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PRÉAMBULE

La présentation s'articule en trois points: 1. Constat, hypothèses et problématique, 2. Méthodologie utilisée et premiers résultats2,

3. Pistes de réflexion et de recherche possible.

1. CONSTAT, HYPOTHÈSES ET PROBLÉMATIQUE

1.1. Situation vécue par les élèves

Comme enseignant de construction mécanique industrielle en formation initiale et continuée d'abord puis comme formateur de formateur (ENNA) ensuite, j'ai côtoyé tout au long de ma carrière les langages graphiques du technicien, dessin industriel, schémas, graphiques, etc... J'ai pu ainsi

1 TSA : Technologie des Système Automatisés. 2

Les résultats, obtenus récemment, n'ont pas été développés au cours de la communication.

mesurer tout l'intérêt qu'ils représentent comme outil de communication spécifique et comme outil de pensée, mais aussi et surtout les difficultés de décodage et d'interprétation auxquelles se trouvent continuellement confrontés les élèves.

L'expérience m'a aussi enseigné qu'un graphisme technique, aussi puissant et adapté qu'il soit pour un usage donné, ne peut et ne doit pas, être considéré comme « l'outil idéal et universel » et qu'il a ses limites propres. Or que constate-t-on dans le vécu des élèves entrant en classe de seconde? Professeur principal dans une telle classe en 1992, j'ai demandé à mes élèves de me montrer tous les supports sur lesquels ils avaient travaillé pendant la troisième semaine du mois d'octobre – livres, manuels, notes prises en cours, énoncés de travaux pratiques, exercices, corrigés, etc. – et cela dans toutes les matières. Le premier résultat de ce petit sondage, qui n'a rien de scientifique, est révélateur quant à la variété des graphismes : cette semaine-là j'ai recensé 28 types de graphismes aussi divers que :

- en mathématique, figures de géométrie et graphes de fonction, - en physique, perspectives, schémas de principe, de circuit, courbes, - en science et vie de la terre, croquis anatomiques, coupes,

- en histoire, cartes politiques, histogrammes, organigrammes, - en géographie, diagrammes-barre, courbes de niveau, tableaux, - en économie, diagrammes-cercle, histogrammes,

- en français, schémas de structure, graphes sagittaux, - en langue vivante, illustrations, bandes dessinées, etc. . .

Il faut ajouter à cette liste les graphismes à caractère proprement « technique » utilisés dans les deux options suivies – la TSA et la productique – par la moitié des élèves de cette classe :

- dessins et croquis techniques en projection géométrale, - dessins et croquis en projection perspective,

- logigramme, algorigrammes, - grafcet, gemma,

- schéma électrique, pneumatique, électronique, cinématique, etc, - graphes fonctionnels, tableaux divers,

- chronogrammes, pour ne citer que les principaux.

Ce recensement « à la Prévert » n'est qu'une toute petite partie de « l'herbier » dans lequel un élève doit retrouver la plante rare qui lui apportera l'information ad hoc sous un volume restreint et lui permettra d'accéder à une part de la connaissance. On mesure ici d'entrée de jeu « l'effet Babel » que peut créer, sur des élèves abordant l'enseignement en second cycle long, cette multiplicité de graphismes techniques ou non.

1.2. Graphismes ou langage graphique

On ne peut parler de « graphisme» ou de « langage graphique» sans en donner, sinon une définition qui reste toujours un exercice périlleux, du moins sans en cerner les principales limites. Dans la recherche engagée, le parti a été pris de limiter le champ d'investigation aux seuls « graphismes techniques» utilisés en classe de seconde option TSA. Par graphisme technique il faut entendre : Tout mode de communication graphique en deux dimensions construit à partir de formes géométriques, normalisées ou non, autres que l'écriture d'une part et le dessin technique d'autre part3 dont

la fonction est soit de décrire la structure organique ou fonctionnelle d'un système technique réel, soit d'en expliquer le fonctionnement ou la dynamique.

Bien que très tentante l'idée de parler de « langage graphique» n'est pas retenue car elle tend à faire penser que tous les graphismes étudiés appartiennent à un ensemble cohérent de communication possédant ses propres codes et sa propre syntaxe, ce qui n'est assurément pas le cas. Mais on peut tout de même penser que sous certaines conditions et dans des limites bien précisées, certains de ces graphismes peuvent être considérés comme un véritable langage de par leur caractère transversal et interdisciplinaire, ce développement intéressant ne fait toutefois pas partie de l'étude actuelle, mais sous-tend une réflexion à plus long terme.

1.3. Quatre points de vue pour aborder le problème des graphismes L'ensemble des graphismes étant vaste et complexe, quatre points de vue privilégiés ont été retenus pour l'aborder. En effet les graphismes n'ont pas les mêmes fonctions, ni les mêmes finalités selon qu'on les observe du point de vue : de l'utilisateur industriel, du normalisateur, de l'apprenant ou encore du pédagogue.

Si l'on observe les graphismes techniques du point de vue de l'utilisateur industriel, ce qui restreint déjà fortement le champ à explorer, on constate que ceux-ci sont en constante évolution, qu'il en naît de nouveaux tous les jours, qu'ils s'adaptent plus ou moins parfaitement et souplement à toutes sortes de situations différentes. Chaque domaine, chaque métier génère ses propres graphismes et au sein même d'un secteur défini, chaque activité technique, chaque utilisateur les adapte à son gré. S'engager dans la «jungle des graphismes», c'est s'aventurer dans un monde mouvant, évolutif et constamment remis en cause et semé d'embûches et de pièges. Une première série de questions préalables se pose déjà: les graphismes techniques proposés aux élèves de TSA ont-ils un réel caractère industriel,

comme tels sont-ils connus d'eux, les utilisent-ils correctement ? On peut faire l'hypothèse que l'enseignement de technologie reçu en collège permette de répondre par l'affirmative au moins pour certains d'entre eux tels que le grafcet ou le schéma électrique par exemple.

Si l'on observe les graphismes du point de vue du normalisateur, on constate qu'un certain nombre d'entre eux font bien l'objet d'une normalisation ou au moins d'une standardisation4. C'est le cas des schémas cinématiques,

électriques ou pneumatiques ou encore du grafcet et du gemma qui sont normalisés, c'est aussi le cas des graphes fonctionnels5, des graphes

cinématiques6 que l'usage à progressivement standardisé. La question se

pose alors de la connaissance des normes, de la symbolique et des standards par les élèves. On peut faire l'hypothèse que seuls quelques graphismes très utilisés sont connus de ce point de vue, en particulier le grafcet et dans une moindre mesure le schéma électrique et le schéma cinématique.

Si l'on observe maintenant les graphismes du point de vue de l'apprenant, on mesure l'immense difficulté à laquelle celui-ci est confronté quand il se trouve, dans le meilleur des cas, face à des graphismes plus ou moins connus mais dont il ne possède pas les «clés de décodage» et dans le pire, quand ceux-ci lui sont totalement inconnus. Un recensement des graphismes techniques utilisés par les 24 élèves d'une classe de 1re F3 tous issus d'une seconde TSA a montré qu'ils avaient« découvert» en seconde 71,6 % de graphismes nouveaux7. Face à cet état de fait on peut se poser la question de

savoir comment l'élève «

se débrouille» pour les décoder et les utiliser et