s'attache à combattre l'immobilisme,la matérialité spatiàle.l'art de la représen­ tation et du prestige.Pourtant ne parvenant pas à inventer de nouvelles formes,la Révolution se cantonne dans l'assimilation nostalgique d'un répertoire antique,lui offrant des images idylliques de grandeur et de liberté. 13'arrivant pas à s'assumer, elle se laisse récupérer par 1' idéolpgiéüdominante et la nouvelle classe sociale au pouvoir,cette modification des conceptions se traduisant de manière inattendue dans la mode vestimentaire:au "sans-culottisme" reniant le rôle flatteur du vêtement succèdent les extravagances caricaturales des Muscadins,

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Incroyables et Merveilleuses.

La fête révolutionnaire témoignait d'un beau rêve:canalisant les énergies dans une perspective politique bien définie,elle devait avant tout servir au salut public.Faite d'enthousiasme et de sponta­ néité .rupture totale par rapport au quotidien,elle devait être assi­ milée par ceux désirant instaurer leur propre conception de la socié­ té. Perdant son naturel et sa théâtralité un peu naïve,elle devint un moyen de propagande et d'emprise politiques sur l'esprit public. Moyen de propager l'idéologie dominante,la fête est devenue l'école des citoyens,mais a laissé se dissoudre son essence même,et ce malgré les nouveautés qui s'y trouvaient en germe et demeurent inexploitées.

I. L E S D I F F E R E N T S Y P E S D E F E T E S .

Les fêtes sont multiples et cette multiplicité engendre quelques difficultés lors de la mise en place de critères de classement.Quels repères adopter pour une typologie?

La fréquence peut être envisagée:fêtes périodiques ou occasion­ nelles, mais ce concept évolue considérablement dans le temps,surtout avec l'adoption sous le Directoire d'un calendrier aids manifestations tendant à programmer strictement les rassemblements.

Les classifications selon l'ampleur du cadre concerné ou 1' identité des organisateurs,créant une discrimination trop flagrante entre les manifestations nationales et locales,ne sont pas plus

satisfaisantes.De plus en province,il nefaut pas négliger une certaine dichotomie entre le groupe,numériquement le plus important,constitué par les fêtes civiques,succédant quasi directement aux manifestations religieuses et dynastiques,et celui,peut— être quantitativement plus faible,des fêtes populaires et de tradition religieuse qui se main­

tiennent, se mêlent aux nouvelles options et perpétuent une tradition locale.

De ce fait,si les finalités diffèrent et se modifient dans le temps,milieux sociaux et modes d'organisation évoluent relativement peu:1a communauté se contente de célébrer et exalter le héros,

personnage ou entité,présent ou non,de la fête,avec une cohésion qui fiinalement a peu changé.Ainsi par le recours à l'abstraction,par un certain lacanisme,par uns sorte de symbolisme "en pointillé" qui permet à chaque spectateur de recréer sa propre fete,donc d'y parti­ ciper pleinement,on parvient à uns sorte d'effacement de l'événement, à une intemporalisation de la fête.

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Bourtant la simple lecture d'un calendrier des principales manifestations s'étant déroulées à Paris de 1789 à 1799 permet de discerner plusieurs types de cérémonies,évoluant dans le temps avec le régime politique ou conservant une certaine permanence.Certes 1' immense majorité des cérémonies veut commémorer quelquechose:événe­ ment historique ou politique,homme ou héros,entité plus ou moins abstraite.

Un premier groupe rassemble les Fédérations et leurs commémora­ tions.Si le mouvement fédératif avait vu le jour en province,il culmine le 14 juillet 1790 à Paris avec une grandiose célébration, qui reste un peu le prototype de la fête révolutionnaire.Ces cérémo­ nies d'union sont surtout nombreuses dans les premiers temps de la Révolution,servant d'appui et d'aval au nouveau régime.Les réjouissan­ ces durent souvent plusieurs jours,mêlant fêtes publiques et divertis­ sements populaires et répartissent la liesse dnas divers endroits de la cite.Par la suite le 14 juillet fait l'objet d'une commémoration annuelle,la participation et l'importance de la fête s ’effritant peu à peu,pour sombrer dans une sorte d'automatisme.Cependant cette célébration connaitra un quelconque regain avec la grande manifesta­ tion du 25 messidor an IX (l80l).

Un certain nombre de fêtes célèbrent des victoires militaires, tant à Paris (libération de la Savoie...),g u 'en province (fête en 1' honneur de la victoire sur les Pays-Bas et de l'entrée victorieuse des républicains en Savoie,célébration de la prisd de Toulon à Lille), l'élément militaire occupant d'ailleurs toujours une place non négli­ geable dans les cérémonies.

Viennent ensuite ce qu'il convient de nommer les fêtes civiques et religieuses.Elles vont tendre à se multiplier au cours des années, perdant beaucoup en ferveur et en spontanéité,se figeant parfois dans un strict calendrier (Directoire).Voulant magnifier des entités

politiques,parfois au travers de souvenirs historiques (Fête de 1' Unité et de l'Indivisibilité de la République Française,Triomphe de la République,fête des Victoires,fête de la Liberté) ou religieuses (Fête d à l ’Etre Suprême,culte de la Raison),elles se veulent 1' expression profonde du nouveau régime". En corollaire nait dans toute iâ. Francê'}1 'aménagement des Temples de la Raison ;généralement d'

de cendres.au Panthéon.Ce type de cérémonie parsiste durant toute la décennie et adopte une formulation bien particulière,tant au niveau de 1'architecture éphémère que du cortège.

Enfin à l'extrême fin de la période l'Entrée triomphale des objets des sciences et des arts recueillis en Italie préfigure les expositions universelles du XIX0 siècle.

Toutes ces cérémonies ont fait l'objet de réalisations archi­ tecturales éphémères,mais liées au thème du jour,et par leurs cortè­ ges témoignent d'une certaine prise de conscience du fait urbain.

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II. L A F E T E E T L E T E M P S

Geands législateurs,les hommes de la Révolution savent que”la fête est le complément des lois" et dès son titre I la Constitution de 1791 décide q u ’ "il sera établi des fêtes nationales oour conser­ ver le souvenir de la Révolution française,entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la patrie et aux lois." Toute la décennie s'obstinera donc à planifier la ferveur populaire,à aménager temps,espace et hommes au service des idées,à envisager une nouvelle périodisation.Mal distribùé dans les calendtiers d' Ancien Régime,aux mois inégaux ponctués de ci-devant dimanches,le

temps s'organise désormais régulièrement,obéissant à partir de Robespierre à l'inflexible décadi et aux loisirs programmés.

Parallèlement l'espace national,préalablement cloisonné en de millé­ naires provinces,doit s'ouvrir et s'aplanir pour répondre au principe d'égalité.Ce même souci de purification entraine à rebaptiser les lieux marqués par la royauté,à abattre les barrières,matérielles

(péages,octrois) ou non.On parvient ainsi au règne de l ’indifférencié, à cette belle égalité dépeinte par Michelet: "Alors que l'Empire a sa colonne et la royauté le Louvre,la Révolution a pour monument..,le vide.Son monument,c'est le sable,aussi plaj: que l'Arabie".

Ce nivellement amènerait donc une indifférenciation des hommes, enfin tous égaux et dânc indiscemables.il faut d'ailleurs noter que les procès-verbaux des manifestations civiques prévoient avec préci­ sion l'ensemble de la cérémonie,de l'emplacement et de la forme des fabriques aux costumes des spectateurs,ignorant même délibérément les intempéries (14 juillet 1790).Cette planification entraine fatalement une programmation périodique,voire sclérosante,Baint-Just souhaitant par exemple faire renouveller tous les ans,par décret,à date fixe,

"la déclaration publique des attachements individuels".Cette création d'un stéréotype nécessitait d'investir le quotidien.ainsi que 1'

avait plus ou moins bien réussi l'Eglise au cours des siècles;il fallait donc détruire cette part religieuse ou plûtôt s'y substituer,

(culte de la Raison,fête de l'Etre Suprême).

Au travers de ses manifestations festives,la Révolution,même sous la Terreur,se voulait universelle harmonie,au—dessus du tumulte des événements,recréant une sorte de monde idyllique et égalitaire.L' incarnation parfaite de cette idée s'exprime dans les Fédérations, puis dans les fêtas de l'Unité ou de la Liberté.

Comme le déclare un contemporain (6), "le premier jour de la Révolution fut un jour de fête",et l'année 1790 semble une période de festivités continuelles,culminant à la Fédération,l'union paraissant se faire sous l'autorité bienveillante du roiçmalgré quelques disso- naces.Le nouveau régime a besoin de se conforter et de soutenir 1' espérance.Au fil des années s'accentue la péciodisation,la schémati­ sation et donc la routine de la fête (loi du 3 brumaiee ai IV),qui parait ainsi devenir une sorte de ruse du pouvoir,dissimulant les erreurs du régime,répétant une litanie intemporelle et codifiée dans

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